Flavie Payette-Renouf s’intéresse aux différentes problématiques qui touchent l’audition: les bruits industriels et environnementaux, mais également l’évolution de l’audition au fil de la vie et les acouphènes.
♪♪♪
- Quand un enfant vient au
monde, c'est la plus belle
chose, et en même temps, c'est
aussi le début des angoisses.
Est-ce que mon enfant est en
santé? Est-ce qu'il prend bien
son poids? Est-ce qu'il boit
bien? On s'inquiète pour plein
de choses. Quand mon fils est né
en 2018, la question de
l'audition n'a pas été soulevée
à l'hôpital ou lors de suivis.
Je me souviens qu'on m'a
demandée s'il réagissait aux
sons forts, comme une casserole
qui tombe par terre, mais c'est
tout.
(tintement métallique)
Mais alors, s'il sursautait en
entendant un gros bruit, ça
voulait dire qu'il avait pas de
problème d'audition, non? La
réalité est beaucoup plus
subtile. C'est quoi, les indices
qui permettent d'identifier une
perte auditive chez un enfant?
Pourquoi est-ce que c'est
crucial dans son développement
de l'identifier le plus
rapidement possible? Et très
important: à quoi faut-il faire
attention pour éviter
d'éventuelles pertes auditives?
J'ai grandi dans une famille
dans laquelle y a plusieurs
personnes qui ont une perte
auditive, alors c'est vraiment
un sujet qui me touche
particulièrement. Je m'appelle
Flavie Payette-Renouf, et dans
ce balado,Dans le creux de
l'oreille,je m'intéresse à tout
ce qui touche l'audition.
Chaque année au Québec, un bébé
né sans complication sur mille
va présenter une surdité à la
naissance. Plus de 90% des
enfants qui naissent avec une
surdité sont nés de parents
entendants, qui soupçonnent donc
rarement cette possibilité.
Chez les enfants de moins de 5
ans, c'est le 2e trouble le plus
fréquent après le trouble
visuel. De 4 à 6% des
déficiences auditives vont se
développer entre la naissance et
l'âge de 6 ans. Y a donc des
enfants qui naissent avec une
perte auditive, mais y a aussi
des enfants qui vont la
développer dans les 1res années
de leur vie.
Ça peut être la conséquence de
certaines maladies ou infections
comme les otites. Avoir une
bonne audition, c'est
névralgique chez les tout-
petits. Pour réussir à apprendre
à parler, bien entendre, c'est
essentiel. J'ai rencontré
l'orthophoniste Annie Salois
pour comprendre ça se développe,
le langage chez les enfants.
- (Annie Salois): L'enfant,
quand il va naître, quand il va
se développer, il va développer
son langage en fonction de son
environnement. Ce que les
chercheurs vont souvent faire
ressortir, c'est deux grandes
notions dans le développement du
langage: la notion de quantité
et la notion de qualité.
Donc, quand on parle de "notion
de quantité", ça va être
évidemment tout le nombre de
mots auxquels l'enfant va être
exposé. Donc, on va parler du
vocabulaire des parents autour,
et le nombre de mots auxquels
l'enfant est exposé va avoir une
influence sur le développement
de son langage, et c'est avec
ces mots-là qu'il va être
capable de faire des relations,
comprendre, faire des phrases.
Tous les mots que l'enfant va
entendre, bien, s'ils sont dans
le bruit, s'ils sont altérés par
différentes soit anomalies au
niveau des oreilles, ou des
otites, tout ça, va avoir une
influence sur leur capacité
d'apprentissage. Et l'autre
volet, je vous ai parlé de
quantité, je vais vous parler
aussi de qualité. C'est que,
oui, on veut beaucoup de mots,
mais on veut surtout que le
parent soit en interaction avec
son enfant. Donc, on va parler
de "conversations".
Ça peut paraître bizarre avec un
tout jeune enfant d'avoir une
conversation. Mais ce qu'on
voit, c'est que oui, on peut
nommer plein de mots, mais si on
met pas ces mots-là en contexte,
s'il y a pas d'échanges entre
l'enfant et son parent, s'il y a
pas d'allers-retours, bien, on a
un développement du langage qui
est beaucoup moins rapide.
- À quoi est-ce qu'on doit
s'attendre au niveau du
développement de notre enfant
selon son âge?
- Zéro-six mois, ce qu'on veut,
c'est: l'enfant interagit, il
nous regarde. La communication
passe pas nécessairement par les
mots, mais va passer par le
regard, va passer par
l'imitation, le sourire, les
réactions, les petits cris.
Entre 6 et 12 mois, là, le bébé
commence à être capable de
produire des sons qui vont
ressembler aux consonnes. Alors,
il commence à se pratiquer. Il
fait des "baba", "dada", "gaga",
donc il s'essaye, il a une
rétroaction où il s'entend, et
là, il commence de plus en plus
à se pratiquer pour les
éventuels mots qu'il va être
capable de produire.
Et évidemment, il entend son
environnement. Il commence à
comprendre de plus en plus. Il
fait des liens entre ce qu'il
comprend et ce qu'il voit. Douze
mois, bien, c'est notre fameux
1er mot souvent qui arrive
autour de 12 mois. Donc, il a eu
de l'expérience, il a entendu
ses parents, il s'est pratiqué,
puis souvent, dans la majorité
des langues, ça va être "maman",
"papa", "dada"...
Deux-trois ans: on commence à
combiner des mots. Donc, "papa
parti", "encore manger", de plus
en plus en contrôle. Et c'est là
que, bien oui, on voit
apparaître des comportements de
contrôle, mais c'est ce qu'on
veut, nous. On est contents de
voir ça quand on arrive à un 2-3
ans. 3-4 ans: il allonge encore
plus, il comprend davantage. Et
à 4 ans, on le comprend presque
à 100% du temps.
Et tout ça se raffine. 5-6 ans:
il réfléchit, il donne son
opinion, il émet même des
hypothèses, et on converse de
façon beaucoup plus détaillée.
Et il acquiert de nouvelles
connaissances.
- Actuellement, un dépistage
néonatal est déployé à travers
le Québec. Pour le moment, ce
sont 83% des hôpitaux qui font
passer un test aux bébés
naissants. À terme, le programme
devrait être offert pour tous
les bébés. Le dépistage rapide
est essentiel pour le
développement du langage. Pour
bien comprendre en quoi consiste
le dépistage néonatal, j'ai
rencontré l'audiologiste
Catherine Sabourin.
- (Catherine Sabourin): L'idée,
c'est de vraiment dépister pour
ensuite évaluer et intervenir le
plus rapidement possible, pour
que les enfants évitent d'avoir
des difficultés liées à la perte
auditive, des difficultés de
développement. Intervenir, ça
peut être par exemple
l'appareillage auditif,
l'implant cochléaire, des
stratégies de communication,
tout dépendant des besoins de
l'enfant.
- Et qu'est-ce que le dépistage
universel permet de repérer
comme pertes auditives?
- Donc, le déficit cible, c'est
la perte auditive de degré
modéré ou plus aux deux
oreilles. Ça permet pas
nécessairement de dépister les
pertes d'audition légères.
- Et est-ce qu'il peut y avoir
des pertes auditives qui vont
survenir au fil du temps?
- Avant l'âge de 5-6 ans, la
perte auditive peut se
développer. Y a 5 à 6% des
enfants de moins de 6 ans qui
vont avoir une perte d'audition
qui ne sera pas nécessairement
dépistée à la naissance, qui va
se développer après.
- La grande question que les
parents se posent peut-être à ce
stade-ci, c'est: Comment déceler
une perte auditive chez notre
enfant? Est-ce que notre enfant
entend vraiment bien? Ou bien
est-ce qu'il a une perte
auditive modérée ou légère,
auquel cas mon enfant sursaute
peut-être en entendant les
casseroles de tout à l'heure,
mais il ne saisit peut-être pas
tous les sons, et donc pas tous
les mots. Un adulte va compenser
parce qu'il connaît déjà les
mots. Si vous êtes en train de
souper, que votre verre de vin
est vide et que vous entendez:
"Est-ce que tu veux plus de...",
vous devinerez que le mot est
peut-être "vin".
(brouhaha de voix)
Mais un enfant qui apprend à
parler, il connaît tout
simplement pas les mots, alors
il ne peut pas comprendre par
déduction. J'ai rencontré les
audiologistes Valérie Ouellet et
Katia Forcier pour en discuter.
C'est quoi, les signes auxquels
on doit être attentifs en tant
que parents?
- Ça peut être de faire souvent
répéter ou de chercher beaucoup
les indices visuels pour pouvoir
comprendre une consigne verbale,
par exemple, d'avoir vraiment le
besoin de voir les lèvres du
parent ou d'avoir des gestes qui
accompagnent la consigne.
Ça peut être le fait qu'ils
augmentent le volume de la
télévision ou de la tablette. De
bien comprendre, de bien
socialiser aussi avec les
enfants à la garderie. Donc,
c'est peut-être des enfants qui
vont avoir tendance à plus
s'isoler. Des retards de
langage, évidemment.
Donc, c'est toutes des choses
qui peuvent être attribuables à
une perte d'audition, mais aussi
à d'autres choses. Donc, il faut
vraiment rester vigilants, puis
en cas de doute, demander une
évaluation de l'audition, à
n'importe quel âge.
- Des fois, les parents, par
exemple, ils vont nous rapporter
que leur enfant est dont
lunatique. Ou il est distrait.
Ou il est un peu têtu, parce
qu'il répond pas, ou il répond
juste quand il veut. Donc...
Mais souvent... Bien, pas
"souvent", mais ça arrive, que
c'est une surdité finalement qui
va expliquer ce comportement-là,
puis comme Katia a dit aussi:
des enfants qui vont avoir
tendance davantage à s'isoler à
la garderie parce que c'est
bruyant. Bien, au final, on se
rend compte que c'est parce
qu'ils entendent pas bien puis
ça les dérange. Puis plutôt que
de pas comprendre, bien, ils
préfèrent jouer seuls. Donc...
- Mais aussi, ça fait, en lien
avec la clientèle qu'on voit au
CHU Sainte-Justine, on voit
beaucoup d'enfants avec des
déficiences intellectuelles ou
qui ont le trouble du spectre de
l'autisme. Mais c'est toute...
l'évaluation de l'audition est
vraiment recommandée aussi dans
ces cas-là. Parce qu'on veut
vraiment être sûrs que les
comportements ou le
développement de l'enfant est
pas attribuable à une perte
d'audition, mais bien avec un
autre diagnostic, que ça soit
un TDA/H, trouble d'attention,
que ça soit de l'autisme, que ça
soit une déficience
intellectuelle... Donc, ça
aussi, l'évaluation de
l'audition dans ces cas-là
est vraiment importante.
- Apprendre que notre enfant a
une perte auditive ou qu'il est
sourd, c'est sûrement un moment
très angoissant pour un parent,
particulièrement ceux qui sont
entendants et qui n'y
connaissent rien. Marie-Josée
Taillefer et son mari René
Simard avaient jamais envisagé
que leurs enfants pourraient
être sourds. Personne dans leur
entourage n'avait un problème
auditif.
Mère de deux enfants avec une
surdité profonde, Olivier et
Rosalie, Marie-Josée Taillefer
est aujourd'hui très impliquée.
Elle est notamment ambassadrice
des cliniques Lobe et
de la santé auditive.
Je lui ai demandé de me raconter
comment ils avaient découvert la
surdité de leurs enfants et
comment ils avaient réagi par la
suite.
- C'est vraiment pas évident. La
surdité, c'est un peu sournois.
On avait l'impression qu'on
avait un enfant calme, un bébé
calme. Il sursautait pas quand
un objet tombait à côté de lui.
Mais à part ça, y avait pas
grand signe. Tu sais, c'est pas
un enfant qui fait plus de bruit
que les autres, qui pleure plus
fort. Il faisait même du
babillage. Tu sais, il a
commencé à faire "mama". Mais
c'est vraiment René qui a eu un
doute, parce qu'il se rendait
compte qu'on pouvait pas le
rassurer avec notre voix.
S'il pleurait dans sa chambre,
il arrêtait de pleurer au moment
où il nous voyait, et non au
moment où il nous entendait: "Je
m'en viens. Arrête de..." Tu
sais? "Maman s'en vient." C'est
vraiment à l'âge de 5 mois qu'on
a eu un 1er doute, et c'est à 11
mois qu'on a passé un test
d'audition à Sainte-Justine.
Et c'est là qu'ils nous ont
confirmé qu'il avait une surdité
profonde. Aux deux oreilles. Ça
a été brutal comme résultat,
parce qu'il y a rien qui
t'atteint plus que de dire que
mon enfant va avoir mal, va
avoir de la peine, va manquer
quelque chose dans la vie, va
avoir une difficulté. C'est ça
qui nous attriste, alors que
c'est un tout petit bébé.
Et puis, quand Rosalie est
arrivée, elle, bon, c'était 2
ans plus tard. On s'était déjà
faits à l'idée. Elle a été
détectée, on a appris sa surdité
à un jour.
- Donc, tout de suite, à
l'hôpital, avant de rentrer à la
maison, vous le saviez?
- On le savait. Elle était la
2e. La surprise était moins
grande. Mais en même temps, on
avait, selon les généticiens,
une possibilité d'une chance sur
4, donc on l'a su rapidement
pour elle, et c'est une bonne
chose. Ça a été bénéfique
de le savoir plus vite.
- Si certains enfants ont des
pertes auditives ou des surdités
qui sont permanentes, chez
d'autres, ça peut être
temporaire. Dans quelles
circonstances est-ce que ça peut
l'être selon Catherine Sabourin?
- Les otites sont une
problématique qui est assez
fréquente chez les enfants. Les
otites peuvent être aiguës,
alors là, les parents le savent,
parce que ça fait mal, l'enfant
pleure, il va avoir une
infection, donc il peut faire de
la fièvre. Par contre, il peut
avoir un type d'otite qui n'est
pas infecté. Alors, y a quand
même du liquide qui se retrouve
pris derrière le tympan, dans
l'oreille moyenne. À ce moment-
là, y a aucun moyen de le savoir
pour les parents, à part le fait
que l'enfant peut moins bien
entendre.
Et le liquide peut partir tout
seul, mais des fois, ça peut
prendre une intervention, là,
pour pas que le liquide reste
pris trop longtemps derrière le
tympan. Parce que si on entend
moins bien, évidemment, c'est
plus difficile de développer le
langage.
- Et comment est-ce qu'un parent
peut faire pour repérer ce genre
d'otite?
- Par exemple, l'enfant ne
répond pas à son nom, peut faire
répéter le parent, ou le langage
pourrait ne pas se développer au
rythme attendu.
- Si l'enfant a une perte
auditive, y a plusieurs
solutions qui vont être
proposées par les audiologistes.
Au-delà des appareils, plusieurs
stratégies peuvent être mises en
place par l'entourage de
l'enfant, comme l'expliquent
Valérie Ouellet et Katia
Forcier.
- Ça dépend de chaque enfant.
Donc, deux enfants pourraient
avoir exactement la même surdité
puis vivre des situations de
handicap au quotidien qui sont
complètement différentes. Donc,
c'est pour ça que le but, c'est
d'établir, tu sais, d'ouvrir la
discussion avec le parent,
d'établir un partenariat avec la
famille pour voir quelles sont
les interventions qui font le
plus de sens pour eux, pour
l'enfant, puis qu'est-ce qui
aide le plus finalement l'enfant
dans son quotidien, à la
garderie, à l'école.
- Donc, c'est pas toujours de
mettre un appareil?
- Pas toujours. C'est ça.
Effectivement.
- Oui. Puis ça dépend vraiment
de la surdité, dans le fond. Y a
des surdités où on peut vraiment
y aller avec plus des stratégies
au quotidien, tu sais, des
placements préférentiels, des
stratégies de communication,
avertir les différents milieux
de vie. Mais quand la surdité
est plus importante, là, c'est
sûr qu'on va plus aller vers une
recommandation d'appareil.
Mais l'appareillage ne vient
jamais seul, vient toujours avec
tout le reste qu'on a nommé
avant.
- Les familles sont toujours
vraiment bien accompagnées
aussi, donc on fait pas juste un
diagnostic de surdité: "Voilà.
Des appareils auditifs." Là,
c'est beaucoup plus complexe.
- Du côté de Marie-Josée
Taillefer, comme ses enfants ont
une surdité profonde, ils ont
décidé, avec son mari, d'opter
pour l'implant cochléaire.
C'était une grosse décision,
parce que, à l'époque, ça
impliquait une anesthésie
générale et une hospitalisation
d'une semaine.
- Dans ce temps-là, c'était pas
connu. C'est quoi, ça, l'implant
cochléaire? Faire opérer ton
enfant. Je me disais: Là, je
suis en train de changer son
destin, moi qui avais accepté sa
surdité.
- Une fois qu'il a eu l'implant
cochléaire, dans les mois qui
suivent, comment est-ce que ça
se passe avec lui?
- C'est plutôt latent.
(rires)
Ça prend un six mois. Nous,
Olivier avait presque 5 ans
quand il a eu son implant,
donc il se retrouve à régresser,
parce qu'il repart. On change
son audition.
- Qu'est-ce que ça a changé pour
vos enfants, l'implant?
- Ah mon Dieu. Ça a changé
complètement leur vie. Parce
qu'on réalise pas comment la
surdité touche à toutes les
facettes de notre vie. C'est pas
seulement le langage, c'est la
confiance en soi, c'est l'estime
de soi. Quand quelqu'un nous
parle ou quand on est dans un
groupe d'enfants puis qu'on a
saisi ce qui se passe, c'est
incroyable comment ça peut jouer
sur notre personnalité,
le fait qu'ils retrouvent
l'audition. Leurs études, leurs
amis, leur réseau... Donc, là,
maintenant, y ont des amis dans
les deux groupes. Le choix de
carrière... Tout a changé.
- Au-delà des facteurs
génétiques accidentels ou causés
par une maladie, c'est quoi les
facteurs sur lesquels on a un
contrôle? Que vous ayez des
enfants ou pas, vous avez
sûrement déjà été en contact
avec des jouets sonores dont le
volume vous semblait vraiment
très élevé.
(couinements et tintements)
Est-ce que des décibels, ou
encore dB, très élevés en
provenance d'un jouet, ça peut
être problématique? Qu'est-ce
qu'en pense Catherine Sabourin?
- L'Organisation internationale
de normalisation recommande une
limite de 85 dB pour les jouets
sonores, et c'est même 65 dB si
le jouet est fait pour être
manipulé près de l'oreille.
Alors que la réglementation
canadienne sur les jouets
sonores limite le son, le bruit
des jouets sonores à 100
décibels. Donc, c'est sûr que si
un enfant a un jouet sonore de
100 dB qu'il met près de son
oreille pour plusieurs minutes,
ça pourrait causer des dommages
auditifs.
- Au-delà des jouets sonores, en
grandissant, à quoi est-ce que
les enfants devraient faire
attention?
- Ce qui est plus fréquent chez
les enfants et les adolescents,
c'est l'écoute de la musique
sous écouteurs. En tant que
parents, ce qu'on peut faire à
ce moment-là, c'est lorsqu'on
achète des écouteurs à notre
enfant, c'est de s'assurer qu'il
y a un contrôle maximum au
niveau du volume.
Et c'est tout simplement aussi
de privilégier les haut-parleurs
au lieu des écouteurs, pour
s'assurer que le son est moins
près de l'oreille. Le parent
peut aussi entendre le volume
qui est utilisé par l'enfant, et
avoir un meilleur contrôle
sur le volume.
- Une autre chose qui préoccupe
beaucoup les audiologistes,
c'est l'augmentation de
l'utilisation des générateurs de
bruits pour bébé. Quand on a un
enfant qui a des difficultés de
sommeil, c'est l'une des 1res
choses dont on va vous parler:
"As-tu essayé les bruits blancs
pour l'aider à s'endormir?"
Pourtant, c'est une mode assez
récente et son utilisation
peut être problématique.
Joanie Farmer, audiologiste et
conseillère aux affaires
professionnelles de l'Ordre des
orthophonistes et audiologistes
du Québec, a quelques mises en
garde par rapport aux
générateurs de bruits.
- Faut faire attention avec ces
dispositifs-là, parce que,
souvent, on va les installer
proches de l'oreille de
l'enfant, puis y a beaucoup de
dispositifs qui ont pas de
contrôle de volume. Y a des
dispositifs qui peuvent monter à
des volumes de 80-85-90
décibels. C'est extrêmement
élevé pour une oreille de bébé.
En fait, même pour les oreilles
de n'importe quel humain, c'est
beaucoup trop fort. Ce qu'on va
recommander, là, si vraiment
c'est un outil que vous jugez
essentiel comme parent pour
votre petit bébé,
essayez d'utiliser un dispositif
qui est muni d'un contrôle de
volume, le mettre au volume le
plus faible possible. Essayez
aussi de le mettre loin de
l'oreille de l'enfant, pour
s'assurer vraiment que... Bien.
Un: l'enfant n'y ait pas accès.
Puis deux: bien, c'est pas collé
sur son oreille, là.
Peut-être qu'il peut être utile
pour le sommeil, mais au niveau
de l'audition, y a quand même
certains bémols.
Que ce soit des jouets sonores
ou des générateurs de bruits, ce
qu'il faut retenir, c'est qu'il
faut éviter que nos enfants
soient en contact trop proche
avec des volumes trop élevés, et
éviter qu'ils soient exposés
trop longtemps. Tout est
dans la modération.
Si le jouet préféré de votre
enfant émet une musique forte,
assurez-vous qu'il ne l'utilise
pas trop longtemps. Et vous
pouvez aussi boucher un peu le
haut-parleur avec le bon vieux
truc du ruban. Et si votre
enfant a une perte auditive ou
une surdité, votre implication
et votre soutien, bien,
c'est la clé.
- (Marie-Josée Taillefer): Sur
le coup, oui, ça fait mal. Parce
qu'on doit faire un deuil, veux,
veux pas. Le deuil de l'enfant
qu'on s'est imaginé. La vie
qu'on s'est imaginée. Mais si on
réussit à accepter, oh mon Dieu
que la vie s'ouvre à nous, puis
qu'on n'aura que des bonnes
nouvelles par la suite.
Oui, y aura des moments
difficiles, y aura des décisions
à prendre, mais moi, je dirais
aux parents: Soyez comme un chef
d'entreprise. Prenez cette
situation-là comme si vous étiez
en charge d'une grosse
entreprise. Réunissez des gens
autour de vous qui vous
stimulent, allez chercher de
l'aide, les outils
technologiques. Il s'agit de
déléguer, comme un bon chef
d'entreprise, mais de suivre, de
suivre son enfant,
d'aller au-devant des coups, de
se faire un système avec le
réseau, soit les
orthopédagogues, les
professeurs, un système de
cahiers pour suivre, pour que
l'enfant ne prenne pas de
retard, finalement. Mon 2e
conseil, ça serait de parler
beaucoup: parler, parler,
parler. Mettez des mots sur
tout: tout ce que vous faites,
tout ce que vous dites. Même les
conversations entre parents,
faut que l'enfant soit témoin,
pour qu'il ait une accumulation
de mots qui inonde son cerveau,
parce que, après ça, le cerveau
va faire le chemin et puis les
mots vont arriver. Et puis, là,
bien, ça va être des grandes,
grandes victoires, parce que
chaque petit mot, on l'a gagné!
- L'audition pour les enfants,
là, c'est leur porte d'entrée
sur le monde. Bien entendre,
c'est la base pour apprendre à
parler. Trop souvent, j'ai
l'impression qu'on associe la
perte auditive avec le
vieillissement, alors que les
enfants aussi peuvent en avoir
une. Si votre bébé sursaute en
entendant un chien japper, ça
veut pas dire qu'il a pas
une perte auditive.
Le dépistage auditif à la
naissance est très important. Et
si vous avez un doute sur
l'audition de votre enfant,
hésitez pas à consulter un
audiologiste.
Faire un examen auditif avant
l'entrée à l'école, ça devrait
être un automatisme, comme aller
chez le dentiste ou chez
l'optométriste. C'étaitDans le
creux de l'oreille.À
l'animation, à la recherche et à
la réalisation, Flavie Payette-
Renouf. Au montage, Robin
Ferron. À l'enregistrement et au
mixage sonore, Michèle Marineau.
À la direction générale, Marie-
Josée Lestage.Dans le creux de
l'oreilleest une production
Savoir Média, en partenariat
avec l'Ordre des orthophonistes
et audiologistes du Québec.