Marguerite : la traversée

Marguerite Duplessis a marqué l’histoire en ayant recours à la justice pour faire reconnaître sa liberté. Alors pourquoi le nom de Marguerite Duplessis est-il inconnu de tous? L’artiste Émilie Monnet s’entretient avec des historien·ne·s et des activistes, qui lui en apprennent davantage.

Show Notes

Lors d’une visite touristique du Montréal autochtone, Émilie entend pour la première fois le nom de Marguerite Duplessis. Au coin des rues St-Sulpice et St-Paul, elle écoute l’histoire de cette jeune femme, qui, en 1740, est la première esclave et la première Autochtone à avoir recours à la justice pour faire reconnaître sa liberté. Alors pourquoi le nom de Marguerite Duplessis est-il inconnu de tous? À la suite de cette découverte, Émilie n’a de cesse d’en apprendre plus sur l’histoire de Marguerite Duplessis. Son enquête la mène à la rencontre d’historien·ne·s, de spécialistes, d’activistes, qui lui en apprennent davantage sur l’histoire occultée de l’esclavage en Nouvelle-France et plus particulièrement celle de l’esclavage des Autochtones.

Dans ce premier épisode, Émilie rencontre l’historien américain Brett Rushforth, l’avocate métis et spécialiste en droit autochtone, Signa Dawn Shanks, l’artiste et historien Aly Ndiaye (alias Webster), l’historienne québécoise Dominique Deslandres et l’historien wendat Médérik Sioui.

Conception, texte et narration: Émilie Monnet
Musique: Laura Ortman et Alexis Elina
Narration homme: Mani Soleymanlou
Réalisation sonore: Julien Morissette
Visuel: Simon Guibord
Montage et mixage: François Larivière
Prise de son supplémentaire: Simon Riverin, Greg Hill
Assistance à la scénarisation: Letícia Tórgo
Production: Letícia Tórgo et Stéphanie Laurin
Direction administrative: Gestion Dumont St-Pierre

Marguerite : la traversée est un projet de Productions Onishka et Transistor Média.

Un merci tout spécial à Marilou Craft pour son regard éclairé.

What is Marguerite : la traversée?

Marguerite Duplessis est une héroïne oubliée. Pourtant, elle fut la première esclave autochtone à avoir lutté juridiquement pour obtenir sa liberté. Marguerite: la traversée incarne la quête d’Émilie Monnet pour connaître la vie de Marguerite, sur l’histoire occultée de l’esclavage en Nouvelle-France et sur les résonances que l’on retrouve encore aujourd’hui.

POÈME
Il y a des histoires occultées comme des traversées sur les eaux tumultueuses de la mémoire.
Il y a les traces indélébiles des combats et dont la mémoire perdure à travers les temps
Il y a le fleuve qui chante et la glace qui craque lorsque les récits reprennent vie

(MUSIQUE)

ÉMILIE MONNET
La première fois qu’on me parle de Marguerite Duplessis, c’est dans le cadre d’un tour guidé sur l’Histoire autochtrone de Montréal. Nous sommes sur la rue St-Paul coin St-Sulpice dans le Vieux Montréal. À l’endroit même où Marguerite a habité une bonne partie de sa vie au 18e siècle. La guide nous raconte son procès, du jamais vu à l’époque. C’est la première fois qu’une personne mise en esclavage a recours à la Justice pour faire reconnaître sa liberté. C’est la première personne autochtone à entamer des démarches juridiques aussi. Marguerite a environ 22 ans au moment de son procès. J’en reviens pas de n’avoir jamais entendu parler d’elle. Le choc de ma rencontre avec son histoire a ouvert comme un estuaire de questions et surtout le désir d’en savoir plus à son sujet.

BRETT RUSHFORTH
I remember getting a copy of the court transcript when she first sued for her freedom in October of 1740. And as I read it, I was first very confused because the legal advocate who put forward her case, he claimed about five different, incompatible truths. So, first, he claimed she was the illegitimate daughter of Duplessis. Then he claimed, yes, she was a slave, but she should be free because she's a Catholic and acknowledges the king of France as her sovereign and on and on all these different theories. And I think his idea was: “I'm going to throw all these theories and see which one sticks”. But at that time I was just absolutely baffled about, you know, what her real story was and so it just became a process of trying to dig deeper and deeper.

ÉMILIE MONNET
Brett Rushforth est un historien basé en Oregon, spécialiste de l’esclavage en Nouvelle-France. Son livre Bonds of Alliance décortique les structures de l’esclavage telles que mises en place par les Français en Amérique. Ses écrits accompagnent mes recherches au sujet de Marguerite.

ÉMILIE MONNET [terrain]
So, why is Marguerite’s story so important.. in your eyes?

BRETT RUSHFORTH
She's one of the very few people that we can see the full range of her life's experience. Marguerite has one of the most complete transcripts of her experience from the time that she became an enslaved person to the French until the time when she is sent to Martinique, you know, in 1741. She tries to claim that the whole system of slavery in New France is illegitimate, it's illegal and it's immoral. And so someone in that position who is in such a vulnerable state, whose life is literally in the hands of others. You know, she can be beaten and it's legal. She can be assaulted and it's legal. She can be shipped off to a tropical island and it's legal. So she's saying that that legal system is not legitimate on many, many grounds.

SIGNA DAWN SHANKS
I wanted to backdate legal activism. I wanted to go back as far as I could to find a moment where, where, someone is taking on the colonial and colonizing system. That’s Marguerite too.

ÉMILIE MONNET
J’ai rencontré Signa Dawn Shanks, une avocate Métis et spécialiste en droit autochtone, qui a également écrit sur le procès de Marguerite. Ce document, c’est la trace la plus ancienne d’une personne autochtone ayant contesté le système de justice. Le point de vue de Signa en tant que juriste autochtone est précieux dans mes réflexions.

SIGNA DAWN SHANKS
Trying to find moments of resilience in Indigenous histories, I think it's so recharging for all of us now, when we think of moments that are really, really hard. You know, so to find ways that indigenous peoples have been standing up to such sort of formidable, imposing, dominant poisoning systems, I got so much joy out of that as well too, to be able to say that the first... if I was going to put it in this terms, the first Indigenous person to go into a colonial court was a woman. And she was a person using the rule of law that was not from her system to say : this shouldn't be happening. And that's what's so wonderful about Marguerite’s story is to... is to say : well, we have so much to learn about her indigeneity. Slavery is an Indigenous story too.

BRETT RUSHFORTH
One thing that people often forget in telling the story of slavery in Canada is that nearly all of the enslaved people in New France were First Nations people. Up until about the 1750s or 1760s. And during Marguerite's life, something like 90 percent of enslaved people, if not more, were from Indigenous Nations. And so, her experience as an indigenous enslaved person was not unusual in Montreal at all. But, in fact, Marguerite’s experience was far more common and representative of most enslaved people's experiences. You know, she was captured in North America, she was transferred through this system of alliances as gifts and purchases, and then she lived as a domestic captive in urban households. And that experience was the norm for the vast majority of enslaved people.

ÉMILIE MONNET
Figure emblématique de l’esclavage à Montréal, l’histoire de Marie-Joseph Angélique m’était déjà familière. C’est à elle qu’on fait le plus souvent référence quand on aborde l’histoire de l’esclavage au Québec. En 1734, on accuse Angélique d’avoir mis le feu à Montréal et on la pend sur la place publique avant de jeter ses cendres dans le fleuve. Marguerite habitait dans la maison adjacente à celle d’Angélique, elles se sont sûrement cotoyées. Aly Ndiaye alias Webster, est un artiste hip-hop et une référence sur l’histoire des personnes noires au Québec et en Amérique française. C’est grâce à lui si une plaque commémorant l’existence d’Olivier Le Jeune a été installée dans la cour du Séminaire de Québec récemment.

WEBSTER
Olivier Lejeune arrive ici en 1629, premier esclave africain qui arrive un jeune enfant, environ 10 ans. Et, qu’on a pas le choix que de l’appeler Olivier Lejeune parce qu’on ne connaît pas c’est quoi son vrai nom. C’est très certainement pas son nom malgache, parce qu’il venait de Madagascar. Et donc, c’est son nom d’esclave, c’est son nom de baptême. Et, d’ailleurs, la plupart des esclaves qui vont arriver ici, on va leur donner d’autres noms, qu’ils soient autochtones ou noirs. Par la suite, donc, à travers les années 1600, les esclaves qui vont rentrer sur le territoire sont des esclaves autochtones. Et c'est avec l'arrivée du régime britannique qu'il y aura plus d'esclaves afro-descendants ou, et africains du moins, qui vont entrer sur le territoire. L’image que les gens ont de l’eclavage est une esclavage des personnes africaines, afro-descendantes, donc c’est toujours l’élément «champ de coton». Le Sud des États Unis, le champ de coton, mais on oublie toute la dimension des personnes autochtones qui ont été réduites en esclavage.

BRETT RUSHFORTH
New France was not a profitable colony. The French kingdom was spending a lot of money on, you know, officers and military protection, and, you know, on and on. But they were not making much money. So they had in mind that as they looked at other French colonies, they wanted to find a model for what they could become that would allow them to be profitable. And the one that came to mind was Martinique. Martinique in the late 17th century and the early 18th century became the world's top sugar producer. There was massive profit to be made. And so in New France, there was an idea that if we could just get that up here, we can make this colony profitable in a way that it hasn't been. But, so they started trying experiments. They would, you know, enslave Indigenous people on hemp farms where they would try to grow hemp to make rope for the Navy. And all of the efforts to try to make it profitable along the lines of the Caribbean failed. Partly because, you know, Quebec has a very short growing season. So, it's not like a tropical island where you can have a highly profitable staple crops. So, instead what it becomes is mostly domestic slave system. So, by the time you get to about the 1720s and 30s, you know, the two decades that we know Marguerite was enslaved by the French, there was a fairly established pattern of, you know, mostly domestic slavery. Most of the slaves were in Montreal, Trois Rivières and Quebec.

ÉMILIE MONNET
L’historienne québecoise Dominique Deslandres s’intéresse aux femmes de Montréal au moment de l’occupation du territoire par les Français. Elle est fascinée par les archives judiciaires qui font apparaître une nouvelle facette de la vie à Montréal et des relations sociales qui s'y déploient. Dans les archives, on retrouve justement plusieurs documents qui confirment que l’esclavage est une pratique courante en Nouvelle-France.

ÉMILIE MONNET [terrain]
Est-ce que tu sais combien, combien coûtait un esclave autochtone à l'époque?

DOMINIQUE DESLANDRES
Mais, dans mes... je dirais à peu près 400 livres.

ÉMILIE MONNET [terrain]
Oué, pis, 400 livres ça représentait combien à l'époque?

DOMINIQUE DESLANDRES
Au 18e siècle, il faudrait voir un petit peu la, je pense que 100 livres, un médecin allait faire peut-être 100 livres dans son année, quelque chose comme ça. Donc, c'est quand même beaucoup de, de sous. C'est comme… C’est comme un extra, mais une fois c'est ça, une fois que tu l'as, tu l'as, c'est comme acheter une maison. On a plus d'esclaves autochtones. Moins d'esclaves africains. Pourquoi? Parce que les esclaves africains coûtent très cher, beaucoup plus cher qu'un, un esclave autochtone qui lui, ben, il fait partie des, c'est, c'est, c'est, c'est un Américain là. Il connaît le, t'sais, il survit beaucoup mieux ici, c'est ce qu'on pense, donc, qu'un noir d'Afrique là qui a qui débarque là, qui connaît pas l'hiver et tout ça, donc voilà.

(MUSIQUE)

DOMINIQUE DESLANDRES
Ils ne sont pas en train de servir le café. C'est certain. Ils sont en train de se coltiner les jobs les plus durs, les jobs comme ramer! C'est des gros bateaux, puis tu rames là, puis tu rames pendant des heures, des heures et des heures… C’est un, un régime complètement fou. Ça c'est juste pour ce qui est la traite des fourrures, mais ensuite de ça, pour ce qui est de dessoucher. Dessoucher ces arbres... Ici, c'était la forêt millénaire là, la forêt primaire avec des troncs énormes. J'veux dire, souvent moi, dans mes archives, j'ai “tué par un arbre”, je me dis que non, comment tu fais pour être sûr par un arbre? Ouais mais c'est pas les petits arbres qu'on a aujourd'hui, c'est des arbres là, comme des séquoias là, je veux dire, c'est des grosses,

ÉMILIE MONNET [terrain]
Des chênes…

DOMINIQUE DESLANDRES
Des chênes… mais, il y avait des chênes, il y avait toutes sortes d'arbres.

RESPIRATION MUSICALE

POÉSIE
Il y a les arbres qui racontent les récits millénaires et la mémoire du territoire.
Il y a les troncs des chênes qui deviennent parchemins pour garder les traces du passé.
Il y a le bruissement des feuilles qui rappellent la présence des ancêtres.

ÉMILIE MONNET
Cette forêt majestueuse, c’est sûrement ce que Marguerite a d’abord remarqué quand elle est arrivée ici. Pendant les guerres napoléoniennes, les chênes vont être complètement décimés parce que les Anglais auront besoin de mâts pour leurs bateaux de guerre. En 1960, la publication du livre L’Esclavage au Canada français provoque un scandale dans le milieu universitaire et religieux. Plusieurs s’opposent à reconnaître la pratique de l’esclavage ici. L’auteur du livre, Marcel Trudel, est un précurseur qui permettra à ce pan de notre histoire de remonter à la surface. L’historien a aussi publié Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français. Ce livre montre à quel point nos ancêtres québécois ont été partie prenante de ce système.

WEBSTER
Marcel Trudel a répertorié 4 185 esclaves. Beaucoup d’historiens utilisent ce peu de nombre pour banaliser l’esclavage ici. Donc, je dis même des historiens de, de… qui sont encore vivants aujourd’hui qui nous disent “Ah oui, non, mais c’était des membres de la famille. Ils se sont traités comme des membres de la famille et c’était comme une adoption, si on veut. C’est l’esclavage light.” Mais la seule raison pour laquelle l'esclavage ici n'est pas un esclavage économique, c'est une question climatique. Il fait trop froid pour avoir des plantations de canne à sucre. Il fait trop froid pour avoir, pour avoir, des rizières, pour faire pousser le riz. Il fait trop froid pour avoir des, des, des plantations de cacao, de café, de coton, d'indigo. C'est la seule raison. Ce n'est pas parce que nos ancêtres étaient meilleurs! Mais je trouve que c’est une méconnaissance de cette pratique qu’est l’esclavage et c’est une banalisation dangeureuse parce qu’on banalise tout le côté psychologique de l’esclavage. Dans les documents, on comprend que les sévices sexuels avaient la part belle dans notre histoire et comme on dit toujours, y'a pas de consentement en esclavage. Cette domination, cette dynamique de pouvoir fait qu’il n’y a pas de consentement pour la femme, c’est à dire qu’elle a le choix, soit d’accepter ou d’être forcée.

BRETT RUSHFORTH
There is no doubt that sexual assaults and rape were part of any slave system and there have been a lot of people in Quebec who didn't want to admit that, right? So even Marcel Trudel, who was a pioneer in uncovering this history of slavery in Quebec, he wanted to treat it as something that was nice. He even calls it familial. You know, it's like they're living in the household. They're taught the Catholic religion. They’re… Even if they don't, you know, have everything, they're still not violently abused. And there's a lot of evidence to suggest that that's just not true. That's one of the real horrors of slavery, that whether you're on a plantation in Martinique or, you know, on Rue Saint-Paul in Montreal, that danger was still there for enslaved women.

ÉMILIE MONNET [terrain]
L'histoire de l'esclavage...C'est une histoire vraiment méconnue, hein?

DOMINIQUE DESLANDRES
Méconnue et surtout tabou.

ÉMILIE MONNET [terrain]
Pourquoi?

DOMINIQUE DESLANDRES
Pourquoi? Parce que ça vient à l'encontre... un petit peu comme la colonisation, les Français d'Amérique étaient des colons, ça c'est sûr, était sujet d'un roi qui était impérialiste, ça c'est évident. Nous, on ne peut pas avoir ce, ce passé là d'esclavagiste mais...C’est juste faux! Parce qu’on a cette mentalité, une sorte de roman… c’est ça… moi j'appelle ça le roman national qui veut que c'est la terre de la liberté. Les philosophes au 18e et tout ça, mais, allô! Les philosophes, dont Voltaire avait des parts dans des, dans des navires négriers. C'est comme si, on voulait pas regarder un passé qui est sombre.

ÉMILIE MONNET
En 2004, une nouvelle édition du livre de Marcel Trudel sort, mais avec un nouveau titre : Deux siècles d’esclavage au Québec. On tente de rectifier certains aspects racistes qui étaient contenus dans la première édition.

MANI SOLEYMANLOU [LECTURE]
L’esclavage au Canada français prend fin à un moment qu’il est impossible de préciser : nous constatons simplement que le dix-neuvième siècle n’a pas prolongé la servitude des noirs et des sauvages. En Amérique, cependant, il y avait un autre gibier pour les marchands d’esclaves : les sauvages. Même chez les sauvages domiciliés, c’est-à-dire chez ceux qui vivent en villages dans la vallée du Saint-Laurent, on gardait des sauvages en servitude.

ÉMILIE MONNET
Les perspectives autochtones manquent à l’interprétation de l’Histoire et le plus souvent, elles sont même difficiles d’accès. L’historien Wendat Médérik Sioui rappelle le contexte de la Nouvelle-France à ce moment-là. En 1701, la Grande Paix de Montréal est signée en face du fleuve, ce qui met fin aux guerres intermittentes du XVIIe siècle. Cet événement marque un tournant dans les relations franco-autochtones.

MEDERIK SIOUI
Cette paix-là va permettre aux Français d’explorer et d'exploiter et d'occuper le territoire de façon beaucoup plus importante. Ces explorations-là vont renforcer la présence sur le territoire des Français parce que avant 1701 c'était, c'était, c'était très minime là comme… Il y avait quelques établissements le long du Saint-Laurent. Donc, les premières nations perdent au change beaucoup. Une des nations qui n'est pas signataire de la Grande Paix ce sont les Renards. Et, après, il va avoir une guerre importante, très importante, voire même une extermination au sens etnique des Renards par les Français. Dans les archives, même dans la tradition orale, on sait très bien que le sort qui a été réservé aux Renards par les Français ça a donné des hauts-le-cœur au plus fervents alliés des Français. Il y en a qui ont même décidé d'arrêter depuis les Français à certain moment. Parce que ça a été vraiment là une extermination ethnique des Renards là. Ils sont passés de quelques milliers, à quelques dizaines, voire à quelques centaines puis t’sais c’est pas les maladies, c'est vraiment les effets des expéditions répressives et punitives via les Renards.

(MUSIQUE)

MEDERIK SIOUI
On a une, je dirais, une vision romancée et héroïque des relations entre la Nouvelle-France, ou au temps de la Nouvelle-France, avec les différentes Premières Nations. Donc, on se rappelle des alliances, on se rappelle des guerres qui ont été menées parfois côte-à-côte mais on souligne très très très rarement voire jamais les aspects plus délicats et moins glorieux de l'histoire de la Nouvelle-France. Moi, un des combats que je mène le plus c’est de faire comprendre aux gens que les Français n'étaient pas plus gentils que les Britanniques et vice-versa. Les Britanniques n'étaient pas vraiment plus méchants là. C'était beaucoup plutôt une question d'intérêt à un endroit particulier. Sans les Premières nations, ils seraient disparu avant de tourner au XVIIIe siècle.

ÉMILIE MONNET
Lorsqu’en 1760 la Nouvelle-France passe aux mains des Anglais, une des clauses du traité stipule que les colons français ont le droit de garder leurs esclaves. Ces hommes, ces femmes et ces enfants qui sont placés sous leur servitude ne leur seront pas retirés par les Anglais. L'esclavage au Canada est aboli le 28 août 1833.

WEBSTER
​​Je pense qu'il faut utiliser les bons mots, c'est-à-dire que cette histoire là a été effacée carrément de notre histoire. Cette histoire de l'esclavage, cette histoire de la présence noire complètement été effacée au profit de la trame narrative qu'on connaît encore aujourd'hui. Quand on parle de l'histoire du Québec, c'est cette histoire dite canadienne française. Quand on parle de l'histoire du Canada, de cette histoire dite anglo-saxonne, donc quand on parle de ce mythe fondateur des deux peuples qui est totalement faux. On en convient. Mais je pense que, en histoire, on est encore subordonné à ces deux visions-là et tout le reste a été effacé.

ÉMILIE MONNET
C’est la ténacité de son combat pour obtenir justice qui fait de Marguerite une héroïne. Le système en place n’était pas conçu pour la protéger, bien au contraire. Et malgré toutes les improbabilités qu’elle puisse faire reconnaître sa liberté, elle s’est battue jusqu'au bout. Marguerite est un modèle de force et de résilience.

SIGNA DAWN SHANKS
That theme of resilience is so much a constant with so many stories across North America now. It’s… Having to do it over and over again is where we can notice the resilience and we shouldn't need that kind of resilience. You know, prejudice being so embedded like: her strength was good, but it was even stronger because of all the hurdles. There's so many places that would be places of harm and violence that, that, that, that, making that moment grow into a moment of beauty and, and respect is so important. She deserves me to be where she was to, to say something akin to I love you. And when I learn about you, I get strength. I need to acknowledge your strength.

POÈME
Il y a les pierres qui grondent sous nos pas et qui font remonter les mémoires à la surface.
Il y a le feu qu’on rallume quand on raconte les récits des ancêtres
Il y a les silences qui résonnent et la voix qui vibre jusque dans l’invisible.

ÉMILIE MONNET [GÉNÉRIQUE COURT]
Marguerite : la traversée est un projet de Productions Onishka et Transistor Média

Conception, texte et narration : Émilie Monnet
Musique : Laura Ortman
Narration homme : Mani Soleymanlou
Conception sonore : Alexis Elina
Réalisation sonore : Julien Morissette
Visuel : Simon Guibord
Montage et mixage : François Larivière
Prise de son supplémentaire : Simon Riverin, Greg Hill
Assistance à la scénarisation : Letícia Tórgo
Production : Letícia Tórgo et Stéphanie Laurin
Direction administrative : Gestion du Mont Saint-Pierre
Un merci tout spécial à Marilou Craft pour son regard éclairé.
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