« Parles-en à l’aumônier » est une phrase que bien des soldats ont entendue au cours de leur carrière. Les aumôniers jouent un rôle simple, mais en même temps, souvent complexe au sein de l’Armée canadienne, et ce rôle permet d’aider de nombreux soldats à traverser des moments difficiles.
Le balado de l’Armée canadienne s’adresse aux soldats de l’Armée canadienne et traite de sujets qui les concernent. Les soldats constituent notre public cible principal, mais les sujets abordés pourraient s’avérer pertinents pour toute personne qui appuie nos soldats ou qui s’intéresse aux enjeux militaires canadiens.
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Major Richard Bastien : Combien de fois j'ai eu des membres qui sont entrés dans mon bureau et j'avais le goût de leur dire : “My gosh tu aurais dû venir me voir il y a six mois”.
[Musique termine]
Lieutenant Adam Orton : Salut! Ici lieutenant Adam Orton avec Le balado de l'Armée canadienne. Aujourd'hui, on va parler des aumôniers. “Vas voir l’aumônier!” est une phrase qu'un grand nombre de militaires ont entendu à un certain point dans leur carrière. Le rôle des aumôniers militaires consiste à donner des conseils aux militaires et à les guider lorsqu'ils vivent des problèmes de nature personnelle. Ils font partie du personnel militaire depuis plus d'un siècle. Le major Richard Bastien est ici avec nous aujourd'hui pour nous apprendre davantage sur ce que font les aumôniers pour venir en aide à nos troupes. Le major Bastien est l'officier d'état-major de l'aumônier de l'Armée canadienne. Bonjour monsieur.
Major Richard Bastien : Bonjour Adam. Je suis content d'être ici.
Lieutenant Adam Orton : Donc parlez-nous un petit peu de vous-même.
Major Richard Bastien : Comme il a été dit, mon nom c'est Richard Bastien. Ce que j'aime dire d'entrée de jeu, c'est que je suis premièrement marié depuis près de 37 ans avec une magnifique épouse Andrée qui est ma conjointe, bien sûr. Et on a deux magnifiques enfants qui sont maintenant adultes : Samuel, mon garçon qui est aussi dans les Forces canadiennes comme ‘traffic tech’ en français, on dit technicien de mouvements, et notre fille qui est mariée, Christina, qui est mariée à Jean-Philippe, puis ils demeurent à Montréal.
Je suis aumônier, comme il a été dit, à l'état-major de l'Armée. Alors je soutiens. Mon rôle présentement c'est plus un rôle d'officier d'état-major. Je soutiens l'armée de commandement qui supervise tous nos aumôniers : la force régulière, la force de réserve à travers le Canada pour l'Armée canadienne, c'est-à-dire l'armée de terre.
Mais je me suis aussi rendu disponible, bien qu'on soit soutenu par les aumôniers d'Ottawa, je me suis quand même rendu disponible pour être le padre du QG parce que ça fait partie aussi de qui je suis. Je n'ai pas toujours été aumônier dans les Forces armées canadiennes. J'ai joint les Forces assez tard, à quarante ans, mais j'ai joint comme officier de logistique parce qu'à ce moment-là, même si ça faisait une vingtaine d'années que j'étais pasteur ordonné pour des raisons purement académiques, je ne me qualifiait pas pour devenir aumônier. On m'a offert officier de logistique.
Alors, j'ai vu ça comme une opportunité de rentrer quand même dans les Forces armées canadiennes. J'étais attiré par les Forces, par tout ce que ça représente. Et je savais que je pourrais m'impliquer parallèlement, comme volontaire, dans nos chapelles militaires, puis avec les aumôniers, ce que j'ai fait pendant dix ans. Et puis, lorsque j'ai été au QG de la deuxième division, maintenant à Longue-Pointe à Montréal, comme G4 opération, l'aumônier de division qui aujourd’hui est aumônier général a entendu parler de moi. Il savait que j’étais ordonné. Je m’impliquais dans les chapelles, et il m'a demandé carrément pourquoi tu ne joins pas à l'aumônerie? On a tellement besoin d’aumôniers et je lui ai donné des raisons. Pour faire une longue histoire courte, étant donné que j'avais pu prendre d'autres cours pendant tout ce temps-là bien on a été capable d'aller chercher tous les crédits dans le fond que j'avais de besoin pour devenir aumônier à travers un système de reconnaissance. Et puis finalement, bien l'aumônerie m'a offert de transférer. Puis j'ai dit oui. Alors ça m'a donné une opportunité de faire un autre dix ans comme aumônier.
Lieutenant Adam Orton : Ça, c'est une vraiment belle histoire. Puis, en plus de ça je trouve ça vraiment intéressant que vous avez fait mention de votre famille parce que, juste en préparation pour le Balado, on parlait justement du rôle de l'aumônerie envers non seulement les soldats, mais aussi des familles des soldats.
Major Richard Bastien : Oui, absolument. Et justement, l'aumônerie, les aumôniers sont là pour vraiment améliorer on dirait l'efficacité opérationnelle d'une unité. On n'est pas juste la personne que tu peux aller voir pour pleurer sur son épaule. Oui, ça l'implique ça, mais c'est beaucoup plus que cela. En fait, on est là pour le soutien moral de l'unité et le bien-être des membres. Et on le fait à travers, bien entendu, un soutien pastoral, counselling, guidance spirituelle, religieuse et le fait de prendre soin des membres. J'avais vu un ‘poster’, une affiche dans un gymnase de PSP qui disait quelque chose comme qu’ils étaient là pour s'assurer, pour aider les membres à être physiquement aptes, ‘fit’ pour la tâche. Et je me suis dit : “C’est en plein ce qu'on fait nous. On s’assure que les membres sont spirituellement aptes ou ‘fit’ pour la tâche.” C’est ça qu’on fait. On veut s'assurer qu'ils sont spirituellement prêts à être déployés, à aller à un exercice, à faire leur travail.
C'est intéressant parce que lorsqu'on parle de spiritualité, puis tu l'as remarqué, je ne parle pas nécessairement de religion. Oui, ça inclut la religion ou la pratique d’une religion, mais le focus c'est beaucoup plus pour tous les membres, mais ça transcende-là peu importe qu’on est croyant qu'on est incroyant ou athée ou agnostique. Ça veut pas dire qu'on n'a pas de spiritualité. Et c'est intéressant parce que maintenant, on a une DAOD 5516-3 qui référencent avec les accommodements religieux ou spirituels, a une définition maintenant de la spiritualité. Et, je vais simplement vous la lire. Ça dit que : “La spiritualité s’entend de profondes convictions ou croyances personnelles volontaires qui se rattachent à la foi spirituelle d'une personne.”
J’ai l'habitude de dire, la science ou le rationnel va te dire le ‘comment?’ que les choses arrivent, comment c’est arrivé. La spiritualité va dire le ‘pourquoi?” “Pourquoi ça m’arrive?” Et tout le monde, quel qu'il soit, à un moment donné, lorsqu'il passe par des temps difficiles, une crise existentielle, une crise familiale, on a tous le même genre de questions : “Pourquoi ça m'arrive ça?”
Et la résilience spirituelle, c'est justement la capacité de récupérer la force émotionnelle, ou psychologique, ou même physique nécessaire pour s'adapter à l'adversité. On vit tous de l'adversité. T’as été déployé, j’ai été déployé. Il y a de l'adversité. Il y a des choses traumatisantes et la résilience spirituelle, ça signifie avoir la force spirituelle intérieure pour rebondir après des situations difficiles. En anglais, on dit : “Bounce back!” J'ai toujours cette illustration dans les films de Rocky, comment est-ce que ce gars-là se faisait frapper d'une façon incroyable, qui était toujours en train de se relever. Toujours ‘bouncing back’. Je trouve que c’est une bonne illustration de ce que c'est la résilience, justement, malgré les ‘hits’, malgré les frappes que la vie nous amène, un enfant malade, une épouse qui nous laisse, ou un conjoint qui nous laisse. Ça fait mal. C’est difficile. Et la résilience spirituelle, ça nous amène à être capable de rebondir, puis même d'être une meilleure personne. Et les aumôniers sont là justement pour accompagner nos membres dans cette dynamique-là.
Lieutenant Adam Orton : Je trouve ça intéressant particulièrement. Vous avez parlé de déploiement, parce que lors de mon déploiement, je pense, d'une perspective spirituelle, comment j'ai vraiment développé, mais j'ai certainement vu d'autres personnes développer dans toutes sortes de directions. Il y avait des gens qui étaient vraiment spirituels, comme concentrés sur leur religion. Il y a des gens qui étaient peut-être un petit peu moins religieux à la fin. Mais certainement il y avait aussi des gens qui étaient extrêmement plus religieux ou spirituels. Puis, ils se sont joints ensemble. Notre aumônier, c’était padre Kevin Olive. Il était là, puis il était là pour eux-autres, puis il a joué un gros rôle pendant le déploiement.
Major Richard Bastien : Oui, absolument. Et c'est ce qu'on attend des aumôniers. Et c'est la plus value d’un aumônier parce qu'un aumônier, particulièrement dans l'armée, est rattaché et muté directement à l'unité. Donc, l'unité a son aumônier et ça, ça fait toute la différence parce que, par exemple, on a des aumôniers cliniciens qui travaillent avec les services de santé mentale. Ça fait que, eux, ils sont dans un bureau quelque part. Il faut que tu prennes rendez-vous pour aller les rencontrer. C’est des sessions qui vont durer un certain temps, puis après ça, bon un autre rendez-vous, puis eux vont amener une espèce de rapport clinique, puis il y a une formation spéciale pour ça. Moi, je peux pas faire ça, mais c'est pas mon rôle, nécessairement. Mais mon rôle, c'est d'être avec l'unité. On appelle ça nous-autres notre ‘ministère de présence’ et ça c'est la plus value d’être avec nos gens. On s'entraîne avec eux. On est déployé avec eux. Quand il y a un party à l'unité, on est avec eux. Ça veut pas dire qu’on va faire le party comme eux autres vont faire le party, mais on est là, présent, parce qu'on veut qu'ils nous connaissent, puis on veut les connaître. On connaît la chaîne de commandement. La chaîne de commandement nous connaît, alors il y a une relation de confiance. Une relation de confiance qui se développe. Et dans ce sens-là, on est fier de dire qu'on soutient tous nos membres. On est là pour soutenir tous nos membres militaires, incluant leur famille. Encore une fois, par exemple, si je compare avec mes collègues au niveau médical, bien eux, dans leur protocole, ils ne peuvent pas offrir de service auprès des familles, auprès des non-militaires. Nous, on le fait. Nous on peut le faire. Et peu importe la confession religieusement du membre, peu importe leur pratique ou qu’il ne pratique pas, peu importe leurs croyances, peu importe qu’ils représentent une certaine diversité, nous on accueille tout le monde.
Lieutenant Adam Orton : Vois-tu, justement, en parlant de ça, vous avez fait mention un petit peu de la définition de spiritualité. Mais certainement de qu'est-ce que je comprends, les aumôniers généralement individuellement ont une certaine religion. Avec le développement des différentes religions, on a des sikh, des bouddhistes, etc., comment est-ce que le corps des aumonier gère ces spiritualité-là quand peut-être il y a du personnel limité pour supporter toute cette grande diversité de foi-là?
Major Richard Bastien : Alors, on a trois priorités si on veut dans notre rôle, ok. La première priorité, c’est qu’on doit prendre soin de tous. Comme j’ai mentionné, peu importe qu’ils soient pratiquant ou pas, qu'ils soient de la même religion que nous ou pas, on prend soin de tous. Donc, on plaide en leur faveur auprès de la chaîne de commandement, et on facilite l'exercice de pratique religieuse s'ils ne sont pas de la même dénomination que nous. Alors si ils sont de la même dénomination que nous, bien là c'est facile, on peut exercer, comme on dit, le ministère auprès des nôtres. Donc, aumônier catholique avec aumônier catholique, aumônier protestant avec aumônier protestant. Aussi des imams qui représentent donc la foi musulmane. On a des rabbins qui représentent la foi juive. Et on est en processus aussi d’essayer de recruter des aumôniers, des leaders religieux qui représentaient d’autres groupes de foi comme bouddhistes, sikhs, etc. C’est un défi, parce que, je pourrai le mentionner un peu plus tard, mais il y a des critères bien spécifiques aussi pour devenir aumônier dans les Forces armées canadiennes, parce que aussi on est des officiers. Alors, il faut aussi rencontrer aussi des critères a ce niveau-là, qui n’est pas nécessairement le cas pour tout ceux qui voudraient appliquer pour devenir aumônier. Alors, on s'adresse à tout le monde. Et lorsqu'on ne peut pas leur donner le service religieux qu’ils ont droit, bien on va les référer simplement soit à un collègue qui pourrait le faire, ou à un leader ou représentant religieux local. Bien souvent, ils le connaissent eux-même de toute façon. Mais lorsqu’on est déployé, ce n’est pas toujours le cas. Alors quand on est déployé on va faire cette recherche-là justement pour s’assurer qu'on connaît les leaders religieux locaux pour être capable de référer nos membres s' il y a le lieu.
Comme j’ai mentionné, on travaille de près aussi avec la chaîne de commandement. On connaît la chaîne de commandement, alors c’est facile pour nous d’intervenir pour un membre. Et, je dis souvent, combien de fois j’ai des membres qui sont entrés dans mon bureau, et j'avais le goût de leur dire : “My gosh tu aurais dû venir me voir il y a six mois!” On est encore capable encore de travailler avec, mais le dossier a tellement traîné. Des fois, ils sont désabusés, ont perdu confiance envers la chaîne de commandement. Ils n'ont pas de réponses à leurs questions, sont frustrés. Ils ont le goût de quitter les Forces. Et ça fait mal ça. Lorsque des gens quittent les forces, parce qu'ils n'ont pas eu la satisfaction, on n’a pas pris soin d'eux, on a mal pris soin d’eux, bien je sais que la chaîne de commandement est vraiment dédiée pour aider les membres, mais des fois ils ne sont même juste pas au courant, parce que le cas n’a pas été souligné un peu plus haut. Bon des fois, il y a des changements, il y a des mutations surtout l'été là. Combien de fois, lorsqu’on revient de vacances en septembre, les gens nous arrivent, ils sont frustrés parce que la filière est perdue quelque part parce qu’il y a eu un changement de commandement, puis un changement de superviseur. Et c’est frustrant pour les membres. C’est là que l'aumônier, lui, qui a accès à tous les niveaux de la chaîne de commandement, et qui connaît le chaîne de commandement dans son unité, bien lui est capable d’aller poser des bonnes questions à qui de droit, puis de s’assurer que la filière, comme on dit en bon Québécois, ‘tombe pas dans une crack’.
Lieutenant Adam Orton : Oui c’est ça. Je trouve ça vraiment intéressant aussi parce que moi je me rappelle quand j’ai commencé à St-Jean les gens avaient l’attitude un petit peu aussi si vous allez voir l'aumônier c'était comme signe de faiblesse. Parce que, tu sais, on est jeune militaire puis on veut être là, puis on veut être tough, puis, tu sais si il faut que tu parles avec quelqu'un, c’est à cause que t’as une faiblesse personnelle de quelque sortes. On a beaucoup parlé des services puis tout ça, mais qu'est-ce que vous diriez peut-être aux jeunes soldats qui commencent puis qui se disent : “Bien moi je n’ai pas besoin de parler avec personne, puis je vais régler mes propres problèmes, ça va être correct”. Qu'est-ce que vous diriez à une jeune soldat qui est dans cette position-là, que, peut-être, il y a des affaires qu’il faut qu’il travaille dessus, que vois-tu, justement, on veut pas que ça traîne son dossier pendant des mois, et des mois, et des mois?
Major Richard Bastien : Bien, c’est justement le concept maintenant du leadership des Forces armées canadiennes, c’est de, puis on apprend ça même dès le début de nos phases, c’est de pas être isolés, de ne pas s’isoler puis de penser qu’on est capable tout régler par nous-mêmes. C’est plutôt le contraire. On a besoin de nos partenaires. C’est le team building. C’est l’idée de travailler en binôme. On apprend ça dès le début. On travaille en binôme. On a besoin de nos partenaires. Mais nos partenaires-là, ce n'est pas juste les gens qui sont de la même profession que nous. C’est toute la panoplie des services que les Forces armées canadiennes nous offrent. Alors, si je me casse une jambe-là, est-ce que je vais dire : “Ah je suis fort, je vais m’en sortir moi-même. Bien non. On va tout de suite aller voir le médical pour qu’il puisse régler le problème. Pourquoi ce n'est pas le cas lorsque c’est un problème de santé mentale, ou lorsqu’on passe à travers d’une crise? Pourquoi qu’on irait pas voir la bonne personne qui peut justement nous aider puis nous soutenir et nous aider à trouver aussi la bonne ressource parce c’est ce qu’on fait comme aumônier, on est pas le ressource, mais on est capable de trouver la ressource selon le besoin du membre Alors, c’est plutôt l’inverse. Tu es fort quand tu es capable de reconnaître tous les partenaires qui sont là pour travailler avec toi.
Lieutenant Adam Orton : Je vais vous poser une question juste de même qui ne fait pas partie du script mais ça m’a fait penser est-ce que vous pensez qu’il y a des gens qui abusent du système, qui prennent avantage de ça?
Major Richard Bastien : Je veux dire, les gens sont le reflet de la société. Alors d’une façon générale, est ce qu’il y a des gens qui essaient d’abuser du système? La réponse c’est oui, ça existe, ça existe partout à travers le Canada des gens qui essaient d’abuser du système. Moi je veux croire que nos membres, nos militaires sont assez professionnels pour ne pas chercher à abuser du système, mais plutôt de bénéficier du système. Alors plutôt de parler de quelqu'un qui abuse du système, ça c’est relatif ça parce que chacun a son histoire-là, c’est facile de pointer quelqu'un et dire qu'ils abusent du système. Non, pour moi ils bénéficient du système parce que ce n’est pas à moi de décider s’il en a de besoin ou pas. Il y a des professionnels qui font cette analyse-là, puis moi je veux juste faire confiance aux professionnels qui sont capables de dire : “Cette personne-là a besoin du système”. Alors, plutôt que de parler d’abus, on parle de bénéfices, et il y a des gens qui bénéficient du système, mais tout le monde peut bénéficier du système.
Lieutenant Adam Orton : C’est là pour ça.
Major Richard Bastien : C’est là pour ça, oui! Et de, mieux en mieux, on le fait.
Lieutenant Adam Orton : Bien c’est certainement, moi je trouve en tous cas, comme si je regarde ma carrière-là, j’ai trouvé le rôle des aumôniers a certainement, comme mon attitude a beaucoup changé envers ça de quelque chose que, à cette heure, comme officier je peux recommander à mes soldats si il y a des problèmes à régler ou une ressource que je peux tomber dessus pas juste pour mes besoins si j’ai besoin de quelque chose, mais pour offrir aux soldats s'il y a des situations qui sont peut-être un petit peu hors de mon contrôle que je ne peux pas facilement régler, mais peut-être quelqu'un d’autre pourrait les aider.
Major Richard Bastien : Oui absolument. Puis ça, ça m’amène justement à parler du programme sentinelle. Il y a plein de gens qui ont entendu parler de ce programme-là en fait qui est beaucoup plus une formation ou un training. Alors, c’est quoi le programme sentinelle? C’est un groupe de personnes qui sont des non-spécialistes, on va les appeler comme ça, mais qui sont formés, supervisés, dont le mandat consiste à améliorer des contacts humains au quotidien. Un peu, comme tu disais, grâce à un ensemble de comportements puis d’attitudes pour le bien-être de leurs pairs. Dans le fond, ce qu’on dit en anglais, le ‘buddy system’. Il y a rien mieux qu’un pair, p-a-i-r-là : quelqu'un qui est capable de détecter comment ça va.
En Fait l'objectif c’est d' augmenter l'écoute active parmi les collègues afin qu’ils soient capables de justement détecter des signes, des symptômes de détresse, d’offrir un soutien, ou de référer. Alors quand on forme des sentinelles, ils ne deviennent pas les spécialistes, ils ne deviennent pas un aumônier, mais il devient un peu comme un commandant avait dit : “Des détecteurs de fumée”, tu sais, un ‘smoke detector’-là? Un détecteur de fumée qui fait juste te dire : “Oups! Il y a peut-être un incendie-là qui s'en vient”. Alors, on forme les gens assez, puis ce n’est pas une longue formation, une demi-journée-là, on les forme pendant une demi-journée avec des spécialistes aussi qui viennent simplement pour qu'ils soient habiletés à dire : “Ah! Tu sais-là, il y a peut-être de quoi à investiguer”, d’offrir de l’aide. Et ces gens-là peuvent être identifiés, maintenant on a un insigne-là, une patch-là pour les sentinelles. C’est une formation qui est reconnue à travers le programme My T. Et, c’est tellement bien reçu, parce que les gens ont besoin parfois de ventiler puis de se confier, puis comme je l’ai mentionné, ils ne font pas auprès de la chaîne de commandement parce qu’ils sont peur des représailles, puis des fois le padre n’est pas toujours disponible, alors ils peuvent se tourner vers un sentinel ou une sentinelles, et puis de dire : “Hé, faudrait qu’on se jase-là”. Et le sentinel bien, simplement, il ne prendra pas le fardeau, mais ils vont être capable de travailler avec son padre ou travailler avec la chaîne de commandement ou travailler avec les services de santé pour justement aider le monde.
Lieutenant Adam Orton : Oui, je connais quelques gens qui ont même pris l'entraînement, puis ils ont rien que des bonnes choses à dire à propos de ça tu sais, puis ça à servi au moins dans quelques circonstances.
Major Richard Bastien : Bien il y a plein de gens qui me disent : “Ah! Padre, j'aimerais ça être une padre, mais je ne suis pas religieux, tu sais”. Mais ça c’est une occasion justement de s'impliquer un peu plus pour aider nos collègues.
Lieutenant Adam Orton : Puis ça s’applique en dehors du militaire aussi. Comme personnellement, j’ai participé à des interventions où ce que des gens étaient dans des vraiment mauvaises places, puis ils avaient besoin d’aide. Puis, avoir ces connaissances-là ça sert non seulement les soldats, mais aussi les Canadiens en général.
Major Richard Bastien : Oui, oui, dans toute notre vie et dans notre famille aussi-là parce que dans le programme de sentinelle on les forme justement à être capable de détecter certaines détresses et puis on parle justement des symptômes au niveau du suicide. Toutes ces choses-là, tu sais. Alors comme je l’ai mentionné, ça ne fait pas d’eux des spécialistes, mais ils ont assez de connaissances pour être capable d’aider les gens. Là encore, on fait bien attention de ne pas mettre le fardeau. C’est pas 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, tu sais, ils ne deviennent pas sentinelle le soir, les fins de semaine. C’est au travail. C’est avec les collègues que ça se passe.
Lieutenant Adam Orton : Est-ce que vous voulez ajouter d’autres choses avant qu’on finisse ça?
Major Richard Bastien : Bien, écoute, je pense qu’on a couvert pas mal de choses. Je peux peut-être juste mentionner que, bien entendu, lorsqu’on rencontre nos membres, on le fait avec toute la confidentialité que ça demande sauf pour trois raisons, bien entendu, si il y avait une menace pour la vie du membre ou celle des autres, là on est pas, on est tenu de ne pas garder la confidentialité, l'abus d’enfants, ou sur un ordre de la cour. En dehors de ça les gens peuvent aller voir leur padre, puis ils peuvent avoir l'assurance que ce qui va se discuter derrière les portes closes, que ça soit pour le membre ou leur famille, ça va être gardé de façon confidentielle. Et justement de profiter de cette ressource disponible, 24/7, 7 jours sur 7, l'aumônier, lui, est toujours disponible. Il y a toujours un aumônier sur chaque base. Il y a toujours un aumônier en devoir, alors il faut profiter justement de cette ressource et de ne pas s’empêcher d’aller jaser avec l'aumônier, pas juste pour les mauvaises raisons ou les temps difficiles, mais aussi quand ça va bien l'aumônier aime toujours ça jaser avec les gens.
Lieutenant Adam Orton : Comme en ce moment.
Major Richard Bastien : Oui absolument.
Lieutenant Adam Orton : Bon et bien merci beaucoup monsieur. C’est bien apprécié.
Major Richard Bastien : Ça fait plaisir.
Lieutenant Adam Orton : Ca c’était le major Bastien qui nous parle de l’aumônerie. Pour ceux qui écoutent, si vous êtes dans le militaire, n'hésitez pas à parler avec votre chaîne de commandement à propos du programme sentinelle parce que c’est vraiment un bon programme, puis ça vous donne la chance d'être là pour vous amis et vos coéquipiers.
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Donc, parlez avec votre chaîne de commandement, faites des recherches, puis apprenez-en plus à ce sujet-là. Comme d'habitude, n’oubliez pas de vous abonner, vous inscrire au balado, pour nous suivre, et évidemment l'Armée canadienne sur les médias sociaux, Facebook, Instagram, Twitter, et YouTube. Moi je suis le lieutenant Orton, prenez soin de vous.
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