Festival Transistor

Si on s’imagine «deux personnes qui font l’amour», quelle est l’image qui nous vient en tête ? Fortes sont les chances que les personnes qui accepteront de verbaliser leur pensée répondent qu’elles voient une scène où un homme et une femme pratiquent une activité sexuelle précise : la pénétration.

Pour la journaliste et animatrice Gabrielle Thouin, cette image parle d’elle-même. Elle est le reflet de la grande importance que l’on accorde à la pénétration vaginale dans les relations sexuelles. Mais pourquoi? Et à quel prix? À travers récits intimes et parcelles d’entrevues, cette Carte Blanche est le balbutiement de grands questionnements sur le rapport que notre société entretient avec la pénétration.
  • Réalisation, scénarisation, animation et montage : Gabrielle Thouin
  • Conseiller à la scénarisation et technique : Julien Morissette
  • Conception musicale et sonore : Simon Coovi-Sirois
  • Visuel : Valéry Lemay
  • Production : Transistor Media
  • Avec la participation de Raphaëlle Querry et de Myriam Daguzan-Bernier, sexologue.

What is Festival Transistor?

Le fil officiel du Festival Transistor! Écoutez les émissions, conférences, tables rondes et projets créés dans le cadre de l'événement annuel qui se déroule à Gatineau, au Québec. La 8e édition a eu lieu en avril 2024. Anciennement le festival était appelé Festival de la radio numérique.

Carte blanche de Gabrielle Thouin - Contre toute attente

(MUSIQUE)

GABRIELLE [NARRATION]
L’algorithme de mes réseaux sociaux me propose dernièrement des vidéos qui montrent un dessin, dans lequel on zoome à l’infini pour voir apparaître d’autres dessins.

Par exemple, on peut voir une ville.
Y’a des grands immeubles, des rues, des arbres. Le portrait au complet est là.
On zoome sur la fenêtre d’un immeuble, qui était toute petite au départ, pis on entre dans l’appartement d’une personne, qui lit un livre, sur un fauteuil.

On zoome sur le livre et on peut y voir, mettons, la cuisine d'un restaurant. Pis si on zoome dans un coin de la cuisine, on voit un bac à légumes avec une botte de carrottes un peu rabougries. Pis si on zoome sur les carrottes, on voit la ferme à des kilomètres de là qui les a fait pousser, pis si on zoome sur la ferme on voit, ...

Bon t'sais. Vous avez compris le principe.

Ce qui m’intéresse dans les dessins aux zooms infinis, c’est qu’ils te remettent en pleine face que même quand tu penses avoir tout vu, y’a toujours quelque chose de plus. Un quelque chose dont t’aurais même pas imaginé l’existence.

Pis je parle pas, mettons, des micro-bactéries que quand on les voit au microscope, elles nous fascinent ou nous écœurent parce qu’on se rend compte que même si on les voit jamais, elles sont absolument partout. Ça c’est moins mon vibe.

Je parle plutôt de zooms sur quelque chose qu’on peut pas observer. Comme les histoires cachées derrière nos gestes. L’impact qu'ont nos décisions quotidiennes sur… tellement de choses. Les raisons pour lesquelles on dit certains mots pis pas d’autres. Pis je pense que ce genre-là de zooms infinis se cache partout, même dans les aspects de nos vies qu’on connaît le mieux, qu’on répète souvent, les choses sur lesquelles on se pose pas trop de questions parce qu’on se dit qu’on a compris la patente. Genre, avoir des relations sexuelles.

(Musique)

GABRIELLE [NARRATION]
Se poser des questions sur la sexualité pis en poser aux autres, je pense que c’est normal. J’imagine que les gens s’interrogent là-dessus à différents degrés, à différentes périodes de leur vie.
Mais quand t’arrives pas à avoir une sexualité qui est entre guillemets, normale, ça se peut que tu te poses encore plus de questions là-dessus.
Ça a été mon cas. Pis celui de beaucoup d’autres femmes, dont mon amie Raphaëlle.

RAPHAËLLE ET GABRIELLE [TERRAIN]
Allô, salut, ça va?

GABRIELLE [TERRAIN]
Ben oui, toi?

RAPHAËLLE [TERRAIN]
Oui, contente de te voir!

GABRIELLE [TERRAIN]
Ben oui, moi aussi!

RAPHAËLLE [TERRAIN]
Rentre, rentre.

GABRIELLE [TERRAIN]
Hey c’est vraiment un nice coin pour vrai.

GABRIELLE [NARRATION]
Raph a les cheveux foncés vraiment frisés, un piercing dans le nez, pis une énergie puissante, mais douce. Un soir d’avril, elle m’accueille dans son nouvel appart, à Montréal.

GABRIELLE [TERRAIN]
J’ai amené, euh, du popcorn.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
(rires)

GABRIELLE [TERRAIN]
Parce que j’ai su que t’aimais ça, au cheddar.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
T’es tellement d’adon.

GABRIELLE [TERRAIN]
Parce que je voulais t’amener quelque chose!

RAPHAËLLE [TERRAIN]
(rires)

GABRIELLE [NARRATION]
Raph réfléchit souvent à plein de choses qui touchent à la sexualité. Fak le sujet est assez présent dans nos conversations.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
Par contre, un truc que je trouve vraiment intéressant puis qui m'est arrivé souvent, depuis que je suis célibataire, pis que j'ai eu des relations sexuelles de façon un peu plus ponctuelle et éphémère. C'est euh au niveau du langage. Pis euh, c'est arrivé pas plus tard qu'hier que cette nuit,

GABRIELLE [TERRAIN]
Kay.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
En plein pendant une relation sexuelle, moi je considérais que la relation sexuelle avait clairement été entamée.

GABRIELLE [TERRAIN]
Ouais. La machine roulait déjà là.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
Oui. Mais, c’est ça, même une personne qui, je crois, est sensible à ce genre d'enjeux, euh, m'a demandé. Ou m’a dit plutôt : j'ai envie qu'on baise. Pis, moi, ma réaction, ça me fait tellement rire quand ça arrive. Pis j'y ai juste dit : ben, c'est pas ça qu'on est en train de faire?

GABRIELLE [TERRAIN]
mmmmh.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
Pis là, il s'est repris tout de suite, il a dit, genre, euh, excuse est-ce que, j'aurais envie, genre de te pénétrer.

GABRIELLE [NARRATION]
Pourquoi j’ai l’impression que cette personne-là dont Raph parle, ça aurait pu être n’importe qui ? Dans l’sens que ça me semble assez courant comme réflexion, d’associer baiser à pénétrer. T’sais moi aussi, j’avoue que je réfléchis comme ça. Si, mettons, j’entends les mots «2 personnes qui font l’amour», je vais penser automatiquement que ces 2 personnes-là, c’est une femme et un homme, et que l’action qu’ils font là, très précisément, c’est une pénétration. C’est à ça que je vais penser. Mais c’est intéressant ce que Raph dit : pourquoi c’est la pénétration qu’on associe à faire l’amour ?

RAPHAËLLE [TERRAIN]
En ce moment, je pense que je suis chanceuse dans ma pratique de la sexualité parce que je me sens pas invalidée vu que je pratique la pénétration. Parce que… Quand j'ai commencé à avoir mes premières expériences sexuelles, je ne pouvais pas pratiquer la pénétration. Je pouvais pas aller au bout de ma sexualité et d'un rapport sexuel parce que, physiquement, mon corps rejetait ça.

GABRIELLE [NARRATION]
Peut-être que ce que Raph vient de dire, ça sonne comme de l’inconnu à 100% pour vous. Ou peut-être pas.
Bon, la dyspareunie, c’est un terme médical qui est utilisé pour parler du fait que c’est douloureux d’insérer quelque chose dans son vagin. Un doigt, un pénis, un tampon, un jouet sexuel, n’importe quoi. Y’a aussi le vaginisme, qui fait que pour certaines personnes, y a tout simplement rien qui rentre parce que les muscles du vagin sont trop contractés. Pis évidemment, si on essaie de forcer l’entrée quand même, ben, ça fait mal.

Bon, bref, on a compris qu’on parle de douleur. Pour certaines personnes, cette douleur-là, elle peut être insupportable. Pour d’autres, ça peut être plus léger. Mais dans tous les cas, on se sent anormale.

Raph m’en parle ouvertement parce que moi aussi, j’suis passée par là dans ma vie. C’est super dur de répertorier précisément le nombre de personnes qui vivent de la douleur génitopelvienne, mais la Chaire de recherche du Canada en santé sexuelle affirme que ça touche une personne sur cinq. Mais, on n'en entend jamais parler.

Raph et moi, on vit pu toute ça aujourd’hui. Après que j’aie laissé derrière les douleurs physiques, je me suis mise à réfléchir à quelque chose qui est souvent moins considéré : les douleurs psychologiques. Dans mon cas, la seule pratique sexuelle qui me faisait mal, c’était la pénétration. Mais tout le reste, ça allait. Même que c’était agréable.

Donc… d’un côté, on a : une seule pratique sexuelle qui est inconfortable. Et de l’autre, toutes les autres pratiques qui font réagir le corps positivement, mettons normalement. Une versus, je sais pas, des dizaines. Fak… pourquoi j’avais le sentiment de pas donner assez, si je demandais à mon chum de l’époque qu’on couche ensemble sans qu’il y ait de pénétration ? Raph se souvient d’avoir vécu une réalité similaire, elle aussi.

RAPHAËLLE [TERRAIN]
T’sais si je me fiais au langage populaire et courant, ben je ne fourrais pas, même si j'étais active sexuellement, que j'avais des pratiques sexuelles. Considérant que un pénis ne pouvait pas rentrer dans mon vagin, ben c’est comme si j'étais encore vierge techniquement. T'sais je me souviens le nombre de fois où j'étais dans, tu sais, je participais à des des discussions, genre où on parlait de sexualité avec des amis et tout, puis que souvent quand qu’ils parlaient de «fourrer» ben ils faisaient référence à la pénétration. Puis avoir une relation sexuelle, c'était par rapport à la pénétration aussi, je me sentais complètement invalidée dans mon expérience, parce que j'avais l'impression que je vivais, que je découvrais ma sexualité, moi aussi, mais juste d'une façon différente, qui était vraiment hors norme. J'avais pas l'impression que mon expérience était comme, que les gens considéraient mon expérience comme en étant une sexuelle. Juste parce que y’avait pas de pénétration.

GABRIELLE [NARRATION]
Ça me fait de la peine de m’en rendre compte, mais je suis pas surprise d’entendre ce que Raph me raconte… mais est-ce que si une situation nous étonne plus, ça veut dire qu’on a plus le droit de la remettre en question?

(Fin musique)

GABRIELLE [NARRATION]
Derrière les vécus, les anecdotes des gens, il y a souvent un phénomène. Et dans ce cas-ci, ça l'air qu'on appelle ça «l’injonction à la pénétration». La première fois que j’ai lu ce nom-là, c’est dans un contenu éducatif sur le compte Instagram de la sexologue Myriam Daguzan Bernier.

GABRIELLE [TERRAIN]
Vraiment une question super simple pour commencer ou peut-être, en tout cas, à toi de me dire si tu trouves que c'est une question simple, mais j'aimerais ça que tu m'expliques dans tes mots, c'est quoi l'injonction à la pénétration?

MYRIAM DAGUZAN-BERNIER [TERRAIN]
Hum. Kay. C'est plusieurs choses, mais l'injonction de la pénétration, pour moi, c'est cette idée que on est dans une société très hétéronormative et très cisnormative, qui s'attend à ce que les couples et la sexualité soient formés dans, entre 2 personnes, soit un homme, une femme, qui doivent faire une relation sexuelle complète entre guillemets, qui constitue un pénis dans un vagin. Ça, c'est comme l'espèce de norme qui a été établie comme de quoi le le la pénétration par un pénis dans un vagin doit être ce qui représente la sexualité normative. Et l'injonction à la pénétration, c'est le fait que on a tellement inculqué cette idée-là, c'est tellement ancré dans nos mœurs, dans notre culture, que il y a cette, on sent cette, ce poids là et cette obligation-là de dire : OK, c'est pas une sexualité complète s'il y a pas une pénétration, fait que ça doit être comme ça. Alors que il y a 1000 et une façons d'avoir de la sexualité. Par exemple, ça peut arriver que j'ai quelqu'un, mettons qui va me dire genre : J'ai pas tant de désir, je me sens pas trop là-dedans, mais je le fais pareil parce que c'est ce qu'on attend de moi. Fait que pour moi, c’est ça, l'injonction à la pénétration.

GABRIELLE [NARRATION]
C’est vrai que depuis tantôt, quand je parle de pénétration, je fais référence à un acte «un pénis dans un vagin». Pis c’est très hétéronormatif comme pensée…
Parce qu’il existe plein d’autres combinaisons «une chose dans une autre», qui sont aussi des pénétrations.

GABRIELLE [TERRAIN]
Est-ce que l'injonction à la pénétration, c'est quelque chose qui est plus restrictif pour un genre ou une orientation sexuelle?

MYRIAM DAGUZAN-BERNIER [TERRAIN]
Mm. Euh… C'est sûr que dans ma tête, il me vient rapidement comme, les personnes hétéros, mais t’sais en même temps, ça découle sur tellement d’autres types de sexualité, je je j'aurais tendance à dire que je pense que ça nuit à pas mal tout le monde. Il y a aussi une injonction à la pénétration, par exemple chez les hommes gais. Tu sais un homme gai pour plusieurs personnes, c'est comme : Ah, un homme gai aime la pénétration anale, et ça marche de même, leur sexualité. Alors que la sexualité homosexuelle entre 2 hommes, peut être 1000 et une choses aussi. Mettons, 2 femmes lesbiennes, c'est comme, y a pas de pénétration fait que : OK, ils font pas vraiment l'amour? Ils font pas vraiment de sexe. Ben non, c'est ridicule, tu sais. Mais cette injonction de pénétration comme on a l'impression que c'est tout le temps l'affaire qu'il faut faire. Mais ça efface toutes les autres possibilités.

MYRIAM DAGUZAN-BERNIER [TERRAIN]
Une affaire qu'on parle souvent en sexo, c'est de dire aux gens : c'est bien avoir une fluidité dans la sexualité. Faut qu’il y ait une permissivité de changer un peu la donne. Tu sais, mettons si toi, ta sexualité, elle se vit dans un cadre précis, avec telle musique, telle position, telle affaire, le jour où t'as pas toutes ces éléments-là qui apparaissent, tu vas être déstabilisé parce que tu vas faire : Attends, j'ai pas la musique, j'ai pas le cadre, je suis pas dans mon lit, j'ai pas... Mais cette fluidité-là, c'est plus dans le sens où la sexualité ça peut bouger, ça peut prendre d'autres formes, ça peut être dans une autre pièce, ça peut être une autre musique, ça peut être, puis ça va faire que tu seras pas bloqué, puis que tu seras pas figé dans un espèce de script sexuel qui est comme : OK, faut que ce soit fait de telle façon pis toute. Pis je suis pas en train de dire que c'est mauvais d'avoir des rituels ou des scripts, des choses comme ça, mais quand y’en a trop d'installés, ça devient très restrictif.

GABRIELLE [NARRATION]
C’est beaucoup de nouvelles informations à assimiler en peu de temps, mais parler avec Myriam me fait me poser un million de nouvelles questions.
Fak ça m’a poussé à aller chercher des réponses auprès de plusieurs autres femmes.

LÉA SÉGUIN [TERRAIN]
T’sais on va dire, bon les hommes, c'est sûr, ça pense tout le temps à avoir des relations sexuelles, ça doit être à cause de la testostérone. C'est comme le genre de discours qu'on entend tout le temps, puis que on trouve ça très normal de parler de cette façon-là. Mais c'est pas un regard assez critique.

MAUDE PAINCHAUD-MAJOR [TERRAIN]
Y a Martin Page qui écrit un un livre sur sur la la pénétration. Puis qui dit que que si la sexualité c'était à propos du plaisir, bien que les femmes se feraient beaucoup moins pénétrées, puis que les hommes se feraient beaucoup plus pénétrés, puis ça, c'est c'est ça. C'est des choses que j'aborde aussi...

AMÉLIE [TERRAIN]
T’sais moi j'essaie de l'être, tout le temps d'être à l'écoute de l'autre personne, puis je pense que c'est ça aussi qui fait que moi, j'ai peut-être reçu moins de plaisir, c'est que justement, j'étais trop à l'écoute des besoins des autres. Puis ils l'étaient pas envers moi, fait que… c'est pour ça que moi j'en avais pas de fun.

KATIA FOURNIER [TERRAIN]
C'est-à-dire que quand on s'expose avec ce qui nous excite vraiment, avec ce que nous désirons réellement, on sait qu'on est un livre ouvert. mais pour pouvoir s'exposer comme ça avec quelque chose qui aurait un potentiel disons, honteux ou humiliant, il faut un autre qui est mature et bienveillant.

(Fin musique)

GABRIELLE [NARRATION]
Une des personnes avec qui j’ai parlé m’a conseillé de jeter un oeil au travail d’un laboratoire de recherche de l’Université d’Ottawa, qui étudie le bon sexe, en gros. J’avoue que ça a quand même piqué ma curiosité, fait que j’ai voulu consulter le livre que deux chercheures du labo ont publié. J’en ai trouvé une copie à la librairie près de chez moi.

GABRIELLE [TERRAIN]
C’est en anglais donc mettons que je traduis… « Du sexe incroyable : Les leçons d’amants extraordinaires » Mkay…

GABRIELLE [NARRATION]
À première vue, la couverture donne pas tellement envie, on voit un champ d’herbes vertes, des montagnes pis un coucher de soleil au loin. Pas vraiment mon style… Mais je le feuillette quand même.
Ce livre-là, c’est le fruit du travail de Peggy Kleinplatz et Dana Ménard, qui mènent des études depuis près de 20 ans sur le «great sex», comme elles le nomment. Pour une de leurs études, les chercheures ont parlé avec des personnes qu'elles appellent justement les amants extraordinaires. C’est des gens qui disent vivre des expériences sexuelles qui sont vraiment incroyables, même transcendantes. Les chercheures sont venues à la conclusion qu’il y a 8 éléments qui permettent d’expérimenter ce «great sex». Pis là, on parle pas de gestes à poser, de formules magiques à dire. On parle d'état d’esprit, de communication, d’authenticité…

GABRIELLE [TERRAIN]
«Plusieurs participants ont mentionné spontanément que pour devenir authentiques, ils ont d'abord dû reconnaître la défectuosité des scripts et des règles existantes en matière de sexualité. Une fois qu'ils avaient rejeté précédemment ces croyances contraignantes, ils se sentaient capables d'être plus fidèles à eux-mêmes.»

GABRIELLE [NARRATION]
Les scripts et les règles… ça serait tu mettons, se dire qu’il faut absolument qu’il y ait une pénétration dans les relations sexuelles, sinon elles sont incomplètes?
Un script sexuel très connu, ce serait selon moi : préliminaires, pénétration, orgasme. T'sais c'est comme une p’tite routine. J’dois avouer que c’est la très grande majorité de ce que je connais sexuellement, que j’ai presque toujours appliqué.
Dans l’étude, les personnes disent qu’elles ont comme désappris ce script sexuel-là. Qu’elles ont pas suivi la recette.
Jusqu’à date, elle me convient, la recette. J’aime ça, l’appliquer. Mais si mettons, je la suivais pas, juste pour voir… je ferais quoi?
J’me rends compte que j’en ai aucune foutue idée. Pis ça me rend vulnérable sur un moyen temps.

GABRIELLE [TERRAIN]
«Les participants ont expliqué que «se donner», «se laisser être vulnérable» et «s'abandonner à un partenaire» étaient des aspects incroyables du «great sex». Plusieurs participants ont comparé le fait d'être vulnérable au fait de sauter d'une falaise.»

GABRIELLE [NARRATION]
J’suis encore dans la p’tite librairie de quartier, mais à ce moment-là, j’me vois littéralement sur le bord d’une falaise. J’vois rien de ce qu’il y a en bas. Est-ce que je pourrais sauter? J’ai quand même le goût… Y’a toujours quelque chose de grisant à se lancer dans le vide. J’me sens attirée, presque hypnotisée par le bord du précipice.
Mais en même temps, y’a une peur de me laisser aller dans l’inconnu qui me scie complètement les jambes.

GABRIELLE [NARRATION]
Fak je reste là, en attendant. J’suis pas prête à sauter, j’pense. Mais je vais essayer de parler avec des personnes qui ont décidé de le faire.

(MUSIQUE THÈME)