FAUTE DE MIEUX, par Jindra Kratochvil

Faute de mieux, une chronique de Jindra Kratochvil (École urbaine de Lyon/Cité anthropocène). 
Une chronique d'auteur, résolument spéculative, qui s'appuie sur le réel pour aller voir ce qui se trouve de l'autre côté. S'y entassent peut-être de vieilles idées, des rêves inachevés en attente de traitement, des coquilles conceptuelles y parsèment des chemins qui, naturellement, mènent presque partout et nulle part en particulier. 

Une Coproduction École urbaine de Lyon/Université de Lyon & Cité anthropocène, en partenariat avec Radio Bellevue Web, avec le soutien financier de la Ville de Lyon.

What is FAUTE DE MIEUX, par Jindra Kratochvil?

Faute de mieux, une chronique de Jindra Kratochvil (www.kratochvil.tv).
Une chronique d'auteur, résolument spéculative, qui s'appuie sur le réel pour aller voir ce qui se trouve de l'autre côté. S'y entassent peut-être de vieilles idées, des rêves inachevés en attente de traitement, des coquilles conceptuelles y parsèment des chemins qui, naturellement, mènent presque partout et nulle part en particulier.

Faute de mieux : des organes inconnus

Ils occupent rarement la Une, on les évoque sporadiquement dans les soirées, et c’est peut-être pour ces raisons qu’à chaque fois qu’il nous arrive un peu par hasard de tomber dessus nous avons l’impression de les découvrir pour la toute première fois.

Et c’est donc toujours un moment un peu particulier, unique, festif, lorsque nous prenons conscience qu’aux côtés de nos cerveaux, de nos intestins, de nos foies et de nos rates, nous avons aussi, faute de mieux : des organes inconnus.

Mesdames et messieurs, vous écoutez une chronique de Jindra Kratochvil sur les quasi ondes numériques de la radio anthropocène.
Une chronique aujourd’hui dédiée à ces petits riens dont on sait peu de choses – peut-être parce que nous parlons là d’un univers à l’abri des regards, et même à l’abri de la lumière – on s’aventure là dans un milieu plongé la plupart du temps dans notre obscurité intérieure, constitutive, peu susceptible d’éveiller la curiosité de tout un chacun.

A moins que la raison principale de cette inattention soit le fait que la plupart du temps nous avons tout simplement autre chose à faire que de partir à la recherche des organes inconnus à l’intérieur de nous-mêmes, eh oui, nous avons, hélas, des ressources à extraire, des communications à établir, des productions à produire, et j’en passe…
Ce qui est fort dommage car des choses vraiment exceptionnelles se trouvent régulièrement en dehors des sentiers battus, on pourrait imaginer toutes sortes d’activités autour de nos organes inconnus, des jeux de société à faire en famille ou entre amis, des chasses aux trésors, des trivial poursuites… bref, il est regrettable de passer à côté de tous ces mystères situés littéralement à portée de main.

Ainsi donc, en l’absence d’investigation, qu’est-ce qu’on peut dire des organes inconnus ?

Ils vivent leur vie, d’accord… mais encore ?
Par exemple, cette espèce de petite pochette un peu verte, a quoi pourrait-elle servir ? La chlorophylle, peut-être ? Une réserve d’épinards ? Des pigments absorbés par les yeux pendant la dernière promenade ? Mystère.

Et ça ? Ca vous rappelle quelque chose ? Est-ce que ça ne pourrait pas être le truc qui connecte la mémoire avec les oreilles ? Et qui tombe si souvent en panne ?

Tous ces petits objets sont vraiment fascinants, surtout lorsqu’on regarde contre la lumière, on y voit parfois comme des choses qui bougent dedans, ou des bidules qui se contractent, connectés les uns aux autres par de tout petits tuyaux, on dirait un labyrinthe, une vraie jungle !

Pas facile de se repérer là-dedans… surtout dans cet impressionnant complexe dédié à la gestion émotionnelle et sentimentale, on dirait une machine animale avec des pistons à vapeur doublée d’un réacteur de fusion ; on se dit tout de suite qu’il vaut mieux ne toucher à rien, que le moindre déréglage peut avoir des conséquences dramatiquement imprévisibles…

Bref, on voit vite qu’il faudrait passer beaucoup de temps si l’on voulait ne serait-ce qu’identifier et nommer toutes ces pièces, et je ne parle même pas d’un certain niveau de compréhension.
Avec une petite exception, tout de même… J’ai comme l’impression que cette chose qui prend pas mal de place et qui a l’air de peser assez lourd… eh bien je crois que ça va être facile à deviner… ça doit être l’égo, voilà, le fameux égo dont la croissance est particulièrement stimulée par de nombreux facteurs environnementaux …

Disons que : rien que pour ça il me semble que ça vaudrait le coup de tenter l’aventure de la découverte des organes inconnus. Rien que pour la simple reconnaissance, car il est tout de même surprenant qu’à l’époque où le monde entier semble tourner autour des individus et de leurs identités, très peu de personnes serait capables de reconnaitre leur propres cœur si jamais par exemple la question leur était posée dans un bureau des objets trouvés ou lors d’une partie de jeu de société au cours d’une belle soirée entre amis.