Cette série de baladodiffusion s’intéresse à des entreprises d’économie sociale de l’Outaouais et les Laurentides. L’objectif est de donner la parole à ces organisations afin de nous permettre de découvrir leurs activités, leur réalité et les enjeux auxquelles elles font face. Dans le cadre de la série, vous aurez la chance d'entendre le récit de huit entreprises d'économie sociale en plus de celui de la Coopérative de développement régional Outaouais-Laurentides et de la ville de Gatineau.
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Cette série de baladodiffusions s'intéresse à des entreprises d'économie sociale de l'Outaouais et des Laurentides.
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L'objectif est de donner la parole à ces organisations afin de nous permettre de découvrir leurs activités, leur réalité et les enjeux auxquels elles font face.
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Cette série s'insère dans le cadre d'un projet de recherche mené par Julie Bérubé et ses collègues, Marie-Laure Diot, Guy Chiasson et Thomas Colombat de l'Université du Québec en Outaouais, ainsi que Patrick Pilote et Andy Eisen du CEGEP de l'Outaouais.
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Ce projet découle d'un partenariat avec la coopérative de développement régional Outaouais-Laurentide.
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Julie: Bonjour.
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Julie: Donc aujourd'hui, je suis très heureuse de m'entretenir avec Marianne Gingras de la Biblioutils.
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Julie: Marianne, bonjour.
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Marianne: Bonjour.
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Julie: Alors, est-ce que vous pouvez commencer par nous présenter un peu votre parcours personnel?
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Marianne: Oui, je m'appelle Marianne Gingras.
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Marianne: Je suis artiste professionnelle en arts visuels en Outaouais.
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Marianne: Je fais de la scénographie aussi.
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Marianne: Je suis impliquée dans quand même plusieurs organismes en économie sociale.
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Marianne: C'est un peu arrivé par hasard.
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Marianne: J'ai repris une coop en Outaouais en revenant en Outaouais.
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Marianne: Moi, j'ai passé toute ma vingtaine à Montréal.
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Marianne: Puis là, je suis revenue en Outaouais.
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Marianne: Puis c'est ça, je me suis tout de suite impliquée.
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Marianne: Puis j'ai repris la Biblioutils avec des amis.
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Marianne: En ce moment, je suis présidente de la Biblioutils avec tous les défis et les avantages que ça implique.
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Marianne: C'est pas mal ça.
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Julie: C'est parfait.
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Julie: Puis bon, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la Biblioutils?
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Julie: Quel type d'organisation est-ce que c'est?
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Marianne: Comme le nom l'indique, Biblioutils, c'est une bibliothèque, comme pour les livres, mais pour les outils.
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Marianne: Donc, vous pouvez emprunter les outils.
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Marianne: On a en ce moment 600 outils que vous pouvez emprunter pour apporter chez vous, ou vous pouvez venir à la Biblioutils travailler sur nos établis.
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Marianne: On a aussi une vraie shop de menuiserie avec tout ce qu'une shop de bois comprend, un banc de scie, c'est comme ça.
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Marianne: On offre aussi des formations, donc on offre Bois 101, sécurité avec les outils, juste vraiment les normes de base de sécurité.
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Marianne: On a aussi une formation Déconstruire les peurs, en mixité choisie, donc pour les femmes, personnes marginalisées.
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Marianne: Puis on va aussi beaucoup dans les écoles durant l'heure du midi, on fait du parascolaire pour justement initier les jeunes à la menuiserie, puis c'est souvent leur premier contact, donc on a le volet emprunt d'outils, vous amener chez vous, il y a les formations, puis venir travailler à la Biblioutils, faire le bruit et le bordel chez nous, puis après retourner avec vos projets chez vous.
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Marianne: Puis on a quand même quelques partenariats aussi avec des organismes où on leur prête nos bénévoles ou nos formateurs pour qu'ils aillent faire des activités avec eux.
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Marianne: On le fait avec les Simones, on le fait avec Horticité.
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Marianne: On a quand même beaucoup de collaborations comme ça.
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Julie: Puis, depuis combien de temps est-ce que la Biblioutils existe?
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Marianne: On va fêter nos cinq ans en février.
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Marianne: On a ouvert un mois avant le début de la pandémie, officielle de la pandémie.
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Marianne: Mais c'est ça, on va fêter nos cinq ans en février.
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Julie: Puis, qu'est-ce qui a mené à la création de Biblioutils?
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Marianne: Moi, je n'étais pas là à la création de la bibliothèque d'outils, mais moi, c'est ma deuxième bibliothèque d'outils, dans le fond, que je débute avec des amis.
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Marianne: Comme je disais, j'ai passé ma vingtaine à Montréal, puis on avait commencé la Remise, qui est la même chose, exactement la même chose, une bibliothèque d'outils.
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Marianne: Je crois que c'était le même sentiment ici aussi, c'est que nous, on arrivait...
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Marianne: parce qu'on est quand même...
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Marianne: On a tous commencé ça dans notre mi-vingtaine.
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)Marianne: C'est quand on sortait de l'université, on avait...
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Marianne: À l'université, on a des shops de bois, on a des shops de métal, on a tout.
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Marianne: Puis quand on sort, surtout quand on est artiste, quand on est...
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Marianne: …quand on débute, on est habitué à travailler avec des super bonnes scies, des super gros outils.
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Marianne: Puis quand on sort, on n'a pas ces moyens-là, on n'a pas cet espace-là, on est en coloc.
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Marianne: Fait que je cherchais un peu le moyen de...
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Marianne: …de m'adapter à ça.
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Marianne: Puis j'avais entendu dire que quelqu'un avait peut-être fait ça ailleurs.
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Marianne: Comme la Remise, c'était la première au Québec.
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Marianne: Puis là, la Bibliothèque, c'est la première co-op comme ça en Outaouais.
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Marianne: C'est qu'on avait besoin, en sortant de l'université, on n'avait pas d'espace, on n'avait pas d'outils.
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Marianne: Puis on avait comme besoin de se créer un espace comme ça.
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Marianne: Donc, je pense que c'est de ce qu'on m'a raconté.
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Marianne: Là, je suis encore en contact avec ceux qui ont commencé la Biblioutils.
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Marianne: C'est ça, c'était un besoin personnel, mais c'est aussi un besoin collectif qu'on voyait.
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Marianne: Puis, c'est quoi le profil de vos membres?
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Marianne: Femmes, mi-vingtaine jusqu'à la cinquantaine, on rejoint beaucoup des femmes, puis des étudiants.
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Marianne: C'est surtout ça.
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Marianne: On a nos bénévoles, il y a beaucoup de retraités qui cherchent à s'impliquer, à chercher une implication.
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Marianne: Ça fait qu'on a soit des messieurs retraités, soit des femmes dans la mi-vingtaine jusqu'à la quarantaine.
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Julie: Vous en avez parlé un petit peu, brièvement, mais est-ce que vous pourriez nous dire un peu plus en profondeur à quelle problématique sociale la bibliothèque répond?
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Marianne: Personnellement, moi, on ne m'a jamais montré à utiliser des outils.
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Marianne: De plus en plus, on apprend aux plus jeunes, il y a des activités de parascolaire, c'est ça qu'on essaie de faire.
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Marianne: Mais moi, je n'ai jamais été en contact avec des outils.
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Marianne: Puis, si tes parents ne sont pas manuels, il y a de grandes chances que tu n'aies jamais utilisé d'outils vraiment personnellement dans ta vie de tous les jours.
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Marianne: Puis on essaie aussi d'autonomiser les gens à utiliser les outils parce que les outils, ce n'est pas si compliqué à utiliser.
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Marianne: Une scie à ruban, c'est une machine à coudre, c'est le même...
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Marianne: …c'est le même concept, mais si on n'a jamais été en contact avec ça, on a peur.
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Marianne: Fait que c'est démystifier les peurs, donner accès à ces outils-là, à des populations qui n'ont pas accès.
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Marianne: Puis nous, on est vraiment dans le vieux Hull.
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Marianne: On veut servir notre communauté.
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Marianne: Dans les apparts, il n'y a pas l'espace pour faire du bruit, pour construire vraiment des trucs.
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Marianne: Puis aussi, c'est que ça coûte cher.
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Marianne: Puis après, entreposer ces outils-là, Ça prend de l'espace, puis des outils, il faut s'en servir.
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Marianne: C'est comme laisser sa voiture dans le garage.
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Marianne: Si on le laisse dans le garage, l'outil, il n'aime pas ça, il fige.
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Marianne: Puis il y a beaucoup d'outils qu'on nous donne qu'on peut plus rien faire parce qu'ils sont neuf-neuf-neuf, mais on les utilise pas.
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Marianne: C'est un donnant-donnant.
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Marianne: Les outils ont besoin d'être utilisés.
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Marianne: Puis les gens ont besoin d'utiliser certains outils sans voir à les entreposer, à les entretenir.
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Julie: Puis, parmi les forces de l'organisation, ce serait quoi les plus importantes selon vous?
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Marianne: On est une co-op, donc on est beaucoup plus solide que si on est seulement une personne seule.
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Marianne: Moi, j'ai repris la co-op, puis elle va se faire reprendre par quelqu'un d'autre.
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Marianne: Donc, on évite aussi l'essoufflement de l'entreprise.
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Marianne: On est une co-op, donc on a beaucoup plus de flexibilité aussi.
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Marianne: Donc nous, on a deux prix.
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Marianne: On a prix solidaire, prix accessible.
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Marianne: Ici, on est une entreprise vraiment plus...
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Marianne: On a un prix, puis voici ce que vous payez, nous.
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Marianne: Il y a prix solidaire.
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Marianne: Si vous avez les moyens de payer, vous pouvez payer plus.
00:08:15
Marianne: Prix accessible.
00:08:15
Marianne: Les gens payent ce qu'ils veulent aussi.
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Marianne: Puis aussi, en ce moment, c'est la rentrée, fait que je délais les factures pour plus tard.
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Marianne: Il y a comme une plus grande flexibilité parce qu'on veut aider notre communauté.
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Marianne: On veut pas faire du profit sur notre communauté.
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Marianne: On veut vraiment aider notre communauté, puis les aider à...
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Marianne: …à faire leurs projets.
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Julie: Puis, est-ce que vous comptez sur plusieurs bénévoles pour pouvoir faire fonctionner l'organisme?
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Marianne: Quand même, on a 50 bénévoles.
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Marianne: Il y a toutes sortes de bénévoles.
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Marianne: Il y a autant des bénévoles qui font de l'admin, on a comme la meilleure admin du monde, qui automatise tous les logiciels.
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Marianne: On a des menuisiers, on a une menuisière aussi.
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Marianne: Puis on a aussi des gens qui construisent chez eux.
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Marianne: Eux, ils ont des shops chez eux, puis ils veulent juste nous construire des tables de bande-scie, juste transmettre leur savoir.
00:09:05
Marianne: Ça fait qu'on a des formateurs, on a des admins, on a aussi beaucoup de...
00:09:10
Marianne: …d'ambassadrices, d'ambassadeurs qui vont dans des foires, qui vont rencontrer les gens juste pour parler de notre projet.
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Julie: Donc si je comprends bien, Biblioutils donne à la communauté, mais la communauté redonne aussi en échange.
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Marianne: Quand même beaucoup, si vous voyez la Biblioutils avant et après.
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Marianne: La Biblioutils est dans l'ancien building des Chevaliers de Colombe au 135 Eddy.
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Marianne: Puis c'était un grand...
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Marianne: C'était une relatheque.
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Marianne: Apparemment, c'était l'endroit le plus le fun dans le vieux Hull dans les années 80.
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Marianne: Mais c'était aussi un gros, gros boys club.
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Marianne: Puis là, on l'a tout...
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Marianne: C'est rendu un pôle de l'économie sociale.
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Marianne: On est rendu quatre organismes qui se partagent cet espace-là…
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Marianne: …qui est quand même, ironiquement, tout dirigé par des femmes.
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Marianne: Fait qu'on a repris un gros, gros boys club, mais il reprend cette place que le building avait dans sa communauté.
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Marianne: Mais beaucoup, les gens peuvent venir faire de l'agriculture, réparer leur vélo…
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Marianne: …pas chez Bibliothèque, mais chez nos voisins.
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Marianne: C'est rendu un havre dans le vieux Hull, c'est rendu un pôle quand même intéressant.
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Marianne: Puis justement, on a tous comme mission de s'intégrer dans notre communauté.
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Marianne: Même quand on choisit des projets, des trucs comme ça, on se demande toujours comment ça améliore notre communauté dans le vieux Hull, puis comment on peut participer aussi.
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Julie: Puis quel genre de collaboration vous entretenez avec les autres entreprises d'économie sociale autour de vous?
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Marianne: Toute sorte.
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Marianne: On donne des ateliers de menuiserie avec les Simones.
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Marianne: On fait des bacs à fleurs et des trottoirs, des placottoirs avec Horticité.
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Marianne: Nous, on reçoit souvent de la peinture, des trucs comme ça.
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Marianne: On les a donnés au skate park.
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Marianne: On connaît quand même bien notre voisinage…
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Marianne: …des organismes en économie sociale.
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Marianne: On essaie de s'échanger beaucoup de trucs, puis on leur prête des outils aussi, parce qu'eux aussi, ça ne leur sert à rien d'acheter des outils.
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Marianne: Mais on a travaillé avec la ville pour faire des plantations d'arbres, parce qu'on a beaucoup de brouettes et d'outils de jardinage à la Biblioutils.
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Marianne: Donc quand il y a des plantations d'arbres, quand il y a des jardins communautaires qui se font, on essaie de prêter nos outils pour ces occasions-là.
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Julie: Puis qu'est-ce qui a favorisé cette collaboration-là entre différents types d'entreprises d'économie sociale?
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Marianne: Je pense que ça se fait quand même organiquement.
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Marianne: Mais nous, on est déjà quatre colocs en économie sociale dans le même local.
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Marianne: Puis on a beaucoup...
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Marianne: Moi, j'ai deux personnes sur mon CA qui travaillent à la CDR, donc qui connaissent les partenaires et les gens du milieu.
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Marianne: Puis c'est aussi ça, c'est connaître son milieu.
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Marianne: Ça aide à mieux aider son milieu aussi.
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Julie: Puis si on se tourne maintenant du côté des défis, ce serait quoi les défis les plus importants que rencontre Biblioutils?
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Marianne: Il y a la pénurie de main-d'oeuvre, mais il y a la pénurie de bénévoles.
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Marianne: Nous, on en a 50 quand même actifs, mais là, c'est l'été, tout le monde est parti.
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Marianne: C'est difficile de garder les mêmes heures d'ouverture.
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Marianne: C'est difficile, quand quelqu'un donne de son temps, de dire « Ah, bien, peux-tu venir à 8 h le matin? »
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Marianne: Oui, pénurie de main-d'œuvre, pénurie de bénévoles.
00:12:22
Marianne: Puis nous aussi, on n'a pas des locaux permanents.
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Marianne: En ce moment, on est au Rue de Jardin, au 135 Eddy, mais c'est temporaire.
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Marianne: Le building est en vente, donc on ne sait pas s'ils vont construire des condos ou où on va être déménagés.
00:12:35
Marianne: Ça fait que c'est très temporaire.
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Marianne: Ça fait qu'on a besoin d'une certaine pérennité.
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Marianne: On est un peu...
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Marianne: On n'est pas sans-abri, mais on a toujours peur d'être comme tout le monde, dans le fond.
00:12:48
Marianne: Mais on a un peu peur.
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Julie: Puis, au niveau du financement de l'organisme comme tel, est-ce que ça fonctionne avec des subventions?
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Marianne: En grande partie.
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Marianne: Soit par la campagne de sociofinancement ou par subvention.
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Marianne: Donc on a eu le fonds de la Croix-Rouge pour la relève des services communautaires.
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Marianne: Donc ça, ça nous a déjà sorti de l'eau beaucoup, beaucoup.
00:13:10
Marianne: Puis c'est ça, on a souvent soit des subventions, soit des prix.
00:13:13
Marianne: On était très chanceux dans nos débuts.
00:13:17
Julie: Puis, est-ce que la bibliothèque fait face à une compétition?
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Marianne: Quand même, on ne rejoint pas les mêmes personnes.
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Marianne: Donc, il y a des endroits où vous pouvez louer des outils, puis aussi emprunter des outils.
00:13:33
Marianne: Proche de nous, il n'y en a pas vraiment.
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Marianne: Ce n'est pas les mêmes clientèles, mais on n'a pas les mêmes membres.
00:13:41
Marianne: On est la seule coop, vraiment.
00:13:43
Marianne: On est beaucoup plus flexibles dans nos tarifs.
00:13:46
Marianne: On essaie d'être le plus accessible possible.
00:13:49
Marianne: Donc, nos buts, ce n'est pas faire de l'argent.
00:13:52
Marianne: Donc, on n'a vraiment pas les mêmes membres.
00:13:54
Marianne: Si vous voulez un outil vraiment précis, le jour même, à telle heure, puis être certain d'avoir cet outil-là, c'est sûr qu'il y a moyen de trouver ailleurs, mais on ne rejoint pas du tout les mêmes membres.
00:14:07
Julie: Donc, la façon dont la Biblioutils se démarque de sa compétition, ce serait par l'accessibilité, probablement?
00:14:12
Marianne: Oui, on est beaucoup plus accessibles et aussi, c'est beaucoup moins cher.
00:14:18
Marianne: On vous montre comment utiliser les outils.
00:14:20
Marianne: Il y a aussi un enjeu environnemental.
00:14:23
Marianne: Nous, tous nos outils, c'est du seconde main qu'on a revalorisé.
00:14:28
Marianne: Il y a aussi beaucoup de gens qui ont souci de l'environnement, qui viennent chez nous, qui iront moins, peut-être, chez nos compétiteurs.
00:14:38
Marianne: Puis encore une fois, il y a aussi l'aspect de coop, coopérative.
00:14:42
Marianne: Puis on est beaucoup plus flexibles.
00:14:45
Marianne: Les factures, je peux les envoyer plus tard, ou on peut faire des partenariats.
00:14:52
Marianne: On ne rejoint pas vraiment les mêmes personnes.
00:14:56
Julie: C'est intéressant, vous parlez du volet social, donc tous vos outils sont de seconde main, donc je suppose que quelqu'un qui veut se délester d'un de ses outils peut vous l'apporter, vous allez le récupérer?
00:15:04
Marianne: Oui, on a des bénévoles geeks qui adorent réparer les outils.
00:15:09
Marianne: Puis souvent, les outils, c'est juste, c'est comme je disais un peu, ils aiment ça être utilisé.
00:15:15
Marianne: Donc souvent, si on n'utilise pas un outil, il s'encrasse.
00:15:20
Marianne: Souvent, les réparations sont quand même assez faciles, mais sinon, oui, on a des bénévoles spécialistes en réparation d'outils.
00:15:29
Marianne: C'est ça.
00:15:30
Marianne: Tout notre shop de bois, on est allés la chercher à Blue Sea, tout est seconde main, dans le fond.
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Marianne: Donc, c'est aussi l'aspect environnemental de la chose, parce que, veux, veux pas, c'est beaucoup de métaux, c'est beaucoup de matériaux que si chacun chez soi, on en a. Gérer son impact sur l'environnement, c'est ça aussi.
00:15:51
Marianne: Je dis souvent l'étude moyenne, le citoyen moyen utilise sa drill une minute par année.
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Marianne: Donc, au lieu d'avoir chacun sa drill chez soi, qu'on se la partage. Tu sais, un pressure washer, une cloueuse électrique, tu n'utilises pas ça à tous les jours.
00:16:10
Marianne: Ou si tu l'utilises à tous les jours, tu es un professionnel, tu ne viens pas chez nous non plus.
00:16:15
Marianne: Donc, c'est ça aussi l'aspect environnemental de la chose.
00:16:28
Julie: Vous avez parlé un peu plus tôt de quelques défis auxquels vous faites face.
00:16:31
Julie: Avez-vous reçu de l'aide pour être capable de surmonter ces défis-là?
00:16:36
Marianne: Oui, on a reçu quand même beaucoup d'aide.
00:16:40
Marianne: On est accompagnés par la CDR Outaouais-Laurentide.
00:16:43
Marianne: On est accompagnés par notre fabuleux conseiller Kevin, qui nous aide quand même beaucoup dans nos recherches de financement, notre accompagnement.
00:16:51
Marianne: Puis nous aussi, on est très chanceux d'avoir deux personnes qui ne travaillaient pas à la CDR avant…
00:16:59
Marianne: …avant de nous joindre, donc ils sont devenus employés à la CDR après.
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Marianne: Mais pour nous accompagner directement dans nos opérations, il y a aussi beaucoup de partenariats privés aussi qui nous aident, qui veulent nous aider.
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Marianne: Donc il y a aussi beaucoup d'entreprises privées qui aiment notre mission, qui nous aident.
00:17:21
Marianne: Il y a des entrepreneurs, il y a aussi des gens qui veulent juste participer au projet comme ils peuvent.
00:17:29
Julie: C'est bien de voir que les gens redonnent aussi à la communauté comme ça.
00:17:33
Julie: Vous avez parlé de la CDR Outaouais-Laurentide.
00:17:36
Julie: Ce serait quoi selon vous leur rôle par rapport à l'économie sociale en Outaouais?
00:17:42
Marianne: C'est d'accompagner des débutants dans l'économie sociale, parce que tous les projets d'économie sociale auxquels je participe ou que je connais, c'est quelqu'un qui a vu qu'il y avait un trou pour un projet ou un besoin pour un projet, mais qui n'est pas spécialiste en économie sociale, qui n'est pas spécialiste en création d'entreprises ou création de co-op, que son but, c'est pas vraiment de...
00:18:12
Marianne: …c'est un peu par hasard que ça nous tombe dessus.
00:18:17
Marianne: Il y avait un trou pour nous pour justement le prêt d'outils, former les jeunes et les gens.
00:18:22
Marianne: Donc, on n'avait pas de spécialiste.
00:18:24
Marianne: Donc, ils nous aident vraiment beaucoup en c'est quoi un CA, c'est quoi gérer des projets, faire des demandes de subventions, juste présenter les gens aussi. Il y a tel projet qui s'en vient ou il y a tel, vous pourriez vous associer avec telle, telle personne. Parce qu'eux aussi ont une vision d'ensemble de l'économie sociale en Outaouais.
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Marianne: Aussi, ils peuvent voir, ah, bien, ça, ce n'est pas un besoin, ça, c'est un besoin.
00:18:51
Marianne: Donc, ils nous aident quand même beaucoup, juste à nous organiser, surtout parce que, c'est ça, on est des débutants dans la chose, c'est juste nous organiser.
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Marianne: C'est très utile parce que des fois, on fait des erreurs juste parce qu'on ne sait pas.
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Marianne: Puis là, ils font « non, non, tu ne peux pas faire ça » ou « tu peux faire ça à la place ».
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Julie: Puis, on sent un certain engouement, une croissance au niveau de l'économie sociale au Québec et spécifiquement en Outaouais.
00:19:20
Julie: Selon vous, ce serait attribuable à quoi cet intérêt en face à l'économie sociale?
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Marianne: Je ne suis pas certaine.
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Marianne: Je pense que plus ça va, plus les gens ont un désir de participer à des projets.
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Marianne: On ne veut pas sauver le monde, mais si on pouvait faire un petit quelque chose ou juste participer, on ne va pas laisser tout s'écrouler.
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Marianne: Donc, on veut participer, mais comment on peut participer?
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Marianne: Il y a aussi la précarité.
00:19:47
Marianne: Plus ça va, plus on ne peut plus vraiment partir des entreprises comme avant.
00:19:52
Marianne: L'économie sociale permet aussi d'être ensemble, d'être beaucoup plus solide, de ne pas prendre toute cette charge-là seulement à soi, de partager la charge mentale et physique de ce projet-là.
00:20:11
Marianne: C'est aussi quand quelqu'un est fatigué, l'autre personne peut prendre le relais.
00:20:14
Marianne: Donc je pense que c'est quand même une pérennité très utile pour les entreprises.
00:20:22
Marianne: Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je comprends pourquoi il y a un engouement, parce que justement, de plus en plus, on ne peut plus être des micro-entreprises.
00:20:31
Marianne: C'est beaucoup plus difficile d'être seul face à des grosses entreprises.
00:20:39
Marianne: Je pense que la nouvelle petite entreprise, c'est beaucoup plus des co-ops ou des entreprises sociales ou communautaires, dans le fond.
00:20:48
Julie: Puis moi, personnellement, je trouve ça vraiment intéressant, le modèle qui est en train de se développer, justement, dans le vieux Hull, d'avoir un pôle où il y a plusieurs entreprises d'économie sociale qui gravitent au même endroit.
00:20:59
Julie: Est-ce que vous pensez que ça peut aider encore davantage à propulser le mouvement, du moins dans la région?
00:21:05
Marianne: Oui, absolument.
00:21:06
Marianne: Puis on est, dans le fond, on est quand même un prototype de la chose.
00:21:10
Marianne: C'est ça qu'on essaie de faire.
00:21:13
Marianne: On essaie de, peu importe ce qui arrive, ils vont essayer qu'ils nous déménagent soit ensemble, soit de créer un exemple de ce qui se fait.
00:21:22
Marianne: Voici comment on a été capables de faire ce projet-là, de ce vivre ensemble-là, puis de survivre au milieu du centre-ville.
00:21:31
Julie: Puis maintenant, si on se tourne vers le futur, comment vous entrevoyez l'avenir pour Biblioutils?
00:21:36
Marianne: J'espère qu'on va être là le plus longtemps possible et qu'on va participer le plus possible à notre communauté.
00:21:44
Marianne: Encore une fois, c'est très incertain.
00:21:47
Marianne: Il va falloir qu'on se réinvente.
00:21:49
Marianne: Je ne sais pas, on pourrait être sans locaux, mais quand même donner des formations.
00:21:54
Marianne: Donc, l'avenir est très incertain, mais je suis quand même très positive.
00:21:59
Marianne: Je ne crois qu'on a beaucoup plus de chances de se réinventer que de disparaître, je pense.
00:22:06
Marianne: L'avenir est incertain, mais le chemin est...
00:22:10
Marianne: …vaste, je ne sais pas, long, on ne sait pas, il y a beaucoup d'embûches.
00:22:14
Marianne: Mais déjà, avec tous les projets qu'on a réussi à faire, ça aura déjà été une expérience en soi.
00:22:21
Marianne: Ce que j'espère, c'est que dès qu'on grandisse, qu'on ouvre d'autres projets.
00:22:25
Marianne: Des fois, on parle de faire une recyclerie, on a des grands projets d'autres trucs, mais ça dépend de notre communauté.
00:22:32
Marianne: Moi, je parle en tant que bénévole…
00:22:35
Marianne: …en ce moment, ça dépend des autres bénévoles.
00:22:39
Marianne: Qu'est-ce qu'on veut faire ensemble aussi?
00:22:41
Marianne: Donc, l'avenir est incertain.
00:22:43
Julie: Puis, si vous aviez un rêve ou un projet idéal pour la Biblioutils à réaliser éventuellement, ce serait quoi?
00:22:49
Marianne: Dans certaines...
00:22:51
Marianne: Ça, c'est mon projet personnel, mais dans certaines villes, ils font ça dans toutes les constructions de nouveaux condos, de nouveaux grands apparts, de nouveaux buildings gouvernementaux.
00:23:05
Marianne: Il y a des remises, dans le fond, où vous avez le nécessaire.
00:23:10
Marianne: Comme ça, les gens qui habitent là ou qui vivent proches ont accès à ces outils-là au lieu d'avoir chaque outil dans leurs unités, on partage tout dans la remise de chaque gros building à condo, gros édifices, des espaces où il y a quand même beaucoup de passages, parce que ce qu'on veut, c'est être une coop de proximité, d'être le plus proche possible des gens.
00:23:38
Marianne: Donc, le moins les gens ont à se déplacer, le plus proche qu'on est d'eux, le mieux c'est pour nous.
00:23:44
Julie: Donc si je comprends bien, vous aimeriez voir le modèle de la Biblioutils se répliquer un peu partout sur le territoire, c'est bien ça?
00:23:50
Marianne: Oui!
00:23:52
Marianne: Absolument.
00:23:54
Marianne: Je parle tout le temps de mon autre co-op, mais la première co-op que j'ai partie avec des amis, qui s'appelle la Remise à Montréal, la Remise Bibliothèque d'Outil.
00:24:06
Marianne: Maintenant, ils sont rendus à cinq bébés.
00:24:07
Marianne: Il y en a dans tous les quartiers, pas tous les quartiers, mais il y en a dans cinq quartiers à Montréal.
00:24:15
Marianne: Idéalement, c'est ça qu'on voudrait, c'est d'être le plus proche possible des gens.
Marianne
00:24:20
Julie: Merci beaucoup.
00:24:21
Julie: Donc, on garde en tête que si on a besoin d'un outil ou si on a un vieil outil à qui on voudrait donner une seconde vie, on peut se tourner vers vous.
00:24:29
Julie: Donc, Marianne Gingras, merci beaucoup.
00:24:31
Julie: Ça a été un plaisir de discuter avec vous.
00:24:33
Marianne: Merci beaucoup.