Les orientations politiques actuelles en termes d’aménagement et de gestion des villes mettent l’accent sur la (re-)végétalisation de l’espace. Derrière ces actions se trouvent les politiques publiques, les services en charge des espaces verts mais aussi des associations et des habitants. La géographe Amélie Deschamps, spécialiste de ces questions, nous parle de ces projets de végétalisation participative, de leur mise en place mais aussi de leurs limites. Un épisode présenté par Eloïse Bellet et Clara Lyonnais-Voutaz.
“Pour comprendre des questions d’écologie urbaine, il faut penser la place des habitants.”
“Dans ces deux types de programmes de végétalisation participative -permis de végétaliser et jardins participatifs- il y a une contractualisation entre les habitants, qui sont bénévoles et volontaires, et la mairie qui pose un cadre, qui donne des autorisations, pour végétaliser l’espace public.”
“Les programmes permettent de légitimer l’action habitante et surtout de pérenniser les plantations.”
“Les habitants sont très libres dans ce qu’ils font mais ils ont un certain nombre de conseils ou contraintes à respecter : privilégier la plantation d’espèces indigènes, éviter les espèces invasives, préférer les espèces aptes à supporter les conditions urbaines…”
“Les habitants n’ont pas toujours conscience ou connaissance de toutes les espèces, et peuvent être face à des espèces invasives sans les reconnaître par exemple.”
“Un aspect esthétique visible est très à cœur des habitants, ce qui va parfois à l’encontre d’objectifs de biodiversité comme la plantation d’espèces indigènes.”
“Le modèle des jardins partagés vient d’Amérique du Nord, avec des initiatives à l’origine associative d’occupation militante d’espaces abandonnés en ville. En France, il existe encore des groupes qui se revendiquent de la guerilla gardening, des jardins en opposition aux municipalités - mais ils sont rares et très localisés.”
“Du point de vue des habitants, on a une recherche très concrète au quotidien, notamment d’amélioration du cadre de vie local, de rencontre.”
“Les inquiétudes que la municipalité peut parfois avoir quant aux jardins sont liées à la question de la propreté : on délègue la gestion d’un espace vert aux habitants, avec un enjeu de responsabilité de son entretien sur le temps long. Cette peur n’est pas nouvelle, Françoise Weber au XXème siècle de la peur des bidonvilles pour parler des jardins ouvriers.”
“Ça peut être un moyen de réduire certaines inégalités mais ça dépend d’une volonté municipale d’avoir une impulsion stratégique, prospective, sur les endroits où développer la végétalisation participative en priorité.”
What is La chèvre et le chou?
Des conversations transversales cherchant la recette pour ménager la biodiversité et l’être humain en ville.
Accueillir la nature et la biodiversité en ville c’est un peu ménager la chèvre et le chou : une demande sociétale, politique mais aussi économique et écologique existe mais seulement sous certaines conditions. En effet, pour beaucoup, cette « nature », qui est en fait aussi naturelle que culturelle, doit être propre, contrôlée et agréable. Il semble donc nécessaire de questionner nos relations aux espèces urbaines, animales comme végétales, pour tendre vers une cohabitation plus ouverte et apaisée. Ce podcast vise à explorer toutes les facettes de la biodiversité et de la nature, végétale comme animale, dans les villes contemporaines. Des échanges avec des spécialistes issus de milieux variés (scientifiques, acteurs associatifs, naturalistes, habitants, etc.) et la présentation d’initiatives ou d’anecdotes permettront d’enrichir et d’éclairer avec une lumière nouvelle nos relations avec le vivant non-humain.
Produit par Eloïse Bellet, Matthieu Coumoul, Clara Voutaz avec l'association Des Espèces Parmi'Lyon.
Laboratoire Environnement, Ville, Société (UMR 5600 EVS)
L’association Des espèces parmi Lyon
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https://desespecesparmilyon.fr/