Le balado de l’Armée canadienne

Les PSP, c’est beaucoup plus que vous ne le croyez. Découvrez comment une équipe de scientifiques accompagnée de spécialistes en performance physique et mentale gardent les militaires dans le champ de bataille.

Show Notes

Grâce à l’innovation scientifique, l’équipe de la Recherche et développement de la performance humaine des PSP s’assure que les membres des Forces armées canadiennes demeurent en bonne forme physique et mentale. Patrick Gagnon, le gestionnaire national de l’équipe, explique le fondement scientifique de nombreuses exigences physiques des militaires, y compris l’évaluation FORCE.

Les PSP (Programmes de soutien du personnel) font partie des Services de bien-être et moral des Forces canadiennes (SBMFC), lesquels fournissent des programmes et des services aux membres des FAC, aux vétérans et à leurs familles dans leur communauté et partout au pays. Consultez le site ConnexionFAC.ca pour obtenir de plus amples renseignements.

Bon nombre des idées de l’émission viennent de vous, les auditeurs – n’hésitez pas à nous envoyer vos suggestions ou vos commentaires. De plus, n’hésitez pas à poser des questions au capitaine Orton! Pour communiquer avec nous :
armyconnect-connectionarmee@forces.gc.ca

Voici notre animateur, le capitaine Adam Orton : Biographie | Vidéo

Médias sociaux de l’Armée canadienne :
Facebook | TwitterInstagram | YouTube

Vous pouvez en apprendre davantage au sujet de l’Armée canadienne ici

Consultez le site Forces.ca si vous envisagez une carrière dans l’Armée.

Renseignements sur les droits d’auteur

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par la ministre de la Défense nationale, 2022

What is Le balado de l’Armée canadienne?

Le balado de l’Armée canadienne s’adresse aux soldats de l’Armée canadienne et traite de sujets qui les concernent. Les soldats constituent notre public cible principal, mais les sujets abordés pourraient s’avérer pertinents pour toute personne qui appuie nos soldats ou qui s’intéresse aux enjeux militaires canadiens.

[Musique commence]

Patrick Gagnon : Servir dans les Forces canadiennes ne prend pas un super-héros. Ça prend une personne qui est active, qui est capable de bouger en différents plans sur une durée indéterminée, de faire plusieurs jours d’affilée et d’être capable de manipuler des charges.

[Musique continue]

Capitaine Adam Orton : Salut, ici capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Quand les gens pensent au PSP, ou au Programmes de soutien du personnel, on pense aux gens qui nous aident au gym, qui développent des programmes de santé physique, ou qui nous entraînent lors de notre cours de base. Mais y’a plus de science qui se passe dans le côté de PSP qu’on croit.

Avec moi aujourd’hui, j’ai Patrick Gagnon qui est le gestionnaire national de la cellule de recherche et développement en performance humaine au PSP. Bienvenue au balado!

[Musique termine]

Patrick Gagnon : Merci Adam! Content d’être ici.

Capitaine Adam Orton : Donc, ma première expérience avec votre équipe, c’était lors du développement du test FORCE Combat qui est un test spécifique pour l’Armée. Puis j’ai participé aux essais. J’ai eu la chance de parler avec les gens qui étaient là puis comment ils ont développé le test, puis il y avait beaucoup de science qui se passait, puis c’est à ce point-là que j’ai réalisé que y’a beaucoup plus qui se passe dans l’arrière-plan sur le côté de PSP qu’on croirait peut-être. Parlez-nous un peu de votre équipe, puis qu’est-ce qu’ils font.

Patrick Gagnon : Tout à fait, effectivement. Depuis la création de PSP dans les années ‘90 où on a commencé notre travail sur les bases comme éducateurs physique et comme moniteurs pour les militaires, le travail a évolué. La demande de PSP a évolué, et au fil des années, on a créé une équipe de recherche qui est là pour soutenir le leadership des Forces canadiennes dans l’établissement des normes justifiées de conditionnement physique, mais aussi pour toutes sortes de questions qui sont reliées à la performance humaine. De la prévention des blessures à des cours très spécifiques, les sélections pour les métiers uniques très physiquement demandants. Toutes ces fonctions-là ont ajouté une valeur à ce que PSP apporte aux Forces canadiennes et à notre mandat. Au Canada, on ne peut pas arbitrairement mettre une norme de condition physique et s’attendre à ce que tout le monde la rencontre sans avoir à justifier comment on est arrivé à cette norme-là.

Ce qu’on essaie de faire en général, c’est d’amener des évidences scientifiques pour aider les décideurs militaires à prendre des décisions éclairées sur la performance humaine. Donc, au lieu de se baser sur leurs propres croyances, sur leurs propres expériences en conditionnement physique, ce qu’on essaie de faire, c’est de leurs amener des données, de leur amener de la science et des faits qui sont vérifiables pour qu’on s’assure que les services de formation d’entraînement qu’on donne aux militaires soient basés sur les meilleures pratiques mondiales, les meilleures pratiques scientifiques et d’optimiser la performance de nos soldats.

Capitaine Adam Orton : Donc, j'imagine que vous êtes intégrés avec des unités militaires pour faire une évaluation?

Patrick Gagnon : Dans certains cas, oui. Une partie de mon équipe en fait est intégrée avec les Forces spéciales, mais le reste de mon équipe est attitré à toutes les demandes des Forces canadiennes du cours de recrue, par exemple, ou même avant qu’on rentre comme recrue jusqu'à la sélection des techniciens en recherche et sauvetage que les officiers de protection rapprochée, des plongeurs, démineurs donc tous les cours spécialisés. On offre un éventail de services pour s’assurer que tout ce qu’on impose à nos militaires soit le plus scientifiquement valide possible.

Capitaine Adam Orton : Pour le personnel militaire, tout le monde doit faire l’évaluation FORCE, comment est-ce que vous avez développé cette évaluation-là?

Patrick Gagnon : L’évaluation FORCE est partie d’une analyse de tâches, d’une analyse des médias. De tout ce qui avait été fait par les Forces canadiennes entre 1990 et 2010. On a recensé toutes les opérations dans lesquelles les Forces canadiennes avaient été impliquées autant en sol canadien qu'à l’étranger dans les différents types de missions. Et ensuite, une fois qu’on eu cette information-là, on a été capable d’extraire une liste de tâches, de choses que les militaires canadiens avaient performées et pour en faire, un peu, le tri, on a demandé à des experts de ceux qui planifient les missions et qui contrôlent les missions à l’étranger de venir nous dire : « Lesquelles de ces tâches-là, selon eux, étaient essentielles d’être performées par tous les membres des Forces canadiennes. »

Donc, à partir de ce processus-là, on est arrivé avec environ une vingtaine de tâches. Et, sur ces vingtaines de tâches-là, on est allé faire des groupes de travail spécifiques avec des gens des trois environnements, de l’Armée, l’Aviation et la Marine, des experts dans chacune de ces tâches-là pour qu’ils nous décrivent un scénario opérationnel réaliste qu’on a ensuite mesuré. On est allé, on a pris des membres des Forces canadiennes, on les a instrumentés, on les a mesurés, et à la suite de ce processus-là, pour tous les scénarios qu’on avait, on a été capable de déterminer quels scénarios étaient les plus physiquement demandants. Et on a gardé justement, on a concentré un peu les demandes physiques dans ce qui était le plus demandant pour en faire une simulation de tâches. À la fin, on avait six tâches communes physiquement demandantes et jugées essentielles pour les Forces canadiennes.

Capitaine Adam Orton : Et, c’était quoi les tâches?

Patrick Gagnon : Les six tâches ont été l’extraction d’un blessé d’un véhicule, le transport d’un blessé sur une civière, se mettre à couvert ou se mettre à l’abri avec une course, piocher et creuser, bâtir une clôture de sécurité et ériger une fortification en sacs de sable.

Capitaine Adam Orton : Comment est-ce que ça s’est traduit au test FORCE aujourd’hui?

Patrick Gagnon : Le test FORCE est un prédicteur parce qu’on peut imaginer que ces six tâches-là qui sont des simulations de tâches prennent beaucoup plus d’équipement, beaucoup d’espace, prennent beaucoup plus de temps aussi à réaliser. Donc, on ne pourrait pas tester chaque membre des Forces canadiennes sur une base annuelle avec autant d’équipement, autant de demandes logistiques.

Donc, c’est pour cette raison-là qu’on a développé un test de prédiction. Donc, ce qu’on a fait au départ, c’est, en regardant les six tâches, on avait les groupes musculaires, on avait les systèmes énergétiques, on savait combien de temps ça durait les tâches. Donc on est allé chercher dans la littérature et dans les tests physiques qui sont très connus, très répandus, quels seraient ceux qui pourraient nous amener une meilleure prédiction. On avait une liste qu’on a choisie, et ensuite on s’est posé la question : « Est-ce qu’on pourrait aller un peu plus loin? »

Si on avait encore choisi des redressements assis ou des push-ups, par exemple, les chances sont qu’on aurait encore eu les mêmes problèmes qu'utiliser le poids du corps pour mesurer la condition physique pour des tâches qui sont opérationnelles et fonctionnelles avec des charges externes. On aurait encore eu des problèmes de prédiction entre autres entre les hommes et les femmes parce que ces groupes-là ne performent pas certaines tâches de la même façon physiquement même si on leur demande de faire le même travail.

Donc, j’avais challengé mon équipe de développer des nouvelles idées qui étaient novatrices en utilisant une charge externe. La charge externe qu’on avait choisie, c’était une charge de 20 kg. Parce que dans nos analyses de tâches, on s’est rendu compte que peu importe l’environnement de travail, 20 kg est une charge qui est très très très commune autant dans notre armée que dans d’autres armées du monde. On a pris un peu le pari que de développer des nouvelles types d’évaluation en utilisant une charge externe nous amènerait peut-être à une meilleure prédiction. Et, comme de fait, lorsqu’on a fait la collecte de données dans sept bases différentes à travers le Canada, avec près de sept ou 800 personnes, on s’est rendu compte que les gens qui performent bien dans ces tâches-là avec les sacs de sable performent très bien aussi dans les simulations de tâches. Donc, c’était parfait parce que dans le fond on voulait vraiment changer la nature de notre test pour s’assurer qu’on soit plus précis à déterminer qui est en mesure de servir dans les Forces canadiennes et qui n’est pas en mesure de servir dans les Forces canadiennes.

Capitaine Adam Orton : Dans le fond, quels sont les stages finaux de l’évaluation FORCE. C’est quoi les quatre choses qu’on a à faire?

Patrick Gagnon : Dans toute notre modèle de prédiction, on avait environ, je pense qu’on avait 14 tests différents qu’on avait utilisés pour faire une prédiction et ces quatre de ces tests-là qui sont sortis comme les meilleurs prédicteurs. Les quatre qu’on a gardés à la fin ont été le soulever du sac de sable, donc 30 répétitions de soulever un sac de sable de 20 kg à la hauteur de un mètre, une course précipitée sur 20 mètres aller-retour deux fois pour un total de 80 mètres en changeant la position corporelle. Ensuite, on a la course intermittente avec une charge qui est une alternance entre des allers-retour avec un poids de 20 kg et des allers-retours sans charge. Et finalement, un test de traction d’un blessé ou d’une charge qui simule l’évacuation d’un blessé.

Capitaine Adam Orton : Donc, certainement qu'au début, quand le test est sorti, y’avait des gens qui disaient : « Ah bien, c’est bien trop facile. N’importe qui est capable de faire ça. » Qu’est-ce que vous diriez aux personnes qui ont cette attitude-là?

Patrick Gagnon : En effet, ça a été un commentaire très fréquent. Je disais toujours la même chose : « Servir dans les Forces canadiennes ne prend pas un super-héros. Ça prend une personne qui est active, qui est capable de bouger dans différents plans sur une durée indéterminée, de le faire plusieurs jours d’affilée et d’être capable de manipuler des charges. Parce que dans toutes les armées du monde, la tâche la plus commune, c’est de manipuler des charges.

Donc, la norme minimale pour servir dans les Forces canadiennes n’a pas besoin d’être très élevée. On a juste besoin d’avoir du monde qui sont capable de faire le travail et sur une base régulière. Par contre, ceux et celles qui se plaignent que la norme est trop faible, je vais les challenger pour donner leur meilleur effort sur chacun des éléments du test FORCE, et vous allez vous rendre compte que ce test-là est particulièrement exigeant.

Capitaine Adam Orton : Donc, vraiment là c’est, si vous vous mettez à l’épreuve c’est sûr que ce sera pas facile.

Patrick Gagnon : Exactement!

Capitaine Adam Orton : Quels autres programmes vous faites particulièrement pour l’Armée?

Patrick Gagnon : On a fait des projets de prévention de blessures, par exemple. Donc on a un projet où on a travaillé avec le cours d’éclaireurs-patrouilleurs et un cours qui était particulièrement difficile au niveau de la condition physique où la prévalence de blessures était très élevée. Donc, notre contribution à ce cours-là a été d'envoyer une équipe de recherche dans toute la durée du cours pour suivre les candidats à chaque jour dans toute leur patrouille pour mesurer non seulement les distances, les charges, les températures, le type de terrain, les blessures ou la venue de blessures, les douleurs musculaires, toutes sortes de variables qui nous permettaient de mieux comprendre la dynamique de ce cours-là.

Une fois que le cours a été terminé, on a produit un rapport. On était capable de mettre sur une charte toute la charge de travail qui était demandée de jour en jour de ces candidats-là. Sans changer la nature du cours, on a proposé des changements dans l’horaire dans la périodisation si on veut de certaines phases d’instruction pour en faire une suite logique peut-être plus logique pour éviter les blessures. Donc, permettre au corps de récupérer d’une séance très difficile sans les faire pendant cinq jours d’affilée par exemple, ce qui a permis de réduire considérablement le taux de blessures dans ce cours-là.

On a aussi eu comme observation que les gens qui arrivaient sur ce cours-là, étaient déja, dans certains cas, déjà blessés. Donc, on a fait l’évaluation des candidats de ces cours-là. Donc, qu’est-ce qu’ils avaient fait dans l’année précédant leur venue à Trenton pour faire le cours d’éclaireurs-patrouilleurs pour se rendre compte que y’avait un chemin qui était peut-être plus propice au succès que ce que les gens faisaient. Donc, d’être capable d’identifier très tôt dans leur processus s’ils allaient appliquer sur ce cours-là. Qu’est-ce qu’il y avait à faire comme cours de carrière ou comme cours technique et comme préparation physique et psychologique aussi pour faire face aux demandes difficiles de ce cours-là.

Donc depuis deux ans, on s’est rendu compte que l’impact ou l’intervention de l’équipe de PSP avec ce cours-là du centre d’instruction avancé de l’Armée canadienne nous a permis d’avoir un meilleur taux de succès.

Maintenant, on a poussé ça encore plus loin. On a un partenariat avec la physiothérapeute locale qui, régulièrement à travers le cours, fait une vérification d’usage pour les blessures et fait une intervention relativement anodine, mais qui fait une différence au bout de la ligne. On a des gens qui passent plus le cours que ce qui était avant.

Capitaine Adam Orton : Donc en développant vos évaluations, puis en suivant les soldats, vous avez regardé comment les soldats bougent, des marches forcées. Puis, c’est sûr que peut-être quelqu’un qui est grand, c’est peut-être plus facile parce qu’ils ont un plus grand pas, mais quelqu’un qui est plus petit peut-être que c’est plus difficile. Qu’est-ce que vous avez découvert dans ce domaine-là par rapport à la performance des gens?

Patrick Gagnon : Mais tout à fait. On peut imaginer qu’une personne de grande stature va avoir une enjambée plus grande qui va couvrir plus de distance dans le même temps. C’est effectivement le cas. Historiquement, dans l’Armée, quand on fait une marche forcée, on met des gens en avant qui eux-autres marquent le pas ou c’est eux-autres qui décident de la cadence. Et dans la plupart des cas, ce sont des hommes, même s’ils sont dans la moyenne canadienne, vont être plus grands que la majorité des femmes. Donc, on se rend compte que lorsque la cadence est imposée par un homme, on va avoir des impacts physiologiques et mécaniques chez des personnes de plus petites statures. Pas nécessairement juste des femmes. Même un homme de 5’2 par exemple aurait le même problème qu’une femme de 5’2. Donc la foulée, on commence à étirer un petit peu la foulée, on diminue l’efficacité mécanique, on se rend compte qu’il y a une prévalence de blessures, une chance de blessures plus élevée au niveau des genoux et au niveau du dos lorsqu’on force une cadence trop élevée. Et non seulement ça, on voit aussi que, au fil du temps, cette cadence qui n'est pas nécessairement adaptée à la personne crée artificiellement une plus grande demande énergétique. Donc on voit que la fréquence cardiaque des gens augmente artificiellement parce que la cadence est trop élevée pour eux. Mais quand on revient à la base de pourquoi on marche, c’est pour se rendre sur un champ de bataille par exemple, ou un point spécifique d’un objectif. Ce n'est pas nécessairement une course. L’idéal, c’est de se rendre là et d’être en pleine possession de ses moyens pour être capable d’intervenir, faire le vrai travail d’un soldat. Donc, la marche pour s’y rendre ne devrait pas casser les gens, ne devrait pas vider leurs réserves énergétiques pour en faire des soldats moins efficaces pour une fois rendu à l’objectif. Donc, ce qu’on s’est rendu compte, c'est qu'on peut réduire la cadence en étant tout aussi opérationnellement efficace. Dans certains cas, même plus.

Capitaine Adam Orton : Oui, puis dans le fond, c’est question d’efficacité comme vous avez dit où ce que si ces gens-là conservent de l’énergie, ils sont plus efficaces à d’autres places puis ça revient à tout le monde, c’est plus gagnant comme ça.

J’ai une question juste de même par exemple, astheure que j’y pense : si on prend un plus petit pas, est-ce que y’a des avantages en termes d’efficacité pour les personnes plus grandes?

Patrick Gagnon : C’est la même chose, effectivement! Si on prend un pas qui n’est pas adapté à notre stature, on va avoir les résultats inverses aussi. On va avoir la même chose pour les gens plus grands. Donc c’est pour ça que avec le test FORCE Combat, on n’est pas allé avec une vitesse prescrite qui était le cas avant, qui était de 5,33 km/heure sur la marche forcée du 13 km. Maintenant, ce qu’on a fait, c’est qu’on a donné un éventail, une espèce de braquette de temps entre 50 et 60 minutes pour compléter le cinq kilomètres qui nous permet d’adapter la cadence à la morphologie de l’individu ou du soldat. Donc, un soldat plus grand, qui a plus de facilité avec sa cadence ou avec sa foulée, va être capable de compléter le cinq kilomètres en 50, 52 minutes. Et une personne de plus petite stature va quand même être capable de compléter cinq kilomètres, mais peut-être en 56 ou 58 minutes. Et ça va encore être acceptable au niveau opérationnel.

Capitaine Adam Orton : Parce que dans le fond, c’est juste exercer la capacité de pouvoir voyager à cette distance-là dans un temps plus ou moins approprié.

Patrick Gagnon : Avec une charge appropriée.

Capitaine Adam Orton : C’est ça! Est-ce que vous avez d’autres projets intéressants que vous travaillez dessus en ce moment?

Patrick Gagnon : C’est sûr que la prévention des blessures est probablement un de nos fers de lance présentement. Depuis la publication de la stratégie ÉQUILIBRE qui repose sur quatre principes ou quatre priorités de base qui sont la condition physique, la nutrition performance, le sommeil et la prévention de blessures. On sait que les Forces canadiennes ont un mandat de reconstitution présentement. Donc, non seulement préserver les gens qu’on a, en attirer des nouveaux, mais aussi ceux qu’on a dans les Forces canadiennes, de ne pas les blesser ou de les ramener au travail le plus vite possible. Donc, nos efforts présentement vont être assez concentrés sur la prévention de blessures et aussi sur la santé des femmes.

Capitaine Adam Orton : Parlez-nous un peu plus de ça.

Patrick Gagnon : La Santé des femmes, c’est un programme qui est une priorité pour le commandement du personnel militaire présentement qui est un investissement majeur qui est conjoint avec les services de santé des Forces canadiennes et qui va vraiment se pencher sur sur la problématique que vivent les femmes au sein des Forces canadiennes et d’autres minorités visibles où on peut intervenir différemment avec certaines populations pour optimiser leur rendement au niveau physique.

Donc, par exemple, est-ce que une fille qui entre dans les Forces canadiennes comme recrue a les mêmes besoins nutritionnels que un homme qui entre ou un jeune homme qui entrent dans les Force canadiennes? Est-ce que la préparation physique est la même? Est-ce que la réponse à une charge externe va être la même pour quelqu’un qui arrive du côté civile par exemple? Est-ce que les femmes qui sont enceintes ont besoin d'une préparation physique différente? Est-ce qu’elles ont besoin d’une nutrition différente? Absolument!

Même chose lorsqu’on revient d’un congé de maternité. Les femmes des Forces canadiennes qui servent au sein des Forces canadiennes, on s’attend d’elles qu’elles soient capables de rencontrer les normes de condition physique à leur retour, mais comment peut-on faire pour mieux les accompagner? Mieux les aider pour éviter de créer des blessures ou un stress un peu artificiel qu’elles ne devraient pas avoir à subir parce qu’elles ont eu un enfant.

Même chose au niveau des femmes qui sont plus avancées dans leur carrière et qui commencent à avoir des symptômes de ménopause par exemple. Est-ce qu’il y a des besoins en termes de préparation physique ou de maintien de la condition physique qui sont différentes de lorsqu’elles étaient recrues ou au début de leur carrière par exemple?

Donc c’est toutes des problématiques sur lesquelles on veut mettre l’emphase autant au niveau de la recherche que de l’intervention en programmation sur les bases.

Capitaine Adam Orton : Vous avez fait mention au début que vous êtes impliqués un petit peu dans des processus de sélection. Pourquoi est-ce que votre cellule a été impliquée dans le processus de sélection?

Patrick Gagnon : Mais, en fait, c’est une évolution qui vient des Forces spéciales dans les années ‘90, début 2000 où les processus de sélection se sont raffinés. Donc, on n’était plus dans une espèce de test d’endurance ou de ‘gut check’ comme on dit en anglais. On voulait s’appuyer sur des principes scientifiques qui nous permettaient de faire une sélection plus éclairée du personnel pour des postes où la formation était très coûteuse.

Donc, on peut penser que, justement, un pilote ou un opérateur de Forces spéciales ou un technicien en recherche et sauvetage va nous coûter une somme assez élevée à former au cours d’un an, deux ans, trois ans. On veut s’assurer que les gens qu’on envoie à la formation, vont être les gens qui vont aussi avoir du succès dans ce métier-là.

Donc un processus de sélection qui est basé sur la science, ça intègre tout ce qui est psychologie industrielle, qui est fait par un autre groupe des Forces canadiennes, et aussi la condition physique où on mélange un peu nos approches pour s’assurer qu’on fait passer à chaque candidat, une batterie de tests ou de scénarios dans lequel ça nous permet d’évaluer pas juste leurs compétences physiques, mais comment la condition physique a une influence sur leurs compétences cognitives, mais aussi sur leur comportement, donc en groupes ou individuels; leurs prises de décision, leurs style de leadership, etc.

Donc on a des processus de sélection qui ont été dessinés ou inventés de toutes pièces pour sélectionner par exemple les opérateurs de protection rapprochée avec la police militaire, mais y’a beaucoup de gens de l’Armée qui ont appliqué sur cette spécialité-là il y a quelques années. Donc, ça c’est un exemple où l’analyse de tâches qu’on a faite sur le terrain, personnellement j’ai passé des mois en formation avec la protection rapprochée pour vraiment comprendre l’essence de leur métier et ce que ça prenait pour être un bon opérateur.

Donc ensuite à créer un test, créer une batterie de sélection pour prendre les bons individus, on s’assure que notre investissement porte fruit au bout de la ligne. Donc les gens qu’on envoie à la formation vont aussi avoir un taux de succès très élevé. Donc on doit s’assurer que les gens qui sont intéressés par nos spécialités, qu’on ne perde pas leur temps et on ne perd pas notre temps. On sélectionne les bonnes personnes pour les bons métiers qui sont particulièrement au sommet des Forces canadiennes au niveau des demandes physiques et cognitives.

Capitaine Adam Orton : Donc, on a beaucoup parlé de l’entraînement physique, puis des analyses du côté physique. Qu’est-ce que vous faites sur le côté mental?

Patrick Gagnon : C’est sûr que, dans notre approche de science, on sait qu’on ne peut pas séparer le physique du psychologique. Souvent, ces deux-là vont de pair. Donc, on a commencé avec les Forces spéciales à investir dans des compétences en performance psychologique ou en performance mentale si on veut. On a des intervenants avec nos Forces spéciales qui travaillent sur de la formation, des techniques d’entraînement qui préparent les opérateurs et les soldats à mieux faire face à leur stresseur ou aux demandes de leur métier.

Encore là, avec les Forces spéciales, on va travailler les choses la respiration tactique, la visualisation, le recentrage, donc être capable de faire un peu de biofeedback et de comprendre ce qui se passe à l’intérieur de son corps et d’avoir un meilleur contrôle sur sa physiologie qui va avoir un impact sur la précision de son tir par exemple ou la prise de décision lorsque la fréquence cardiaque est à très très haut niveau.

Donc c’est des choses qu’on commence à expérimenter depuis quelques années avec les Forces spéciales et qu’on est en train de transposer maintenant avec les Forces conventionnelles.

L’Aviation royale canadienne a investi selon ce qu’on avait trouvé avec les Forces spéciales, ont maintenant investi dans une ressource similaire à Moose Jaw avec les candidats au cours des pilotages où les taux d’échecs parfois étaient un petit peu élevés, on a pu appliquer les mêmes techniques, mais dans un contexte un peu différent pour améliorer les résultats des candidats à ce cours-là.

Capitaine Adam Orton : Puis à tous ceux et celles qui nous écoutent en ce moment puis qui auraient peut-être intérêt à s’impliquer plus proche avec PSP, qu’est-ce que vous leur diriez?

Patrick Gagnon : Essayez-nous! Dans certains cas, à travers le Canada, l’utilisation ou la confiance qu’on porte à notre personnel PSP sur les bases n'est pas égale partout. On se rend compte qu’il y a certaines bases où le personnel PSP est directement intégré dans les unités et ça porte fruit et y’a des résultats très intéressants où le PSP est intégré même dans les exercices, sans les déploiements, dans les cours spécialisés. On a envoyé du PSP en Amérique centrale, en Amérique du sud pour faire les cours de jungle. Par exemple, avec le 22e Régiment.

Donc, je vous dirais d’essayer le PSP. Moi, je vous dirais : « Amenez-les! » Vous allez voir que vous allez avoir des résultats probants sur votre taux de blessures et votre performance physique au bout de la ligne.

[Musique commence]

Capitaine Adam Orton : Essayez-les! [Rire]

Bien, merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous parler.

Patrick Gagnon : Ça me fait plaisir!

Capitaine Adam Orton : Ça c’était Patrick Gagnon qui est le gestionnaire national pour la cellule de recherche et développement en performance humaine au PSP. Si vous êtes intéressés à en savoir plus sur qu’est-ce que PSP fait, vous pouvez visiter leur site Web sur connexion fac point ca. Les détails de l’adresse sont dans nos notes de balado.

Moi, je suis capitaine Adam Orton, prenez soin de vous!

[Musique termine]