Beyond the Role

Dans les coulisses d’une carrière de leader avec Laure Belluzzo 
Dans cet épisode captivant, j’ai le plaisir de recevoir Laure Belluzzo, directrice générale du Crédit Agricole Brie Picardie. Ensemble, nous plongeons dans les coulisses de sa carrière impressionnante et des étapes qui l'ont menée à ce poste clé.
🔑 Ce que vous allez découvrir :
  • Les exigences et sacrifices qu’elle a dû consentir pour gravir les échelons.
  • Comment son ambition de devenir DG n’a pas toujours été une évidence, mais s’est construite au fil du temps.
  • Sa manière unique et inspirante de diriger ces Codir, en les transformant en espaces d’échange agréables et stimulants.
  • Les leçons tirées de managers inspirants qui l’ont marquée positivement... et d’autres qui, par leur stress, ont impacté négativement leurs équipes.
  • Ses moments de transparence, de joie, mais aussi les défis auxquels elle a fait face en tant que leader.
  • Et surtout, ses conseils précieux pour toutes celles qui souhaitent avancer dans leur carrière et ouvrir la voie à davantage de femmes dans les hautes sphères de l’entreprise.
🎧 Un épisode riche en authenticité, en leadership et en vision d’avenir. À écouter absolument pour comprendre les défis, les joies et les responsabilités du leadership au féminin.

➡️ Disponible dès maintenant sur toutes vos plateformes de podcast préférées !

What is Beyond the Role?

"Beyond the Role" : le podcast qui donne la parole aux femmes leaders

✨ Bienvenue dans "Beyond the Role", le podcast qui explore les parcours inspirants des femmes occupant des rôles stratégiques au sein des CODIR et COMEX.

🎙️ À travers des discussions authentiques, ces leaders partagent leurs défis, leurs succès et les stratégies qui leur permettent de briller dans ces environnements souvent complexes.

🚀 Pourquoi écouter "Beyond the Role" ?

- Porter la voix des femmes : Redonner visibilité à celles trop souvent invisibilisées.
- Inspirer la relève : Encourager les jeunes femmes à viser ces postes clés en comprenant leurs enjeux.
- Repenser le leadership : Promouvoir un modèle inclusif et non-genré.

🌟 Qui est l’hôte ?
Margaux-Ilona Letouche, fondatrice de Glow, un cabinet spécialisé en neurosciences. Experte en performance mentale, elle accompagne les entreprises et les femmes leaders dans la réalisation de leurs ambitions. Passionnée par la thématique de l’ambition féminine, elle œuvre à briser les plafonds de verre pour transformer les sphères de pouvoir.

Découvre dès maintenant les parcours et conseils inspirants de ces femmes en écoutant "Beyond the Role". 🎧

Inscris-toi ici pour ne rater aucun épisode : https://glow-coaching.com/beyond-the-role-podcast-glow

Laure Belluzzo:

Je me souviens d'un d'un grand patron du groupe qui un jour m'avait dit moi quand j'étais jeune quand j'avais trente pour cent des compétences requises pour un poste je postulais et moi je m'étais dit mais il est complètement fou ce garçon.

Margaux-Ilona Letouche:

Imagine un monde où les femmes occupent les plus hautes sphères du pouvoir sans que cela ne soit une exception. Bienvenue dans Beyond the road, le podcast qui lève le voile des coulisses de ce fameux monde. Dans chaque épisode, nous te proposons des rencontres intimes où l'on décrypte les codes du leadership en tant que femme. Que tu sois une femme en quête d'inspiration, un homme souhaitant devenir un allié plus engagé ou simplement curieux de découvrir de nouvelles perspectives, prépare-toi désormais à être inspiré, à repousser tes propres limites et à recevoir des conseils précieux. Abonne-toi pour ne manquer aucun épisode et partage ce podcast avec tes proches.

Margaux-Ilona Letouche:

Maintenant installe-toi confortablement, prends ton thé ou ton café et plongeons ensemble dans une discussion riche et inspirante. Bienvenue du coup dans cet épisode de Beyond the road, le podcast qui donne la parole aux femmes dans les codes et les comex. Merci beaucoup Laure d'être avec nous. Tu as vingt-huit ans d'expérience dans la banque, tu as travaillé dans multiples banques, tu as travaillé avec LCL, tu es aujourd'hui au Crédit Agricole dans lequel tu as aussi évolué beaucoup. J'ai envie de dire aussi que tu, alors c'est aussi pour ça que s'appelle Beyond the World, c'est que tu as aussi d'autres rôles que simplement ce rôle de direction générale au Crédit Agricole Bri Picardie.

Margaux-Ilona Letouche:

C'est aussi toute cette partie que tu es maman, que tu as aussi même un chien comme tu me l'as dit juste avant qu'on lance le podcast. Tu as cinquante-et-un ans, mais du coup en effet tu as plusieurs rôles dans dans ton quotidien. C'est aussi de ça qu'on va parler. On va parler bien évidemment de de Codir, de Comex, de la manière dont tu as atteint aussi dans le groupe Crédit Agricole, les différents échelons, les différents niveaux. On va aussi parler parce que je sais que tu n'as pas toujours eu cette envie pleine d'atteindre assez assez codire et ces comex et que pour toi ce n'était pas du tout une une fin en soi et quelque chose, un objectif on va dire.

Margaux-Ilona Letouche:

Donc on va en parler parce que c'est très intéressant aussi d'avoir cette vision-là et le pourquoi finalement tu en fais partie et tu et tu l'as tu y as accédé pardon en pour démarrer ça déjà. Est-ce que j'ai oublié quelque chose dans ton ta présentation Laure

Laure Belluzzo:

Non c'est parfait merci de m'accueillir, tout est parfait, c'est c'est très clair.

Margaux-Ilona Letouche:

Parfait merci. On va démarrer avec la première, c'est deux questions que je pose à chaque fois. La première c'est quelle est ta définition du leadership

Laure Belluzzo:

Pour moi le le leadership c'est la capacité à entraîner les hommes et les femmes à les faire adhérer à un projet, une vision entreprise et à ses objectifs et effectivement ce n'est pas une qualité que tout le monde possède.

Margaux-Ilona Letouche:

Et ça c'est génétique pour toi ou c'est à apprendre

Laure Belluzzo:

Alors je pense qu'il y a une part de personnalité bien sûr, mais que ça se travaille et que on peut s'améliorer même si au départ ce n'est pas sa plus grande force. Donc c'est un peu des deux.

Margaux-Ilona Letouche:

Un mix un peu. Voilà. La deuxième question c'est quelle est ta définition du mot ambition féminine

Laure Belluzzo:

L'ambition c'est c'est la projection positive vers finalement des postes ou des responsabilités accrues. Je pense que c'est certainement un déficit chez les femmes, je pense que beaucoup d'entre nous sont pas forcément portés par des ambitions de carrière et que c'est une vraie différence avec la plupart de nos collègues masculins qui sont effectivement portés dans leur vie professionnelle par leurs ambitions et qui n'hésitent pas finalement à postuler sur des responsabilités alors même qu'ils n'ont pas toutes les compétences requises alors que pour nous il n'y a pas cette force de l'ambition qui nous pousse à aller de l'avant aussi fort.

Margaux-Ilona Letouche:

Ok et du coup pour toi la définition même de l'ambition féminine ce serait quoi

Laure Belluzzo:

Je pense que les les les femmes elles ont une ambition certes de progresser mais avec une volonté d'avoir un équilibre vie pro vie perso qui fait que quelque part il y a un genre de plafonnement de leurs ambitions.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais on va, de toute façon on va en parler, il y a il y a un côté aussi un peu sacrifice quand tu vas au, quand tu montes les échelons, il y a un peu cette idée de je vais devoir sacrifier des horaires, je vais devoir sacrifier des moments. Est-ce que tu as vécu toi ces sacrifices autour de ta vie familiale

Laure Belluzzo:

Alors il y a des sacrifices et mes enfants me le rappellent régulièrement. Je pense que je les ai amenés quasiment jamais à l'école le matin. Donc par rapport à la plupart des mamans, c'est quand même un vrai sacrifice de ne pas emmener ses enfants à l'école ou de ne pas aller aux sorties scolaires et caetera. Donc il y a des renoncements, les enfants le vivent plus ou moins bien, les femmes le vivent plus ou moins bien. Après voilà c'est c'est cet équilibre-là entre quels sacrifices on est prêt à accepter, quels sacrifices sont inacceptables qu'il faut qu'on recherche et je pense que ce n'est pas incompatible de faire une carrière et que ça ça ne nécessite pas non plus de faire un rakiri sur sa vie familiale.

Margaux-Ilona Letouche:

Et justement tu as des, je sais pas, tu as des stratégies, tu as des choses que tu as mises en place qui t'ont permis de justement accéder à ces deux à ces deux rôles-là dans ta vie

Laure Belluzzo:

Oui alors moi j'ai j'ai vraiment mis des limites finalement à ma vie professionnelle, les limites c'était notamment des limites d'heures. Comme je n'accompagnais pas les enfants le matin à l'école, en revanche c'était moi qui le soir rentrais pour m'occuper d'eux, libérer la nounou et caetera. Donc ça veut dire que pendant des années je suis parti du bureau à dix-huit heures quinze. Dix-huit heures quinze c'est extrêmement tôt. Dans la vie d'un d'un cadre supérieur qui a déjà pas mal de responsabilités.

Laure Belluzzo:

Donc c'est clair que mes patrons successifs ont toujours été surpris au début et et en même temps je leur disais tu sais tu n'auras pas à le regretter. Et finalement ils me l'ont tous dit finalement c'était un bon deal mais au départ ils étaient surpris. Donc il

Margaux-Ilona Letouche:

y avait une crainte au départ mais qui finalement derrière n'était pas du tout réelle, c'est-à-dire que le travail était fait, que tu aies trouvé une manière de pouvoir réorganiser ton temps aussi.

Laure Belluzzo:

Oui moi j'ai j'ai vraiment adapté ma façon de travailler à ce que je voulais faire aussi dans ma vie familiale. Donc je partais tôt du bureau, on passait la soirée en famille, on s'occupait vraiment des enfants jusqu'à l'heure du coucher et puis après je rouvrais d'abord mon blackberry, ensuite mon iPhone ou mon iPad selon les générations d'outils et je recommençais à traiter mes et je recommençais à traiter mes mails, à lire certains dossiers et caetera. Ça me permettait de concilier intelligemment mes mes souhaits de mener correctement ma vie professionnelle sans jamais sacrifier ma vie personnelle. Et donc voilà ça a marché mais c'était une organisation des contraintes, une capacité aussi de l'entreprise à les accepter. Franchement moi j'ai toujours interdit les réunions qui s'est remis au-delà de dix-huit heures et caetera et caetera.

Laure Belluzzo:

Donc donc il faut que l'entreprise soit prête à les accepter ce qui a été le cas pour ma part.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais et justement il y a un côté d'environnement quand même de tu as été dans un environnement et avec des personnes avec des avec des managers qui ont eu cette crainte-là, mais qui n'étaient pas assez grandes ou peut-être que c'est toi aussi qui a réussi à leur faire comprendre que c'était qu'une crainte et que finalement elle n'était pas basée sur des faits et de la réalité et qu'ils n'avaient pas vu ce que tu es capable de faire en partant à dix-huit heures quinze, même si c'est tôt entre guillemets pour pour certaines, comme tu le dis pour certains certains métiers, certains pour les cadres supérieurs, pour les directeurs et tout. Mais moi j'entends aussi qu'il y a une partie de tu as tu as décidé de le dire et tu as décidé que c'était un peu un non négociable pour toi j'ai l'impression.

Laure Belluzzo:

Oui moi j'ai décidé complètement de l'assumer et de l'imposer. Enfin ça m'a jamais été proposé par mes managers, je l'ai complètement imposé et simplement ils n'ont jamais eu à le regretter voilà. Mais et donc quelque part quand le deal est bon et qu'il est clair et qu'il est transparent tout est acceptable.

Margaux-Ilona Letouche:

Et comment tu as trouvé ce deal là Comment tu t'es dit allez je sais c'est bon maintenant dix-huit trente c'est le bon horaire, ça sera le bon équilibre. Comment est-ce que tu sais que c'est le bon

Laure Belluzzo:

Écoute moi moi j'ai fait un truc très basique qui était c'est quoi l'heure à laquelle impérativement je dois être à la maison parce que pour ma nounou c'est intolérable et j'ai fait finalement le compte à rebours. Donc voilà c'était ça et puis dans la vie je pense que si on n'essaye pas des organisations et si on n'essaye pas de trouver des solutions, on ne va pas les trouver. Donc voilà j'ai expérimenté l'expérimentation elle a vraiment marché. Donc c'est ça qui qui montre que on peut trouver des solutions, on peut concilier la vie pro et la vie perso. Mais Après il faut être organisé et il faut assumer ses choix.

Laure Belluzzo:

Et quand c'est clair et transparent, ça marche.

Margaux-Ilona Letouche:

On parle beaucoup aussi d'organisation là dans les différents épisodes que j'ai enregistrés, la notion d'organisation pour les différents rôles pour avoir les différentes casquettes dont on parle, elle a l'air d'être très importante et donc j'imagine qu'il y a voilà il y a des il y a des astuces, il y a des choses à faire. Quand tu dis tester, quand tu dis il faut voilà voir un petit peu ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, c'est ce qui permet j'imagine de trouver la bonne organisation qui est alignée un peu avec et le pro et le perso et et nous, à nos moments à nous aussi dont on a besoin.

Laure Belluzzo:

Exactement exactement et puis évidemment il faut anticiper parce que quand on a des déplacements à l'étranger, quand on a des contraintes spéciales pour le travail auquel on ne peut pas renoncer, il faut s'organiser, voir avec son conjoint comment pour lui c'est possible, trouver des solutions exceptionnelles pour des cas exceptionnels, c'est là où il faut anticiper. Mais quand on anticipe ça marche bien.

Margaux-Ilona Letouche:

Et justement on pourrait, j'aimerais beaucoup parler de ta carrière, ce qui t'a permis du coup d'évoluer dans le groupe Crédit Agricole. Comment est-ce que toi tu t'es senti tout au long de ta carrière dans cette image de quelqu'un de carriériste Bon alors déjà est-ce que tu tu te reconnais dans cette image-là Est-ce que ça te parle ou est-ce que du coup pas du tout cette idée de ouais de le mot carriériste

Laure Belluzzo:

Moi je me reconnais pas dedans parce que finalement pendant toute une partie de ma carrière je n'ai fait que progresser parce qu'on m'a proposé des promotions finalement j'ai accepté les promotions qu'on m'a proposé mais j'ai pas particulièrement été sonné à la porte en disant je veux une promotion je veux une promotion c'est arrivé un peu naturellement ça a marché j'étais reconnu et on me proposait des promotions. Dire que j'ai été carriériste pendant cette période-là je trouve ça bizarre et après il y a une seconde partie de ma carrière où finalement j'ai joué les règles du jeu du Crédit Agricole qui est un groupe très particulier dans la sélection de ses dirigeants futurs. Au Crédit Agricole, on a un certain nombre de d'épreuves, de mises en situation pour accéder à des fonctions de dirigeants que ce soit membre d'un comité de direction, directeur général adjoint ou directeur général comme aujourd'hui, on a des assessments, des mises en situation etc. Des oraux devant des jurys etc. Et là quelque part là c'est là où on peut dire j'ai joué le jeu et c'était de l'ambition pure et dure voire du carriarisme.

Laure Belluzzo:

En même temps, on est sollicité pour faire cela parce que notre patron pense qu'on a les capacités et encore une fois voilà je me suis pris au jeu, j'ai trouvé ça intéressant, j'ai trouvé que les opportunités que ça offrait étaient passionnantes et surtout moi j'avais une crainte dans ma vie professionnelle c'était de m'embêter. Ça ne m'était jamais arrivé, ma crainte c'était la lassitude et finalement ne pas avoir cette excitation de l'apprentissage de nouvelles responsabilités, de la découverte de nouvelles équipes, de nouvelles problématiques et et quelque part progresser dans ma carrière, ça a toujours été un moyen pour moi d'avoir zéro lassitude et d'aimer aller au bureau tous les matins.

Margaux-Ilona Letouche:

Cette idée de ouais intérêt et garder de l'intérêt en fait toujours pour son pour son pour son travail. C'est marrant parce que tu vois quand tu parles de de carriériste et que tu dis que du coup toi ça t'es venu, tu as eu la reconnaissance et caetera, pour moi carriériste c'est plus justement je je je veux garder ma carrière au au coeur de ma vie en fait. C'est pas secondaire pour moi ma carrière et mon travail, c'est vraiment central. Donc je pense qu'il y a aussi tu vois au début je mets de ce podcast, je mets le leadership et l'ambition féminine et je pense qu'en fait ce mot-là aussi carriériste, il a aussi une multitude de de facettes qu'on qu'on qu'on voit et certaines qu'on ne voit pas selon notre parcours, selon qui autour de moi est mon emblème de de carriériste, quelqu'un de carriériste. Et je pense que dans cette idée de carrière, parce qu'en fait carriériste c'est quelqu'un qui qui fait carrière.

Margaux-Ilona Letouche:

Techniquement tu as fait carrière, moi j'ai l'impression de

Laure Belluzzo:

Non mais j'ai fait carrière et je pense que je fais partie des gens pour qui c'est important d'avoir une vie professionnelle qui soit épanouie et et très clairement ça fait partie de même auteur.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais et je pense que par contre derrière ce mot carriériste, il y a quand même encore aujourd'hui des des des idéaux, des des des points un peu négatifs que quand tu es carriériste, c'est un peu parce qu'on a dit au début cette idée d'équilibre et de certains certains sacrifices dans la vie perso, certains sacrifices sur la vie pro qui créent un équilibre, ça n'empêche pas d'être carriériste, ça n'empêche pas de vouloir un un une vie professionnelle qui est épanouie, qui est saine, qui donne envie, qui reste intéressante et stimulante, tu as une vie passionnante à un moment et je pense que ça c'est un point hyper intéressant. Et justement dans dans cette vie passionnante donc tu as tu as fait plusieurs échelons, tu as fait des comex, tu as fait des codirs, tu es aujourd'hui en plus en direction générale donc encore encore un cran au-dessus si j'ai envie de dire parce que du coup tu chapeotes. Comment est-ce que ça se passe dans ces dans ces moments-là Comment est-ce que toi tu l'as vécu déjà tes premiers moments de de COMEX ou Codier Comment ça s'est passé pour toi

Laure Belluzzo:

Alors moi pendant quelques années j'ai pensé que c'était impossible de garder ses valeurs et de garder sa probité tout en étant membre d'un COMEX ou d'un CODIER. Alors pourquoi est-ce que j'ai pensé ça Parce que j'étais dans une grande entreprise du groupe Crédit Agricole dans laquelle finalement je voyais certains membres du comité exécutif qui s'aplatissait devant le directeur général, directeur général certes compétent mais qui connaissait pas forcément tous les détails et qui parfois avaient des idées un peu in vitro qui étaient finalement inopérantes dans les faits. Et je voyais la terreur de certains membres du comex d'aller lui expliquer que son idée théorique elle était inopérante dans les faits. Et quand je voyais ça, je me disais finalement au nom du il faut que le DG m'apprécie, il y a quand même beaucoup de gens dans les comités exécutifs qui perdent finalement leurs valeurs et leur éthique professionnelle et moi je veux pas être l'un d'entre eux. Et je voulais tellement pas être l'un d'entre eux que j'ai fait une mobilité dans le groupe et j'ai quitté l'entreprise parce que j'étais en désaccord avec les choix qui étaient faits.

Laure Belluzzo:

Et je m'étais dit de toute façon si c'est comme ça jamais je vendrais un comex. Bon donc comme quoi on peut se tromper et en fait là où je m'étais trompé c'était sur le diagnostic. C'est-à-dire qu'en réalité oui il y a des gens qui font ça, c'est-à-dire qui crois qu'être un membre du comité exécutif ou d'un comité de direction c'est s'aplatir devant le DG et moi je pense que c'est une erreur consubstantielle. En réalité ce que je cherche aujourd'hui en tant que DG, c'est d g, c'est d'avoir des membres de mon équipe de direction qui soient capables d'apporter la contradiction. Ils ne sont pas obligés d'être toujours en désaccord avec moi, ce n'est pas ça.

Laure Belluzzo:

Évidemment qu'il faut qu'ils soient capables de défendre leurs opinions et c'est bien qu'on ait un débat contradictoire. C'est comme ça qu'on est meilleur par la décision collective avec des gens qui sont capables d'avoir des angles d'analyse différents et et finalement c'est important qu'il ait une liberté d'expression y compris d'opinion divergente dans un comité exécutif ou un comité de direction. Et et à partir du moment où j'ai été rassurée sur la capacité à exprimer des tonalités divergentes et il est vrai que ça dépend souvent du DG, je je le dois l'admettre. Et bien si c'est possible on peut être membre d'un comité exécutif, d'un comité de direction et s'épanouir tout en étant fidèle à ses valeurs.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais dans ce que tu dis ça résonne beaucoup avec avec d'autres d'autres retours évidemment sur ces endroits-là, sur ces les codes, sur ces moments un petit peu de prise de décision autour de cette idée de il faut il y a une envie de venir avec un argumentaire en fait. On vient avec un argumentaire pour discuter pour échanger, on se prépare en fait à ces à ces moments d'échanges là en ayant cet argumentaire et en sachant qu'en face il y a potentiellement des personnes qui seront d'accord ou pas d'accord et se préparer à échanger autour de ça. Y a un peu cette idée de convaincre quoi.

Laure Belluzzo:

Oui et l'autre idée c'est que c'est pas juste le DG qui décide. Qui est une idée très importante. Il y a des comités exécutifs, il y a des comités de direction où on est là pour convaincre quand on est membre du comité, mais on est là pour convaincre que le DG. Et moi je récuse cette idée-là, je pense qu'il faut pas convaincre que le DG, il faut faire adhérer ses collègues.

Margaux-Ilona Letouche:

C'est intéressant donc. Et il

Laure Belluzzo:

faut avoir l'échange constructif avec ses collègues aussi, pas juste au DG.

Margaux-Ilona Letouche:

Et qui qui sert à tout le monde en fait, qui sert au DG mais qui sert aussi à tout le monde à toute l'entreprise.

Laure Belluzzo:

Bien sûr, mais si le directeur financier il a une vision, un projet, d'une décision parce qu'il faut améliorer la rentabilité de l'entreprise, c'est une vision qui peut être tout à fait contraire au prisme d'analyse du directeur commercial par exemple, ajoute ce titre et moi je pense qu'on n'est jamais meilleur que si on arrive à trouver des décisions qui suscitent l'adhésion à la fois du directeur financier et du directeur commercial par exemple. Et c'est pareil pour le directeur des ressources humaines voilà il il faut pas créer finalement des sentiments d'orthogonalité entre les membres du Codir. Il ne faut pas dire c'est le directeur financier qui a gagné ou c'est le directeur commercial qui a gagné. Il faut que ce soit le Codir qui est décidé.

Margaux-Ilona Letouche:

Et comment tu gères ça du coup au quotidien

Laure Belluzzo:

Pour moi d'abord il faut donner les règles du jeu dans un comité de direction, c'est-à-dire les règles du jeu c'est que tout le monde peut s'exprimer même sur des dossiers qui ne le concernent pas. Voilà le directeur commercial a le droit de s'exprimer sur la stratégie financière de l'entreprise par exemple même si c'est, on comprend bien que ce n'est pas son point quotidien, mais c'est très important cette liberté d'expression y compris d'expression de positions divergentes. La deuxième chose au-delà de de la liberté d'expression c'est c'est que le DG n'exprime pas son avis en premier. Dans finalement les fonctionnements de groupe, si le DG ou le chef chez dans le village d'Astérix il exprime en premier son avis ça va être compliqué de susciter du débat et de la contradiction et et et on a au contraire un mouvement grégaire où certains vont se dire de façon déjà raison ça va lui faire plaisir je vais dire comme lui. Donc il faut que le DG il réussisse à pas laisser paraître tout de suite son avis.

Laure Belluzzo:

Ce qui n'est pas toujours simple même pour moi je le dis très très un moment, il y a des moments on a tellement une opinion qu'on brûle dans le monde Elle transparaît.

Margaux-Ilona Letouche:

Ça me fait penser à Simon Sinek qui parlait de Nelson Mandela et qui disait que on lui posait des questions sur sur son leadership, sur pour voilà ce qui, comment il avait appris son leadership et il disait que c'était par son père parce que son père quand ils allaient dans son pays de naissance, ils se mettaient en groupe et ils se mettaient tous en rond. Donc il n'y avait pas du tout d'hiérarchie, il n'y avait pas quelqu'un qui préside et caetera, ils étaient vraiment tous en rond déjà. Donc en fait tout le monde est à la même hauteur, c'est un peu ce que tu dis là, c'est un peu dans le Caudir, ce n'est pas le DG qui est au-dessus de tout le monde et qui qu'on doit qu'on et que justement ça permettait d'ouvrir le le discours, les les échanges, la discussion et aussi la créativité et l'innovation parce qu'on est plus bridés, exactement ce que tu as dit sur le fait que oui le DG a dit ça donc si je suis alignée avec lui peut-être que ça sera plus intéressant parce qu'il me préférera aux jours de rien. En tout cas on a des biais, c'est c'est c'est inconscient.

Margaux-Ilona Letouche:

On ne s'en rend pas compte mais quand le DG a donné son avis, il y a je suis d'accord ou je ne suis pas d'accord dans sa tête qui se qui se crée. Alors que s'il n'y a pas d'information et qu'ensuite on prend aussi toutes les informations, même pour pour toi en fait en tant que de DG, il y a aussi cette ouverture que tu te permets. Si tu ne donnes pas ton information, tu tu ouvres un débat qui est beaucoup plus large ouais. Donc ouais ça résonne énormément avec cette idée de Nelson Mandela.

Laure Belluzzo:

Exactement mais en tant que DG, il m'est arrivé de d'aboutir à une décision exactement contraire à celle que j'avais dans la tête au départ et de même pas exprimer que j'avais une idée contraire au départ. Mais comme tout le monde était d'accord et aligné et que j'avais écouté leurs arguments certes différents de de de mes idées originelles et ben je trouvais que c'était bien leur raisonnement et que voilà c'est très bien. Donc j'ai même pas dit qu'au départ je pensais le contraire. Mais ça m'est arrivé et et c'est ça qui est intéressant. Si j'avais tout de suite parlé, on aurait atterri à on décide comme leur a dit.

Laure Belluzzo:

Et finalement ça aurait été sans doute une bêtise.

Margaux-Ilona Letouche:

Oui et il y a, ça résonne avec une autre un autre tour et on on on disait la dernière fois avec avec une une autre de sur un autre épisode, on disait qu'on n'est pas obligé de tout connaître pour diriger, pour lier une équipe, on n'est pas obligé de savoir exactement tout ce qu'ils font et faire exactement la même chose que ce qu'ils font et du coup là il y a un peu cette idée de je viens avec une idée mais je viens avec mes informations à moi, mon background à moi, mon expérience à moi, mon expertise à moi, mais la décision en fait elle est intéressante avec l'expertise de tout le monde, avec l'expérience de tout le monde et c'est là où la décision elle peut être intéressante. Donc là en fait c'est exactement ça. C'est je je prends sur la je mets sur la table toutes les informations et même si moi je viens avec une décision particulière que j'ai envie de prendre, derrière grâce à l'expertise et à aux échanges qu'on va avoir, finalement c'est celle-ci qui est la plus intéressante pour l'entreprise.

Laure Belluzzo:

Et c'est là où on voit le fruit du collectif. On est bien meilleur en collectif que tout seul. On peut être le plus intelligent, on est vraiment bien meilleur en collectif que tout seul. Et et donc il faut jamais oublier ça sinon on fait des erreurs de décision, on fait des erreurs d'arbitrage en étant trop solitaire. Et bien sûr je je rejoins ton analyse, évidemment qu'un DG est moins compétent dans plein de domaines que certains de ses collaborateurs.

Laure Belluzzo:

Et c'est c'est normal, on ne peut pas, il y a un moment d'ailleurs où dans la vie professionnelle, on n'est plus un leader d'expertise, on est un leader tout court. Et il y a vraiment une bascule dans la vie professionnelle et moi pendant les dix premières années de ma carrière, j'étais un leader d'expertise, j'étais reconnu comme un grand expert dans mon domaine professionnel. Et Il y a vraiment eu une bascule où un jour j'ai complètement changé d'environnement dans la banque et évidemment que je connaissais bien moins bien que mes collaborateurs le métier. Et c'est très intéressant de travailler un autre mode de leadership où finalement on acquiert l'adhésion de ces équipes par notre capacité à s'intéresser au sujet, à les comprendre à force évidemment, à créer de l'intelligence collective, à faire avancer les choses et caetera. Mais donc c'est un autre mode de de leadership et à mon avis, c'est un vrai pas important dans sa carrière que de sortir du leadership d'expertise.

Margaux-Ilona Letouche:

Justement quels sont un peu tes, en en tant que DG, quelles sont les les exigences auxquelles tu tu fais face par par rapport à tes équipes Parce que du coup là on entend bien l'exigence de l'expertise surtout elle n'est pas là. Est-ce est-ce qu'il y en a d'autres Lesquels lesquelles ce serait

Laure Belluzzo:

Moi je pense que l'une des premières responsabilités d'un déchet par rapport à son équipe c'est de créer le collectif. Encore une fois à partir du moment où ma conviction profonde c'est qu'on est meilleur ensemble, il faut créer les conditions de réussite du collectif. Ça veut dire créer les règles du jeu, les expliciter, y faire adhérer et puis de temps en temps jouer malheureusement aussi le rôle de gardien du temple en disant là de toute évidence tu n'as pas joué le jeu des règles qu'on s'est fixées. Tu arrives au codire, tu as travaillé un dossier qui concerne pas mal de gens autour de la table mais tu l'as travaillé tout seul. C'est pas dans les règles du jeu.

Laure Belluzzo:

Voilà et donc on se revoit dans quelques semaines. Stain c'est un job pas marrant de la vie de DG mais c'est un job indispensable. Donc je pense vraiment que la première responsabilité d'un DG par rapport à son équipe, c'est de créer les conditions du collectif. Et après il y a évidemment par rapport à chacun des membres de l'équipe cette responsabilité de d'expliciter les choix de carrière, de faire progresser les femmes et les hommes parce que même quand on est quête de direction on peut encore progresser. Donc ça aussi évidemment c'est une responsabilité très importante.

Margaux-Ilona Letouche:

Faire évoluer en fait c'est c'est c'est un peu ce que tu disais avant qu'on avant qu'on enregistre ce podcast, cette idée que ce n'est pas une fin en soi d'atteindre ce ce coup dire-là, qu'il y a toujours un petit peu une évolution possible derrière et que c'est voilà on peut aller encore plus loin que ça et on peut aller chercher davantage dans sa carrière.

Laure Belluzzo:

Exactement exactement.

Margaux-Ilona Letouche:

J'aimerais parler un petit peu de ton parcours là on a parlé un petit peu de là aujourd'hui tu es DG et caetera. Comment est-ce que toi donc tu as parlé de ton de ton moment un petit peu de changement là quand tu étais plutôt leader de d'expertise et que tu es devenu un leader un petit peu plus généraliste donc peut-être même leader de vision de l'entreprise en en passant ce ce cap-là. Quand est-ce que tu quand est-ce que tu as fait ce changement-là, à quel moment dans ta carrière, qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là pour que tu fasses ce changement-là.

Laure Belluzzo:

En fait moi j'ai commencé dans ce qu'on appelle l'inspection générale dans une banque c'est-à-dire l'audit interne et j'ai franchi finalement tous les niveaux de responsabilité. J'ai été évidemment auditeur, chef de mission, superviseur, responsable d'un audit sur la France et les pays de l'est. Donc finalement j'ai un peu fait tous les métiers. C'est pour ça que quelque part voilà j'étais reconnu comme le grand expert de ce métier-là. Et au bout d'une dizaine d'années, j'ai souhaité vraiment changer d'orientation et sortir de cette expertise et finalement je suis devenu responsable de grosses équipes de middle et back-office sur les marchés de capitaux à l'international de surcroît donc en France et à l'international.

Laure Belluzzo:

Donc c'était avant tout un job de management, de gestion des risques opérationnels qui sont immenses dans ces métiers-là. Des risques opérationnels qui sont immenses dans ces métiers-là, de gestion évidemment de l'optimisation des coûts parce que ce sont des évidemment des des équipes importantes avec des coûts sous-jacents importants de conduite de projet. Je pense que c'est un des jobs qui m'a fait le plus progresser parce que les dimensions sont multifacettes, que la dimension managériale est immense et et qu'en plus j'ai fait ça dans un contexte assez tendu avec de multiples crises financières qui se sont succédé. Donc je pense que ça m'a fait énormément progresser et effectivement ça change totalement la façon d'exercer le métier de dirigeant. Encore une fois je suis sortie d'un leadership d'expertise pour aller sur un autre mode de de leadership qui était uniquement lié à ma capacité à faire adhérer les hommes et les femmes à nos orientations.

Margaux-Ilona Letouche:

Et justement dans, c'est c'est assez marrant de voir ces deux types de leadership, donc ces deux moments de ta carrière en fait un peu ça a été un des des moments différents. Dans ces deux moments-là évidemment à parler du genre tu le tu le sais c'est le but aussi de ce podcast, Est-ce que tu as vu une différence dans dans dans la manière dont tu interagissais, dans la manière dont on te voyait en tant que en tant que leader en étant une femme. Est-ce que la différence, est-ce qu'il y a eu plus de creux Pourquoi je te pose cette question parce que dans les statistiques, voilà au début de notre carrière il y a quand même moins cette cette différence-là, il y a quand même plus de femmes qui démarrent leur carrière et qui ont des postes comme on dit opérationnels dans dans l'entreprise que des postes de direction. Donc je me questionne sur, est-ce qu'il y a une différence du coup dans la manière dont interagit, dans la manière dont les gens interagissent, tu as parlé de du fait que tu as toujours été assez reconnu dans ta carrière et que c'est ce qui t'a permis de grimper les échelons.

Margaux-Ilona Letouche:

Est-ce que ça a toujours été le cas Est-ce que ça a changé quand tu as passé un peu les caps de de direction

Laure Belluzzo:

Moi honnêtement pendant toute ma carrière, j'ai pas eu trop de problèmes de finalement de discrimination on va dire parce que j'étais une femme. Je pense qu'à l'international il y a des pays où c'est un peu compliqué franchement au Japon par exemple c'était un peu plus compliqué. Aux États-Unis c'était totalement indifférent, ils s'en moquaient complètement que je sois une femme, c'était normal. Il y avait plein de femmes dans mes équipes à New York qui avaient des très gros postes de responsabilité. Donc pour eux c'était complètement indifférent, on voyait bien que selon les pays c'était plus ou moins impactant.

Laure Belluzzo:

En Inde c'était moins vécu moins bien vécu voilà c'est très caricatural mais on sentait bien qu'il y avait une différence géographique. À cette époque-là moi je travaillais dans la banque de financement et d'investissement honnêtement dans la banque de financement et d'investissement, je n'ai pas ressenti que c'était un problème d'être une femme. Là où finalement je l'ai un peu plus ressenti, c'est beaucoup plus tard dans plus la banque de détail, donc la banque classique avec les agences que vous connaissez en France où là on était tellement une minorité que ça se voyait beaucoup. Je n'ai pas moins du tout souffert de discrimination, mais voilà enfin c'était vraiment la minorité et et et à à il y avait de temps en temps des réflexions en disant ben voilà toi tu es tu es finalement la femme pour justifier. Il en faut une.

Laure Belluzzo:

Bon et donc c'est plus là où je me suis un peu sentie vraiment minoritaire et où c'est désagréable d'être à ce point-là minoritaire. Pour autant j'ai jamais pensé qu'on m'avait nommée parce que j'étais une femme et que ça faisait bien quoi.

Margaux-Ilona Letouche:

Qu'est-ce qu'est-ce qui a fait que tu t'es jamais

Laure Belluzzo:

dit ça Je me suis jamais dit ça parce que j'ai toujours eu des patrons qui me disaient quand même voilà enfin qu'est-ce que c'est bien vous faites avancer votre job ou tu selon les cartes et donc franchement c'est vrai qu'avoir des patrons qui reviennent sur la compétence et qui chaque fois alors l'évaluation ou la présentation des dossiers revenait sur la qualité du boulot fait et la qualité du management des équipes, ça fait plaisir et du coup on se dit c'est pas parce que je je fais du bien alors que tu as homme femme de dirigeants que ils m'ont embauché.

Margaux-Ilona Letouche:

Bien sûr. En fait c'est cette idée que tu avais une autre, tu avais la vision un petit peu générale des gens mais qu'en fait les personnes qui connaissaient vraiment ton travail et qui te voyaient travailler au quotidien et que et tes patrons, eux avaient cette avaient cette cette reconnaissance-là dont tu avais besoin. Tu dis beaucoup patron, est-ce que tu as aussi eu des des patrons avant de de de grimper les échelons toi

Laure Belluzzo:

J'en ai eu une, c'est certainement pas la meilleure expérience que j'ai eue.

Margaux-Ilona Letouche:

Ah oui.

Laure Belluzzo:

Pourquoi En en fait c'était une patronne qui qui transmettait beaucoup son stress voilà et moi je j'aime pas trop avoir une pression excessive même si je gère plutôt bien, voilà je n'aime pas avoir un patron qui a des humeurs en fait voilà. Ok. Et d'ailleurs c'est quelque chose auquel je suis très attentif pour mes équipes, c'est c'est de faire en sorte que si moi j'ai des problèmes perso, c'est pas un décès dans ma famille ou autre et ben ça ne se répercute pas sur mes équipes et je fais d'autant plus attention que j'ai eu un chef dans ma vie qui voilà je me souviens un jour son chien était malade, bon on s'en est tous pris plein la gueule pendant une semaine. Moi-même qui aime beaucoup les chiens, ça m'est égal quoi. Je pense qu'au travail on doit pas répercuter ces problèmes perso.

Laure Belluzzo:

Ça

Margaux-Ilona Letouche:

résonne avec une idée de transparence, à quel point est-ce que tu as, on on a besoin d'être transparent quand on dirige, quand on est leader, quand on quand quand on ouais quand on dirige, que ça soit un codire ou que ce soit une équipe d'ailleurs, à à quel point on a, quelle est la frontière en fait entre la transparence de ce qui se passe, de ce qu'on est, de tu as parlé du stress, tu as parlé aussi de la vie perso. Elle elle est où la frontière sur cette transparence-là pour toi

Laure Belluzzo:

Mais pour moi il faut vraiment doser, c'est-à-dire qu'il est très dangereux de tout cacher. Voilà donc je sais pas moi si si votre père ou votre mère est très malade et que vous venez d'apprendre ça, moi je pense qu'il faut en parler en tête à tête avec son chef parce que parce que forcément évidemment que c'est un sujet traumatisant, évidemment qu'on a besoin de temps en temps de prendre une demi-journée ou une journée qui n'était pas prévue voilà et et donc il faut expliquer ça et pour autant ça doit pas être le sujet du quotidien et raconter la dernière chimiothérapie tous les matins au café. Certes je comprends que ce soit des moments extraordinairement lourds mais mais pour moi il y a une question de dosage, je pense qu'il faut être transparent voilà. Moi je me souviens très bien avoir dit voilà je vous partage juste le fait que je viens de perdre quelqu'un de proche dans ma famille et voilà point et je serai pas là tel jour et j'avais dit qu'ils étaient c'est un événement important donc c'est normal de le dire Et pour autant voilà on n'est pas obligé de partager au quotidien et de faire subir par exemple à son assistante tout toutes les étapes de la maladie de ses proches.

Laure Belluzzo:

Je pense que c'est trop lourd pour son entourage. Donc c'est ça le dosage est extrêmement subtil, je pense qu'il faut un minimum de transparence et en même temps pas partager tous tous ces malheurs en détail.

Margaux-Ilona Letouche:

Et ça s'apprend avec l'expérience j'imagine petit à petit tu as appris un petit peu ce que tu partageais, ce que tu ne partageais pas, est-ce que petit à petit tu as appris à partager différemment

Laure Belluzzo:

Oui et de la même façon quand j'étais au début de ma carrière je ne partageais absolument pas ce que j'avais mal vécu dans la vie professionnelle. N'a rien de perso, mais voilà vous avez une situation, vous avez très mal vécu la façon dont votre chef a réagi sur un dossier en public de surcroît, voilà et puis vous gardez ça pour vous, rancoeur, vous êtes amer et caetera et en fait vraiment pendant des années je n'ai pas su comment exprimer ça et un jour un collègue m'a donné un très bon conseil qui était voilà il faut certainement pas exprimer ça en public mais en revanche si tu n'exprimes pas que quelque chose tu l'as trouvé extrêmement désagréable, de toute façon ça va se reproduire et donc il faut trouver deux jours après, une semaine après le moment en tête à tête de dire voilà tu as dit ça et moi je l'ai vécu comme une agression pour telle et telle raison. Est-ce qu'on pourrait travailler différemment et pas dire les choses comme ça Parce que moi je l'ai mal vécu et vraiment exprimer son ressenti. Ce n'est pas facile surtout quand on est un peu réservé, mais je pense que c'est extrêmement payant et je l'ai fait de temps en temps, pas souvent.

Laure Belluzzo:

Chaque fois que je l'ai fait ça a été extrêmement

Margaux-Ilona Letouche:

utile. Ouais il y a il y a une idée de de de communication qu'on dit très souvent dans le management où il y a alors là oui c'est quelqu'un qui va venir et qui va dire ce qu'elle en pense, mais c'est aussi très intéressant en tant que manager de créer ces moments-là, de créer des moments un petit peu opportuns où il y a la possibilité en fait de discuter de cette manière-là. En effet pas deux secondes après parce que voilà c'est les émotions qui parlent, c'est le surplus de de du ressenti qu'on qu'on a vécu, mais voilà quelque temps je sais qu'il y en a qui font des 1 to 1 que ça soit toutes les semaines ou tous les mois et c'est des moments qui sont vraiment privilégiés pour ces moments-là parce qu'ils sont uniquement là pour pour ces communications, pour ces discussions-là. Donc je pense que dans les deux sens il y a un peu cette idée de tu dois le dire parce que si les 1 to 1 sont là mais que tu ne partages pas au final ça ça t'apportera pas ce que tu viens de dire. Mais il y a aussi l'idée que plus il y a des moments opportuns pour le partager plus ce sera facile pour pour les managers et pour à toutes ces personnes-là qui ont ressenti peut-être des choses qu'on les managers ne se sont pas forcément rendus compte.

Margaux-Ilona Letouche:

Il y a aussi toute une vie qui se fait dans la vie professionnelle, les choses se passent, les projets avancent et caetera, on ne se rend pas forcément compte de tout ce que tout ce qui s'y passe et je pense que c'est assez intéressant les les deux côtés, les deux phases, dire les choses mais aussi créer des moments opportuns en tant que manager pour recevoir ces ces discussions-là.

Laure Belluzzo:

Exactement.

Margaux-Ilona Letouche:

Avant qu'on termine, est-ce que tu peux nous partager un un moment difficile que tu as eu en Cody ou en Comex, un moment où vraiment tu tu voilà tu tu sais tu t'es senti en difficulté

Laure Belluzzo:

En tant que membre du Comex ou en tant que dirigeante. Comme tu préfères.

Margaux-Ilona Letouche:

C'est pas qui choisis, tu as envie ta longue liste d'expériences.

Laure Belluzzo:

Non mais en fait c'est c'est c'est très différent. Moi en tant que dirigeante, ce qui m'a semblé toujours très difficile en tant que DG, c'est de voir deux membres du CODIR qui s'écharpent. Et donc tu tu tu es obligé d'intervenir et de recadrer. D'abord c'est décevant parce que tu tu vois que que enfin en fait tu as de l'inimitié qui qui s'exprime et pas du rationnel sur un dossier. Donc pour moi c'est une vraie forme de déception et puis c'est pas agréable d'être un peu gardien du temps comme je disais tout à l'heure et de devoir arbitrer et s'y fait la fin de la récré en disant bon ben on s'arrête et c'est pas comme ça qu'on va travailler et c'est pas comme ça qu'on se parle en codire voilà.

Laure Belluzzo:

Donc ça c'est très désagréable, c'est clair après en tant que membre d'un codire moi le moment le plus désagréable que j'ai connu, c'est un moment où c'est que j'exprimais un désaccord et où finalement mon DG m'a pas laissé l'exprimer jusqu'au bout. Bon alors il s'avérait que trois jours plus tard j'ai pu réexpliquer pourquoi j'étais en désaccord mais en fait je pense que dans la forme j'ai pas été bonne parce que il s'est senti mis en difficulté. Et et il faut trouver les moyens pour pas mettre en défaut ses collègues et en particulier son chef dans l'expression d'un désaccord. Et pour autant il faut exprimer ces désaccords.

Margaux-Ilona Letouche:

Ça ça revient à ce qu'on disait au début que ça soit le DG ou que ça soit les les autres, c'est-à-dire tu parlais, je donnais l'exemple entre le le directeur financier et le directeur commercial, si on a une un impact sur un autre une autre entité à nos départements, il y a aussi une subtilité à aller à aller parler de de de ça. Tu disais aussi qu'il y avait cette idée de de de groupe, j'imagine que c'est intéressant quand ça a vraiment un impact sur un autre département d'aller lui en parler avant le Codir. Je sais pas est-ce que c'est quelque chose qui se fait

Laure Belluzzo:

Ça fait partie des règles du jeu normalement quand ça a un impact sur l'autre on va lui en parler avant et et c'est pour ça qu'il faut mettre des règles du jeu claires et puis la forme est importante. Voilà, il ne faut pas que les gens se sentent agressés par le désaccord.

Margaux-Ilona Letouche:

On n'a pas beaucoup le temps d'en parler, mais j'aimerais bien avoir ton avis assez rapide sur la politique en Codir, à quel point il y a une certaine, une politique à avoir par rapport alors dans le codire peut-être à toi de me dire, mais aussi par rapport à toute à toute l'entreprise.

Laure Belluzzo:

Bien sûr, ça fait partie du jeu de de savoir gérer les impacts politiques, c'est-à-dire qu'une décision elle peut être excellente, mais si politiquement elle va être mal vue et ben il faut trouver un moyen différent de la mettre en oeuvre, de la décider ou peut-être il faut la différer parce que le timing est inopportun. Et donc la politique même si c'est pas toujours plaisant, c'est évidemment utile de de prendre cette dimension-là en compte. Voilà et et donc ça fait partie du jeu. Plus on monte dans la hiérarchie, plus ce sont des dimensions nouvelles qu'il faut prendre en compte.

Margaux-Ilona Letouche:

J'aime beaucoup parce que tu parles beaucoup de jeu, tu as parlé de passion aussi au début donc j'entends que dans ton parcours tu as tu as toujours un petit peu vu et et et eu la vision de ton de ton métier, de ta vie professionnelle comme quelque chose de d'agréable, de de sympathique même si bien évidemment comme on l'a dit tu as eu des moments bien évidemment désagréables et qui qui sont pas toujours géniaux et fun et caetera. Mais j'ai l'impression que ton intention particulière sur ta vie professionnelle est vraiment autour d'eux, ça doit être sympa, ça doit m'apporter quelque chose, je dois avoir de l'intérêt, ça doit me me me motiver en fait au quotidien et je pense que déjà est-ce que c'est ça

Laure Belluzzo:

Alors effectivement moi moi je considère que d'ailleurs ça fait partie des responsabilités du directeur général d'essayer de faire en sorte que le travail soit un bon moment. Et je le dis par exemple du comité de direction, ça doit être un bon moment. D'accord on peut avoir des moments où les opinions divergent, c'est évident. On peut avoir des décisions difficiles, mais il n'y a pas de raison que on fasse pas des plaisanteries, que on puisse avoir une bonne ambiance et caetera. Donc pour moi c'est important de créer les conditions pour que la vie en entreprise ça soit aussi un bon moment.

Laure Belluzzo:

Et bien sûr que malheureusement il y a des moments désagréables dans une carrière, c'est notre responsabilité. Moi je me suis souvent trouvé un peu seule dans un conseil d'administration, dans une réunion importante à exprimer une opinion divergente et pas plaisante parce que c'est rarement plaisant d'exprimer une opinion divergente, ça fait partie du job. Et c'est pas pour autant que cinq minutes après on peut pas aller boire une bière avec les mêmes. Je dis boire une bière ou déjeuner enfin voilà c'est c'est je je pense que l'expression de position divergente n'est pas forcément à un moment désagréable pour tout le monde. Mais voilà et et donc encore une fois c'est important d'avoir un job qui soit un peu ludique, plaisant, que l'humour soit présent et caetera.

Margaux-Ilona Letouche:

Et ce n'est pas incompatible avec la direction générale et et finalement le le l'image qu'on pourrait avoir de cette politique qui est très lourde, de ces prises de décisions, des prises de risques et caetera, qui j'imagine font partie du job mais qui voilà, ce n'est pas que ça.

Laure Belluzzo:

Et pas un coaching.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais je pense que c'est important de le rappeler. On termine par les dernières questions du podcast. Merci déjà infiniment pour tout ce que tu nous as partagé pour cette valeur de dingue avec tes conseils, mais je vais t'en demander deux derniers, quel est le pire conseil qu'on ne t'ai jamais qu'on ne t'ai jamais donné dans ta carrière à ne surtout pas suivre.

Laure Belluzzo:

Moi on m'a souvent donné le conseil de ne pas faire de vague, d'être conformiste. Voilà par exemple tiens si on te demande si tu es mobile géographiquement, tu dis oui oui partout. Bon j'ai fait le contraire, j'ai dit que j'étais pas mobile, c'était vrai en plus à ce moment-là de ma vie professionnelle. Moi je pense qu'il faut dire la vérité et pas ce que les autres ont envie d'entendre ou qu'on croit qu'ils ont envie d'entendre. Je pense que c'était un très mauvais conseil que j'ai d'ailleurs pas du tout subi.

Margaux-Ilona Letouche:

Et qu'on vous invite à ne pas suivre. Quel est le meilleur conseil qu'on ne t'ait jamais donné Laure

Laure Belluzzo:

Moi voilà il y a un jour quelqu'un m'a dit qu'il fallait oser et et je pense vraiment parfois je le dis à des jeunes femmes qui viennent me voir, je dis à toi le ciel t'aidera. Si nous les femmes, on n'a pas non plus envie de de prendre un peu de risque dans notre carrière, de prendre un peu plus de responsabilités, ça ne va pas nous tomber naturellement dessus, voilà. Mais il y aura des gens ensuite qui vont nous aider si on accepte de prendre des risques, des responsabilités supplémentaires, de faire des choix difficiles d'équilibre vie pro vie vie perso et donc être pouvoir le ciel t'aidera, c'est un bon conseil.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais ouais ouais et ça ça résonne énormément avec avec ce que tu as dit sur sur ta vie au quotidien. Tu as eu beaucoup de personnes qui ont été, voilà, qui ont reconnu ton ta compétence, et caetera. Mais prendre le job et accepter le job, c'était oser. C'était faire les choses pour toi et tenter et prendre des risques pour toi, mais c'est c'est à toi de le faire, il ne pouvait pas le faire à ta place.

Laure Belluzzo:

Exactement, exactement.

Margaux-Ilona Letouche:

Et pour terminer, la dernière, la dernière question c'est quel est le plus grand espoir que tu as pour la génération future de femmes leaders

Laure Belluzzo:

Écoute moi ce que je constate c'est qu'il y a de plus en plus de femmes leaders donc mon espoir c'est que plus aucune femme dans d'ici vingt ans n'entende un jour qu'elle a été nommée là parce que c'est une femme.

Margaux-Ilona Letouche:

Pour les quotas. C'est clair. Ça ça serait bien parce que malheureusement moi aujourd'hui je je travaille dans ce dans cette dans ce domaine-là. Donc quand on me dit qu'est-ce que tu fais, je parle de la parité tout de suite. Malheureusement, c'est ça fait partie de mon taf, donc c'est le le thème de prédilection de mes de mes conversations quand on demande ce que je fais.

Margaux-Ilona Letouche:

Et du coup, malheureusement, l'histoire du quota revient encore et encore. Et cette idée que certaines femmes sont là pas pour leurs compétences mais pour les quotas, c'est malheureusement encore trop présent donc une belle un bel espoir et je pense que ça et je pense que ça va venir et et en effet tu vois ça résonne avec ton conseil, le meilleur conseil, la notion d'oser, de plus en plus de femmes vont oser, l'audace va être de plus en plus présente dans les carrières des femmes et j'ai l'espoir que ça change justement, ça change cette vision qu'on a un petit peu là-dessus.

Laure Belluzzo:

Exactement.

Margaux-Ilona Letouche:

Et qu'est-ce que tu penses qui aurait été différent si j'avais interviewé un homme aujourd'hui

Laure Belluzzo:

Je je pense que la la notion d'ambition et et et le fait de pas toujours se projeter dans un comité exécutif, c'est c'est vraiment très différent chez la plupart de nos collègues masculins. Vraiment très différent. Je me souviens d'un d'un grand patron du groupe qui un jour m'avait dit moi quand j'étais jeune, quand j'avais trente pour cent des compétences requises pour un poste, je postulais et moi je m'étais dit mais il est complètement fou ce garçon et ça a toujours marché pour lui. Voilà mais on avait un gouffre dans nos perceptions.

Margaux-Ilona Letouche:

Ouais ouais ouais et ça et ça ça provient peut-être aussi de de de l'image qu'on s'en qu'on s'en fait.

Laure Belluzzo:

C'est sûr c'est sûr.

Margaux-Ilona Letouche:

Merci beaucoup merci infiniment Laure

Laure Belluzzo:

de te partager,

Margaux-Ilona Letouche:

c'était un plaisir de t'avoir avec nous sur ce podcast.

Laure Belluzzo:

Merci au revoir à tous.

Margaux-Ilona Letouche:

Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère que tu as passé un bon moment avec nous désormais à ton tour, quel est l'enseignement que tu en tires Avec quoi repars-tu de cet épisode Prends le temps de te questionner et d'incarner ce que tu as appris, de tester certaines choses et de te challenger au quotidien. Partage également tes sur les réseaux sociaux avec le hashtag, tu peux également me taguer directement. Maintenant n'hésite pas à t'abonner et à partager ce podcast avec des personnes de ton entourage que ça pourrait challenger, impacter. Et bien évidemment écris-moi tes propositions de suggestions d'invités.

Margaux-Ilona Letouche:

Ensemble faisons entendre la voix des femmes qui transforme le monde professionnel pour les futures générations de leaders. Alors à très bientôt pour le prochain épisode.