°° C’est une collection de brefs épisodes pour découvrir l’art contemporain avec curiosité et légèreté.
°° C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse, regardée, expertisée et questionnée par des jeunes, auxquels répondent à leur façon les artistes qui ont réalisé les œuvres.
°° C’est des invitations à des rencontres, parfois inattendues, entre des œuvres exposées en Suisse… et vous!
Salut je m'appelle Jemima, j'ai seize ans bientôt, j'habite à la Tour-de-Peilz.
L'art pour moi c'est comme une façon de s'exprimer mais aussi une façon de pouvoir s'évader, de nous montrer qu'il y a un côté positif à cette vie.
Aujourd'hui je suis avec l'artiste Maximilien Urfer dans son atelier à Sion.
JEMIMA: Bonjour. Enchantée.
MAXIMILIEN URFER: Enchanté et bienvenue ici.
JEMIMA: Merci. J'ai su que tu n’aimais pas t'ennuyer et du coup que tu cherchais à t'amuser de différentes façons, surtout avec des instruments: tu joues du saxophone, de la guitare, de la batterie… Pourrait-on explorer un petit peu les sons de ton atelier?
MAXIMILIEN URFER: Tout ce qu'il y a dans cet atelier, je ne l'ai pas cherché, c'est quasiment venu à moi. Un jour, ça s'est trouvé sur ma route. C'est des choses que je voulais avoir, mais je ne les ai pas commandées sur internet. Donc la contrebasse que tu vois là-bas au fond, c'est pareil. C'était un vieux rêve d'en avoir une, et un jour, elle était devant moi. Un jour, j'avais une voiture — ce qui est très rare — et j'avais en plus l'argent pour l'acheter — et ça c'est encore plus rare — et donc voilà pourquoi elle est là maintenant. Je ne pouvais pas refuser… Ah, en plus elle n'est pas accordée…
Il y a un autre instrument qui est vraiment ma marotte ici: c'est un un clavier que j'ai trouvé dans une brocante, un Farfisa! C'est pas le Farfisa dont se servait Pink Floyd dans ses albums malheureusement, mais on est comme pas très loin de ce genre de son son très très bizarre.
JEMIMA: Moi qui aime beaucoup Pink Floyd, ça me gâte. Alors, dans ton atelier, il y a vraiment plein de choses qui m'ont intéressée puis qui sont extraordinaires, mais il n'y a qu'une chose qui me tape un peu à l'œil, c'est un panneau qui est derrière ton bureau.
MAXIMILIEN URFER: C'est bien que tu me parles de ce panneau parce que c'est c'est un panneau dont je ne suis pas l'auteur. L’auteur, c'est un ami qui fait partie d'une formation musicale (que nous avons fondée avec cinq autres amis) et qui consiste à allumer le robinet de l'improvisation pendant quatre ou cinq heures parfois ici, tout en sachant que personne ne sait jouer de tous les instruments. La stratégie est circulaire, c'est-à-dire que toutes les vingt minutes, on change d'instrument, quoi qu'il arrive.
JEMIMA: Si j'ai choisi ce panneau, c'est parce qu'il y a quelque chose qui est écrit dessus: “Notre musique n'est pas élégante, mais nous sommes élégants”. Votre musique n'est pas élégante parce que vous improvisez, c'est ça?
MAXIMILIEN URFER: Ouais, c'est absolument ça. C'est essayer, quand on vient jouer ici, de se permettre un maximum de choses, d'oublier absolument toute la pression qu'on veut se mettre par rapport au fait de savoir jouer ou pas, essayer d'aller au plus pur possible, et puis de jouer le plus naturellement possible. C'est vraiment l'enjeu. Et puis, on contrebalance avec cette petite phrase: nous sommes élégants… ce qui reste à prouver encore, mais bon, ce n'est pas une phrase que j'assume en mon propre nom….
JEMIMA: On a beaucoup parlé de la musique, de ce qu'il y a dans ton atelier, mais j'ai aussi entendu que tu fais des films. Du coup, est-ce qu'on pourrait en voir un extrait?
MAXIMILIEN URFER: Avec plaisir. On parlait d'être attentif au monde et d'être éveillé. Donc découvrons un extrait tiré de cette série de films que j'ai initiée fin 2023 qui se nomme “attentions”.
JEMIMA: Juste une question, est-ce que tu connaissais les gens qui sont dans le film ou pas?
MAXIMILIEN URFER: Alors pas du tout. Par contre, la communauté qu'on a sous les yeux à la fin du film, c'est celle dont je parle au début du film. Cette communauté est venue à l'heure où j'ai allumé la caméra, indépendamment de ma volonté. Ce n'était évidemment pas prévu et c'est la première très belle surprise dans ce protocole d'allumer une caméra, d'attendre une heure et de voir ce qui se passe.
JEMIMA: Moi ce qui m'a frappée c'est qu'au début on s'est tous mis à rigoler; est-que c'est vraiment drôle l'art pour toi?
MAXIMILIEN URFER: Ça n'a pas pour vocation d'être drôle, mais ce qui se passe c'est que ce commentaire qui nous a amusés c'est en fait une petite voix intérieure qu'on a tous — je crois — dans la tête quand on est dans l'espace public et qu’on se pose sur un banc. Donc là, il s'agit de l'extérioriser sans filtre, d'improviser en fonction de ce que j'ai sous les yeux, avec quand même une autocensure un peu plus présente que si je le faisais uniquement dans ma tête, parce que ça va être rendu visible. Donc, il s'agit de prendre toutes les questions qui viennent dans ma tête au moment où ces choses se déroulent et de se rendre compte que la vie est presque plus forte qu'un scénario, parce qu'il se passe toujours quelque chose.
Je pourrais faire ça dans une forêt, il se passerait quelque chose. En une heure, dans une forêt avec personne, il se passerait plein de choses. J'en suis persuadé. D'ailleurs la suite ça sera ça. Pour moi, c'est quasiment un exercice de méditation de faire ça.
JEMIMA: Merci beaucoup Maximilien! Ça a été un plaisir de voir ton atelier et tout ce qu'il y a dedans. À Une prochaine j'espère!
MAXIMILIEN URFER: C'était un vrai plaisir de te rencontrer! Merci beaucoup pour ton attention.
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“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!
C'est un rendez-vous décomplexé autour de l’art contemporain entre un jeune esprit curieux et un ou une artiste. C’est simple, non?
Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l'atelier, puis une discussion autour d'un objet intriguant.
Aujourd’hui, Jemima a rencontré Maximilien Urfer dans son atelier à Sion (Valais).
Collectionnons l'art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d'art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.
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Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.
Remerciements à l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) pour les sources biographiques des artistes.
Interview et voix: Florence Grivel
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet
C’est une production Young Pods (Patrick Comte, Florence Grivel, Nadja Imhof)