Le lendemain de l’apparition d’une île mystérieuse dans la baie de Sept-Îles, une chercheuse en études paranormales est dépêchée sur place. Au fil de son enquête, elle découvre une série de phénomènes inexpliqués gardés secrets depuis plus de cinquante ans. Huitième île est un documentaire sonore de science-fiction nord-côtier, inspiré de faits réels et livré par de vraies personnes.
Huitième île a été finaliste aux Prix Numix dans la catégorie Fiction et expérimental en 2024.
Réalisation, montage et scénarisation : Éloïse Demers Pinard
Aide à la scénarisation et prise de son : Nicolas Lachapelle
Conception musicale : Mathieu Bérubé
Mixage : Antonin Wyss
Visuel : Valéry Lemay
Transistor Média, basée à Gatineau (Québec), est une boîte de création, de production et de diffusion d'œuvres audios. En plus de ses balados, l’organisme tient annuellement le Festival Transistor et le Kino-radio.
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(THÈME MUSICAL)
PRÉSENTATION
Dans le dernier épisode.
JOURNALISTE
Le bateau du pêcheur perdu en mer plus tôt cette semaine, dans la baie de Sept-Îles, a été retrouvé ce matin.
SERGE GALIENNE
Quand y’on acheté les droits de pêche y’ont pu faire ce qu’ils voulaient pis y’ont fait des
expériences, de grosses expériences.
BIOLOGISTE
Après, d'autres personnes ont continué à disparaître, en tout, peut-être une dizaine de
personnes. Qui ont d’ailleurs à ma connaissance, jamais été retrouvées.
PRÉSENTATION
Huitième île, un documentaire de science-fiction nord-côtier, épisode 3.
BIOLOGISTE
Moi au début, je pensais juste que les gens avaient profité de la cohue générale pour
partir parce que y’étaient pas d’accord avec les pratiques de l’armée. C’est quand nos supérieurs ont commencé à mentir aux familles des disparus en leur disant qu’ils étaient morts en mer
pendant une opération de sauvetage que j’ai commencé à dire qu’on nous cachait quelque chose. Pis, environ deux semaines après le tremblement de terre, on nous a annoncé que les recherches prenaient fin et qu’on devait rentrer chez nous.
NARRATION
Y’ont fermé la base en seulement deux semaines! 4 ans d’expérience, probablement des
millions de dollars de fonctionnement. Pis deux semaines après, ils mettent la clé dans
porte?! Me semble ça fait pas de sens. Ce soir-là, Doris est allée boire un verre chez des amies sur la base militaire de Moisie, à quelques kilomètres de Matamec. À la fin de la soirée, vers 2-3 heures du matin, en marchant vers sa voiture, elle a vu quelque chose de bizarre.
BIOLOGISTE
J’ai vu mon lieutenant entrer, par ce qu’on aurait dit une bouche d’égout.
(NOTES DRAMATIQUES)
NARRATION
Sans réfléchir, Doris décide de le suivre.
BIOLOGISTE
La bouche d’égout était ouverte et il y avait une échelle et de la lumière en bas. Je sais
pas ce qui m’a prise, mais je suis descendue en dedans.
(NOTES DRAMATIQUES)
BIOLOGISTE
Y avait une porte vitrée qui donnait sur un long tunnel. Au bout du tunnel, y’avait une autre porte.
On aurait dit la porte d’un bunker nucléaire comme y'en avait beaucoup à cette époque-là. J’ai juste eu le temps de voir le lieutenant refermer la porte. Pendant toutes ces années-là, j’ai essayé de me convaincre que ce que j’avais vécu là, je l’avais hallucinée, mais avec les événements des derniers jours…j’ai l’impression que tout ça, finalement c’est peut-être lié. C’est pour ça que j’ai accepté de
briser le silence pis de répondre à vos questions.
(MUSIQUE)
ENTRÉE DE JOURNAL - ÉLOÏSE
Moisie, 10 juillet, 11h30. Toujours 23 degrés Celsius, le taux d’humidité est rendu à
40%. Vent à 14 km/h venant de l’Ouest. Là, j'suis sur la base militaire de Moisie et je m’en vais chez Steve Dubreuil, un anthropologue qui reste sur la base et qui va pouvoir me parler un peu plus de ces fameux bunkers.
STEVE DUBREUIL
La base avait son propre emblême si on veut. Un œil, un œil d’aigle qui surplombe une mer parsemée de sept points pour sept îles avec une devise en latin qui veut dire «voir sans être vu». La couronne royale et les feuilles d’érable qui encadre le tout.
NARRATION
Pis de là, on part à pied, visiter la base de Moisie.
STEVE DUBREUIL
De la tôle, des bâtiments bas, un peu défraîchis dans certains coins. À notre droite,
on a deux grands hangars en demi-cylindre tout vert, très long avec de grandes portes
blanches. On sent qu’il s’est passé des choses y’a déjà un bon bout de temps. Pour
certaines personnes, y’a un petit côté inquiétant.
NARRATION
Voire même très inquiétant. Steve m’explique qu’avant, à l’embouchure de la rivière
Moisie, il y avait un site traditionnel innu. Chaque été, les communautés innues s’y
retrouvaient pour pêcher. Mais au tournant des années 50, la Guerre froide est déclenchée. Là, par peur d’une attaque nucléaire de l’URSS, le Canada et les États-Unis vont installer des bases militaires tout le
long de la Côte-Est du continent. On en construit une à Sept-Îles à quelques centaines
de mètres du village d’été des Innus de la région.
STEVE DUBREUIL
On va retrouver à peu près 200 militaires ici. Leur rôle à eux, c’est d’assurer une
surveillance aérienne et c’est ce qui explique la construction d'énormes radars sur le
territoire de la base. Cette base-là va durer une trentaine d’années. On va la fermer
définitivement autour de 1985.
ÉLOÏSE
Là on est sur quelle rue ?
STEVE DUBREUIL
Là on quitte la rue Nouveau-Québec et on tourne sur la rue Golfe-du-St-Laurent qui est
la rue Principale, qui traverse toute la base. Puis si on reculait d’une quarantaine
d’années, droit devant nos yeux, tout au bout, on verrait les trois énormes radars qui étaient installés à
l’extrémité est de la base, vraiment en surplomb de la rivière moisie.
ÉLOÏSE
Est-ce que vous êtes au courant de toute l’histoire des bunkers, est-ce que c’est
documenté ça?
STEVE DUBREUIL
Ce que je sais des bunkers, de façon pratique, c’est que sur la base y’a une rue où
vivaient les hauts gradés, c’est la rue des maisons à étages, pour ne pas la nommer, c’est
la rue de la Baie-d’Ungava. J’ai déjà possédé une maison sur cette rue-là et effectivement au sous-sol y’a un tout petit bunker. Et je crois que c’était propre à toutes ces maisons-là. Y’avait un plan en cas d'attaque, en cas d’alerte, les soldats dans les unités, les bachelors ou les unités de célibataire si on veut, devaient rejoindre une adresse pour se réfugier dans le bunker. À savoir l’existence de
bunkers plus vastes sur la base, mais à mon avis dans le contexte de l’époque, ça aurait très bien pu
se justifier.
ENTRÉE DE JOURNAL - ÉLOÏSE
Toujours à Moisie, 10 juillet, 14h. Température extérieure 29 degrés Celsius, 44 % d’humidité, vent
de douze km/h venant de l’est. Là, je viens d’aller reconduire Steve chez lui et j'me trouve devant l’ancienne chapelle de la base qui a été reconvertie en centre d’arts. Steve m’a dit que
Johanne Roussy, une artiste d’ici, aurait des informations à propos des bunkers sous la
base et sur l’implication de l’armée dans tout ça.
JOHANNE
Quand j’amenais des gens hypersensibles ici, les gens me disaient « ah c’est dont ben
lourd l’ambiance ici, y’a dont ben une drôle d’ambiance ». Les gens se racontent des
histoires aussi sur ici. Sur les fameux corridors…
ÉLOÏSE
C’est quoi les corridors, c’est quoi les histoires qui se racontent?
JOHANNE
La chapelle où je suis, ce que je trouve étrange, c'est que, c'est à peu près huit pieds de slab de béton sur lequel ça a été construit. Y’a un trou d’homme en arrière. Ya pu possibilité de pouvoir
descendre dans aucun des trous. Parce que ça a été toute cimenté après. Y’avait un trou où est-ce qu'y'a la piscine, y’avait un trou ici, les autres trous d’homme, on les connaît pas
là, mais partout où y’avait des entrées ont été cimentées pour pas qu’on puisse rentrer, parce qu’on pouvait rentrer par la piscine.
(TRANSITION MUSICALE)
ÉLOÏSE
On, on va aller voir le trou d'homme, dont elle nous a parlé.
JOHANNE
C’est un matin, c’était ouvert, regarde c’est là, c'est juste là.
ÉLOÏSE
Vous êtes arrivée et c’était déjà ouvert?
JOHANNE
C’était comme ça, ouais
ÉLOÏSE
Et ça, ça mène à un bunker ?
JOHANNE
Ben moi je pense que ça mène au bunker en dessous de la chapelle. Je pense.
ÉLOÏSE
Pis ça, y'a du ciment coulé dedans?
JOHANNE
Ben oui, on va essayer de, tiens prend un crowbar, moi je vais prendre l’autre. Sans m'écraser les orteils.
(BRUITS DE CROWBAR)
Pis là tu vois icitte, c’est un trou d’homme pis eux autres ils descendaient là. Pis là y'a les écoulements d'eau là, qui continue pareil, mais ça a été cimenté très bien, tu vois c’est pas du ciment des années 60, c’est du ciment des années 80.
(BRUITS DE CROWBAR POUR FERMER LA BOUCHE D'ÉGOÛT)
NARRATION
Avant de partir, j’aide Johanne à rentrer du bois de chauffage. Pis après avoir passé
plusieurs heures avec elle, j’ose lui poser une question un peu plus délicate.
ÉLOÏSE
Est-ce-vous vous avez déjà vu des phénomènes sur la base ou dans les alentours?
JOHANNE
Heee….oh ben oui oui, c’est tu l’oeil de Sept-Îles qu’ils appelaient ça ou en tout cas...
NARRATION
Elle commence à me parler d’une rumeur qui concernerait un oeil magnétique qui se
trouve dans la baie, pas mal à l’endroit où est apparue l’île.
JOHANNE
T’es à l’est de l’île du Corossol, je pense, à l'est ou au sud-est si j'me trompe pas.
NARRATION
Selon elle, c’est peut-être là que se trouve la réponse à toutes mes questions.
(THÈME MUSICAL)
NARRATION - GÉNÉRIQUE
Huitième île a été réalisé, scénarisé et monté par moi, Éloïse Demers-Pinard. Avec l'aide à la prise de son et à la scénarisation de Nicolas Lachapelle et avec le mentorat du scénariste Louis Saint-Pierre. Le projet n'aurait pas pu se faire sans la participation et la collaboration de Caroline Côté, Steve Jomphe, Steve Dubreuil et de Nicolas Lachapelle dans le rôle du journaliste. La musique est une œuvre de Mathieu Bérubé, le mix a été fait par Antonin Wyss, et l'illustration, par Valérie Lemay. Je souhaite remercier Transistor Média, le Conseil des arts et des lettres du Québec, Télé-Québec, l'entente de développement culturel de la Ville de Sept-Îles, la Société des auteurs dramatiques du Québec... et tous les mottés du pays.