Une professeure de Val-des-Monts née en 1934 a complètement bouleversé la scène théâtrale dans les années 60 et 70. Dans cet épisode réalisé par Marie-Hélène Frenette-Assad, on découvre la vie et l’oeuvre de Gaby Déziel-Hupé, une artiste qui a marqué le patrimoine culturel de la région.
L’histoire secrète de l’Outaouais est un projet de Culture Outaouais réalisé et produit par Transistor Média en collaboration Tourisme Outaouais, la Ville de Gatineau, le ministère de la Culture et des Communications et la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau.
Découvrez les histoires oubliées ou méconnues des artistes et des oeuvres qui ont marqué la culture de l’Outaouais des cent dernières années! Les réalisateurs André Martineau et Marie-Hélène Frenette-Assad vous racontent leurs découvertes en compagnie de l’animateur Julien Morissette. L’histoire secrète de l’Outaouais est un projet de Culture Outaouais réalisé et produit par Transistor Média en collaboration Tourisme Outaouais, la Ville de Gatineau, le ministère de la Culture et des Communications et la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau.
THÉO MARTIN:
J'pense que, ça a eu un impact parce que, finalement on parlait la langue des gens du coin. On avait forcément Gratien Gélinas et ses fridolinades, mais on était encore dans le classique ici. On voulait encore jouer du Molière ou des pièces traduites de l'anglais, de Neel Simon, des choses comme ça. Elle est arrivée avec une facture régionale qui parlait aux gens et c'est ça qui a vraiment attiré les gens.
JULIEN (NARRATION)
Vous écoutez L’HISTOIRE SECRÈTE DE L’OUTAOUAIS, une série sur le patrimoine culturel de la région administrative 07.
Pour souligner ses 40 ans d’existence, Culture Outaouais nous a donné le mandat de réaliser une série documentaire pour que les citoyens de la région et d’un peu partout connaissent mieux notre patrimoine culturel.
Même si l’équipe de Transistor est composée de fiers citoyennes et citoyens de la région qui sont engagés dans la culture d’ici, on a appris un tas de choses étonnantes sur les artistes et les oeuvres qui ont marqué la région. En gros, on vous a trouvé des histoires oubliées ou méconnues, qui valent la peine d’être découvertes ou redécouvertes. Bonne écoute.
JULIEN (NARRATION)
Avant de parcourir les routes de l’Outaouais pour rencontrer les gens dans leurs villes et villages, on a consulté des historiens, des passionnés d'histoire et des archivistes qui travaillent sur le patrimoine culturel de la région. Parmi tous ces gens, y’a quelqu’un qui a été ultra précieux dans la démarche.
THÉO MARTIN
Alors mon nom est Théo Martin : je suis archiviste, historien et comédien à mes heures.
JULIEN (NARRATION)
Je vous présente une autre personne à qui j’ai fait appel pour ce premier de cinq épisodes : la réalisatrice Marie-Hélène Frenette-Assad, qui va nous raconter l’histoire d’aujourd’hui.
MHFA
Check, allô? Ça marche?
JULIEN (NARRATION)
Quand Marie-Hélène et moi avons rencontré Théo, il nous a parlé de la chanson les Chapeau Boys, de JP Maloney, la famille Laflèche, du film La Bête lumineuse, tous des sujets qu’on va couvrir durant la série.
MHFA (NARRATION)
Mais y’a un nom qui a tout de suite attiré notre attention : Gaby Déziel-Hupé
THÉO MARTIN
Moi je m’intéressais à ça parce que en général je m’intéresse au théâtre, les archives du théâtre dans la région puis les sources sont pas toujours évidentes à trouver. Pis surtout les sources sur les dramaturges féminins, les actrices, les comédiennes, et tout ça. Puis le nom qui ressortait c’était Gaby Déziel-Hupé
MHFA (NARRATION)
Gabrielle Déziel-Hupé est née à St-Pierre-de-Wakefield en 1934. Ses parents étaient des agriculteurs qu’elle qualifie elle-même de « paysans ». Formée à l’école normale, elle devient professeure de littérature française mais c’est comme dramaturge qu’elle se fera connaître.
THÉO MARTIN
À part de ça, on sait pas. On a célébré son décès en 2010-2011 pis c’était tout. Pis je trouve que c’est un peu dommage quand tu penses qu’il y a tellement d’archives de théâtre plus ancien, de théâtre masculin et que là y’a cette personne-là qui a été comme une espèce, je dirais une comète. Elle est rentré, elle a fait beaucoup de bruit puis un comment donné (fiou) c’est tout. On a pu entendu parler de Gaby Déziel-Hupé pis j'trouve que c'est un peu dommage parce que, pour l'Outaouais, y'en a pas des centaines de ces écrivaines-là reconnues hors-frontières.
MHFA (NARRATION)
La comète Gaby Déziel-Hupé a amorcé sa trajectoire au milieu des années 60.
THÉO MARTIN
En 65, sa première oeuvre théâtrale c’était avec l’école d’art dramatique de Hull. Je sais pas si vous connaissez ça un peu, si on vous a parlé de ça un peu,
JULIEN (NARRATION)
Non c'est drôle, je sais pas pour vous mais moi je connaissais pas ça.
MHFA (NARRATION)
Ben j'ai fait des p’tites recherches moi, Julien, et c’est René Provost qui a fondé l’école d’art dramatique de Hull, qui va ensuite devenir le théâtre lyrique de Hull en ’67.
THÉO MARTIN
C’est dans ce cadre-là que Gaby fait ses première armes parce qu’elle soumet son texte, j'pense que ça s'appelait «Les mirages» ou «Le royaume des mirages» que ça s’appelait. C’est un texte de théâtre jeunesse qu’elle avait soumis en 1965 à l’école d’art et ça a gagné un prix et ça été joué.
MHFA (NARRATION)
C’est aussi en 1965 que son chemin croise celui de Gilles Provost, le metteur en scène, qui va devenir directeur du Théâtre de l’île. Une rencontre marquante dans la carrière de Gaby Déziel-Hupé et c’est surtout le début d’une longue collaboration entre la dramaturge et le metteur en scène.
GILLES PROVOST
En fouillant dans les programmes, tout ça, j’ai retrouvé qu’en 65, en fait le 24 ou le 25 avril '65, lors d’un festival de théâtre amateur dans la région mais qui avait eu lieu cette année-là à Cornwall, que le dimanche après-midi y’avait 2 pièces présentées par des gens d’ici et le samedi après-midi à 2 heures, la relève qui était une troupe amateure de Hull, Gaby, jouait un des premiers rôles dans une pièce qui s’appelait «Élizabeth est morte», une pièce française.
MHFA (NARRATION)
Alors Gaby était aussi actrice. Et selon Gilles Provost, c’est pour ça que les personnages qu’elle écrivait étaient aussi bons : parce qu’elle avait d’abord travaillé comme comédienne.
GILLES PROVOST
On s’est rencontré ce week-end-là. Et ça tout de suite cliqué. C’était vraiment comme une grande soeur.
MUSIQUE
MHFA (NARRATION)
L’importance de Gilles Provost et du Théâtre de l’île dans la carrière de Gaby est indéniable.
THÉO MARTIN
Oui c’était important pour donner vie à ce texte-là. Gilles a fait la même chose avec Bernard Assiniwi. Y'a fait la même chose aussi avec des auteurs de la région, c'était ça, c’est une grande part de la force de Gilles, c’est de faire connaître des gens qui se sont concentrés à la plume et au dactylo. Lui a donné ça vie à la scène.
MHFA (NARRATION)
Rapidement, Gaby gagne le respect du milieu théâtral et commence également à traduire des pièces britanniques.
GILLES PROVOST
J’veux dire, elle a été vite respectée, pis moi, elle a traduit pour moi 2 pièces qui après ont été jouées à Montréal. Fallait obtenir de la part des agents à Londres que c’était quelqu’un qui valait la peine de faire ça. La pièce «Alphabeta» que j’ai monté d’abord en production professionnelle amateure sans toutes les choses, pis après ça montée à Montréal avec Élizabeth Couvalidzé pis.
MHFA (NARRATION)
…pis une certaine Claire Faubert professeure retraitée au Département de théâtre de l’université d’Ottawa qui était, dans les années 60, d’à peu prêt toutes les productions théâtrales communautaires en Outaouais. C’était donc inévitable qu’elle et Gaby finissent par travailler ensemble et que Claire joue dans les pièces écrites ou traduites par Gaby Déziel-Hupé.
CLAIRE FAUBERT
J’ai fait La Bébelle c’est-à-dire que c’était une pièce Britannique, «Rattle of a Simple Man». Elle avait traduit ça et donc j’ai joué ça aussi au Théâtre de l’Île. Donc y’a eu plein de choses comme ça, qui euh, soit des pièces originales, j’en ai joué deux je pense, «Délivrez-nous du mâle»et «Étincelles et flammèches» qui était une pièce pour enfants qu’elle avait écrite pour le Centre National des arts et dans laquelle je jouais.
GILLES PROVOST
Pis là le CNA avait une compagnie qui s’appelait l’Hexagone, qui faisait de la tournée. Gaby je lui ai demandé de me faire quelque chose. C’est moi qui lui avait apporté le sujet. Puis eh ça fait une tournée nationale. «Flamèche et étincelle». Présentée par le CNA, Claire Faubert, qui a d'ailleurs joué dans des pièces qu'elle a monté, Claire Pinparé, Pierre Lenoir, Paul Latreille qui est mort, Pierre Beaudry, des jeunes venaient de l'École nationale mais pour elle c’était comme, un épanouissement t'sais pis ça payait mieux.
MHFA (NARRATION)
Mais son plus grand succès, Gaby va le connaître avec «Les Outardes», pièce écrite en 1969. Encore aujourd’hui, «Les Outardes» est considéré comme un des textes les plus importants de la région. Théo Martin nous a parlé de cette oeuvre phare dans la carrière de Gaby.
THÉO MARTIN
«Les Outardes», j'vous dirais, c’est vraiment la première pièce de renaissance du théâtre local. Théâtre local mais on est dans une mouvance très Québécoise. On est à l’heure des «Belles-soeurs» de Michel Tremblay, on est à l’heure de «Fées ont soif» de Denise Boucher et tout ça. Elle, Gaby Déziel Hupé avait le don d’écrire sur les réalités qu’elle connaissait, sur les gens de la campagne. Beaucoup inspiré de ses parents qui étaient justement des agriculteurs si j'comprends bien, à St-Pierre de Wakefield. Elle est arrivée avec une facture régionale et c’est ça qui a vraiment attiré les gens. (…) Parce que «Les Outardes» ça parle de ça. C'est la terre, l’appartenance à la terre, le conflit des générations, conflit qu’on découvre encore aujourd’hui en Outaouais. C’est la campagne, c’est la ruralité, le début d’une urbanisation monstre dans les 20 dernières années mais ça fait pas si longtemps qu’on était tous des campagnards pis elle le dit, elle le mentionne. Et je pense que c’est important, ça, de retourner pour ne pas perdre nos origines et c’est un texte phare comme vous dites, parce que ça nous fait réfléchir à la société de cette époque-là en Outaouais.
MHFA (NARRATION)
À partir de sa création en 1970 au Théâtre populaire de Pointe-Gatineau et jusqu’en 1985, «Les Outardes» est constamment jouée dans différents théâtres de la région, et même à Montréal.
CLIP D’ARCHIVES - GABY DÉZIEL-HUPÉ
Actuellement je travaille avec le Théâtre populaire de Pointe Gatineau, ils semblent très enthousiastes, ils sont très confiants. D’ailleurs ils sont allés à Montréal en fin de semaine dernière, ils ont été invités pour aller faire une lecture-spectacle des Outardes et la Rosalba. Ils ont été accueillis à bras ouverts là-bas, ils ont rapporté un très grand succès, les gens les ont très bien accueillis.
MHFA (NARRATION)
En faisant mes recherches, Julien, je suis tombée sur cette entrevue de Gaby qui date des années 70. J’ai aussi découvert un lieu de théâtre que je connaissais pas : le bateau théâtre l’Escale.
JULIEN (NARRATION)
Le bateau quoi?
THÉO MARTIN
Le bateau théâtre l’Escale, ça c'est important aussi dans la région, dans les années 70 c’était LA place. Le théâtre de l’Île, ça commençait, y’a eu un feu, ils ont eu à reconstruire, donc y'a eu une période un peu, de disette pour le Théâtre de l’Île mais pendant ce temps-là, le bateau théâtre l’Escale qui était au quai, de la marina de Hull recevait des professionnels, recevait des gens d’ici et la pièce «Les Outardes» a joué là, je dirai des centaines de représentations parce que je crois que c’est ça, pendant plusieurs années. Et ça été même lu par le groupe du théâtre populaire à Montréal. Donc il a eu un rayonnement qui a atteint Montréal et comme vous le savez peut-être pas, y’a eu une première émission radiophonique à Radio-Canada je pense que c’est Winnipeg au début et après ça, on va le reprendre à Radio-Québec comme ça s’appelait à l’époque je pense que c’était en 5 épisodes dans les années 80.
ARCHIVES TÉLÉ-QUÉBEC
FEMME
Pour moé, la plus belle richesse, c'est la liberté. Vivre en campagne, le nez dans le vent. Avec le soleil pour cadran pis pour amie la grande nature. Compter ses peines pis ses joies au vent du soir quand tu t'assies sur le pas de ta porte après ta journée d'ouvrage. Pis là, tu te fanes dans le gramophone, pis t'écoute le vent qui passe dans ramure pis qui te raconte ses secrets.
HOMME
Eh que j'aime donc ça t'entendre parler. C'est pas créyable comme t'es ma consolation depuis que les enfants sont partis. J'sais pas ce que j'ferais si t'étais pas là.
FEMME
Moé j'vous gage, que quand les dernières outardes vont disparaîtrent à l'horizon, ben ils vont faire comme ces oiseaux-là. Ils vont prendre leur dernière envolée et ils vont revenir au nid.
MHFA (NARRATION)
Au milieu des années 70, Gaby écrit des oeuvres beaucoup plus percutantes et dénonciatrices. Moi par hasard, j’ai commencé mes recherches en lisant «Délivrez-nous du mâle, Amen!» et je l’avoue j’ai été vraiment ébranlée par ma lecture. J’ai trouvé ça dur et même très violent. Pour te donner une idée Julien, c’est l’histoire de 4 soeurs qui après la mort de leur mère, décident de séquestrer leur beau-père violent.
ARCHIVES - DÉLIVREZ-NOUS DU MÂLE
FEMME 1
Hey, réveille la tarte, on est pu au Moyen-Âge. Toé, t'es engraissée jusqu'aux oreilles dans ta marde pis tu veux pas t'en sortir.
FEMME 2
Je l'aime pis c'est le père de mon petit.
FEMME 1
Ouais ben y'a peut-être fourni la levure pour grossir la brioche là, mais j'ai pas l'impression qui va rester jusqu'à fin de la cuisson. Rouvre toé donc les yeux, bonyeusse de demain. Tu voé pas qu'il veut t'avoir yink pour avoir de la peau à portée de la main quand y'a pas d'autres putains.
FEMME 2
Tu m'écoeures!
FEMME 1
Ben c'est lui qui devrait te faire vomir. «Y'est beau Johnny Beaudry, y est habillé comme un prince pis y sent l'eau de Cologne.» Mais pas besoin d'y voir la queue pour savoir que s't'un rat. (...) Dis-toé que c'est yink une mauvaise passe qu'on traverse. Pis ben vite, le cauchemar va finir pis on va pouvoir toute vivre ensemble comme du monde au grand soleil.
MHFA (NARRATION)
Dans cette pièce-là tous les hommes sont dépeints de façon extrêmement négative. Elle critique aussi la religion catholique avec un langage assez cru. Claire Faubert a joué dans la création de «Délivrez-nous du mâle» et c’est même elle qu’on voit sur la page couverture de la pièce publiée.
CLAIRE FAUBERT
Elle écrivait dans cette langue drue et puis dans «Délivrez-nous du mâle» c’était très très violent parce que moi je jouais le rôle de la femme de Johnny. Finalement, elle le veut le tuer, quoi. Elle veut tuer ce mari macho. Là aussi, c’était une dénonciation un peu sans nuances si vous voulez, aujourd’hui, des fois ça se passerait pas ça.
MHFA (NARRATION)
Je lui ai donc demandé si Gaby était allée trop loin peut-être pour l’époque.
CLAIRE FAUBERT
Oui c’était trop pour l’époque. Ça aurait peut-être été un très bon scénario de film américain, vous savez, je sais pas, mais ici, ça avait, je dis pas que ça avait semé la controverse mais ça y’avait eu énormément de réticence vis-à-vis la pièce.
MHFA (NARRATION)
En octobre 1977, Gaby est en train de magasiner aux galeries de Hull avec son amie Christiane Drolet. En choisissant du maquillage de théâtre, boom, hémorragie cérébrale.
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Pis là, c’est ça ils nous donnaient la décision à savoir, est-ce qu’on débranche ou on prend une chance, parce que l’avis des médecins était « elle va rester légume » . Pis heureusement, les ainés de la famille ont dit : non, regarde, on prend une chance. Pis une chance qu’ils ont décidé de façon-là, parce que j’aurais pas connu ma mère autrement.
MHFA (NARRATION)
Elle, c’est Andréane Déziel-Hupé, la fille cadette de Gaby.
JULIEN (NARRATION)
Andréane nous a gentiment accueillis chez elle, à Val-des-Monts avec du thé glacé et des p'tits sandwichs pas de croûtes.
MHFA (NARRATION)
On n’était pas juste là pour le lunch : c’était surtout pour lui parler de sa mère.
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Je l’ai jamais vu au repos maman. Quelque chose qui était fréquent aussi, c’était de la voir saigner du nez. Elle avait des mouchoirs dans le nez pis la tête par en arrière là...
MHFA (terrain)
Ça c'est avant l'accident ou...?
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Ouais, pas longtemps avant, j'dirais peut-être un mois avant. À tous les jours, pis pour moi c'était normal de voir ma mère comme ça, t'en fait pas de cas. Mais le médecin l’avait déjà averti. Il dit « tu brûles la chandelle par les 2 bouts, il faut que tu coupes en kek part. Arrête un peu. Elle a pas écouté.
MHFA (NARRATION)
Après sa longue réhabilitation, elle qui avait tellement critiqué la religion va soudainement s’intéresser à Dieu et devenir...
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Très spirituelle en dernier. Je sais pas, si, ben sûrement, tu as remarqué en arrivant (…)
JULIEN (terrain)
La croix? Tu l'as pas regardé?
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Est peut-être pas assez grosse, tu regardera en partant.
MHFA (NARRATION)
Heille, je l’ai même pas vue en r’partant… Mais j’avais pas besoin de voir une croix géante pour le confirmer : je savais que Gaby était très croyante à ce moment-là de sa vie.
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Oui le côté spirituel, justement ça dû être due à son expérience qu’elle a vécu, est devenu très fort par la suite. Même si elle pouvait continuer à écrire, là, elle faisait plus attention par exemple. Surtout quand ça venait à ce sujet-là était plus délicate qu’a pouvait l’être avant.
MUSIQUE
MHFA (terrain)
On a devant nous, «Épitre d'une femme aux humains». Dans cette oeuvre-là, on est après son accident, on est après sa maladie. On est complètement ailleurs. On est dans quelque chose de plus spirituel, plus proche de Dieu. Est-ce que c'est presque une rétractation, est-ce que c'est, par rapport à ce qu'elle a déjà dit, par rapport à des pièces plus violentes comme «Délivrez-nous du mâle»?
THÉO MARTIN
Elle en parle je pense ici, elle se rétracte pas, je pense pas. Ça a été écrit comme, si j'ai bien compris, après son hémorragie cérébrale dans les années 70, elle en parle d'ailleurs, elle explique ça tout bonnement et elle mélange ça avec un mysticisme assez incroyable. Un mysticisme oui, qui se base sur les paroles de Saint-Paul et elle suit un peu Saint-Paul, et elle se fait donc une fos, elle se voit comme lui, elle fait une apologie de la souffrance, la découverte du, de soi à travers cette souffrance, souffrance qui vient forcément de son handicap suite à son accident. Est-ce qu'elle se retracte, je ne pense pas à 100%, je pense qu'elle est restée vraie par rapport à ses opinions d'antan, mais elle décide d'en parler différement, de se concentrer plus sur ce mysticisme-là, qui incorpore je crois bien son attachement à la ruralité, son attachement à son féminisme, j'ai vraiment l'impression que l'un n'excluait pas l'autre.
MHFA (NARRATION)
C’est fou parce que l’oeuvre de Gaby a marqué le théâtre d’ici, mais on dirait que sa mémoire est en train de s’effacer.
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Je crois que tranquillement, les années font en sorte qu'elle tombe dans l’oubli peu à peu. Est-ce qu’elle devrait avoir une plus grande place? Bin je dirais pour que les gens de la région, d’ailleurs, puissent avoir une bonne idée de qui sont les pionners, comme Gilles pis tout ça, bin oui peut-être qu’elle devrait avoir un peu plus de place, qu’elle soit un peu plus reconnue. J'sais à qu'à moment donné, il y avait une murale qui avait été faite.
MHFA (terrain)
Avec Les Outardes.
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Ouais. Pis là ça a été effacé je sais pas, non, c'est pu là.
MHFA (terrain)
Ben justement j'me disais, j'aurais aimé ça aller la retrouver mais...
ANDRÉANE DÉZIEL-HUPÉ
Non, elle existe pu, pis j'avais été très heureuse de voir ça moi, quand ça avait été faite. Pis je la recherchais y'a quelques années, pis j'dis : voyons, est pu là. Ça m'a fait un p'tit pincement, j'me suis dit : ben c'est plate.
JULIEN (TERRAIN)
Est-ce qu’en 2018, on se souvient de Gaby, est-ce que les gens, est-qu’on lui rend hommage à la hauteur de son travail.
GILLES PROVOST
Non je pense pas. Non faudrait qu'il y ait, je sais pas, une soirée de lecture hommage avec des comédiens ou kek chose,
MHFA (NARRATION)
Bin on écouté Gilles Provost et on a organisé une soirée hommage à Gaby.
APPLAUDISSEMENTS +
CLIP SYLVIE
Bonsoir, bienvenue au Théâtre de L'Île eh bien, Gilles, mon beau Gilles qui est juste là. Grâce à l'équipe de Transistor, ben l'équipe du Théâtre de L'Île , on s'est retroussé les manches et on s'est dit : oui, on va lui rendre hommage. Donc ce soir, j'ai invité des comédiens, des citoyens acteurs à vous livrer des textes de Gaby Déziel-Hupé, des extraits...
MHFA (NARRATION)
Les extraits des pièces que vous avez entendues plus tôt, sont justement ceux que les comédiens ont interprété durant cette soirée. Avec les mots de Gaby qui reprenaient vie et les envolées d’outardes autour du Théâtre de l’île, on sentait que les gens étaient émus. Le temps d’une soirée, Gaby Déziel-Hupé retrouvait enfin la place qu’elle mérite dans le patrimoine culturel de la région.
JULIEN (NARRATION)
L’histoire secrète de l’Outaouais est une série produite par Transistor Média, en collaboration avec Culture Outaouais.
Cet épisode a été réalisé par Marie-Hélène Frenette-Assad.
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