Le balado de l’Armée canadienne

Feux de forêt, inondations, pandémies et autres - On peut se fier aux Rangers canadiens pour aider la population lorsqu’elle est dans le besoin.

Show Notes

Depuis 75 ans maintenant, les Rangers canadiens sont appelés à intervenir pour soutenir les forces militaires dans des régions éloignées, isolées et côtières du Canada. Le lieutenant-colonel Benoit Mainville, commandant du 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens, nous dit comment les Rangers continuent de jouer un rôle clé lors d’opérations nationales, de l’entraînement des FAC et au sein de leurs propres communautés.

Apprenez-en davantage sur les Rangers canadiens et leur 75e anniversaire

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What is Le balado de l’Armée canadienne?

Le balado de l’Armée canadienne s’adresse aux soldats de l’Armée canadienne et traite de sujets qui les concernent. Les soldats constituent notre public cible principal, mais les sujets abordés pourraient s’avérer pertinents pour toute personne qui appuie nos soldats ou qui s’intéresse aux enjeux militaires canadiens.

[Musique commence]

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Les Rangers sont probablement les unités des Forces armées canadiennes qui sont le plus en symbiose avec les communautés.

Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne. Les Rangers canadiens font une partie importante de la Réserve de l’Armée canadienne. Y’en a plus de 5000 et jouent un grand rôle dans les opérations domestiques, la recherche et sauvetage, l’entraînement de survie. La liste continue.

Cette année marque leur 75e anniversaire, et on va parler de où ce qui étaient, où ce qui sont en ce moment et le rôle qu’ils jouent dans l’équipe de l’Armée canadienne.

Avec nous, de Québec, on a le lieutenant-colonel Benoit Mainville, commandant du 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens. Bienvenue au balado monsieur!

[Musique termine]

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Bonjour!

Capitaine Adam Orton : Donc, qu’est-ce que les Rangers canadiens peuvent faire pour l’Armée canadienne que l’Armée peut pas faire pour elle-même?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : D’abord, les Rangers canadiens sont essentiellement une présence des Forces armées canadiennes en régions isolées, éloignées et côtières. Ils sont au sein des communautés. Ils sont dans plus de deux cent communautés éloignées du Canada. Et leur mission est un peu des patrouilles légèrement équipées, mobiles, prêtes à répondre aux besoins des Forces armées canadiennes.

Capitaine Adam Orton : Quand qu’on les emploie, qu’est-ce qu’ils font?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Bien, les Rangers sont là pour répondre à nos besoins en termes de soit d’opérations nationales, soit d’assistance aux Forces armées canadiennes. Lorsqu’on déploie, exemple, des forces conventionnelles du Sud, en région arctique, les Rangers ont une connaissance du territoire et une connaissance de l’environnement et du climat. Ils sont en mesure d’agir auprès des forces conventionnelles pour les aider à survivre sur le terrain, à se déplacer sur le terrain, et à leur porter essentiellement une transmission des connaissances en termes de survie en milieux austères et souvent climat arctique.

Capitaine Adam Orton : Donc, tu sais, c’est vraiment vaste-là, mais faut comprendre que le 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens couvre plus ou moins les Territoires. Le 2e Groupe, ça couvre le Nord-du-Québec. Le 3e Groupe, le Nord de l’Ontario. Le 4e Groupe, ça couvre les provinces de l’Ouest. Puis, le 5e Groupe, c’est plus ou moins les Maritimes. Donc, c’est vraiment énorme comme territoire.

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Juste au niveau du 2e Groupe de patrouilles, on couvre 70 pourcent du territoire du Québec. Au niveau national, c’est au-dessus de 200 communautés isolées. Ce sont de vastes territoires où qu’on a souvent moins d’un habitant par kilomètre carré. Je veux dire, le commandant du 1er Groupe à un moment donné exprimait son territoire en disant que c’est Paris à Moscou qu’il couvre comme territoire en termes de distance. Ça fait que c’est très significatif comme territoire et population.

Capitaine Adam Orton : Est-ce que vous donnez un exemple de peut-être une opération qui ont fait partie de récemment?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : OpLaser qui était essentiellement la réponse des Forces canadiennes à la pandémie. Le 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens a d’ailleurs été une des premières unités activée au printemps 2020 pour aider la région du Nunavik qui est située au Nord-du-Québec. Dans 14 communautés, ils avaient besoin de l’assistance des Forces armées canadiennes pour les aider en termes de main-d'œuvre pour les aider à appuyer logistiquement les centres de santé, et aussi pour informer la population en termes de ce qu’était le COVID et les mesures sanitaires à prendre.

Ils ont aussi allé, sur les, ce qu’on appelle aller sur la banquise, mais aller sur les Territoires faire des programmes de formation à distance dans les milieux de pêche, de chasse où la population des fois se situe.

L’opération ils ont, pour 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens, impliqué quasiment le tiers des Rangers, à près de 250 Rangers sur 750 et du récensie de jour. Cet effort-là a été répliqué aussi au niveau des autres groupes de patrouilles des Rangers. Que ce soit le 1er, le 3e en Ontario ou le 5e a reproduit l’effort de la pandémie COVID-19.

Capitaine Adam Orton : Donc, en dehors du contexte, peut-être du support de la pandémie, est-ce que vous pouvez donner un exemple d’une opération où ce que les Rangers seraient impliqués avec l’Armée pour les discussions d’une tâche de quelque sorte.

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Oui, bien par exemple on a en Colombie-Britannique avec les feux de forêts et les inondations. Vous avez aussi au niveau de l’opération VECTOR qui consiste à des campagnes de vaccination dans certaines communautés isolées je crois du Manitoba et de la Saskatchewan avec le 4e Groupe. Et vous avez les visites côtières de la Marine canadienne lorsque la Marine canadienne visite certaines communautés qui vont demander l’assistance des Rangers en termes de ces communautés là aussi.

Capitaine Adam Orton : Et quand que les soldats arrivent sur le terrain, comment est-ce que les Rangers s’intègrent à la tâche? Qu’est-ce que ça a l’air?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Bien, dépendant de la grosseur de l’élément généralement on va attacher un certain nombre de Rangers par un groupe de soldats. Par exemple, un groupe d’une trentaine de soldats va peut-être avoir deux ou trois Rangers qui vont les aider.

Puis des fois, c’est des choses de base parce qu’à moins 40, moins 50, vous avez des soldats du Sud qui n’ont jamais opéré de motoneige par temps très froid. Ça fait que des petits, comment dire, aides qu’on va leur montrer comment réchauffer la machine, comment la partir, comment enlever la glace, faire l’entretien.

Ça va être de la navigation lorsqu’on est au GPS, ça nous donne une certaine distance. Mais lorsque vous traversez des lacs et des rivières, bien il y a des endroits que vous devez faire des pontages ou vous voulez éviter les endroits où que le courant est plus élevé donc la glace est plus mince.

C’est ce genre de connaissances-là souvent que les Rangers vont enseigner, vont transmettre. C’est vraiment des fois des connaissances simplement de survie et de manières d’opérer par temps très froid.

On va leur donner des connaissances surtout que les Rangers sont beaucoup plus habitués à faire. Par exemple, avec le Groupe Arctique, on va leur enseigner à faire une zone d'atterrissage austère. Que ce soit pour hélicoptère ou Twin Otter. C’est une des capacités que les Rangers pratiquent régulièrement. Comment les premiers soins en milieu arctique. Comment que, les trucs pour opérer.

Ça fait qu’il y a un passage de connaissances qui se fait par les Rangers aux forces conventionnelles et vont les aider sur la navigation et les techniques de survie à ce niveau-là.

Capitaine Adam Orton : C’est quoi le mécanisme, comme admettons que les Forces ont de besoin de communiquer avec des Rangers puis s’intégrer dans une tâche de quelque sorte, comment est-ce que l’Armée communique avec les Rangers sur les lieux?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Si on parle de la base au sein d’une communauté, vous avez une patrouille de Rangers canadiens qui est autour de 32 personnes et c’est normalement constitué d’un détachement de deux personnes et de trois sections de 10 qui elle est reliée à un QG, quartier général, d’un groupe de patrouilles de Rangers canadiens. Chaque groupe de patrouilles de Rangers canadiens va avoir entre 30 à 60 patrouilles. Chaque groupe de patrouilles répond à la division qui est généralement régionale. Ça fait que la chaîne de commandement de l’armée, qu’on parle du commandant de l’armée au commandant de divisions au commandant de patrouilles des Rangers canadiens aux sergents de patrouilles, c’est vraiment cette chaîne de commandement-là qui est intégrée au sein de l’Armée.

Lorsqu’il a une demande d’assistance ou une demande d’opération, c’est généralement le commandant des opérations interarmées canadiennes qui va déléguer son autorité au commandant des Forces opérationnelles interarmées et régionales qui lui va chapeauter au niveau tactique l’opération, que ce soit les Rangers ou que ce soit les Rangers appuyés par une force extérieure ou vice et versa. Ça fait qu’on est toujours dans chaîne de commandement militaire.

Et même lorsque on fait une opération en assistance aux autorités civiles, comme OpLaser, bien c’est la chaîne de commandement militaire qui exerce cette autorité-là. Et des fois on va déléguer un officier de liaison sur le terrain pour s’assurer que les Rangers sont toujours maintenus au sein d’un commandement militaire.

Capitaine Adam Orton : Et quand que ça vient à s’intégrer aux Forces armées canadiennes dans le contexte d’une opération de recherche et sauvetage, qu’est-ce que ça d’l’air?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Norme, je vous dirais que la majorité des opérations de recherche et sauvetage qu’on fait, ce sont des opérations de recherche et sauvetage au sol en appui aux corps policiers qui ont cette responsabilité-là.

Souvent, ce qui arrive en régions isolées, on va avoir un corps policier comme la GRC ou la Sûreté du Québec qui n’ont pas nécessairement la capacité d’aller en territoires austères. Et ils vont faire une demande d’assistance aux Forces armées canadiennes et c’est les Rangers qui sont déjà dans la communauté qui vont souvent répondre à l’appel des fois en quelques minutes. Et même j’ai vu que ils avaient ramené l’individu dans la communauté avant même que la chaîne de commandement avait complètement fini la paperasse. Ça fait qu’on parle d’un temps de réaction extrêmement rapide, de quelques minutes à quelques heures. Ça fait que la majorité du temps, la patrouille ou deux patrouilles vont aller ramener l’individu dans la communauté sain et sauf.

Il arrive parfois que la demande soit en appui à un élément des Forces armées canadiennes, comme, par exemple, Greenwood ou Trenton, qu’ils ont reçu une demande d’assistance et ils demandent des éléments terrestres pour les assister. Ça fait qu’à ce moment-là, on a une coordination air-sol qui s’effectue.

On a aussi des recherches qui se font, je dirais pas maritimes, parce que les Rangers opèrent à distance des berges, mais par exemple en assistance à un canoéiste qui est disparu sur le Saint-Laurent. Ça fait que vous allez avoir la Garde côtière et des Rangers qui vont être déployés pour faire la recherche côtière, et la Garde côtière va faire la recherche sur le Saint-Laurent. Ça fait qu’il y a plusieurs types d’opérations de recherche et sauvetage. La majorité sont au sol en appui à un corps policier.

Capitaine Adam Orton : C’est intéressant, vous faites mention du fleuve Saint-Laurent parce que tu sais on croirait peut-être qu’ils opèrent plus dans le Nord, mais en fait ça couvre aussi ce que je dirais le Sud entre guillemets.

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Oui! Exact! Exact! Je vous dirais le deux tiers des patrouilles de Rangers en fait sont en bas du 60e parallèle. Et vous en avez, exemple, sur l’île de Vancouver, il y a des patrouilles de Rangers. Et au Québec, vous avez sur la Basse-Côte-Nord. Vous avez au Labrador, vous avez des patrouilles de Rangers qui sont pas nécessairement en milieu arctique, mais plus en subarctique. Et ce qui, pourrait dire, les qualifie, c’est vraiment cette notion de régions isolées, éloignées souvent sans accès routier avec très peu d’infrastructures, très peu de ressources fédérales ou provinciales disponibles.

Capitaine Adam Orton : Ça fait que, tu sais moi quand je pense à des rangers, tu sais je pense aux Seigneur des anneaux où ce que le rangers, c’est vraiment un expert dans le territoire dans lequel qu’il opère. Ils connaissent la communauté, ils savent où aller, où pas aller, les parcours qui sont peut-être un peu plus navigables, d’autres des parcours où ce que tu passes juste pas par là parce qu’il y a un danger. Ça fait que c’est plus ou moins ça qu’ils font pour nous aussi.

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Exact! Le Rangers, dans toute opération ou entraînement, est un multiplicateur de forces par sa connaissance de l’environnement du territoire, mais aussi par sa connaissance de la communauté dans laquelle on atterrit. Et aussi, la plupart des Rangers sont des leaders au sein de leur communauté. Donc, souvent, comme OpLaser, durant la pandémie, bien le chef de Kawawachikamach, qui est un Naskapi, est aussi un Rangers. Ça fait qu’il est là comme autorité civile, mais aussi comme commandant de patrouilles.

Les Rangers sont vraiment des leaders au sein de la communauté. Ça fait que vous allez avoir des gens qui sont sur le conseil de bande, communauté, maire, chef des pompiers, paramédic. Vous en avez même y’en a qui sont policiers. Ça fait que la connaissance de la communauté est encore plus que juste la communauté, mais comment elle fonctionne la communauté. Les dynamiques au sein de la communauté sont extrêmement importantes aussi.

Capitaine Adam Orton : Quelle sorte d’entraînement est-ce que les Rangers reçoivent dans le contexte de leur emploi?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Présentement, les Rangers sont considérés entraînés lors de l’enrôlement. Depuis quelques années, je vous dirais, depuis 2017 - 2018, on leur donne un endoctrinement élémentaire qui est essentiellement un petit cours de sept jours, qui est une prise d’introduction, une introduction aux Forces armées canadiennes. Ça fait qu’on va parler, exemple, le maniement de la C-19. On va parler de la navigation, la reconnaissance des grades. Vraiment un cours de base très très condensé. Ce n’est pas une formation obligatoire. C’est une formation volontaire.

Lorsque la deuxième formation qui leur est offerte, c’est pour le cours de leadership de patrouilles Rangers canadiens, qui est offerte aux sergents de patrouilles afin de leur donner un petit peu de connaissances en termes de comment planifier une activité, comment la coordonner et l’exécuter, comment écrire des ordres, comment écrire un ordre d’avertissement, un ordre. C’est vraiment des connaissances de leadership et en termes de sergents de sections un peu là, de base.

Capitaine Adam Orton : Donc, comment que les Rangers ont été conçus?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Bien, c’est né en premièrement durant la Deuxième Guerre mondiale sur la côte Pacifique. C’était les Pacific Coast Militia Rangers qui ont été fondés en raison de la menace japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale. Ça fait qu’ils ont existé jusqu’en 1945.

À la fin de la guerre, ils ont été démobilisés, puis devant la menace soviétique à l’époque qu’ils représentaient au Nord, en 1947, le 23 mai ‘47, on a reconstitué le corps des Rangers à l’époque.

Et au cours des années, le corps des Rangers qui est commencé principalement au Nord avec le 1er Groupe et s’est réparti en cinq groupes. Dans le milieu des années ‘90, y’a eu la constitution des cinq groupes Rangers. Et c’est ça qu’on célèbre cette année, le 75e des Rangers 1947 - 2022.

Capitaine Adam Orton : Pour une unité militaire, un anniversaire important est généralement marqué par des événements spéciaux. Qu’est-ce qu’on fait pour le 75e des Rangers canadiens?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Bien, en premier lieu, le 75e des Rangers va du 1er avril 2022 au 31 mars 2023. Dans les activités qui sont au programme, on a d’abord l’annonce au Parlement comme quoi que c’est l’année des Rangers. Nous avons aussi au programme le Rendez-vous des Rangers sous la tutelle de Son Excellence la gouverneur générale qui va présider une parade qui regroupe essentiellement les cinq groupes de patrouilles des Rangers ainsi que de nombreux dignitaires.

Au cours de l’année des Rangers, nous avons au programme la Course de l’Armée et qui a une thématique Rangers. Nous avons de nombreuses activités, compétitions de tir et autres. Nous avons des activités aussi au niveau des GPRC, comme par exemple le 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens vient de publier récemment son histoire des Rangers canadiens. Et l’élément-clé, l’élément qui vraiment va être de l’avant est aussi la reconstitution du corps canadien des Rangers canadiens où que le corps a été créé en 1947 n’a jamais été vraiment dissout, mais a comme été un peu laissé de côté suite aux années ‘60. Et là le commandant de l’Armée réinstaure le corps des Rangers avec sa marche de corps, avec ses symboles, des drapeaux, des pennants du corps des Rangers.

Capitaine Adam Orton : Ça fait qu’il y a pas mal de choses qui se passent?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Oui, beaucoup. Ça va être une grosse année. Et, en fait, ça va être deux grosses années parce que l’année prochaine, c’est le 25e des Rangers juniors canadiens. Donc, cette année, 75e des Rangers, l’année prochaine, c’est le 25e. Et aussi je dois mentionner que cette année, c’est aussi le 25e du 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens-là. Ça fait deux grosses années.

Capitaine Adam Orton : En parlant des Rangers juniors, je connais pas grand-chose. Vous pouvez peut-être nous expliquer un petit peu plus c’est quoi?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Les Rangers juniors, c’est né dans le milieu des années ‘90 au Québec. Les Rangers juniors, c’est un programme 12 à 18 ans. C’est un programme jeunesse structuré qui est apporté dans les communautés isolées. Il y a principalement trois éléments-clé. Le premier, c’est ce qu’on appelle les habiletés de vie qui sont le sport, la santé et la nourriture. Des habiletés de vie.

Le deuxième aspect, c’est vraiment ce qu’on appelle les habiletés de Rangers, et on s’imagine en région éloignée, bien c’est le maniement des armes, la chasse. C’est aussi les premiers soins. C’est la navigation. C’est des habiletés de base pour survivre en milieux austères.

Et le troisième, c’est les habiletés traditionnelles. Les habiletés traditionnelles, c’est vraiment là que c’est la communauté qui injecte ce qu’ils veulent dans ces habiletés-là. Ça fait que vous pouvez avoir du trappage avec les Cries. Vous pouvez avoir la fabrication de canots en peau de phoque, exemple, avec les Inuits.

Vraiment chaque communauté décide selon sa culture, selon ses traditions ce qu’ils veulent perpétuer. Et je vous dirais au niveau des Rangers juniors, c’est probablement l’aspect qui était le plus important. On devient une courroie de transmission de connaissances ancestrales ou traditionnelles où qu’on devient un carrefour entre les aînés et les jeunes. Et on facilite ce contact-là où que les aînés sont mis, ils ont ce partage de connaissances-là.

L’autre élément que j’aimerais beaucoup ajouter au niveau du programme junior, c’est les deux effets principaux qu’ils ont sur les jeunes.

Le premier, c’est l’assiduité scolaire. Dans beaucoup de nos communautés éloignées, on a des difficultés des fois en termes d’assiduité scolaire et ce qu’on réalise avec les Juniors, c’est que la majorité réussissent leurs études. Ils ont un plus haut taux de graduation.

Aussi, malheureusement dans certaines communautés isolées, on a des problèmes de suicides chez les jeunes, des problèmes qui sont statistiquement plus élevés. Or, au niveau des Juniors, ce qu’on voit, c’est la résilience qu’ils ont et quasiment pas de suicides chez les jeunes Juniors. Ça fait que c’est deux effets-là qui sont extrêmement bénéfiques au niveau des jeunes.

Capitaine Adam Orton : Pourquoi est-ce que c’est important pour que l’Armée s’intéresse à ces choses-là?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Mais en fait, ça fait partie de la mission des Rangers. Une des missions des Rangers, une des tâches des Rangers, c’est le soutien à la communauté. Et, des années ‘90 et en fait, c’est né, le programme junior est né au Nunavik. C’est le gouvernement du Nunavik qui est venu puis qui a dit : « On aimerait ça avoir un programme jeunesse pour nos jeunes. On aimerait que vous nous aidiez à livrer un programme jeunesse. » Et les gens qui étaient énormément respectés au sein des communautés, c’était les Rangers. Les Rangers, c’était des figures de leadership. Les gens voyaient les Rangers comme des exemples, des modèles au sein de leur communauté. Donc, associer le Rangers, qui était un modèle à des jeunes qui sont en quête d’identité, devenait, je pense, un mariage naturel. Et, c’est vraiment un programme des communautés encadré par les Rangers que nous, en termes de militaire, on vient juste amener un soutien administratif, logistique. On vient amener des programmes. On vient leur rendre le programme faisable et possible au sein des communautés.

Capitaine Adam-Orton : Est-ce que vous avez peut-être un exemple d’une expérience que vous avez vécue personnellement avec les Rangers?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : C’est tellement relaxant une expérience avec les Rangers. C’est des gens qui sont tellement terre-à-terre, tellement d’un côté, d’un aspect pratique. Y’a jamais de stress avec eux. Y’a jamais d’angoisse, y’a jamais, je veux dire à un moment donné on était à Salluit et il y a eu un incident qui a fait qu’il a fallu rapidement se revirer de bord puis lancer une recherche de sauvetage pour aller chercher deux individus et on a passé toute la soirée, toute la nuit à les chercher pour finalement comprendre que une des deux personnes était revenue et l’autre se cachait et est revenue plus tard. Et moi j’étais, j’étais comme excédé. Dire, tu sais, hé, on a passé deux jours à les chercher. Puis, il y a un des Rangers qui est venu me voir en disant, ah c’est pas important, ils sont vivants.

Capitaine Adam Orton : [Rire] Oui!

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Pour lui-là, c’était ça l’essentiel. Les deux personnes étaient revenues. Et c’est là que tu prends un pas vers l’arrière et que tu te dis : « C’est vrai! La seule chose qui est important, c’est que les deux sont revenus vivants. Le reste, c’est pas grave. » Ça fait qu’au niveau des Rangers je dirais, c’est mes moments relax autant je suis capable d’aller dans le Nord-là, retour à ce qui est vraiment important dans la vie.

Capitaine Adam Orton : C’est bien! Ça aide avec les priorités un peu [Rire].

Donc, on a parlé des Rangers au sein de la communauté, mais aussi récemment on a fait un petit peu de travail de modernisation. On a remplacé leur carabine. Avant, c’était un Enfield. Maintenant, c’est la C-19. Est-ce qu’il y a d’autre chose qu’on est en train de faire pour peut-être moderniser les Rangers, puis les apporter avec nous dans le futur?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Définitivement! Je vous dirais avec la politique de Défense de 2017 et l’élément 108 qui, essentiellement, dirige une optimisation des Rangers Canadiens ainsi que la modernisation au niveau des Forces armées canadiennes, les Rangers étant partie de l’équipe de l’Armée de terre, l’équipe de la Défense, on a des initiatives de modernisation. En premier lieu, c’est certain qu’il y a un besoin d’avoir un état-major. Donc, le niveau de l’Armée de terre, ils vont établir le directeur des corps des Rangers et avec son élément, l’état-major va être en mesure de passer à l’examen de la politique.

La Directive du commandement de l’Armée, l’intention du commandement de l’Armée, c’est de s’assurer que les Rangers sont structurés, sont équipés et sont entraînés et sont appuyés par les états-majors pour répondre aux besoins des Forces armées canadiennes. Donc, tout cet effort d’analyse-là, que ce soit au niveau des politiques, au niveau des équipements, la façon que les QG sont structurés, autant en termes de géographie que de l’emplacement que de structure de personnel, va être examiné au cours des deux à trois prochaines années pour arriver à mieux intégrer les Rangers dans l’équipe de l’Armée de terre.

Capitaine Adam Orton : Est-ce qu’il y a d’autre chose que vous voulez ajouter?

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Oui! J’invite autant les militaires que la communauté civile à se joindre à nous aux événements qui vont avoir lieu. Et s’ils ont l’opportunité de rencontrer des Rangers, allez de l’avant. Ils vont être très heureux. Beaucoup de Rangers sont un peu timides, mais, comment dire, ils ont une nature des fois un peu timide et très humble. Allez au-devant écouter leurs histoires. Ils ont beaucoup à raconter et ils ont beaucoup à apporter aux Forces canadiennes.

[Musique commence]

Capitaine Adam Orton : Je remercie vos Rangers.

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Merci!

Capitaine Adam Orton : Oui! Merci d’avoir participé monsieur. J’apprécie vraiment ça!

Lieutenant-colonel Benoit Mainville : Bien, c’est moi qui vous remercie!

Capitaine Adam Orton : Ça c’était le Lieutenant-colonel Benoit Mainville, commandant du 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens. Si vous voulez en savoir plus au sujet des Rangers canadiens, on a un lien dans les notes du balado, plein d'informations. Je vous encourage à checker ça. Moi, je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Prenez soin de vous!

[Musique termine]