Du lundi au vendredi, Tiphaine Sellier et ses invité(e)s décryptent l'actualité et enrichissent notre regard sur notre société.
Bonjour à tous, bonjour à toutes. Avec plus de soixante-et-un-mille nouveaux cas en France en deux-mille-vingt-trois, le cancer du sein reste le premier cancer féminin et la première cause de mortalité par cancer chez les femmes avec douze-mille décès par an. Depuis le premier octobre, nous sommes entrés dans la trentième édition de la campagne octobre rose organisée depuis mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze, cette campagne de sensibilisation au cancer du sein est l'occasion de porter le célèbre ruban rose, de collecter des fonds pour soutenir la recherche et rappeler l'importance du dépistage et de la prévention. Octobre rose, c'est une réalité, près d'une femme sur huit sera concernée par le cancer du sein au cours de sa vie. Grâce aux témoignages et expertises de nos invités, nous allons pouvoir parler des facteurs de risque, du dépistage, des tabous autour de la maladie, mais aussi des traitements du parcours des patientes et du nécessaire soutien des proches.
Speaker 1:Pour ce rendez-vous fidélité, nous accueillons trois invités avec nous en direct docteur Emmanuel Ricard, bonjour.
Speaker 2:Bonjour.
Speaker 1:Vous êtes médecin en santé publique et porte-parole de la ligue contre le cancer, merci d'être avec nous. Et à côté de moi, Sarah Lou, bonjour. Bonjour. Vous avez eu un cancer du sein en deux-mille-vingt-deux et vous êtes ambassadrice de l'association Généraux en Loire-Atlantique. Alors Généraux, c'est un réseau national de jeunes patientes entre vingt et quarante-cinq ans qui s'entraident, partagent, relaient les messages de prévention, on aura l'occasion d'y revenir.
Speaker 1:Et puis Mathieu Gourret, bonjour.
Speaker 3:Bonjour.
Speaker 1:Vous êtes le fondateur et président de Madamès, association née en deux-mille-dix-sept qui organise des événements tout au long de l'année pour apporter la visibilité et récolter des fonds pour lutter contre le cancer du sein. C'est ça
Speaker 3:Tout à fait.
Speaker 1:Merci également à tous les deux d'être avec nous. Soyez les bienvenus pour ce rendez-vous fidélité spécial octobre rose. Sarah Lou, vous avez été diagnostiquée en deux-mille-vingt-deux à l'âge de trente-quatre ans si je ne
Speaker 4:me trompe pas. C'est ça.
Speaker 1:Un âge où l'on ne s'y attend pas toujours. Pouvez-vous nous raconter ce moment et comment vous l'avez vécu
Speaker 4:Alors moi donc effectivement j'ai trente-quatre ans au moment où je découvre moi-même une boule dans mon sein. J'ai j'avais la chance d'être habituée à l'autopalpation donc le jour où je trouve une boule je sais que ma dernière auto palpation elle n'était pas là comme je suis jeune bien évidemment le plus probable c'est que ce soit une boule gentille je laisse passer un cycle et comme comme au bout d'un mois la boule est toujours là voir elle grossit un peu, je consulte s'enchaîne très rapidement la mammographie, l'échographie et la biopsie et donc j'ai mon diagnostic de de cancer dans les mois qui se suivent je suis opérée je vais être opérée trois fois et je vais avoir 6 mois de chimiothérapie la dernière opération consistant en une mastectomie pour pouvoir enlever l'ensemble de la tumeur qui dans l'intervalle entre le diagnostic et l'opération avait déjà grossi.
Speaker 1:Oui on reviendra sur le traitement que vous avez subi. Il vous a fallu combien de temps pour accepter ce diagnostic on imagine que ça n'a pas été facile quand on apprend que cette boule n'est pas bénigne.
Speaker 4:Oui oui, moi ça a été compliqué l'annonce. Moi j'ai eu une grosse période de colère, de sentiment d'injustice. J'ai mis oui j'ai mis plusieurs plusieurs mois avant avant d'accepter et avant de de voir dans cette épreuve du bénéfique que finalement ça m'a apporté aussi du bien mais sur les premiers mois et notamment dans les suites de l'annonce de la mastectomie j'ai eu beaucoup de mal à accepter les modifications notamment corporelles que cette maladie allait impliquer à un âge où effectivement je même s'il n'y a pas d'âge pour mal accepter la maladie, mais où je ne m'y attendais pas du tout clairement.
Speaker 1:Oui, mais c'est surtout qu'on s'y attend par cet âge-là. Pourquoi avoir rejoint l'association jeune et rose
Speaker 4:Alors dans les effets bénéfiques de cette maladie, ma vie notamment professionnelle qui est très prenante, je l'ai mis en partie entre parenthèses et j'ai découvert plein d'associations qu'il y a autour de chez nous j'ai bénéficié d'un accompagnement vraiment très important il y a vraiment plein d'associations qui existent et qui sont qui sont super et une des associations que j'ai rejoint c'est pas la seule mais c'était jeune et rose et au moment où j'ai terminé mon parcours l'ambassadrice qui était là avant moi déménageait il fallait une nouvelle ambassadrice et c'était assez naturel de continuer à pouvoir faire bénéficier les jeunes femmes de l'accompagnement que j'avais bénéficié.
Speaker 1:Donner ce que vous aviez reçu.
Speaker 4:Exactement, c'est initialement principalement pour ça que j'ai rejoint jeûne et rose pour l'accompagnement des femmes pendant et après leur traitement et après bon on en parlera tout à l'heure mais jeûne et rose on a aussi tout un axe de prévention et donc au fur et à mesure de mes mois dans l'association je m'investis de plus en plus et notamment dans la prévention du grand public avec des ateliers ludiques comme les ateliers pouet pouet où on va chercher à trouver des boules dans des faux seins en silicone et ça marche très bien notamment auprès des lycéens et des étudiants.
Speaker 1:Chez les jeunes principalement, Mathieu Gousset, on peut être étonné qu'un homme soit président d'une association de lutte contre le cancer du sein. Pourquoi madame S
Speaker 3:Alors je me permets de gourer et pas gousset.
Speaker 1:J'ai dit quoi Ce n'est
Speaker 3:pas grave, vous inquiétez pas. Gourer.
Speaker 1:Gourer pardon oh là là non
Speaker 3:mais. Alors c'est c'est c'est la suite c'est bien par rapport à ce que vous dites parce qu'il y a un vrai lien et justement nous on on fait beaucoup d'événements et on nous contacte beaucoup justement parce que nous sommes des hommes parce que je suis pas le seul homme parce qu'on est deux avec Alexandre à gérer l'association et sur nos bénévoles, on est moitié moitié entre les hommes et les femmes. Donc pourquoi Parce que tout simplement quand une de nos femmes a un cancer du sein, toutes les maladies mais aujourd'hui on va parler du cancer du sein malheureusement ça ça impacte tout le monde. Très régulièrement les les les femmes sont très bien pris en charge. Il y a beaucoup de choses qui sont mises en place mais souvent les maris, les enfants, la famille, les amis sont sont laissés de côté entre parenthèses surtout on ne leur explique pas comment ça va se passer.
Speaker 3:Et comme vous venez de dire si justement chacun réagit à sa façon face à la maladie, nous ça a été le cas et moi tout simplement mon ancienne compagne est décédée d'un cancer du sein très jeune aussi puisqu'elle avait eu son cancer du sein trente-neuf ans et sa récidive trois ans après. Donc voilà nous on est présent pour ça et le côté masculin justement notre hashtag avec l'association Madamès, le premier hashtag qu'on met vraiment en avant c'est vu par les hommes. Alors avec un grand h pour sensibiliser les femmes et les hommes et surtout aussi sensibiliser la nouvelle génération, parce qu'il y a très peu de choses qui sont mises en place pour pour elle aussi et sensibiliser les messieurs. Puisque souvent quand on parle de cette maladie-là, les messieurs font facilement deux trois pas en arrière et nous avec notre approche justement ça nous permet de leur expliquer notre point de vue, notre façon de voir les choses et de leur dire que oui justement nos femmes qui sont touchées ont besoin de nous et aussi leur faire comprendre que nous aussi on peut avoir un cancer du sein.
Speaker 1:On va parler des tabous quand vous dites un pas en arrière c'est très intéressant. Avant cela docteur Emmanuelle Ricard le nombre de nouveaux cas de cancer du sein avait doublé entre mille-neuf-cent-quatre-vingt et deux-mille-cinq, puis le nom avait légèrement diminué entre deux-mille-quatre et deux-mille-cinq et aujourd'hui ça repart à la hausse, c'est ça
Speaker 2:Oui enfin, on peut expliquer la la cette chute puis reprise par aussi les campagnes de dépistage puisque plus on cherche plus on trouve. Donc si à un moment on cherche moins, vous allez avoir un creux de la vague. Après, la particularité, c'est que la France détient le record en fait en nombre de cas par rapport à son nombre d'habitants.
Speaker 1:Et comment ça se fait Est-ce qu'on a une réponse à ça
Speaker 2:On n'a pas de réponse précise, on a des hypothèses qui sont convergentes, on a des facteurs de protection qui autrefois fonctionnaient, qui sont en diminution, qui étaient le nombre de grossesses, l'allaitement, on sait que c'est des choses dans la société française qui sont moins importées, C'est des choix de vie, on ne va pas revenir dessus, mais ça a des conséquences puisque le cancer du sein est un cancer hormonodépendant et que ces facteurs hormonaux sont protecteurs. Après, il y a le fait que les grossesses sont de plus en plus tardives, il y a aussi les inductions pour les ovulations qui peuvent jouer. La pilule joue mais n'était pas un facteur prédominant. Il y a des facteurs qui sont des facteurs, je dirais de vie en particulier l'alcool tabac et autant les générations précédentes consommaient peu de l'alcool et du tabac, autant je dirais dans les années soixante-dix, quatre-vingt, on a vu des jeunes filles qui se sont mis à prendre les habitudes des garçons et malheureusement débuter tôt et avec des intoxications chroniques, c'est des facteurs importants. Je rappellerai que l'alcool est rapporté à plus de huit mille cancers du sein en France et c'est des facteurs sur lequel on peut jouer.
Speaker 2:Il y a d'autres facteurs qui sont l'obésité surpoids qui sont en augmentation et ça on le voit aussi clairement sur l'ensemble des cancers mais sur le cancer du sein également et puis derrière il y a je dirais la question de la diminution de l'activité physique et l'augmentation de la sédentarité qu'on voit avec le télétravail et tout ce qui est gamification qui sont des facteurs importants en termes de conséquences sur sur ce cancer-là en particulier. La dernière chose qu'on connaît et on y reviendra peut-être, c'est la question de l'irradiation puisqu'on sait que les irradiations thoraciques sont un facteur déclencheur de cancer du sein et ça a des impacts par rapport à la politique de dépistage qu'on a et c'est ça qu'on a choisi de le faire après cinquante ans et pas plus tôt même si des femmes vingt pour cent d'entre elles ont leur cancer avant cinquante ans.
Speaker 1:Ce que vous voulez dire c'est que les irradiations liées au dépistage peuvent à terme créer des cancers du sein Si j'ai bien compris pour essayer de Le dépistage est toujours un choix en termes d'avantages par rapport aux risques. L'irradiation en termes de diagnostic est quelque chose qu'aujourd'hui on prend beaucoup plus en
Speaker 2:compte, est quelque chose qu'aujourd'hui on prend beaucoup plus en compte, qu'on essaie de limiter de façon générale, mais ça explique pourquoi on n'a pas une politique qui est de commencer les mammographies à vingt ans sachant que ou à trente ans sachant qu'on a des cancers qui peuvent arriver plus tôt. Donc et on l'a vu avec les femmes qui sont avec des risques génétiques plus importants, les fameux BRCA, BRCA, BRCA deux, Angelina Joly en a fait toute une entre guillemets médiatisation. Sur des corps de femmes qui étaient suivis avec des mammographies tous les ans par rapport à d'autres femmes qui étaient suivies avec un dépistage radiologique beaucoup plus léger, celles qui avaient les mammographies les plus fréquentes étaient celles qui faisaient les cancers plus tôt et le plus de cancers. Donc on sait que c'est quelque chose qu'on doit mesurer et et faire avec précaution, d'où le choix de le faire après cinquante ans et tous les deux ans.
Speaker 1:Vous parliez de de de prédisposition génétique, est-ce qu'aujourd'hui c'est mesurable
Speaker 2:On estime que les les gens qui sont prédisposés génétiquement représenteraient cinq à dix pour cent des cancers seulement. Le reste, c'est des facteurs, je dirais, qui allient, je dirais une génétique soit qu'on ne connaît pas, soit sur lequel les facteurs environnementaux ont, je dirais une action plus importante et supplémentaire.
Speaker 1:Oui, parce que moi, j'ai en face de moi une jeune femme qui n'est ni obèse, qui ne fume pas, qui ne boit pas, qui en fait au départ. Il y
Speaker 4:a trois enfants qui les a allaités jusqu'à leurs deux ans avec une première grossesse à vingt-cinq ans.
Speaker 1:Vous remplissez toutes les cases pour ne pas avoir le cancer du sein finalement.
Speaker 4:Oui.
Speaker 1:Qu'est-ce qu'on vous a dit Sarah Lou Qu'est-ce qu'on vous a dit en termes de facteurs ou de causes de votre cancer ou est-ce que c'est de la faute à pas de chance
Speaker 4:C'est une vraie question. Alors moi je j'ai quand même quelques facteurs de risque parce que j'ai un métier stressant et avec une activité de nuit qui peut favoriser qui peut favoriser les cancers ça c'est certain après je pense qu'on n'a pas développé mais il y a toute une partie de facteurs environnementaux, de perturbateurs endocriniens D'où peut-être aussi l'augmentation des difficultés. Mais mesurable actuellement pour lequel beaucoup d'études sont en cours qui à mon avis sont pas qui sont clairement
Speaker 1:pas assez mesuré peut-être.
Speaker 4:Pas pas mesuré mais en tout cas en partie responsable et qui dans les années à venir devront faire l'objet d'amélioration si on veut
Speaker 1:diminuer l'incidence. De nombreux médecins ont alerté sur les conséquences des retards de diagnostic et de prise en charge du cancer pendant la crise de du Covid, on en est où aujourd'hui Sur les diagnostics, peut-être que vous pouvez nous répondre Docteur Emmanuel Ricard
Speaker 2:On a, je dirais, ce n'est c'est pas que le Covid, on a un peu récupéré une partie des retards, par contre on continue à avoir des délais de rendez-vous qui sont importants. Ça, c'est en partie lié à la question de la démographie médicale. On en parle suffisamment dans les médias, on a formé moins de médecins et on a des générations qui étaient beaucoup plus nombreuses qui sont en train de partir à la retraite. C'est vrai pour les radiologues qui font des mammographies. Les mammographies sont pas forcément un acte intellectuellement et financièrement bien rémunéré donc on a des radiologues qui vont vers des techniques plus intéressantes pour eux, ce qui fait qu'il y a aussi un facteur de concentration sur les centres de radiologie qui font du dépistage qui sont moins nombreux d'où un éloignement qui peuvent également expliquer les délais, mais aussi le fait que c'est plus dur de trouver des plages sur lesquelles aller se faire dépister.
Speaker 1:On parle de douze-mille décès par an, ça paraît quand même assez important. Si le cancer du sein tue autant, c'est c'est principalement une question de diagnostic tardif, Sarah Lou, selon vous
Speaker 4:Il peut y avoir enfin il peut y avoir une part de diagnostic tardif nous à Générose un des un de nos axes de d'intervention donc on accompagne les jeunes femmes on va faire de la prévention au grand public mais on fait aussi de de la prévention auprès des professionnels de santé sages-femmes gynécologues et médecins traitants parce que notamment dans notre association on accompagne des femmes de moins de quarante-cinq ans, le nombre de femmes qui se sont vues entendre ça peut pas être cancéreux parce que vous êtes jeune, il est important alors même si il est enfin clairement si vous avez une boule avant cinquante ans le plus probable c'est que ce ne soit pas du cancer et heureusement mais s'il y a quelque chose qui se passe effectivement ça nécessite d'aller voir un peu plus loin et il y a potentiellement une partie qui est liée à ça pas que après les cancers ne se valent pas tous, il y a des cancers plus agressifs même avec des diagnostics précoces que malheureusement on ne peut pas soigner.
Speaker 1:Justement vous dites que vous participez activement à la campagne de dépistage pour les jeunes femmes, est-ce qu'il y a encore de la de la résistance justement de la part des femmes à faire ce dépistage Je vous pose la question à tous les deux après je vous ferai intervenir docteur Emmanuel Ricard, mais est-ce que vous sentez une résistance notamment chez les jeunes femmes
Speaker 4:Alors chez les jeunes femmes donc les moins de cinquante ans comme le disait le docteur Emmanuel Ricard. Il n'y a pas de dépistage organisé. La mammographie c'est à partir de cinquante ans ou alors avant dans des cas notamment génétiques mais qui sont très très rares au final. Donc on n'a pas de dépistage organisé pour ces jeunes femmes et donc le moyen principal de prévention et c'est un des axes d'octobre rose, c'est l'apprentissage de l'autopalpation savoir enfin connaître son corps savoir connaître sa poitrine visuellement et à la palpation et donc effectivement il faut consulter sa gynécologue ou sa sage-femme ou son médecin traitant de manière régulière mais quand on est une jeune femme on n'a pas besoin d'un d'examen trop fréquent le frottis c'est tous les trois ou cinq ans qu'il est préconisé donc le un des bons moyens de prévention c'est l'autopalpation mais on se rend compte nous dans les ateliers qu'on anime que beaucoup de jeunes femmes n'ont pas été ont pas été informées sur comment on fait qu'est-ce qu'on se cherche et donc je pense effectivement il y a tout un axe d'accompagnement des jeunes femmes et des jeunes hommes parce que le cancer du sein touche également les hommes même si c'est beaucoup beaucoup moins
Speaker 1:de un pour cent du moins de total de conscience
Speaker 4:mais aussi parce que beaucoup de jeunes hommes vont être avec des compagnes, vont avoir une vie hétérosexuelle et donc on va avoir des campagnes vont avoir des compagnes et vont pouvoir eux aussi dépister certains cancers du sein. Donc c'est important qu'ils soient
Speaker 1:qu'ils soient informés. Mathieu Gauret comment ça s'est passé pour votre compagne à l'époque elle a senti une boule également enfin il faut pouvoir avoir le
Speaker 3:C'est majoritairement oui comme ça de
Speaker 1:toute façon qu'on trouve parce
Speaker 3:que comme comme ça revient de le dire le le le le je ne pense pas qu'il y a de réticence justement sur la sur la nouvelle génération au contraire je pense qu'ils sont assez ouverts et puis avec toutes les campagnes qui sont faites aujourd'hui octobre rose c'est devenu enfin en tout cas en France tout le monde en parle tout le monde le fait enfin je vois nous au sein de l'association Madamès on a plus d'une centaine de partenaires une trentaine d'événements sur tout le mois voire plus parce qu'on essaie d'étaler sur le reste de l'année pour pouvoir faire bouger les lignes tout le temps. Donc je pense que cette nouvelle génération maintenant est plutôt à l'écoute et envie de savoir mais par contre effectivement le seul moyen c'est l'autopalpation puisque de toute façon malheureusement on revient à ce que disait le médecin c'est que nos médecins aujourd'hui en France très compliqué d'avoir des rendez-vous c'est long moi je sais que j'ai des amis qui suite suite à la découverte de ce cancer de Sophie on voulait aller voir leur médecin en leur gynéco on leur a dit mais non enfin vous avez vous avez trente ans trente-cinq ans il n'y a pas besoin.
Speaker 3:Donc c'est très compliqué. Donc oui nous ça a été pour elle ça a été découverte oui effectivement plutôt palpation et puis après tout le circuit traditionnel qui a eu lieu et puis et puis trois ans après une récidive qui a été découverte suite à une reconstruction.
Speaker 2:Le but du
Speaker 3:jeu c'était de repartir, de recommencer et suite au début de la reconstruction et on a retrouvé des traces de ce vilain petit crabe.
Speaker 1:Docteur Amériard justement l'enjeu là dont parle dont on parle et dont parlait Mathieu Gourret, c'est c'est vraiment de d'avoir une une formation ou en tout cas une prévention même auprès des médecins à dire Oui,
Speaker 2:il y a les deux choses et je pense qu'on on est tous autour de la table raccord. Il y a une question d'éducation, il faut que les personnes et on est mauvais en France là-dessus, aient l'habitude de considérer qu'elles ont un premier rôle pour elles-mêmes avec le fait d'essayer de comprendre ce qui est normal et ce qui n'est pas normal. Et à partir du moment où on détecte quelque chose d'anormal, on va consulter. Après, il y a les rendez-vous de prévention qui sont en train d'être mis par l'assurance maladie, il y en a un qui est entre dix-huit et vingt-cinq ans, ça devrait permettre ça, il y en a un autre qui sera entre quarante-cinq et cinquante ans, ça devrait aussi permettre de faire des points, mais on a, je dirais, ce qui est fait par les associations et on est tous les trois dans des associations qui font ça, la question de l'apprentissage de l'auto surveillance parce qu'on n'a pas autre chose aujourd'hui, mais je dirais si vous êtes dans une famille où il y a des cas fréquents, il faut une attention encore plus particulière et la question du suivi gynécologique dont on vient de parler en y allant au moins une fois par an, c'est aussi quelque chose qui est en train de s'estomper du fait de la difficulté des rendez-vous, du fait des déserts médicaux, mais sur lequel je dirais il faut y aller.
Speaker 2:Après dans les facteurs qui peuvent expliquer des situations qu'on a, on on a des choses aussi qui sont la la crainte, la peur d'attirer la maladie, on en entend parler, c'est c'est des vieilles superstitions qu'on a connues qui continuent d'exister. Donc vous parliez, il faut les travailler.
Speaker 1:Oui, dont vous parliez le le le quand on parle du cancer du sein, il y a un recul surtout chez les hommes ou Majoritairement sur
Speaker 3:les hommes puisque effectivement alors les les les femmes qu'ont qu'ont eu malheureusement cette maladie dans la famille, je pense qu'elles sont sensibilisées dès le plus jeune âge. Mais pour les autres personnes non effectivement ça peut être encore un sujet tabou soit un sujet tabou soit parce que comme on vient de le dire personne leur en parle et elles ne savent pas effectivement s'il n'y a pas des associations comme nous aujourd'hui et tant d'autres dans la région heureusement il ne se passe rien mais c'est vrai que tant qu'on n'est pas face à la maladie on ne s'y inquiète pas non plus.
Speaker 1:Mais on ne s'imagine pas que ça peut nous arriver.
Speaker 3:Tout à fait donc c'est pour ça que nous justement on essaie d'intervenir dans des événements et dans des lieux où on ne nous attend pas et où à la base on ne parle pas de maladie. C'est là où c'est intéressant justement puisqu'on va à la rencontre de ces personnes-là, de de de la nouvelle de l'ancienne, de toutes les générations confondues pour pouvoir juste en parler et échanger. Nous on n'a pas d'avis médical à donner puisque ce n'est notre rôle et on n'est pas médecin, on est en partenariat avec d'autres associations ou d'autres médecins ça sans aucun problème on peut driver les gens mais par contre oui il faut en parler et changer naturellement et effectivement oui les messieurs on a un petit pas en arrière puisque alors déjà la maladie comme vient de dire notre conjoint médecin c'est c'est c'est c'est dur mais alors quand on parle en plus d'une maladie féminine pour les hommes ça devient encore plus compliqué. Donc mais par contre une fois la première barrière tombée franchement sans aucun problème et encore plus avec avec la jeune génération de dix-huit à trente ans on va dire qui qui est hyper ouverte puisqu'aujourd'hui avec les réseaux sociaux, avec internet on peut avoir accès à tout donc on peut échanger beaucoup plus facilement et le fait d'avoir du concret comme comme des ateliers de palpation et d'auto palpation c'est c'est très très bien et puis surtout enfin je reviens sur ce que vous disiez mais c'est vrai que nous c'est une chose qu'on dit et pour détendre aussi l'atmosphère un petit peu avec ces messieurs de justement qui sont en couple de prendre soin de leurs femmes et que eux aussi peuvent faire l'autopalpation avec leurs femmes avec plaisir et là du coup généralement ça détend un petit peu atmosphère, on peut parler un peu plus sérieusement derrière.
Speaker 1:Concernant le tabou Sarah Lou, je pense aux jeunes femmes leur dire de faire de l'autopalpation, ça passe
Speaker 4:En fait oui ça passe, moi donc nous on intervient dès le lycée, ça passe assez bien alors après il y a toujours quand on intervient dans le lycée, il y a les professeurs qui sont à côté et autres il y a toujours au début un peu de rigolade par rapport à ça mais en fait ça se passe très très bien et vraiment nous notre discours c'est vraiment pas de dire palper vous les seins vous allez trouver un cancer non avant cinquante ans extrêmement rare. L'objectif, c'est d'avoir un geste bienveillant envers sa poitrine.
Speaker 1:Prenez soin de vous. On prend soin
Speaker 4:de soi, on connaît sa poitrine et le jour où ça change, on consulte, ce sera probablement pas grave, mais si ça l'est, plutôt c'est diagnostiqué, meilleur est le pronostic et donc c'est vraiment plus un geste de bienveillance, l'objectif c'est bien évidemment pas de faire peur, l'objectif c'est de dire aux jeunes femmes et aux jeunes hommes connaissez connaissez votre corps et en fait le jour où il change, il faut consulter et si malheureusement c'est du cancer, plutôt vous aurez consulté mieux c'est mieux c'est.
Speaker 1:Ce qui est vrai aussi du cancer des testicules pour les hommes. Comment vit-on au quotidien avec un cancer du sein Quels sont les types de traitements disponibles Comment les patientes les supportent-elles Quel rôle joue les proches et les aidants dans ce combat Des questions que l'on abordera après l'instant f. Restez avec nous, à tout de suite. On écoutait Cindy Loper, Cindy Loper, Girls et 1 Haft fun sur Radio fidélité et Radio Grand ciel. On parle de ce mois d'octobre qui comme chaque année porte la couleur rose afin de sensibiliser au cancer du sein et on y revient après l'instant f.
Speaker 1:L'instant f. Vous êtes toujours dans le rendez-vous fidélité, l'instant f c'est un moment pour connaître mieux nos invités, nous sommes avec le docteur Emmanuelle Ricard, médecin en santé publique et porte-parole de la ligue contre le cancer. Sarah Lou, ambassadrice de l'association Jeune et Rose dans Loire-Atlantique et Mathieu Gourret, fondateur et président de Madame S. Alors je vous propose un petit questionnaire pour vous découvrir autrement. La valeur qui vous guide professionnellement, vous diriez que c'est Allez, on va commencer par vous Sarah Lou.
Speaker 4:Alors professionnellement, je pense qu'il y en a plusieurs, mais si Vous
Speaker 1:êtes dans le métier du soin. Je suis dans le soin, je
Speaker 4:suis dans le médical effectivement. Enfin j'en ai deux enfin la première ce serait vraiment de d'apporter du soin à tout le monde et donc je travaille dans le public pour cette raison-là mais celle qui me tient le plus à coeur je dirais que c'est la transmission et le partage le rôle d'enseignement et de qu'on peut avoir enfin que j'ai au sein de au sein de l'hôpital public Transmettre aux futurs médecins. Aux futurs médecins ouais je dirais que s'il y a une chose de mon métier qui me tient à coeur soigner des gens aussi mais mais ouais la transmission est extrêmement stimulant je trouve ça très intéressant.
Speaker 1:Docteur Emmanuel Ricard, la la
Speaker 2:Moi j'aurais parlé aussi de la transmission mais pour comme ça déjà été utilisé.
Speaker 1:Non mais vous avez le droit aussi.
Speaker 2:La question de la lutte contre les inégalités.
Speaker 1:Il y a un peu de ça aussi Sarah Lou quand vous dites pouvoir donner l'accès aux
Speaker 4:soins à tous. C'est ça. On sent que vous êtes
Speaker 1:tous les deux dans le public, on a bien compris. Mathieu Gourret.
Speaker 3:On va faire un fil rouge pour ce point f, mais effectivement transmission moi dans mon dans ma vie de tous les jours et dans mes plusieurs casquettes de métier que j'ai et de l'associatif c'est très important. Moi c'est un mot que je ressors moi de mon métier moi je suis commerçant et c'est la convivialité. Parce que la convivialité c'est ultra important moi dans mon commerce mais dans la vie de tous les jours et aussi dans l'association parce que s'il n'y a pas de convivialité c'est dur d'aller approcher les gens de discuter avec eux pour justement leur transmettre tout ce qu'on va leur transmettre mais voilà la convivialité, la chaleur humaine et l'être humain en plein centre c'est hyper important.
Speaker 1:Et on en a bien besoin. Une force de caractère que les autres vous reconnaissent. Allez cette fois-ci on commence par vous docteur Emmanuel Ricard.
Speaker 2:La ténacité.
Speaker 1:Ah la ténacité.
Speaker 2:Quand vous travaillez dans l'appréhension, il faut il ne faut pas lâcher.
Speaker 1:Il ne faut pas perdre espoir qu'un jour ça puisse fonctionner. Ouais
Speaker 3:ça va être un peu répétitif mais oui ne ne pas lâcher de de d'être qualité qui est d'être toujours à cent à l'heure et à fond derrière tous les projets que je lance.
Speaker 1:Un peu pugnace aussi. Oui tout à
Speaker 3:fait c'est ne ne pas lâcher prise et quand quand on a des parcours de vie ça aide aussi à à ça mais je pense que c'est une globalité. Je pense que dans les trois choses qu'on met en avant tous les trois effectivement je pense que ça restera.
Speaker 4:Sarah Lou. Moi je dirais je dirais l'optimisme, le fait de voir le verre à moitié plein et de voir toutes les belles choses de la vie malgré les épreuves que celle-ci nous présente et je pense que j'ai cette chance-là, c'est de d'avoir cette vision de la vie et j'espère la garder toujours.
Speaker 1:Une de vos plus belles réussites, Mathieu Gouré, on va commencer par vous cette fois-ci.
Speaker 3:Plus belle réussite, Aujourd'hui je pense c'est d'avoir réussi à rebondir après mon expérience de vie et d'avoir trouvé une une femme aujourd'hui qui qui est derrière moi et qui me soutient et d'avoir pas lâché, ce qu'on a encore eu d'autres difficultés aujourd'hui on a un petit bout de fille de dix-neuf mois qui est avec nous et ça a été encore compliqué pour l'avoir aussi donc aujourd'hui je pense que c'est mes deux plus belles réussites, c'est d'être avec elle et qu'elle me soutienne dans ce que je trouve.
Speaker 1:Emmanuel Ricard.
Speaker 2:Moi j'aurais dit mes fils oui.
Speaker 1:C'est toujours ça. C'est ça.
Speaker 4:Et Sarah Lou aussi, ça va être très original, je vais effectivement dire mes trois enfants.
Speaker 1:Et bien c'est des belles réussites. Et pour terminer, je voudrais vous demander si une personnalité qui vous inspire Sarah Lou, ce serait qui Ou c'est qui Qui est-ce
Speaker 4:Ce n'est pas très facile. On peut aller dans des gens morts.
Speaker 1:Ah oui oui une personnalité qui vous insulte évidemment.
Speaker 4:Moi comme ça si j'en trouvais une, je dirais Marie Curie comme ça. Une femme scientifique qui
Speaker 1:a
Speaker 4:dépassé tous les obstacles qu'il y avait devant elle pour faire ce dont elle a envie et qui a fini par donner sa vie
Speaker 1:À sa cause.
Speaker 4:À sa cause.
Speaker 1:Marie Curie j'aime beaucoup. Emmanuel Ricard, est-ce qu'il y a une personnalité qui vous inspire
Speaker 2:Moi j'en ai deux, j'ai eu comme président Axel Kahn, voilà et puis donc voilà, mais mais j'ai j'ai travaillé initialement dans le SIDA et j'avais eu la chance de bosser avec Daniel Lefer, le fondateur de Head.
Speaker 1:D'accord deux belles personnalités effectivement on comprend qu'elles vous inspirent, Mathieu Gourret, est-ce qu'il y a une personnalité qui vous inspire vous aussi
Speaker 3:Je n'ai pas de personnalité qui qui qui vient en tête naturellement ce que j'ai plus tendance à essayer de de de de de de prendre le positif comme on disait tout de suite sur toutes les personnes que je rencontre donc j'ai des personnes qui m'ont inspiré dans dans dans ma partie professionnelle mais qui sont pas forcément des personnes connues mais qui qui font la personne que je suis aujourd'hui et les professions que je suis aujourd'hui et la personne dans l'associatif aussi. Donc voilà si je dois parler pro ce serait ce serait un de mes professeurs au lycée il y a trente ans et puis et si je dois parler associatif, je pense que c'est la personne qui en qui l'association est montée Sophie qui aujourd'hui est plus avec nous mais mais j'essaie de m'inspirer de prendre le positif de chacun pour apprendre et toujours transmettre et avancer.
Speaker 1:Merci à tous les trois pour cet instant F plein de confidences.
Speaker 3:Le rendez-vous fidélité.
Speaker 1:Et pour ce rendez-vous fidélité, il est question du cancer du sein qui reste le premier cancer féminin et la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Une femme sur huit sera concernée par le cancer du sein au cours de sa vie. Sarah Laud, vous nous en avez un petit peu parlé en début d'émission. Alors je rappelle que vous êtes ambassadrice de Jeunes et Rose, que vous avez été atteinte d'un cancer en deux-mille-vingt-deux. Quel a été votre parcours de soin Quels ont été les moments les plus difficiles pour vous Alors
Speaker 4:je vais me répéter un peu mais donc moi le diagnostic, j'ai senti ma boule en décembre, j'ai eu le diagnostic au mois de janvier. J'ai donc s'est enchaîné très rapidement une première intervention. Initialement moi la tumeur était annoncée petite donc normalement je devais avoir une intervention et de la radiothérapie préventive sur le lit de la chirurgie. Malheureusement la première chirurgie n'a pas suffi donc j'ai été opérée une deuxième fois quinze jours plus tard et malheureusement le cancer était encore plus grand que ce qui était prévu donc s'en est suivi de la chimiothérapie donc j'ai fait 6 mois de chimiothérapie et au moment où on m'a annoncé enfin je savais que j'allais avoir de la chimiothérapie mais au moment le jour où j'ai commencé à perdre mes cheveux pour ma chimiothérapie j'avais les résultats donc de la chirurgie et on m'annonçait donc la mastectomie après la chimiothérapie puisqu'il restait des cellules cancéreuses et donc j'ai eu la mastectomie au mois de septembre après les 6 mois de chimiothérapie au mois de septembre et donc depuis cette intervention la mastectomie je suis en rémission. S'en est suivi un parcours de reconstruction avec trois interventions dans les mois qui ont suivi.
Speaker 4:Je n'ai pas eu de radiothérapie pour ma part et je suis depuis le mois de deux-mille-vingt-deux sous hormonothérapie qui est un traitement préventif dont l'objectif est d'éviter la récidive.
Speaker 1:Mathieu Gourret votre femme avait eu votre compagne à l'époque avait eu la radiothérapie.
Speaker 3:Oui tout à fait.
Speaker 1:S'il n'y avait pas eu d'opérations
Speaker 3:Si si il y avait les opérations mais il y avait aussi eu la radiothérapie qui à l'époque était très très utilisée. C'est des moments qui sont assez compliqués parce que la radiothérapie c'est comme comme l'expliquait le médecin tout à l'heure c'est des choses qui sont assez violentes utiliser le terme et puis c'est des moments des moments qu'il faut passer moi c'est de là que justement nous l'association on a commencé quand quand elle est partie moi c'est le souvenir que j'avais parce que c'est vrai quand elle est partie moi c'est le souvenir que j'avais parce que c'est vrai qu'on est enfermé pendant dans une pièce pendant je ne sais pas combien d'heures et que la majorité des femmes qui étaient suivies étaient étaient seules donc moi ça m'avait vraiment ça m'avait vraiment choqué mais après pour en avoir discuté avec beaucoup de personnes et beaucoup d'hommes c'est et de femmes chacun voit la maladie à sa façon.
Speaker 1:Il y
Speaker 3:a des femmes qui veulent être accompagnées, des femmes qui veulent pas être accompagnées là qui veulent le vivre seule ou et caetera puis il y en a qui peuvent pas malheureusement en fonction des travail de chacun puisque je vous dis radiothérapie ça peut durer ça peut durer deux trois quatre heures et puis et puis c'est pas des moments aussi très sympa pour la personne puisque entre les casques les gants enfin voilà il n'y a rien sexy là-dedans. Donc c'est c'est, ça on peut.
Speaker 1:Et il y a eu une rechute au bout de
Speaker 3:trois ans ce que vous disiez. Oui tout à fait.
Speaker 1:On va revenir sur les traitements, mais Mathieu Gourret, comme vous allez nous nous quitter dans quelques minutes, je voudrais quand même revenir sur sur la la l'importance de la disponibilité de la présence des aidants. On voit qu'ils ont un impact considérable sur les femmes, les traitements, pas seulement sur la patiente, vous dites vous étiez avec elle à côté d'elle. Quand vous rencontrez des gens, des aidants, quelles difficultés ils rencontrent au quotidien
Speaker 3:La première, la première je pense que c'est vraiment le dialogue, c'est de pouvoir de pouvoir échanger, discuter et surtout savoir comment réagir. J'étais jeudi dernier sur un autre événement à la clinique Jules Verne et j'ai discuté avec deux deux femmes qui ont eu un cancer du sein et notamment il y a quelque chose est récurrent c'est sur les amis proches ou pareil il n'y a pas de questions qui sont faites parce que c'est vrai quand on apprend la maladie forcément on se concentre sur la personne qui est malade mais toutes ces personnes me disent régulièrement à chaque fois que il y a beaucoup de perte d'amis par exemple suite à la maladie parce que en fait souvent ces personnes-là ces amis-là c'est pas qu'ils ne veulent pas discuter qu'ils ont peur de la maladie c'est qu'ils savent pas comment parler savent pas comment échanger ils savent pas comment aller voir la personne ce qu'ils ont peur d'être maladroit donc c'est vrai que c'est surtout sur l'échange et la discussion qu'il y a des choses à améliorer par rapport à ça et juste être trouvé avec des mots simples et de la prévention justement auprès de toutes les personnes parce qu'on parle forcément on pense forcément aux mariés aux conjoints aux enfants ce qui est ultra important puisque chacun comme je dis réagit à sa façon moi j'avais eu le cas dans autour de nous mais aussi le les gens d'après donc le reste de la famille les amis on a quand quand on est malade on a besoin de ces personnes-là aussi mais c'est vrai que c'est dur de trouver le bon curseur de savoir où le mettre en fait.
Speaker 1:Comment vous avez été aidé vous Moi vous étiez seul
Speaker 3:Pas spécialement ouais ouais non moi je me suis mis je me suis mis dans ma bulle pour pour l'aider elle aider avait là deux garçons qui sont aujourd'hui grands et qui comprennent très bien mais fait leur expliquer les mots et puis je me suis mis à fond dans ma bulle par rapport à mon travail pour m'occuper de la maison, m'occuper d'eux. Après si on était suivi à la aux nouvelles cliniques donc il y avait il y avait les ries qui existe toujours qui est installé là-bas avec des très belles personnes qui ont qui ont oeuvré juste qui oeuvrent justement pour aider par rapport à ça trouver des bons mots notamment pour pour les enfants parce que c'est pas simple quand on a des enfants en bas âge de leur expliquer avec juste ce qu'est la maladie de voir la transformation maman c'est pas simple on en parlait tout à l'heure mais notamment la perte des cheveux qui est quand même un une étape compliquée notamment pour la féminité je sais que Sophie elle c'était ça c'était sa peur par rapport aux enfants de la perte de cheveux donc c'est vrai que là c'est bien d'échanger d'avoir des gens pour penser à tout ça mais si moi je parle de moi personnellement on va moi je suis passé au-dessus et après c'est une force que tu te crées et que et qui te fait avancer ce qui m'a fait avancer ce qui me permet d'être là aujourd'hui mais mais c'est vrai que c'est c'est la globalité des gens il faut vraiment vraiment faire de la prévention et trouver les mots simples je pense pour pouvoir en parler.
Speaker 1:Et la ligue contre le cancer, justement, Emmanuel Ricard, elle vient en aide aux familles aussi
Speaker 2:aux aidants On vient en aide de différentes façons. Il y a les aidants avec des groupes de soutien qu'on essaie de mettre en place. C'est vrai que on s'est d'abord penché sur les personnes directement concernées et maintenant on on se rend compte de la place des aidants puisque s'ils n'étaient pas là, tout s'écroulerait. Et je pense qu'on on souligne pas assez le rôle et et cette partie entre guillemets bénévole qui qui se passe, qui est ce qui est souvent familial, mais mais qui qui aide notre société à tenir là-dessus si on professionnalisait tout, on n'y arriverait pas. Et ça, je pense qu'on ne les reconnaît pas assez dans ce qu'ils apportent.
Speaker 2:Derrière, il y a donc des groupes de soutien qui se mettent en place. Il y a les lignes téléphoniques et des psychologues qui peuvent être présents dans les différents départements puisque on a une antenne par département au moins avec des fois différentes antennes dans le même département. Et puis, il y a la ligne, le numéro vert qui peut être appelé parce que c'est vrai que ça peut, vous pouvez être loin, ça peut vous prendre à des horaires qui ne sont pas faciles. Et puis vous, il y a aussi des gens qui ont besoin de rester anonymes et ces échanges se font de façon anonyme. Donc, le, les psychologues reçoivent à la fois les personnes qui ont le cancer, mais aussi les proches et les aidants qui peuvent et qui ont le droit d'avoir des questions eux-mêmes pour comprendre ce qui se passe Et aussi, on l'a vu, la l'annonce de la maladie bouleverse psychologiquement les gens.
Speaker 2:Et c'est important pour les aidants, des fois, de comprendre aussi ce qui se passe parce que tout n'est pas rationnel. Les gens ont besoin de se protéger par rapport à ce cataclysme qui leur tombe dessus et on n'est jamais préparé. Même même les professionnels de santé quand ça leur arrive ne sont pas préparés.
Speaker 1:Ça a été votre cas Sarah Lou, je vous vois réagir.
Speaker 4:Oui oui bien évidemment. J'avais beau enfin oui j'avais beau avoir tous tous les signaux me disant que c'était un cancer clairement je me voilais la face sur le fait que c'en est rien. Oui donc oui non bien évidemment je pense qu'on ne peut jamais être préparé.
Speaker 1:Pour revenir au au traitement, docteur Ricard, est-ce qu'aujourd'hui il y a des innovations dans dans ce domaine-là On a entendu parler de radiothérapie, chimiothérapie, il y a les il y a les les les opérations.
Speaker 2:On continue dans les innovations sur les innovations traditionnelles, c'est-à-dire la chirurgie est toujours le en général le premier traitement en termes de fréquence. Il y a les chimiothérapies, on en a parlé, il y a la radiothérapie aujourd'hui, on fait de la radiothérapie peropératoire, ce qui permet de diminuer les quantités de rayons qui sont délivrés puisqu'on est directement sur la tumeur. Il y a les chimiothérapies, on essaie d'avoir ce qu'on appelle des désescalades, c'est-à-dire qu'on moins de toxicité, choisir les durées de traitement pour voir les comparer, pour savoir si on a les mêmes effets en diminuant les les durées ou les quantités de doses qui sont délivrées. On a l'hormonothérapie qui a été soulignée tout à l'heure puisque c'est un cancer indépendant. La grande nouveauté, c'est ce qu'on appelle les thérapies ciblées ou l'immunothérapie.
Speaker 2:Il faut savoir qu'on a tous des cellules cancéreuses qui se baladent dans notre corps, nous en ce moment. Notre système immunitaire est là pour nous débarrasser des virus, des bactéries, des champignons, mais aussi des cellules cancéreuses qu'on a naturellement. Et en fait, les nouveaux traitements, c'est surtout là-dessus, c'est-à-dire qu'on dope le système immunitaire pour le rendre plus efficace, pour le le doter de moyens et des anticorps spécifiques qui vont lui permettre de de redétecter les cellules cancéreuses et et un peu d'avoir une activité de et un peu d'avoir une activité de missiles à tête chercheuse et d'aller directement sur sur les cellules cancéreuses. Donc aussi de faire une forme d'apprentissage de certaines de nos cellules naturelles pour les les aider dans leur nettoyage du système du corps sur les cellules cancééroles qui qui qui s'y sont installées.
Speaker 1:Je vous remercie Mathieu Gourret, je vous laisse partir, vous avez beaucoup de choses à faire. Merci d'avoir participé à l'émission. À l'émission.
Speaker 3:Merci à vous de nous avoir accueilli.
Speaker 1:Et puis longue vie à madame.
Speaker 3:Ouais puis n'hésitez pas si vous avez envie de savoir tout ce qu'on fait, on a un très beau site internet réalisé par Alexandre, les réseaux sociaux surtout et surtout vous pouvez voir tous les événements qu'on réalise, tous les partenaires qu'on a, toutes les offres qui sont mises en place et puis je le vois sur la table, je mets un petit clin d'oeil puisqu'on en a parlé aussi mais nous on est en partenariat aussi avec l'association ma parenthèse qui est basée à base goulaine et nous c'est quelque chose qui est très important pour nous ce que nous quasiment la totalité des dons qu'on récolte leur est reversé, C'est deux femmes qui sont extraordinaires, je sais que vous les connaissez et on était ensemble dimanche justement sur un événement qu'elles organisaient et nous ça nous touche d'être avec elles parce que justement elles accueillent les femmes touchées par un cancer dans sa globalité.
Speaker 4:Tous les cancers sans quoi.
Speaker 3:Voilà tous les cancers concernés mais surtout et aussi pourquoi on va elles parce que je vous l'ai dit tout à l'heure le mot convivialité humain leur colle très bien la peau aussi et surtout n'importe quelle personne peut y aller que ce soit les femmes et les hommes les aidants pour aller discuter boire un café échanger comprendre ce qui se passe et essayer de nous aider donc voilà.
Speaker 1:Merci Mathieu Gourret merci beaucoup. Je je reviens justement au traitement Emmanuel Ricard on dit qu'aujourd'hui plus de, enfin au traitement et et aux conséquences, on dit que plus de trois cancers du sein sur quatre sont guéris. Est-ce qu'on peut parler de guérison totale ou est-ce qu'on doit être plus prudent On entendait Mathieu tout à l'heure nous dire que sa compagne avait rechuté. Qu'est-ce qu'il en est
Speaker 2:Si on prend les,
Speaker 3:on a
Speaker 2:dit qu'on parle de rémission, enfin guérison dans le cancer, il y a toujours ce risque de récidive. Donc on est prudent dans les termes. On estime aujourd'hui que pour le cancer du sein, le taux de survie à cinq ans est de quatre-vingt-sept pour cent. Il faut se rendre compte qu'en dix ans, on a gagné ces sept pour cent, on était à quatre-vingt pour cent les décennies précédentes. Donc, on continue à voir ces progrès.
Speaker 3:On
Speaker 2:est à quatre-vingt pour cent à dix ans, sachant que dans les cancers, il y a des personnes d'âge très variés, puisque en général, le cancer du sein est détecté plutôt aux alentours de soixante-sept ans si on regarde la l'âge moyen de détection. Donc, ça rentre aussi dans la capacité à supporter les traitements et je dirais l'espérance de vie. Donc ça, c'est une chose. Dans les traitements, je voudrais souligner quelque chose dont je n'ai pas pu parler tout à l'heure
Speaker 4:Oui, par exemple.
Speaker 1:Qui est
Speaker 2:l'importance de l'activité physique. On parle souvent des traitements qui sont, je dirais les traitements médicaux classiques, mais on on intègre maintenant l'activité physique parce qu'on sait un que ça aide à mieux supporter les traitements, ça diminue la fatigabilité et c'est important aujourd'hui alors qu'avant on disait vous avez une maladie grave reposez-vous de dire non. Aujourd'hui, il faut c'est comme les athlètes, il faut s'entraîner pour supporter et les personnes qui ont une activité physique du sport pendant les traitements les supportent mieux et ont une meilleure tolérance au traitement et une meilleure survie.
Speaker 1:Oui le paramédical est très important.
Speaker 2:Si on regarde, il faut continuer après puisque les personnes qui continuent à avoir cette activité physique adaptée, on l'adapte à la maladie, elles ont dans le cancer du sein, elles ont des taux de récidive qui diminuent de vingt à quarante pour cent. Donc cette activité physique, ce n'est pas je dirais quelque chose pour s'amuser, c'est quelque chose qui a une vraie efficacité quasiment comme une chimiothérapie. Et derrière, c'est des endroits où vous rencontrez du monde, c'est des gens avec qui vous partagez des choses. Donc, c'est une sociabilité, c'est du soutien pour des personnes qui vous comprennent, qui ont vécu la même chose que vous. Et puis, il y a une transition après pour revenir dans des associations sportives, c'est-à-dire vous sortez de des des gens qui ont la même chose que vous et vous reprenez une vie un peu plus comme avant.
Speaker 1:Oui, parce qu'on parle pas mal, enfin beaucoup de risques de dépression ou d'isolement liés à la maladie. Sarah Louk, comment comment est-ce que le le parcours de soins, il est aménagé justement pour pour minimiser ces ou en tout cas pour empêcher ces risques-là
Speaker 4:Effectivement, c'est tout l'accompagnement qu'il y a autour des traitements qui est important. Je rejoins un format Ils vous sont proposés Ah oui, ils sont assez facilement proposés effectivement dans les centres de soins maintenant, il y a des ERI dans tous les gros centres de soins qui vont proposer différents types d'accompagnement aussi bien psychique avec des psychologues, mais aussi de l'hypnose, de la sophrologie, mais aussi bien tous les accompagnements physiques effectivement adaptés au début puis plus l'activité physique elle est hyper importante effectivement pour la fatigabilité mais pour tous les autres effets secondaires, les douleurs musculaires articulaires, enfin tous les autres symptômes vraiment l'activité physique est à encourager et c'est vrai que maintenant que ce soit dans les établissements de soins ou par exemple l'association ma parenthèse qui est présente dans la région nantaise propose une offre de soins enfin d'activités physiques adaptées extrêmement importantes. On peut pendant les traitements faire de l'escrime, faire du canoë et faire du tennis enfin vraiment des choses très très intéressantes et donc il y a des choses qui sont proposées après il n'y a rien qui est imposé c'est-à-dire qu'on ne veut pas avoir de psychologue on n'en voit pas mais on n'en a pas toujours besoin mais si si on a besoin l'accès reste assez facile en tout cas pour les personnes en soins effectivement possiblement pour les aidants doivent franchir la porte et doivent aller chercher des informations.
Speaker 4:Risquer.
Speaker 1:Et vous vous dites être en phase de rémission, c'est ça C'est
Speaker 4:ça, je suis en rémission. Donc moi, je fais partie, je ne pourrais pas être guérie parce que j'ai un risque de.
Speaker 1:On dit rémission quand le risque est encore trop fort.
Speaker 4:En fait, dans rémission, ça veut dire que je n'ai plus aucune cellule cancéreuse détectable.
Speaker 1:Mais vous ne l'avez pas guérie pour autant.
Speaker 4:Et je ne suis pas guérie puisqu'en fait la probabilité, enfin la possibilité que une cellule cancéreuse réapparaissent existe et donc on ne peut pas parler de guérison, mais après je peux être en rémission tout le reste de ma vie et je serai en rémission à la reste de ma vie. Donc Et
Speaker 1:du coup, c'est une nouvelle bataille qui commence finalement après le après le combat contre la la la maladie. Il y a il y a un combat quand même de reconstruction, de reprise de la vie avec cette pour vous épée Damoclès. Est-ce que vous ressentez encore des séquelles justement psychologiques et physiques, Sarah Lou
Speaker 4:Alors psychologique non. Moi j'ai eu la chance vraiment d'être extrêmement bien encadré. J'ai cherché un des associations autour, j'ai fait vraiment j'ai découvert énormément de choses dans cette année de parenthèse. Le nom de l'association Nantaise est très bien trouvé parce que j'ai mis ma vie professionnelle entre parenthèses pour faire plein d'autres choses et donc une fois que la colère est passée, j'ai vraiment utilisé cette expérience de vie pour en faire que du positif et j'ai découvert des choses, j'ai rencontré des gens extraordinaires. Donc psychologiquement clairement, je n'en sors que grandi de cette expérience physiquement.
Speaker 4:Moi, il me reste encore des des séquelles mais je suis encore aussi sous hormonothérapie qui peut expliquer je suis un petit peu plus de deux ans de la chimiothérapie donc probablement plus trop les séquelles mais moi je garde principalement une fatigabilité que je n'avais pas auparavant. Moi j'étais une très petite dormeuse auparavant. Bon maintenant mon corps c'est me rappeler quand il faut que je dors mais ce n'est pas plus mal parce que Mais des séquelles qui mettent en
Speaker 1:tout cas un poste cancer qu'il faut surveiller pour éviter de se sentir mal finalement mal adapté. Moi
Speaker 4:j'ai eu beaucoup de chance parce qu'effectivement moi j'ai eu la colère au tout début et après en fait j'ai vraiment extrêmement bien vécu ma maladie et c'est pour ça que je me suis mis dans une asso parce que mon objectif c'est d'essayer de faire enfin que les filles en traitement et après le traitement soient bien mais effectivement cette phase d'après cancer elle peut être extrêmement difficile à vivre pour beaucoup de personnes parce que en fait tout le temps du traitement on est suivi La radiothérapie c'est tous les jours où on se déplace au centre, la chimiothérapie c'est toutes les semaines, toutes les trois semaines parfois on a un suivi quasi quotidien par des médecins, par une équipe d'infirmières
Speaker 1:Et puis tout d'un coup on se retrouve ça.
Speaker 3:Tout
Speaker 4:d'un coup le dernier jour de la radio, vous commencez votre hormonothérapie pour celles qui ont un cancer hormonodépendant et elle se retrouve avec un suivi 6 mois plus tard et donc elle se retrouve tout seul en se disant est-ce que je vais retrouver ma vie d'avant en sachant que la vie d'avant après un cancer, ce n'est plus la même. Ce n'est plus la même.
Speaker 1:Donc attention à l'après cancer très très rapidement pour les vingt secondes qui nous restent docteur Emmanuel Ricard, octobre rose, c'est aussi une collecte, les dons sont stables
Speaker 2:Les dons, les les dons sont stables, enfin, on, ça, je dirais même il y a il y a de plus en plus de mobilisation puisqu'il y a beaucoup d'entreprises, il y a beaucoup de commerçants qui s'y mettent. Donc je dirais pour toutes les associations que nous représentons, octobre rose c'est vraiment un événement où la collecte est très très très très très heureuse. Alors on
Speaker 1:continue alors merci à tous d'avoir participé à ce rendez-vous fidélité consacré à octobre rose. Emmanuelle Ricard, vous êtes médecin en santé publique et porte-parole de la ligue contre le cancer et Sarah Lou, vous êtes ambassadrice de l'association Jeune et Rose en Loire-Atlantique. Merci à nos auditeurs de Radio fidélité et Radio Grand Ciel de nous avoir rejoints. Bonne très bonne journée à tous.