Marguerite : la traversée

Émilie Monnet raconte son voyage en Martinique, là où Marguerite fut déportée et a fini sa vie, pour tenter de combler les trous dans son histoire et de savoir ce qui lui est arrivé après son procès. Révéler cette histoire douloureuse partagée peut-elle donner de la force aux communautés concernées?

Show Notes

Dans le quatrième épisode, Émilie Monnet raconte son voyage en Martinique, là où Marguerite fut déportée et a fini sa vie, pour tenter de combler les trous dans son histoire et de savoir ce qui lui est arrivé après son procès. En partant sur les traces de Marguerite, ce sont aussi les liens historiques très forts qui existent entre le Québec et la Martinique qu’elle découvre, notamment en lien avec l’esclavage. Révéler cette histoire douloureuse partagée peut-elle donner de la force aux communautés concernées? Pendant ce voyage en Martinique, Émilie réalise qu’elle ne saura peut-être jamais comment Marguerite a fini sa vie, ni où repose ses ossements, mais que par ses recherches et son épopée à travers le temps, elle souhaite honorer Marguerite Duplessis et son courage, ainsi que toutes les personnes qui ont été arrachées à leur terre pour être mises en esclavage.

Avec les témoignages des historiens Brett Rushforth et Gilbert Pago, du  journaliste et écrivain Serge Bilé, de l’ethno-musicologue martiniquaise Dominique Cyrille et de la psychologue wendat Anik Sioui.

Marguerite : la traversée a été finaliste au Prix Numix dans la catégorie Histoire, culture et sciences en 2022.

Conception, texte et narration: Émilie Monnet
Musique: Laura Ortman et Alexis Elina
Narration homme: Mani Soleymanlou
Réalisation sonore: Julien Morissette
Visuel: Simon Guibord
Montage et mixage: François Larivière
Prise de son supplémentaire: Simon Riverin, Greg Hill
Assistance à la scénarisation: Letícia Tórgo
Production: Letícia Tórgo et Stéphanie Laurin
Direction administrative: Gestion Dumont St-Pierre

Marguerite : la traversée est un projet de Productions Onishka et Transistor Média.
Un merci tout spécial à Marilou Craft pour son regard éclairé.



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What is Marguerite : la traversée?

Marguerite Duplessis est une héroïne oubliée. Pourtant, elle fut la première esclave autochtone à avoir lutté juridiquement pour obtenir sa liberté. Marguerite: la traversée incarne la quête d’Émilie Monnet pour connaître la vie de Marguerite, sur l’histoire occultée de l’esclavage en Nouvelle-France et sur les résonances que l’on retrouve encore aujourd’hui.

Épisode 4

POÈME
Il y a l’eau douce qui rencontre le sel au milieu du fleuve
Il y a le vent qui donne naissance aux vagues et qui chuchote les clés manquantes pour comprendre les silences
Il y a l’océan qui nettoie et guérit les blessures héritées du passé

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
En janvier 2020, je pose pied en Martinique. Tout de suite, c’est le vent chaud qui me saisit. Je pense à Marguerite, à son voyage sur les eaux. Après avoir fouillé les Archives au Québec, je suis déterminée à trouver des indices sur ce qui lui est arrivé. Mais ce que je trouve, ce sont plutôt des traces de ce qui lie le Québec à la Martinique.

BRETT RUSHFORTH
There was a small scale, pretty steady trade in enslaved captives that would come from South America, from Present-day Venezuela. Eventually, there was a legal dispute that was based in the French slave trading companies. So there's a, you know, a company to Senegal and then various versions of its successors. They argued that this indigenous slave trade coming to Martinique was a violation of their monopoly. They said that they were the only ones that had the right to trade slaves. And so, by the early 18th century, it's technically illegal to have enslaved native people in Martinique. But then when Canadians start to go back and forth more between Canada and Martinique and there develops a small but, but important trade in things like, you know, peas and other food items, pork, candles, things like that, that would come from New France to Martinique, enslaved people became part of that trade. And, by the time you get to Marguerite’s experience in 1740, that's the beginning of what is at least several hundred and probably several thousand enslaved people that were sent from Quebec to Martinique. And they were all First Nations people. They were all indigenous captives who had been, you know, who had come through the colony of New France and then were shipped from Quebec to Martinique and Guadeloupe. Most of it happened kind of quietly because technically it was illegal. So it never became especially lucrative, but I think they had the idea that it could have become that way.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
En Martinique, plusieurs noms de rues et murales célèbrent la mémoire d'Aimé Césaire et de Frantz Fanon. Leur héritage intellectuel est visible partout, et il inspire toujours le champ d’étude sur la décolonisation. L’historien Gilbert Pago s’inscrit dans la même lignée de penseurs. Spécialiste d'histoire de la Caraïbe, il a également écrit sur l'histoire des femmes en Martinique et en Guadeloupe. Comme au Québec et dans le reste des Amériques, l’esclavage dans les Caraibes a d’abord visé les populations autochtones. Sur l'île de la Martinique, il s’agit du peuple Kalinago.

GILBERT PAGO
Lorsque les Français décident d'occuper la Martinique et les îles d'à côté, il y a à peu près en Martinique, en 1635, il y a à peu près 2000 Kalinagos qui vivent là. Et les Français qui ont débarqué sont 200. Et puis euh ces premiers colons qui sont arrivés, ben, ils étaient bien reçus par les Kalinagos. Pourquoi? Parce que les Kalinagos détestaient les Espagnols, parce que les Espagnols eux essayaient de mettre en esclavage les Kalinagos. Et les Kalinagos s'opposaient. Et les Français, par conséquent, étant les ennemis des Espagnols, ben, les Kalinagos aimait bien les Français. Et euh... Eux, installés, y se mettent à cultiver, euh le tabac. Il s'appelait ça le pétun. Et puis au bout de quelques années, le pétun a... est entré en faillite en Europe. Ce qui fait qu'ici ils décident de changer de culture et on passe à la canne à sucre et c'est parce que on passe à la canne à sucre que on a besoin d'une main d'œuvre, on peut pas prendre les Kalinagos parce que ils ne... sont pas habitués à faire ce genre de culture, il faut d'autres cultures, donc on fait venir des Noirs africains. Un petit nombre, au début. Et lorsqu'on arrive à 1685, les esclaves sont déjà au nombre de 12 000. Et les Blancs sont au nombre de 5 000. Donc les esclaves sont déjà beaucoup plus nombreux. Et donc en 1685, 50 ans après l'installation, on met en place ce fameux document qu'on appelle le Code Noir.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Le Québec s’inspirera du Code Noir pour légiférer son propre système esclavagiste. En 1709, l’intendant Raudot légalise l’esclavage en Nouvelle-France, reconnaissant ainsi qu’il est déjà pratique courante sur le territoire.
Entre colonisation et esclavage, l’histoire est complexe pour nombre de Martiniquaises et de Martiniquais. Leurs ancêtres ont été arrachés de leurs terres ancestrales d’Afrique pour être asservis sur des territoires dont les premiers peuples ont été eux-mêmes anéantis.

SERGE BILÉ
Lorsque les Français ont décidé d'en finir avec les autochtones, ça a été vraiment une, une chasse à l'homme terrible. Et à un moment donné, donc, les Autochtones se sont retrouvés à un espace qu'on appelle le tombeau des Caraïbes dans lequel ils se sont, comment dire, ils se si sont sacrifiés en disant, «Nous nous rendrons pas aux Français. Nous allons nous, nous préférons mourir tous en groupe.» Ils ont sauté du haut d'une falaise et ils sont tous morts en bas. Donc c'était vraiment une extermination totale, qui fait qu’aujourd’hui la trace des Kalinagos, il en reste très peu. Il y a peu de Martiniquais qui peuvent se dire qu'ils ont des ancêtres Kalinagos qui peuvent se retrouver là-dedans. À travers l'histoire de Marguerite, je pouvais faire le lien entre les autochtones du Canada, les Kalinagos ici dans la Caraïbes, et les Noirs esclaves aussi bien aux Antilles, beaucoup plus nombreux naturellement, et les Noirs esclaves aussi dont au Québec.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Serge Bilé est lui aussi parti sur les traces de Marguerite. Journaliste et écrivain habitant en Martinique, il a écrit plusieurs livres sur des personnages noirs méconnus de l’Histoire. C’est en préparant son roman sur Mathieu Léveillé, un esclave martiniquais déporté à Montréal, qu’il est tombé sur l’histoire de Marguerite. Mathieu Léveillé, c’est le bourreau de Montréal. C’est lui qui a exécuté Marie-Joseph Angélique. Aurait-il parlé à Marguerite des conditions de l’esclavage en Martinique? Les recherches de Serge au sujet de Marguerite s’effectuent parallèlement aux miennes, sans que nous en soyons conscients. On aurait pu se croiser aux Archives à Québec ou à Fort de France.

SERGE BILÉ
Tu sais tout à l'heure tu disais, on s'est jamais vu, mais on a l'impression qu'on est, on est proches. Ben, c'est c'était pareil avec Marguerite. Je me suis dit, mais j'avais l'impression que c'était une histoire qui me parlait. Parce que cette femme, elle me me me parle à moi et elle me dit des choses. C'était important pour moi de pouvoir raconter cette histoire et puis dire aux gens d'ici, l'histoire des des autochtones du Québec c'est notre histoire aussi. Et et et et nous devons nous interpénétrer de ces histoires là, parce que c'est, c'est une chance quelquefois de mêler ensemble nos souffrances pour pouvoir être plus forts. Voilà donc, Marguerite me dit tout ça, que ce que j'ai retrouvé comme force chez les esclaves, les anciens esclaves aux Antilles et plus largement dans la diaspora, j'ai retrouvé cette même force chez les Autochtones et surtout à travers elle.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Aux Archives à Fort de France, je trouve des correspondances de Marc Antoine Huart Dormicourt adressées au Roi. Il se plaint du climat rugueux au Québec et plaide pour ne pas y retourner. Mais je ne trouve aucune information sur ses propriétés ou sur l'existence d’une de ses plantations. Ça aurait pourtant été une piste pour retrouver une trace de Marguerite.

SERGE BILÉ
Émettre des hypothèses, c’est une chose, mais après aussi, il faut déconstruire un certain nombre de choses quand, par exemple, lors du procès ou je ne sais plus à quel moment, Dormicourt, il est dit, pardon, que Dormicourt a des terres en Martinique, des, des plantations en Martinique, qu'il a des esclaves. Quand vous fouillez dans le, ce qu'on appelle le terrier qui est le, qui est le document qui sert à identifier toutes, tous les propriétaires d'habitations à la Martinique, Dormicourt n'en fait pas partie. Donc il se peut aussi que à un moment donné, pendant le procès Dormicourt a menti en disant en disant ou bien que quelqu'un ai menti en disant que Dormicourt a été propriétaire d'esclaves à la Martinique et qu'il avait donc des terres, ce qui n'était pas le cas. Tous ces personnages que ce soit Marguerite, que soit Mathieu Léveillé, que soit d'autres, qui ont souffert d'une façon ou d'une autre mais qui ont montré un courage extrême, je pense qu'ils ne sont pas morts pour rien. Ils sont pas morts pour rien parce que nous avons quelque part repris le flambeau.

(MUSIQUE)

Poème EM
Il y a des récits qui se miroitent et qui permettent de mieux comprendre sa propre destinée
Il y a des traces à jamais perdues et d’autres qui se révèlent comme des bulles d’air qui remontent à la surface
Il y a l’eau qui nous traverse et dont nous sommes toutes et tous faits.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Chez les Anishnaabeg, les femmes ont de nombreuses responsabilités par rapport à l’eau. L’eau est porteuse de mémoire, il faut en prendre soin. C’est une connexion sacrée, une relation basée sur la réciprocité. L’eau joue un rôle important dans toutes nos cérémonies de guérison. Du Mississippi jusqu’en Martinique, le déplacement forcé de Marguerite s’est effectué par l’eau. Je me demande si l’eau a été une source d’apaisement et de force pour elle. Allait-elle parfois se recueillir au bord du fleuve pour régénérer son esprit?

DOMINIQUE CYRILLE
L'eau, c'est l'océan qui a sur lequel beaucoup de, d'ancêtres africains sont arrivés, là d'où les ancêtres africains sont arrivés. Donc, l’eau est vécue de manière un peu spéciale dans certains coins de la Martinique, on évite, on tourne le dos à la mer complètement. L'eau est vécue très différemment parce que justement, c'est par le biais de l'eau que les colons sont arrivés. C'est par le biais de l'eau que les malheurs se sont abattus sur la Martinique.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Dominique Cyrill est une ethno-musicologue martiniquaise spécialiste des musiques et des danses afro-caribéennes. Au moment de notre conversation, elle prépare une exposition sur le bèlè, une importante pratique culturelle en Martinique. À la fois danse, chant, tambour et évènement, Dominique m’explique que le bèlè est l’héritage le plus évident des ancêtres africains et qu’il permet de remonter jusqu’à des origines congolaises.

DOMINIQUE CYRILLE
C'est vrai que pour beaucoup de monde, quand on commence à rechercher euh bah, ses origines on va dans les documents d'archives et pour une grande majorité de Martiniquais, la partie africaine de notre héritage s'arrête, enfin, on peut pas remonter au-delà de 1830, 1820. Parce que les ancêtres africains ne faisaient pas partie de ceux qui étaient recensés, précisément parce qu'il ne comptaient pas. Ils ne comptaient pas comme êtres humains. Pour la partie africaine de nos ancêtres, on ne sait pas, mais c'est là ou les musiques et les danses jouent un rôle absolument intéressant. On ne peut pas retrouver dans l'immense majorité des cas, les parents précis qui était en Afrique. Mais on sait que l'ancêtre africain a probablement vécu dans, dans cette région et que il a probablement connu tel type de musique, enfin, pratiqué tel type de musique ou de danse, etc qui aujourd'hui, donc laissent des traces dans le bèlè. En fait ce sont des musiques qui ont aidé les Martiniquais à se reconstruire, à se, à se dire déjà humains à une époque où on leur niait une, l'humanité tout simplement. Sachant que la Martinique est constituée aujourd'hui d'individus dont les ancêtres ont été transplantés, c'est vraiment très important. Moi, en tant que Martiniquaise, je dis que c'est véritablement à travers la musique et la danse chez nous que l'on peut justement honorer ces ancêtres. Honorer euh oui, honorer leur mémoire et puis les accompagner en fait.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Honorer la mémoire de Marguerite. C’est plutôt devenu ça ma quête. Davantage que de savoir ce qui lui est arrivé une fois son procès perdu. Je dois me résigner au fait que je n’accèderai jamais à son histoire complète.

DOMINIQUE CYRILLE
À la Martinique par exemple, on, on sait, pratiquement partout on va y a certainement on, on marche certainement sur la sépulture d'un esclave, d'une personne qui a été jeté là, et qui a été, au terme de souffrances atroces. Et donc pour tout ça, il faut vraiment, je crois, offrir quelque chose pour que nos ancêtres aillent en paix. On pourra plus jamais leur rendre ce qu'ils leur a été volé mais au moins, que l'on sache quelle, que ces femmes et ces hommes aussi ont existé mais que finalement aujourd'hui on est encore là, qu'on les a pas oubliés. Merci.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
On ne sait pas où se trouvent les ossements de Marguerite. Est-ce qu’ils sont enterrés quelque part sur l’île? Ou est-ce qu’ils gisent au fond de l’eau? Chose certaine, les protocoles de sépulture propres aux origines de Marguerite ont pas été respectés. Anik Sioui est une psychologue Wendat, spécialisée en trauma intergénérationnel et en violence familiale et sexuelle. Elle me parle de l’importance des rites funèbres.

ANIK SIOUI
T'sais, je pense, au peuple wendat nous, les ossements, pour nous, c'était, et c'est encore extrêmement important. Dans les os se trouve une âme, on avait comme un principe ou on on attribuait 2 âmes à l'être humain, l'âme qui donne la vie, puis c'est celle qui est dans les os. Puis l'âme qui donne ben la personnalité, puis là la couleur spéciale de la personne. Puis, nos cimetières c'était extrêmement importants. S'il y avait un feu, un incendie, ce qui arrivait souvent quand même assez souvent dans les maisons longues, ben on courait au cimetière pour protéger le cimetière avant de protéger le village. Ça montre à quel point on vénérait nos ancêtres. Puis, on faisait aussi une cérémonie de la grande fête des morts qui était de, déterrer les ossements de nos ancêtres. C'était probablement la, la fête ou la cérémonie la plus importante qu'on avait dans toute l'année, donc ça montre à quel point. Si les os et l'âme des os ne sont pas honorés, ne sont pas respectés, ne sont pas en paix, bin il y avait un désordre dans dans l'univers, puis il fallait s'assurer de, que ça arrive pas ou de le rétablir. C'est important d'apaiser ou de de prendre soin de nos ancêtres, de prendre soin de, de rétablir un ordre des choses, d'honorer nos ancêtres. Puis quand on sait pas où ils sont, c'est difficile de le faire. Il manque quelque chose, il manque un. Il y a comme une espèce de trou béant de souffrance dans l'invisible. En tout cas moi, c'est comme ça que je le vois puis, c'est un peu comme ça pour Marguerite. Elle est quelque part, peut être en peut être en Martinique, probablement en Martinique. Sans, probablement sans aucune sans aucune inscription, peut être dans une fosse commune. Pis, ses ancêtres, ses descendants, ont perdu…elle a été, perdu trace. Elle a été effacé quelque part de de la mémoire collective, puis de la mémoire, autant de son peuple que, que, que de la mémoire de la population du Canada français ou du Québec.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
On ne peut pas éviter les parallèles entre la fin de vie inconnue de Marguerite et celle de tous ces enfants disparus aux pensionnats autochtones dont les ossements sont déterrés en ce moment. Les vérités qu’on voulait enterrer à tout jamais sont en train de remonter à la surface.

ANIK SIOUI
Pour moi, une partie, peut-être de la guérison, dans ce cas-ci, c'est c'est, c'est la vérité… c'est de, c'est l’éducation, c'est de, c'est de connaître cette histoire, de se, de se souvenir de ce qui s'est passé y'a pas si longtemps de qu'on sache que au Québec y'a eu des centaines et des centaines d'esclaves noirs, d’esclaves autochtones, qui ont été, qui ont été... dont les vies ont été arrachés à leur culture, à leur héritage, à leur famille, à leur communauté, puis de savoir ça puis de connaître un peu la vie de Marguerite, puis de savoir à quel point c'est une femme, une femme forte, une pionnière, une visionnaire qui est qui, qui a été capable d'utiliser un système de justice qui n'était pas le sien dans une culture qui n'était pas la sienne, puis qui, dans une langue qui n'était pas la sienne, puis qui a pu argumenter tout ça. Puis si elle si il y avait eu un tant peu soit de vraie justice… Ben, elle aurait été une femme libre, puis peut être qu'elle aurait créé un précédent.

(MUSIQUE)

ÉMILIE MONNET [terrain]
Moi je la vois un peu comme notre ancêtre activiste aussi, en tout cas une d'entre elles.

ANIK SIOUI
Un modèle en tout cas, à beaucoup d'égards, pour le courage qu'elle a eu de se battre contre un un système qui n'était pas le sien dans une culture qui était pas la sienne. Elle a tout fait, ce qu'elle a pu. Puis c'est un grand, grand, grand modèle. De courage puis de d'intelligence, puis d'ingéniosité.

ÉMILIE MONNET [NARRATION]
Marguerite me permet d’effectuer une traversée à travers le temps et de faire des rencontres inspirantes.
Sa mémoire est bel et bien vivante et son combat continue d’inspirer des femmes et des hommes encore aujourd’hui.
Il y a le bruit des vagues plein les oreilles quand on fait face au soleil
Il y a les îles, comme des morceaux de terre libres qui ne s'appartiennent qu'à elles-mêmes
Il y a les champs qu'on attrape et qui nettoient comme le courant du fleuve
Il y a l'horizon qui disparaît quand le bleu du ciel et le bleu de la mer se mêlent et qu'il n'y a plus de frontières
Il y a cet ailleurs à bout portant comme une promesse de l'étreinte dont sans cesse on rêve
Il y a les silences qui résonnent et la voix qui vibre jusque dans l'invisible
Il y a la poussière de chair à retirer amoureusement des ossements pour raconter la mémoire des ancêtres
Il y a la parole pour dire et pour nommer, et plus que tout pour chanter l'amour des morts, du lichen et de l'odeur de la marée
Ne jamais oublier : les morts aiment nous entendrent chanter

Marguerite : la traversée est un projet de Productions Onishka et Transistor Média
Vous avez entendu les témoignages de Aly Ndiaye, alias Webster, Anik Sioui, Brett Rushforth, Bridget Perrier, Dayna Danger, Dominique Cyrille, Dominique Deslandres, Gilbert Pago, Jacques Viens, Jessica Quijano, Mederik Sioui, Michelle O’Bonsawin, Philippe Néméh-Nombré, Serge Bilé, Signa Daum Shanks et une femme Inuk.

Conception, texte et narration : Émilie Monnet
Musique : Laura Ortman
Narration homme : Mani Soleymanlou
Conception sonore : Alexis Elina
Réalisation sonore : Julien Morissette
Visuel : Simon Guibord
Montage et mixage : François Larivière
Prise de son supplémentaire : Simon Riverin, Greg Hill
Assistance à la scénarisation : Letícia Tórgo
Production : Letícia Tórgo et Stéphanie Laurin
Direction administrative : Gestion du Mont Saint-Pierre
Un merci tout spécial à Marilou Craft pour son regard éclairé.
Pour plus d’informations, onishka.org