Cette série de baladodiffusion s’intéresse à des entreprises d’économie sociale de l’Outaouais et les Laurentides. L’objectif est de donner la parole à ces organisations afin de nous permettre de découvrir leurs activités, leur réalité et les enjeux auxquelles elles font face. Dans le cadre de la série, vous aurez la chance d'entendre le récit de huit entreprises d'économie sociale en plus de celui de la Coopérative de développement régional Outaouais-Laurentides et de la ville de Gatineau.
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Cette série de baladodiffusion s'intéresse à des entreprises d'économie sociale de l'Outaouais et des Laurentides. L'objectif est de donner la parole à ces organisations afin de nous permettre de découvrir leurs activités, leur réalité et les enjeux auxquels elles font face. Cette série s'insère dans le cadre d'un projet de recherche mené par Julie Bérubé et ses collègues Marie-Laure Diot, guichet Hasson et Thomas Colomba de l'université du Québec en outaouais, ainsi que Patrick pilote et India ISIN du cégep de l'Outaouais.
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Ce projet découle.
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D'un partenariat avec la coopérative de développement régional Outaouais Laurentides.
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Julie: Bonjour. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de m'entretenir avec Patrick Duguay et Claudine Lalonde de la coopérative de développement régional Outaouais-Laurentides. Patrick et Claudine Bonjour.
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Julie: Alors j'aimerais commencer en vous demandant de vous présenter brièvement Patrick, est-ce qu'on peut commencer par vous?
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Patrick: Avec plaisir, Julie. Moi, je suis donc Patrick Duguay. Je suis directeur général à la coopérative de développement régional Outaouais- Laurentides, depuis 22 ans maintenant.
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Patrick: Donc mon parcours, je travaille en économie sociale depuis une trentaine d'années. Avant ça, j'ai travaillé avec les jeunes, plus en intervention auprès des jeunes. Mais je cherchais quelque chose qui avait du sens pour moi, pour nous mettre dans l'action, et j'ai trouvé mes réponses en économie sociale.
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Julie: Merci beaucoup, Claudine, est ce que je peux vous poser la même?
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Claudine: Question, bien sûr. Ben, je m'appelle Claudine Lalonde. Ça fait aussi 22 ans que je suis à la CDR Outaouais-Laurentides.
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Claudine: J'étais là quand même avant Patrick, je tiens à le dire.
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Claudine: Euh, c'est un peu particulier dans mon cas parce que c'est le seul emploi professionnel que j'ai occupé. Donc après un parcours universitaire en relations publiques, en relations industrielles, Ben je me suis retrouvé un peu par hasard à occuper le poste de conseillère à l'entrepreneuriat jeunesse. Donc j'ai travaillé beaucoup avec les coopératives jeunesse de services au début de ma carrière.
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Claudine: Puis, je pense que ça a beaucoup influencé mon parcours, notamment par…
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Claudine: …Par le fait que ces jeunes coop là sont vraiment implantés dans chacune de leurs communautés. Donc ça, ça, ça m'a beaucoup influencé pour le reste. Puis j'ai ensuite cheminé dans l'organisation, puis maintenant je suis directrice générale adjointe, puis je coordonne aussi le pôle d’économie sociale en outaouais.
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Julie: Merci beaucoup, on entend souvent parler d'économie sociale, mais pouvez-vous nous expliquer un peu c'est quoi l'économie sociale?
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Claudine: Il y a une loi spécifique au Québec qui nous parle d'économie sociale, il y a 6 règles qui définissent c'est quoi l'économie sociale parmi…
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Claudine: …celles qui me sont le plus cher. Là, je pense qu'on peut parler du fait que les entreprises d'économie sociale offrent une réponse à un besoin de la collectivité, que ce soit la Communauté au sens large ou une communauté qui est qui est un peu plus restreinte.
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Claudine: Là, un plus petit groupe de travailleurs par exemple.
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Claudine: Il y a la question, évidemment, de la propriété collective. Les entreprises d'économie sociale appartiennent à un collectif et non pas à des individus, c'est très important. Il y a aussi la question du volet entrepreneurial.
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Claudine: Les entreprises d'économie sociale ne sont pas des organismes communautaires, ce sont des entreprises qui vendent des produits et des services, mais qui sont tournés vers la communauté. Donc il y a cette distinction-là qui est très importante, il y a aussi la participation démocratique. Ça vient avec la propriété collective, mais quand on est propriétaire de son entreprise…
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Claudine: …On peut contribuer à la prise de décision, puis c'est aussi un élément qui distingue les entreprises d'économie sociale.
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Patrick: …qui le font de manière démocratique. Donc pour nous, c'est vraiment le travail qu'on fait avec l'ensemble d'un groupe et je pense que c'est un des éléments qui est stimulant dans tout ça.
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Julie: Parfait, merci d'avoir démystifié un peu ce qu'est l'économie sociale. Maintenant, ce serait quoi l'intérêt pour les citoyens puis les citoyennes d'avoir des entreprises d'économie sociale sur leur territoire?
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Patrick: Dans notre monde, je trouve qu'un des sentiments qu'on a souvent, c'est celui de se sentir impuissant devant ce qui arrive devant les questions, les la crise climatique, les crises sociales qu’on vit.
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Patrick: L'entreprise d'économie sociale, pour le citoyen, c'est une façon non seulement d'acheter des biens ou des services qui sont en adéquation avec leur propre valeur, mais c'est également une façon de s'engager pour briser ce sentiment d'impuissance. Donc qu'est-ce que moi, comme citoyen, je suis capable de poser comme geste.
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Patrick: Et quand je participe à une entreprise d'économie sociale, que ce soit comme consommateur, membre, comme administrateur ou même dans notre cas, comme notre emploi, on est engagé, je dirais dans des solutions, dans la mise en œuvre de projets qui viennent améliorer…
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Patrick: …Notre vie, la vie de notre Communauté, puis j'oserais dire la vie du monde en général.
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Claudine: Ce que je trouve intéressant de la réponse de Patrick, puis en complément de ça, je pense qu’un aspect qui est particulièrement intéressant, c'est que les gens arrivent à l'économie sociale souvent avec l'idée de répondre à leurs besoins. Donc j'aimerais ça que dans ma communauté on ait une épicerie dans mon village. J'aimerais ça que dans ma petite région, on ait accès à du cinéma, même s'il n'y a pas de salle de cinéma.
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Claudine: J'aimerais ça avoir accès à une salle de sport, donc on arrive avec son besoin, puis on se rend compte qu'on n'est pas seul avec ce besoin-là. Puis, on met notre énergie avec d'autres et au service des autres…
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Claudine: …Pour pouvoir s'offrir cette réponse là collectivement, puis pouvoir l'utiliser, puis la moduler aussi au fil du temps en fonction de ce qui émerge comme besoin puis comme envie.
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Julie: Vous travaillez tous les 2 au sein de la coopérative développement régional Outaouais-Laurentides. Communément appelée la CDROL ou la CDR depuis plusieurs années, pouvez-vous nous parler un peu de la cathédrale? Ce serait quoi sa mission?
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Patrick: Ben la coopérative de développement régional Outaouais-Laurentides est née en 1975. Je le dis parce que ça fait tout près de 50 ans qu'elle existe. Mais je serais tenté de dire que c'est une jeune-vieille coopérative puisque elle s'est renouvelée régulièrement au fur et à mesure que les différentes conditions de développement ont changé dans notre milieu.
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Patrick: Mais le travail qu'on fait maintenant, je dirais, c'est du développement territorial avec un outil privilégié qui est celui de l'économie sociale, l'entrepreneuriat collectif. Notre mission est vraiment centrée sur comment est ce que on arrive dans chacun des territoires parce qu’on couvre à la fois l'Outaouais, les Laurentides, mais on est actif au niveau local, dans les différentes MRC ou villes. Et pour nous, c'est vraiment ce travail qui est essentiel, donc de contribuer à ce développement local-là…
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Patrick: …Avec nos outils collectifs, l'accompagnement…
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Patrick: …L'aide d'orientation pour le financement des projets. Et je dirais qu'un gros avantage des groupes qui travaillent avec nous, c'est qu'on n'est pas juste là au début, on les laisse jamais parce que nous-mêmes étant une coopérative, les entreprises d'économie sociale sont invitées à devenir membres de la CDR.
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Julie: Vous parlez d'accompagnement, pouvez-vous nous dire quelques mots sur les entreprises que vous accompagnez?
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Claudine: Ben il y en a plusieurs. Je pense que pour une année donnée on peut dire qu'on rencontre environ 200 groupes. Là que ça soit des gens qui viennent pour une première séance d'information puis qui se disent, est-ce que l'économie sociale c'est pour moi?
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Claudine: …Puis qui vont cheminer ou pas avec cette idée-là ou des groupes qui sont en démarrage intensif de leur entreprise, là qu'on va rencontrer peut être une fois par semaine. Il y en a sur tous les territoires de l'Outaouais, des Laurentides, donc dans dans toutes les MRC, c'est des projets qui cheminent rapidement ou pas toujours en fonction de la capacité des promoteurs à faire avancer le projet. Donc est-ce que c'est un projet qu'on…
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Claudine: …Qui va nous accompagner dans notre vie privée peut être plus le soir, puis où on est bénévole, ou c'est un projet qui va nous permettre d'être un levier économique comme un emploi, puis qu'on va développer peut-être un peu plus rapidement. Parce que quand on parle d'emplois, on est plus dans ça, ça devient plus urgent, généralement. On a des projets qui répondent à toutes sortes de besoins, toutes sortes d'aspirations, de plein de collectivités, que ça soit en culture, que ce soit en agriculture, on a des projets qui se développent pour offrir du logement, soit de l'habitation pure…
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Claudine: …À ce moment-là, c'est la Fédération…
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Claudine: …En habitation coopérative de l'Outaouais la FEHAB, qui va intervenir de plus près quand il y a des projets, peut-être avec d'autres dimensions, des services par exemple, alors nous on va collaborer à ces projets là. Autrement, il y a des projets qui peuvent nous sembler très surprenants. Là on a eu il y a quelques années, on a accompagné le démarrage d'une coopérative qui fait qui offre de l'internet, puis on en a là dans tous les secteurs d'activité.
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Claudine: Dans le moment, par exemple, on travaille avec un groupe en haute technologie. C'est souvent pas ce qu'on attend de l'économie sociale, mais il y a pourtant tellement de volets…
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Claudine: …À ce qu'on peut faire en économie sociale.
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Patrick: Et je pense que ça parle beaucoup ça, parce que en économie sociale, souvent à tort, on parle du secteur de l'économie sociale, mais c'est pas un secteur d'activité économique puisqu'on est dans l'agro, on est dans le tourisme, on est dans le loisir, on est dans le sport, on est dans l'informatique, les nouvelles technologies. Alors, de confiner ça un secteur, c'est un problème. Mais la réponse aux besoins d'une communauté, par exemple le projet qui offre un accès informatique, un accès au à internet.
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Patrick: Ben, c'est la C-TAL, coopérative des télécommunications, d'Antoine-Labelle, qui dessert toute la communauté rurale d'Antoine-Labelle qui est la MRC autour de de Mont-Laurier. Alors, l'enjeu est un enjeu de développement local. Donc, des gens qui des personnes plus âgées, qui voulaient vendre leurs maisons, qui disent la première question qu'on me pose, avez-vous accès à Internet?
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Patrick: Et comme la réponse était non, on a des problèmes là-dessus, ou des gens qui s'installent pour faire notamment du télétravail et qui n'ont pas accès à ça.
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Patrick: Voilà donc la C-TAL vient répondre aux besoins de la collectivité, mais dans une alliance très étroite avec la MRC d'Antoine-Labelle, parce que pour eux-autres, c'est une condition de développement, alors moi c'est le bout que je trouve particulièrement intéressante le territoire et l'entreprise comme étant une outil.
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Julie: Puis, si on veut en apprendre un peu plus sur la C-TAL, on a un épisode avec Valérie Panneton dans le cadre de cette série de balados là sur la C-TAL.
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Julie: Donc si je comprends bien, il faut pas se gêner si on a une idée de projet, peu importe le secteur, peu importe la forme qu'on veut lui donner tant et si longtemps que ça répond à un besoin de la communauté et qu'on a l'intérêt à s'insérer dans le dans l'économie sociale, on peut tout à fait aller cogner à votre porte.
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Patrick: Oui. Puis ça vaut la peine, je dirais, de le faire systématiquement. S'il y a un frein au développement de l'économie sociale, à mon sens, c'est la méconnaissance.
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Patrick: Et donc, notre travail, d'abord, c'est d'écouter les gens.
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Patrick: C'est quoi leur projet, leurs rêves, leurs ambitions pour leur milieu, pour leur communauté? À partir de là, on va être capable de les aider à voir, est-ce que dans le collectif il y a des solutions qui viennent permettre de répondre à la mission?
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Patrick: Et si jamais c'est pas adapté, on va se faire un plaisir de les accompagner vers d'autres sources.
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Claudine: Moi, j'ajouterais que même si on n'a pas de projet d'entreprise en tête, ça peut être intéressant de voir ce que c'est, l'économie sociale. C'est une façon engagée d'entreprendre, mais c'est aussi une façon engagée et responsable de consommer. On travaille beaucoup sur faire connaître les entreprises d'économie sociale et leur offre de produits et services.
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Claudine: Des fois, on en a dans notre quartier, on les fréquente, puis on ne les connaît pas. C'est un peu le grand défi de l'économie sociale, c'est d'arriver à se faire connaître. On travaille notamment à diffuser un logo qui identifie les entreprises d'économie sociale ES que j'espère que les gens vont commencer à reconnaître, mais…
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Claudine: …Je pense que c'est intéressant de découvrir l'économie sociale parce que c'est vraiment tout un monde qui nous permet d'être des meilleurs citoyens, puis d'avoir des communautés qui sont plus riches. C'est formidable de s'engager dans le développement d'une entreprise d'économie sociale, mais on peut aussi, par des gestes simples, contribuer à des meilleures communautés.
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Julie: Puis, à moins que je me trompe, mais je pense qu'il y a beaucoup d'entreprises d'économie sociale qui se cherchent des membres pour siéger sur leur conseil d'administration, donc je suppose qu'on peut aussi vous contacter si on a envie de s'impliquer.
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Patrick: Tout à fait, que ce soit pour siéger sur des conseils, on est toujours à la recherche aussi, avec les groupes qu'on accompagne, de gens qui ont des expertises particulières, hein. Des gens qui ont le goût d'offrir leurs services parce qu’ils ont œuvré comme comptable, mais là ils ont un peu de temps à donner, donc c'est aussi une belle façon de le faire. Donc c'est toujours pertinent de nous appeler.
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Julie: Donc l'invitation est lancée à tous et toutes. Puis, outre l'accompagnement que vous offrez aux entreprises, ce serait quoi les autres initiatives de la CDROL?
00:14:49
Patrick: En fait, on est un peu particulier, je dirais sous cet angle-là aussi. Parce qu'on se reconnaît comme étant des gens qui se destinent à servir le développement de l'économie sociale. Mais on se perçoit aussi comme des acteurs de développement de nos communautés et ça nous a souvent amené à nous engager, je dirais, au-delà de de recevoir un projet puis de le soutenir.
00:15:18
Patrick: On a aussi pris des initiatives particulières. Une des initiatives, je dirais, qui a été assez forte dans notre cheminement…
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Patrick: Ça a été la laiterie de l'Outaouais, ou à partir juste d'un constat de la fermeture de la laiterie Château et pour des questions d'affaires et de ramasser le marché par une autre grande coopérative, on venait déposséder la région d'un outil de transformation agroalimentaire, alors que tout le monde regardait ça en disant que c'est triste,
00:15:54
Patrick: nous, on s'est, on va aller au-delà de ça, est-ce qu'on est capable…
00:15:59
Patrick: de partir ça?
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Patrick: On note souvent cette tendance là à regarder les choses se passer comme si on n'avait pas de contrôle et on y est allé doucement. On a lancé un premier appel aux citoyens à savoir, hein, s'il y avait une laiterie d'ici, seriez-vous prêt à appuyer ce projet là? Et on a donné des chances, des outils pour que les gens puissent participer, notamment sur s'engager à consommer un certain nombre de litres de lait par année pour leur famille et...
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Patrick: C'est une des belles périodes, je pense, de notre vie à Claudine et moi, d'avoir vu monter le nombre d'engagements de citoyens, les voir à vue d'œil et on est avant Facebook-là, on est on avait pas ces outils-là, ou ça commençait. Et donc, de voir ça pour nous, je pense que c'est émouvant de de de se rendre compte à quel point la Communauté s'est mobilisée, ce qui nous a permis de créer une laiterie régionale qui n'est pas une entreprise d'économie sociale mais à laquelle 2 coopératives nouvelles.
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Patrick: Participe donc les travailleurs et les consommateurs. Et ça, ça a donné un modèle nouveau qui est basé sur ce qu'on souhaitait faire ensemble comme projet. Et encore aujourd'hui, c'est un des projets qui fait école en Outaouais.
00:17:30
Claudine: Je me souviens d'un article qui était paru, je pense que c'était après quelques temps après l'ouverture officielle de la laiterie de l'Outaouais. Puis ça, c'était un éditorial dans Le Droit qui disait « la cristallisation d'un sentiment de fierté ». Je pense souvent à ça, non sans émotion, comme on doit l'entendre dans ma voix.
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Claudine: Mais pour moi, c'est un peu ça qu'on fait des fois à plus petite échelle, mais c'est de permettre aux gens de s'approprier leur communauté ou leur projets pour pour transformer leur vie un peu. Dernièrement, j'étais dans une activité de du Rack à Bécyk, puis je me disais, mais…
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Claudine: Toutes ces personnes ici, c'était toutes des gens formidables, puis les échanges étaient intéressants, les gens sont généreux, il y a plein de bénévoles. Puis je me disais, je suis tellement contente de faire partie de cette belle communauté-là, puis c'est à moi aussi là ça, ça fait partie des choses auxquelles je contribue, puis qui m'appartiennent, puis qui transforment ma ville, puis je pense que c'est la même chose. Je pense à à carpediem, la librairie…
00:18:33
Claudine: À toutes les fois que je rentre dans cette magnifique librairie, je me dis, mais tu sais quel endroit formidable. Puis on a accès à ça parce que des gens se sont mis ensemble…
00:18:42
Claudine: …Pour s'offrir cette possibilité de poursuivre un rêve dans le fond, c'est que je pense que c'est à la fois très émotif, puis ça semble pas objectif, mais c'est aussi très concret parce que les choses prennent vraiment leur place, puis s'ancre vraiment dans la vie des gens, puis dans le territoire, puis c'est ça qu'on fait. Donc tout ce qu'il faut faire pour arriver à ça, rencontrer les élus, avoir des discussions avec les partenaires du territoire, faire la promotion de l'économie sociale, c'est des étapes nécessaires qu'on fait avec plaisir pour pour arriver à au succès des entreprises collectives.
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Patrick: Et donc on s'engage dans des projets structurants comme ceux-là ou dans projets aussi qui visent à soutenir de manière plus large le développement. Et Julie était bien au courant de l'interpellation qu'on a fait au professeur chercheur, notamment de l’UQO de commencer à réfléchir ensemble sur l'économie sociale. De la même façon, on a fait aussi la création d'un incubateur spécialisé en économie sociale.
00:19:53
Patrick: Alors, c'est pas de l'accompagnement, mais c'est une façon de préparer le terrain…
00:20:00
Patrick: …Pour que les entreprises d'économie sociale puissent trouver leur place et jouer leur rôle. En 2008, quand il y a eu la grande crise financière, il y a eu des analyses qui ont été faites. Et dans les pays qui sont mieux sortis de la crise, une des caractéristiques, c'était la présence de ce que des économistes appelaient le tiers secteur, donc le secteur collectif.
00:20:26
Patrick: Quand ce secteur-là était plus présent,
00:20:30
Patrick: …Ben, il y avait une meilleure résistance aux aux secousses des marchés. Puis, il y a une bonne raison pour ça, c'est qu'on évolue dans le marché. Mais on est pas un produit du marché, on est un produit des gens.
00:20:43
Julie:Puis, en termes de projet, je pense que vous organisez aussi des événements, si je me trompe pas, Claudine, vous avez organisé un forum en économie sociale?
00:20:51
Claudine: Oui, ça fait partie de toutes les activités qu'on organise pour essayer de promouvoir l'économie sociale, et aussi pour permettre aux acteurs de se parler entre eux. Je pense que dans ces journées-là, ce que les gens apprécient beaucoup, c'est de se rendre compte qu’à l'autre bout de l'Outaouais ou dans les Laurentides, il y a des gens qui font la même chose que moi. Ou peut-être qu'ils font des choses différentes, mais qui rencontrent quand même les mêmes défis, qui ont un vécu qui est semblable par rapport à à l'expérience du collectif, que ça c'est toujours des événements qui sont…
00:21:21
Claudine: …Ils sont appréciés. Je pense que quand on rassemble les gens, il y a toujours des échanges enrichissants qui sortent de ces rencontres.
00:21:29
Patrick: Puisqu'on s'applique à soi-même, bon, on l'applique aussi aux autres, on travaille dans le collectif pour les bras fermés, mais au contraire, ouvert sur le milieu, sur les autres acteurs de l'économie sociale ou de la Communauté.
00:21:45
Julie: Puis, tout au long de la série de balados, on va voir plusieurs entreprises d'économie sociale nous parler de leur collaboration. Là, il y a vraiment un sentiment de collaboration collective entre les différents recrutements d'économie sociale dans la région et dans les Laurentides.
00:21:58
Patrick: Très hâte d'écouter ça.
00:22:00
Julie: Maintenant, la CDR dessert les territoires de l'Outaouais et des Laurentides, qui sont quand même 2 territoires assez éloignés. Est-ce que le contexte de l'économie sociale pour ces 2 territoires-là est le même, ou il y a des différences?
00:22:12
Patrick: Il y a des différences marquées et c'est normal, notamment à cause de comment chacun des territoires est organisé, de son histoire, puis de sa culture. L'Outaouais, avec la population majoritairement concentrée dans la ville de Gatineau, puis son pourtour et les MRC rurales étant très dynamiques, mais beaucoup moins populeuse…
00:22:39
Patrick: …En termes d'individus et d'entreprises, c'est sûr qu’il y a beaucoup d'activités à Gatineau. Nous, on a toujours eu le souci de d'être très présent sur l'ensemble du territoire rural. Dans les Laurentides, on a 8 MRC et je dirais, on a 8 MRC dans ce qui est un peu dans ma tête, 3 régions, une région qui est la couronne nord de Montréal, très tournée vers Montréal parce qu'ils ont des enjeux métropolitains, les moyennes Laurentides extrêmement touristiques, les villégiateurs, le ski et toutes les autres belles activités…
00:23:17
Patrick: Avec le Nord qui est plutôt forestier ou rural. Alors, c'est des contextes différents. Nous, on intervient. On est né en Outaouais en 1975 et on a commencé à intervenir sur le territoire des Laurentides en 2000.
00:23:31
Patrick: Donc, ça fait déjà 24 ans. Mais il y a une affaire qu'on n'a jamais essayé, c'est de faire la même chose dans les Laurentides que ce qu'on fait en Outaouais. En fait, on veut offrir la même qualité et accessibilité de service, mais on s'adapte aux conditions, aux cultures, aux acteurs du territoire.
00:23:51
Patrick: Donc on travaille de manière différente dans les 2 territoires.
00:23:55
Patrick: Mais parce que les territoires sont différents eux-mêmes.
00:24:01
Claudine: Ben, je rajouterais même qu'on travaille de façon différente en Outaouais, d'une MRC à l'autre, toujours en fonction des besoins, puis de l'organisation des services dans chacun des secteurs. Donc, je pense qu'on défend assez la question de de l'ancrage puis du respect du territoire pour que ça soit naturel chez nous d'avoir ce réflexe-là de de s'adapter à ce qui est déjà sur le terrain. Les services en économie sociale sont aussi organisés différemment dans le territoire de l'Outaouais et dans les Laurentides parce que historiquement, il y avait déjà un pôle d'économie sociale dans les Laurentides avant que les mandats arrivent.
00:24:39
Claudine: Donc la région des Laurentides était déjà organisée à cet effet là.
00:24:43
Claudine: Euh, le pôle d'économie sociale des Laurentides et donc notre premier partenaire là en développement de l'économie sociale sur le territoire. En Outaouais, ça s'est passé un peu différemment. Puis, c'est la CDR Outaouais-Laurentides qui a le mandat pour le pôle d'économie sociale. Donc, les équipes pour l'Outaouais sont très intégrées.
00:25:03
Claudine: Puis dans les Laurentides, Ben on travaille en collaboration, mais disons pas au quotidien de la même façon qu'on le fait en Outaouais. Donc ça c'est aussi une des petites différences, mais c'est comme le reste, on s'adapte vraiment à ce qui la réalité du territoire, tant en termes de services qu'en termes d'industrie ou de besoin sur place.
00:25:33
Julie: Puis, à un niveau plus macro, quel serait le rôle de la CDROL dans l'écosystème québécois en économie sociale?
00:25:41
Patrick: Ben je dirais que sans que ce soit une d'abord…
00:25:46
Patrick: Une visée, et je pense que ça s'est imposé de…
00:25:52
Patrick: De dépasser largement le territoire qui est le nôtre d'intervention, parce que ce qu'on fait, puis notre façon de nous engager nous a conduit aussi à être des acteurs. Moi, j'ai été à la fondation du chantier de l'économie sociale du Québec, qui est une organisation majeure, un carrefour qui réunit l'ensemble des réseaux d'entreprises de soutien au développement des réseaux universitaires. Alors, c'est très diversifié comme organisation et on a été très engagé dans la mise en place de chantiers.
00:26:31
Patrick: Moi, j'en ai assumé la présidence pendant de nombreuses années, d'ailleurs. Et pour nous, c'était une responsabilité comme acteur de l'économie sociale, on peut pas juste prendre ça pour soi-même, mais on redonne aussi à notre milieu. Et ça a été extrêmement riche en termes de développement. À partir de 1996, où le gouvernement du Québec a mis une emphase intéressante sur l'économie sociale comme porteur de solutions à la crise de l'emploi et des finances publiques à l'époque…
00:27:06
Patrick: …Ben on arrive…
00:27:09
Patrick: …Aujourd'hui, 30 ans plus tard, avec des résultats qui ont bien dépassé tout ce qu'on avait pu prévoir. Alors au Québec, on est présent à ce niveau-là et on est actif aussi au sein du Conseil québécois de la Coopération et de la Mutualité dont on est membre depuis la naissance de la CDR, et je pense avec qui on entretient des relations de collaboration assez riches parce qu’on jouit d'une expérience terrain très intensive.
00:27:44
Patrick: Alors, ça vient aussi éclairer les politiques publiques qui sont à mettre en place…
00:27:49
Patrick: …Ou les approches qu'on doit développer.
00:27:53
Claudine: Je pense que le fait d'être pôle d'économie sociale aussi en Outaouais, ça nous met en relation avec toutes les autres pôles d'économie sociale au Québec, donc il y en a un par région. Puis, ça nous permet aussi de faire circuler de l'information, des outils, des idées, des stratégies.
00:28:11
Claudine: Puis ça, je pense qu'on contribue et on en profite aussi. C'est vraiment un échange avec tout un regroupement national qui est assez fort.
00:28:21
Julie: L'économie sociale connaît une croissance intéressante au Québec,, puis bon, spécifiquement en Outaouais depuis plusieurs années. À quoi attribuez-vous cette croissance là?
00:28:31
Patrick: C’est une bonne question, mais les autres aussi étaient pas pires…
00:28:37
Patrick: En fait, c'est une bonne question parce que moi, notamment, j'ai toujours été bien surpris, constaté que des gens à travers le monde, les Européens, les Africains comme les Asiatiques de Séoul, qui viennent voir ce qu'on fait au Québec alors qu'on est minuscule par rapport à ce que les autres accomplissent, de mon point de vue.
00:29:03
Patrick: Mais eux, une des choses qui trouvent intéressante ici, c'est le lien qui est fait entre le développement territorial et l'économie sociale. L'économie sociale, pas perçue comme une fin en soi mais comme un outil qui porte des valeurs, qui porte un projet plus large que celui de l'entreprise, mais où l'entreprise est au service. Alors, ça pour moi c'est une des raisons de cette croissance-là.
00:29:31
Patrick: Donc, on s’est pas appuyé sur un petit groupe d'entrepreneurs collectifs qui essaye de se développer, mais c'est à la fois les entreprises…
00:29:42
Patrick: …Les citoyens d'un milieu, leurs élus, les organismes de soutien au développement de chacun des territoires. Alors, on a créé des passerelles qui sont porteurs qui nous ont donné des multiplicateurs assez incroyables.
00:29:59
Patrick: Alors moi, je pense que ça, c'est une des raisons pour lesquelles au Québec, puis en Outaouais, dans les Laurentides, l'économie sociale connaît une bonne croissance.
00:30:10
Patrick: Sur la scène mondiale, on constate aussi une croissance importante. Le nombre d'adhérents aux différents projets étant en augmentation continue. C'est pas une réalité qui est typiquement québécoise, qui est vraiment internationale et aujourd'hui, c'est difficile d'entrevoir ton territoire comme étant isolé du reste du monde. Ça fait partie de cette dynamique et je suis content quand je vois les Nations unies qui adoptent une résolution en faveur de l'économie sociale, puis…
00:30:47
Patrick: …Une reconnaissance de l'importance de son rôle. C'est quand même quelque chose de majeur. La loi sur l'économie sociale à laquelle Claudine faisait référence en 2013, c'est aussi une une façon d'institutionnaliser…
00:31:05
Patrick: …Ou de reconnaître l'économie sociale au sein de la structure de l'économie québécoise. Donc ça, je pense que c'est des éléments qui expliquent la croissance…
00:31:17
Patrick: …Juste parce que les gens observent assez bien sur le terrain, c'est quoi les résultats.
00:31:24
Patrick: En même temps, notre travail, c'est d'éclairer ça, de mettre l'accent. On a toujours misé sur parler des projets qu'on soutient bien avant parler de nous-mêmes.
00:31:38
Patrick: Et je pense que ça, ça a contribué au fait que les gens sont inspirés, pas parce qu'on fait, mais parce que les citoyens ont réussi à réaliser.
00:31:49
Claudine: Patrick disait tout à l'heure que l'économie sociale, c'est un outil que les gens se donnent pour vaincre leur sentiment d'impuissance. Ben moi, j'espère qu'il y a une partie de cette croissance-là qui vient du sentiment qu'on est capable, tu sais, de prendre du pouvoir, puis ensemble de faire des choses qui…
00:32:09
Claudine: Qui nous permettent de donner du sens. Je pense qu’il y a comme une crise du sens en général, donc de donner du sens, de se reconnecter aux autres. Je pense au petit café de Cantley, c'est une des idées de départ du projet, c'est d'être capable d'avoir un lieu dans une communauté qui est très étendue, mais où y a pas de centre où les gens vont pouvoir se retrouver.
00:32:30
Claudine: Ben tu sais, comment ne pas faire un tel projet en économie sociale, puis se connecter les uns aux autres pour le faire ensemble, donc se brancher sur les autres ? Puis il y a la question environnementale aussi je pense, qui fait qu'on doit faire des choix qui sont plus locaux, qui sont plus…
00:32:48
Claudine: …Ils sont plus proches, qui sont meilleurs pour nous. Je pense que l'économie sociale nous permet de faire tout ça d'un coup fait que c'est un choix gagnant.
00:32:55
Claudine: Puis j'espère que consciemment ou pas, ça devient un peu une des raisons qui nous pousse à choisir l'économie sociale versus d'autres modes d'organisation.
00:33:05
Julie: Comment voyez-vous l'avenir pour l'économie sociale en Outaouais et dans les Laurentides?
00:33:10
Patrick: Radieuse.
00:33:12
Patrick: En fait, l'avenir pour moi, c'est pas un élément qui m'inquiète parce que même si on a de la difficulté à capter, ou à planifier ce qui va émerger, il reste qu’à la fois les besoins changent, se transforment, les ressources sont le plus les mêmes aujourd'hui qu'ils étaient avant. Donc, il y a toujours une pertinence à ce qu'on fait et ça pour nous, on on le regarde beaucoup parce que il n'y a rien de plus déplaisant que de faire un travail si t'as pas l'impression qu'il est utile.
00:33:52
Patrick: Et l'utilité, on la constate au quotidien. Et comme les personnes changent, on a toujours ces besoins-là dans des perspectives nouvelles. Il y a quelques années, tout à coup, on s'est beaucoup rapproché des communautés culturelles qui sont présentes sur le territoire.
00:34:11
Patrick: Alors, plusieurs projets ont émergé. On a fait des partenariats particuliers avec des regroupements et tout ça, moi je pense fait partie des pistes qui font que ça demeure une avenue qu'on devra privilégier au au cours des prochaines années.
00:34:31
Patrick: Alors pour moi, l'avenir, il va être un avenir de diversification des secteurs d'activités économiques dans lesquels l'économie sociale est engagée, parce que les valeurs qui sont portées sont porteuses aussi d'un développement plus sain, plus solidaire, plus juste et équitable de chacune des communautés.
00:34:56
Claudine: Il y a plusieurs enjeux qui sont portés par les MRC ou par les villes, les municipalités qui ne sont pas toujours effectivement de leur responsabilité, mais qui deviennent problématiques pour les communautés locales. L'habitation en est un exemple. Il y a toute la question de l'itinérance, par exemple, l'alimentaire, l'agroalimentaire, comment on produit, comment on distribue toute l'alimentation.
00:35:25
Claudine: Il y a la question des services aux personnes aussi, avec le vieillissement de la population, mais aussi avec les services aux petits enfants. On le sait que…
00:35:33
Claudine: …Les services de garde, c'est un besoin qui est en expansion, au moins en Outaouais. C'est un besoin qu'on rencontre fréquemment, mais ça pose des problèmes dans notre vie quotidienne, pour les villes, puis pour les MRC. Puis, moi je pense que dans les prochaines années, on va devoir travailler encore plus ensemble sur la recherche de solutions.
00:35:54
Claudine: Comment on s'organise pour pour ensemble mettre le citoyen au cœur de la réponse à ces enjeux-là ? Puis de façon souvent à ce que la réponse soit encore meilleure que si ça avait été parachuté d'en haut par un programme gouvernemental. Ben là, c'est le citoyen qui design la réponse pour avoir le meilleur projet possible.
00:36:15
Patrick: Et sur ça, je pense qu'il y a aussi des éléments qui sont porteurs pour l'avenir. C'est le fait que, de plus en plus, les pouvoirs publics reconnaissent que, sans l'économie sociale, on va manquer le bateau. On peut pas s'attendre à ce que l'État réponde à tous les besoins. On devrait pas marchandiser chacune des activités collectives qu'on fait et donc de l'avoir en économie sociale avec une autre logique que celle du marché…
00:36:49
Patrick: …ça vient équilibrer nos choses. Donc, moi je suis rassuré par le fait que l'État reconnaît.
00:36:55
Patrick: Et l'État, qu’on soit au niveau provincial, dans notre cas fédéral, on l'espère de temps en temps, mais beaucoup au niveau local, les municipalités, les MRC, c'est des acteurs incontournables. Nous, on a besoin de ça. On a fait à Gatineau, la première politique municipale de l'économie sociale et on était fiers de ça. On était à l'origine de ça.
00:37:21
Patrick: Mais aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait? Ben on reçoit des demandes d'autres milieux qui veulent prendre cette voie-là, puis on leur donne ça, parce qu'on n'est pas dans cette logique marchande.
00:37:35
Claudine: Il y a toute la question de la transition écologique, aussi. On en a parlé plus tôt, mais je pense que ça exerce une certaine pression sur les choix qu'on fait tous. Puis, on voit rapidement que le local plus proche des gens a souvent un impact plus facile à gérer pour toutes nos communautés, puis pour l'environnement général.
00:37:55
Julie: Si vous voulez en apprendre davantage sur la politique d'économie sociale de la ville de Gatineau, je vous invite à écouter l'épisode avec Nicolas Grenier qui va nous la présenter un peu plus en profondeur.
00:38:05
Julie: Claudine, Patrick, merci beaucoup d'avoir pris le temps de parler avec nous d'économie sociale, puis surtout merci à vous et à toute votre équipe pour votre engagement dans notre Communauté.
00:38:14
Claudine: Merci.
00:38:15
Patrick: Merci.