Signal nocturne

Pour ce dernier épisode, le gardien du phare de Signal nocturne visite un autre endroit qui rayonne dans la nuit, le Centre PHI et la Fondation PHI pour l'art contemporain, dans le Vieux-Montréal.

Guidé par les artistes musicale Camille Poliquin (KROY), le réalisateur Vincent Morisset et l’artiste visuel Manuel Mathieu, le réalisateur et animateur Julien Morissette part à la découverte de ce lieu réputé de la création où l'innovation et la singularité sont au cœur de chaque projet.

Show Notes

Pour ce dernier épisode, le gardien du phare de Signal nocturne visite un autre endroit qui rayonne dans la nuit, le Centre PHI et la Fondation PHI pour l'art contemporain, dans le Vieux-Montréal.

Guidé par les artistes musicale Camille Poliquin (KROY), le réalisateur Vincent Morisset et l’artiste visuel Manuel Mathieu, le réalisateur et animateur Julien Morissette part à la découverte de ce lieu réputé de la création où l'innovation et la singularité sont au cœur de chaque projet.

Creators & Guests

Host
Julien Morissette
Co-fondateur et directeur artistique de Transistor Média, Julien Morissette a réalisé et animé plus de 200 épisodes de balados comme Synthèses, Daniel Bélanger : Rêve encore, Signal nocturne, L'heure de radio McGarrigle et Les amours extraordinaires.

What is Signal nocturne?

Chaque vendredi sur le coup de 22 h 00, Julien Morissette reçoit des artistes de partout au Québec, issus de la littérature, du théâtre, du cinéma et de la création sonore et musicale. Découvrez des entrevues passionnantes, des textes inédits, des performances intimes et des conceptions sonores envoûtantes. Une production de La Fabrique culturelle de Télé-Québec, en collaboration avec Transistor Média.

ID INTRO
Ce balado est une présentation de La Fabrique culturelle de Télé-Québec, en collaboration avec Transistor Média

BLOC 1 - CITATION + THÈME_______________________________________ ___

BRUITS DE VILLE [JM]

JULIEN MORISSETTE [NARRATION 1]
C’est pas une nuit comme les autres.
Je suis loin de la maison, loin du phare.
En plein Vieux-Montréal, le quartier dans lequel les gens d’ici de sentent touristes, dans leur propre ville.
Peut-être que c’est ça la clé pour bien me fondre dans le décor.

PARTIR HIGHWAY

Je vous le cacherai pas, quand je mets les pieds dans un lieu culturel, je veux justement être dépaysé.
Surpris.
Voir l’existence à travers un regard autre que le mien.
C’est ce qui m’arrive chaque fois que j’entre dans le Centre PHI et à la Fondation PHI pour l’art contemporain.
Et ce soir, j’ai la chance de déambuler entre ces murs.
De parler avec ces artistes qui donnent une âme à cet édifice,
Qui l’ont habité durant des nuits de création, des résidences, des expositions, des spectacles.

JULIEN MORISSETTE [NARRATION 2]
Je croise d’abord Camille Poliquin, qui a une longue histoire d’amour le lieu.
Camille fait partie du duo Milk & Bone et elle se produit en solo sous le pseudonyme de KROY.
Son travail a souvent été présenté ici.

CAMILLE POLIQUIN / PREMIER SHOW MILK & BONE
C'était les tous débuts de mon groupe Milk & Bone et on n'avait pas encore fait de concert. On était encore dans… essayer de comprendre c'était quoi, où est-ce qu'on se situait dans la musique à Montréal, au Québec. Qui est-ce qui écoutait ça? On n'était pas vraiment certain. On n'/c'était plus un projet Internet jusqu'à ce moment-là. Pis c'était notre lancement pour notre premier album, Little Morning, qui s'est passé au Centre Phi en mars 2015, si je me trompe pas.

La capacité de la salle au centre Phi, j'pense que c'est environ 300 personnes, y'allait pas avoir assez de place pour tout le monde, c'était certain. Puis c'est fou parce que le centre Phi s'est arrangé pour que le plus de gens possible puissent rentrer dans l'établissement. Même si ils allaient pas pouvoir être dans la salle, y'avaient installés des écrans avec des speakers dans d'autres pièces du Centre PHI pour que les gens puissent avoir accès à cette expérience là, même si y'était pas dans la salle avec nous. Puis on m’en parle encore aujourd'hui. Des gens que je rencontre, des nouveaux amis qui me disent : « Heille, j'étais là en 2015 au Centre Phi. J'étais pas dans la salle, mais j'étais dans l'établissement. » Pis on a vécu ça tout le monde ensemble. Puis pour nous, c'était vraiment comme un premier événement vraiment marquant de, ben de moi en fait, ma carrière. Pis c'est, depuis ce moment là, ma ma relation avec le Centre PHI a comme été cristallisée.

INSTRU

CAMILLE POLIQUIN / DESCRIPTION BUILDING
Le Centre Phi, on dirait, dans ma tête, y a une vibe, qu'on retrouve rarement ailleurs, dans n'importe quel établissement, selon moi, dans un un établissement culturel. On est comme dans un film. Il y a plein de touristes alentour. Puis quand on rentre à l'intérieur, ben pour moi en tout cas, y'a vraiment une... Un un sentiment de sécurité. Et de d'entrer dans quelque chose qui est important. C'est à l'extérieur, c'est vraiment un un building du Vieux-Montréal en pierre, c'est magnifique. Puis à l'intérieur, quand on y rentre, c'est extrêmement contemporain, on voit plusieurs salles. L'architecture est magnifique. Et pour moi, c'est vraiment un sentiment de de sécurité de me retrouver dans un environnement qui qui me ressemble.

JULIEN MORISSETTE [NARRATION 3]
On va retrouver Camille plus tard, mais avant d’aller plus loin, je tenais à parler à un vétéran de la création numérique : le réalisateur Vincent Morisset.

Le travail de Vincent et du studio « Aatoaa » est célébré partout dans le monde. Vincent a commencé dans ce milieu là en créant le premier vidéoclip interactif, celui de Neon Bible d’Arcade Fire, en 2007.

C’est un habitué de la place, qui a notamment développé le projet COMPOSITION, durant une résidence de création offerte par Pheobe Greenberg, fondatrice du Centre PHI.

VINCENT MORISSET
Heu ben, ben c'est ça, ça fait une vingtaine d'années que je fais des des des projets entre guillemets numériques. Et heu ben j'avais entendu di- parler du du projet du Centre Phi ben pendant les travaux. heuuu j'avais eu la chance de visiter et même de faire une exposition à la Gaîté Lyrique à Paris, qui était, qui est une une entité un peu similaire qui présente des projets heuuu interactifs. Et ben j'étais hyper intéressé par la proposition. Y'avait tourné le le film de Next Floor de Denis Villeneuve pendant les les travaux. Et fait que donc j'suis allée visité l'espace, un peu un chantier, et on m'a présenté la vision, t’sais comme multiple de cinémas, salles de concerts, salles de musées, studio, etc. Pis j'étais comme wow, ça va être comme, ça va être vraiment hot. Pis ben, finalement ça existe depuis un certain temps. L'espace a évolué avec le temps. Et ben c'est c'est, c'est un cadeau là pour le le pour Montréal, pour les visiteurs aussi du vieux qui passent par l- ici, pis qui vont voir les expériences. C'est uuuun endroit, ben une maison pour des gens comme nous qui ont des pratiques un peu heuu hybrides ou, tsé on sait jamais dans quel, tsé dans quel, comment dire, dans quelle industrie ou dans dans quelle communauté on est.

JULIEN MORISSETTE
Est ce que tu peux me parler de Composition? Comment s'est développé ce projet là?

VINCENT MORISSET
Y'a eu cet- cette invitation là, cette cette idée là de résidence. En fait, heuuu je pense Phoebe et et la gang avait envie de de faire évoluer la la façon dont y est impliqués dans des projets. C'était un lieu de diffusion où ils présentaient les projets déjà faits. Mais j'pense qui s'était intéressés de de pouvoir voir naître un projet à l'interne Pis moi, ben tsé, je réfléchis au projet aussi en fonction un peu de l'ADN heuu du Phi juste parce que c'est comme ça aussi je travaille avec les gens que je travaille, avec qui je travaille. C'est dire ben comment on va, on va profiter des des forces vives? Et ben le Centre PHI, ben sont, ont une grande expertise dans la distribution de de projets virtuels. Mais ils font des installations avec ça. Et je me disais on pourrait faire une installation interactive à échelle humaine. Un truc où on explore le. Pis là, je me disais ça peut être une œuvre un peu synthèse tsé qui qui qui distille d'une certaine façon, ben, mon vocabulaire, mes influences. Puis j'avais envie aussi d'explorer la prémisse de la, de la réalité augmentée slash réalité, mix. On on s'y perd un peu des fois dans les définitions. Mais cette idée là de, comme je disais un peu avant de de de d'interagir avec notre propre monde, mais qui a de la magie qui émane de, qui émane de ça. Mais sans, sans sans casses, sans heu cossins ou interface.

JULIEN
Ouais, sans dispositif.

VINCENT MORISSET
Exactement c'était ça la prémisse. J'ai dit ben, on va, on va essayer de trouver une façon de faire interagir des gens dans un lieu, dans un lieu, puis que, dépendamment de ce qu'ils font, ben ça va transformer l'univers, ça va transformer la la musique.

JULIEN
C'est quoi l'expérience que le public peut vivre avec compositions ?

VINCENT MORISSET
On est autour d'une table, on met des écouteurs, mais dans certains contextes, y pourrait avoir des grosses pique au dessus de nous. Et y a des petits cubles en bois. Sur chacune des faces, y a des petits visages et y a une petite barre blanche qui, tsé qui passe de gauche à droite. Un peu comme qui fait, qui fait une mesure, un peu comme une sorte de métronome, là d'une d'une ligne du temps, et on t'invite, t'invite à placer des cubes sur la table. Et quand la ligne tape le cube ben y'a un son qui part. Pis, pis là t'essaye un peu de comprendre qu'est ce qui se passe. Pis à un moment donné, ben ok, j'peux peut être mettre des cubes l'un par dessus l'autre. Peut être j'peux faire des des grou-, des groupes. Pis à un moment donné, c'est une, c'est une oeuvre qui est dans lequel en fait que je pense que tu tu plonges. Puis à un moment donnée tu t'abandonnes pis y,a vraiment quelque chose d'assez fort, dans dans ce cause à effet là. Fait que c'est une œuvre un peu je l'a l'a décrit, un peu tsé comme les l'art total du bah house ou est ce que c'est un théâtre miniature ? Est ce que c'est une partition musicale ? Est ce que c'est une sculpture ? C'est tu un jeu? C'est tu, tsé ça comment c'est un peu tout ça.

JULIEN
Ouais. Les frontières sont vraiment brouillées.

VINCENT MORISSET
Ouais, ouais, c'est ça. Tsé, c'est un ovni.

JULIEN
Ouais.

VINCENT MORISSET
Mais y a. Mais en même temps, c'est super accessible, c'est super intuitif. Pis c'est, c'est comme une œuvre qui fait du bien là tsé. On on, Je reviens de South by Southwest à Austin, ou on présentait la le le projet. Fait que le monde sortait de là. Pis y avait trois choses qui disait. Soit c'est : I want one at home, haha. Ça m'a fait du bien, un peu comme de la musicothérapie. Ou ben that's the best thing I ever seen of all, of all the project this year.

Pis ben, ce projet là aurait difficilement pu exister dans un autre contexte. C'est ça qui est intéressant. La résidence a aussi été pas en pleine pandémie. On était tout un peu stocké chez nous, dans nos studios. Pis là, d'avoir cette autre adresse dans le vieux. Pis le vieux, c'est comme, en tant que Montréalais, c'est pas un endroit ou on va souvent. Fait que c'était comme un peu le matin, tsé de sortir en métro au square Victoria, d'aller là. On avait notre perrl. Ça nous a fait du bien à nous aussi de sortir de notre tanière. On avait notre ben, la nature de notre studio était microscopique bulle. Fait qu'on était, c'était legit. Fait que, ouais, c'est ça. Puis après ça, ben on a eu la chance de présenter le heuuu compositions dans l'exposition Trois mouvements. Quelque chose aussi d'intéressant aussi de créer à travers une une structure, pis, et et d'avoir la chance de réfléchir à comment on va pouvoir exister dans le contexte d'une d'une exposition.

JULIEN MORISSETTE [NARRATION 4]
Je retrouve Camille Poliquin, alias KROY, qui a aussi travaillé dans le lieu durant la pandémie. L’équipe de PHI lui a permis de passer des nuits entières, ici, alors que la province au grand complet était fermée.

CAMILLE POLIQUIN / RÉSIDENCE ROBOTIQUE
Le fait de pouvoir être dans la même pièce avec mes bandmates pis mes amis, puis de pouvoir faire des spectacles, on dirait que j'avais pas envie d'être dans l'attente. J'avais envie de trouver une manière pis de penser à « OK, mais mettons que c'était comme ça pour toujours. Qu'est ce que ça ferait pour moi ? Pis comment est ce que je me positionnerait dans cette optique là? »

Puis Ça fait quand même longtemps que j'ai comme une une obsession/terreur des des bras robotisés. On dirait qu'ils me ils me fascinent mais me font peur en même temps. Si c'est à ce moment là que je me suis dit, j'aimerais vraiment ça trouver une manière de dompter/apprivoiser ces machines là pour faire en sorte qu'ils fassent partie d'un concert avec moi. Peut-être de leur apprendre peut-être à jouer de la musique ou à être peut-être des danseurs ou. C'était vraiment une idée assez floue à ce moment là. Et c'est devenu une genre d'étude sur la relation entre l'humain, le robot, la musique et le mouvement et les relations entre ces différents aspects là. Et j'en ai parlé au Centre PHI Et ils m'ont dit : « on aimerait ça le présenter ». Puis ça, pour moi, c'était quand même quelque chose d'incroyable aussi parce que c'est c'est comme mon premier projet sur lequel je travaille avec la robotique qui est un projet un peu plus dans le, le art performance, performance art. Et donc ce premier projet là pour moi, était présenté au Centre PHI, qui est mon établissement, ben l'établissement que je respecte le plus à Montréal en terme de culture, pis de de goût, de tout ça. Fait que c'était vraiment un immense honneur pour moi de de le présenter à à cet endroit là.

JULIEN
Je suis curieux de savoir de travailler avec de la robotique. Qu'est-ce que ça apporte ?

CAMILLE POLIQUIN
Ben. Moi j'ai vraiment une relation particulière avec avec ces robots là je pense. Genre, je les aime énormément. hahah. Pour moi, ça devient vraiment comme. Un collaborateur, un ami tout ça. J'ai appris un peu à manipuler le robot, à voir comment je pouvais programmer ces affaires là, mais pour moi, ce n'est pas exactement ce qui m'intéresse, c'est vraiment le rendu. C'est vraiment de transformer cette genre machine là qui est construite pour être un robot de manufacture pour juste un un outil. De le transformer en quelque chose que moi je trouve, une une chose à laquelle je suis vraiment attaché émotionnellement, puis qui devient vraiment comme un personnage dans ma vie. Fait que. Ouais.

MUSIQUE SN À DÉFINIR - LONGUE TRANSITION

JULIEN MORISSETTE [NARRATION 6]
Y’a un autre artiste que j’ai rencontré en me promenant dans les installations de PHI, plus spécifiquement à la Fondation PHI pour l’art contemporain, sur la rue Saint-Jean à Montréal. C’est l’artiste multidisciplinaire Manuel Mathieu, originaire de Port-au-Prince et installé à Montréal. C’est un homme fascinant et excessivement talentueux.

JULIEN
Et dis moi Manuel, est-ce que tu passes beaucoup de temps en studio par les temps qui courent?

MANUEL MATHIEU
Heeeu, oui, quand même. Je je, ouais, définitivement. J'ai plusieurs expositions que je prépare en ce moment. J'ai une expo qui va partir à la fin du mois, qui va ben les tableaux partent à la fin du mois. Ça va être à Londres. Et je prépare une autre expo en juin à Shanghaï. Donc je suis, je suis vraiment là dedans là en ce moment.

JULIEN
T'es en, t'es dans un mode de de production, de création en ce moment?

MANUEL MATHIEU
Ah oui oui, je suis en train de penser à un moment donné pendant qu'on se parle. C'est comme mon cerveau explose.

JULIEN
haha, Tu vas exposer à Londres. Je pense que tu as déjà passé beaucoup de temps dans ta vie dans cette ville là? T'as étudié à Londres, il me semble?

MANUEL MATHIEU
Oui, j'ai étudié à Londres. J'ai étudié en 2013 jusqu'en 2015, donc j'ai habité là bas. J'suis parti en 2016. Donc jusqu'en 2013 à 2016 au fait. Donc je suis là bas je suis. Ouais, j'connais bien, j'connais bien le monde au fait. J'ai très hâte de retourner.

JULIEN
Hâte de retourner, ouais, j'imagine. Fait que là, après ça, t'es revenu à Montréal après Londres?

MANUEL MATHIEU
Ben j'suis revenu à Montréal retourner chez ma mère parce que j'étais, j'étais endetté jusqu'au jusqu'au cou. Et mais, j'étais prêt, mais j'ai essayer de prendre un studio. Et j'ai j'ai commencé à à être un artiste à temps plein, à temps plein.

JULIEN
Ouais?

MANUEL MATHIEU
Oui, quand même à temps plein. Après ça, j'pense que j'ai plus retravaillé.

JULIEN
Comment ton, comment t'as trouvé ça ce retour à Montréal, parce que là, ça fait plusieurs années que tu, ben que te présentes ton travail ici, mais partout à travers le monde. Mais comment ta pratique à toi est reçue au Québec ?

MANUEL MATHIEU
Je pense que ça a pris un petit peu de temps quand même. Parce que quand je suis retourné, j'avais un atelier, pis là y'a plusieurs personnes qui sont passées me voir, y ont regardé mon travail et, mais j'ai eu le show au musée, j'ai eu/je pense que l'été 20 et 20, j'ai eu trois show dans dans. En fait, j'ai eu un show, un solo au musée, le musée, le Musée des beaux arts de Montréal.

JULIEN
Ouais.

MANUEL MATHIEU
J'ai eu, j'ai eu, j'étais un groupe Show au Centre Phi et un autre Show au Musée d'art contemporain de Montréal.

JULIEN
Fait que ça a débloqué là.

MANUEL MATHIEU
Ouais, j'aime pas parler en terme de généralités en disant que les Québécois à Montréal, tu vois ce que je veux dire parce que c'est c'est c'est très, c'est morcelé, tu vois, c'est pas ah c'est complexe. Donc je ne veux pas dire « les Québécois », mais on va dire les institutions québécoises, pour rester pragmatique, ont ont reconnu mon travail si on veut.

JULIEN
Est-ce que, est-ce que tu sens que ton vécu, pis tes expériences personnelles et, toute la lignée qui vient avant toi, ton ton histoire, ton patrimoine, est-ce que tout ça, ça se retrouve dans ton travail ?

MANUEL MATHIEU
Au fait l'idée, c'est pas absolu, hein. C'est pas parce que t'es Jamaïcains que la Jamaïque se retrouve dans ton travail. C'est pas parce que t'es Québécois, que le Québec se retrouve dans ton travail, je pense qu'il faut que t'as une certaine sensibilité à ton histoire...

JULIEN
Ouais.

MANUEL MATHIEU
À ton passé, à ton ton leg tsé. Et ça, c'est un choix parce que tu peux, on peut le nier et ça, on peut le dire : "Ok, moi, je suis Haïtien, mais je ne veux pas parler d'Haïti", tu comprends-tu? Donc… dans la question, les gens ont tendance à penser que comme tu viens de certains endroits, tu transportes cet endroit avec toi.

JULIEN
Ouais.

MANUEL MATHIEU
Moi je pense pas que c'est un absolu.

JULIEN
Non, t'es pas un porteur de drapeau là?

MANUEL MATHIEU
Ouais, mais je fais le choix par contre de porter cette réalité là.

JULIEN
Tu as parlé des expos, tes trois expo en 2020, y y avait deux expositions collectives, dont une au Centre Phi : Relations, la diaspora et la peinture. Qu'est-ce qui est pertinent dans traiter de, ben des réalités, pis des questions diasporique ? Puis de la peinture avec ça ?

MANUEL MATHIEU
Ouais hein, ça, c'est une bonne question. Pourquoi la peinture ? Ben déjà, la peinture, c'est l'art. En fait, la représentation, c'est l'une des formes les plus anciennes de de manifestation spirituelle si on veut. Et heu j'pense c'est important de comprendre que y a différentes humanités, y'a différentes réalités dans notre humanité. Et plus on est capable de la voir, de la sentir et de s'approcher des des différentes complexités, ça nous permet de de mieux nous connaître, de mieux nous voir. Tu vois ce que je veux dire? Moi et moi, c'était important de de pouvoir amener mon grain de sable dans cette, dans cette réalité là par rapport à cette réalité là, tu vois.

JULIEN
Ce lieu là nous permet de, j'ai l'impression de voyager à travers beaucoup d'œuvres et d'artistes. Pour toi, comment tu vois ça Phi dans le, tsé, dans le paysage culturel québécois ?

MANUEL MATHIEU
Mais c'est c'est c'est le cœur d'une société, selon moi. Puis pas seulement québécoise. Ok? Parce que je pense, c'est une institution qui qui nous permet juste, comme tu dis, de voyager et qui qui complète notre réalité. Rendus là, c'est c'est c'est un c'est une institution qui complète notre réalité et à l'échelle nationale, ok? Parce que y a des expositions que j'ai vues au Centre Phi que j'ai, qui sont de calibre international d'une part et de qualité internationale. Je suis allé voir des expositions au Centre Phi qui m'ont renversé. Tsé. Pis les meilleurs expos, pour moi, sont les expo, quand tu finis de les voir, tu sors. Puis la réalité est comme plate. Tu comprends, c'est comme fuuck, il faut couper pas de fuck. Mais en tout cas on va dire. Tsé j'suis, j'suis allé voir des expositions. Pis la réalité, quand je sortis, la réalité était vraiment, c'était vide, tsé. Parce que la personne m'a tellement, l'artiste m'a tellement amené dans une, dans une profondeur, dans une manière de comprendre la réalité, de questionner, de pousser, de créer une sorte d'élasticité sur la réalité. Quand tu sors, tu vois tout, rien ne bouge, tu comprends? Rien ne bouge. Tandis que dans dans le contexte de de y a des expositions, tu rentres dans la tête de quelqu'un. Puis c'est rien de vibrer. Tu comprends? Pis ça c'est c'est, j'ai vécu ça plusieurs fois au Centre Phi, donc ça vous dit tout là.

THEME STEMÉ

JULIEN MORISSETTE [NARRATION 7]
Je sors des installations de PHI avec moi aussi la tête en ébullition.

Le philosophe français Charles Pépin écrivait dans son livre La rencontre, une philosophie « qu'une véritable rencontre nous transforme, que c'est une plongée dans un autre univers, un choc avec l'altérité et tout ça modifie notre trajectoire. »

En marchant dans la ville, cette nuit, j'ose espérer que les rencontres de ce soir et de toute l'année à Signal nocturne auront infléchi un peu vos chemins respectifs.

Avant de vous dire au revoir, je tiens à remercier l’équipe du Centre PHI et de la Fondation PHI pour l’art contemporain.

Je veux également saluer les équipes qui travaillent à la production de Signal nocturne :

Pour Télé-Québec
-La coordonnatrice Nadine Deschamps
-La technicienne de production Erica Coutu-Lamarche
-La chef de contenu Ariane Gratton-Jacob
-L’édimestre Sophie Richard
-La directrice de La Fabrique culturelle et des partenariats, Jeanne Dompierre

Pour Transistor Média

-Tenaga Studio à la musique originale
-François Larivière à la conception sonore, au montage et au mixage
-Sophie Gemme à la recherche
-Claire Thevenin, chargée de production
-Louis-Philippe Roy aux communications
-Stéphanie Laurin à la production exécutive
-Et moi-même, Julien Morissette, à l’animation et la réalisation

Abonnez-vous dès maintenant à Signal nocturne dans l’application de balado de votre choix ou écoutez-nous sur lafabriqueculturelle.tv

Nous chemins de séparent ici pour l’instant, j’espère vous retrouver dans un futur proche.

Je m’appelle Julien Morissette, bonne nuit.