Au-delà des prisons

Dans cet épisode d'Au-delà des prisons, nous découvrons comment certains détenus autochtones parviennent à découvrir ou renouer avec leurs racines culturelles pendant leur incarcération. Nous discutons avec l’Aîné Daniel Boulet et la sous-directrice intérimaire Virginie Brunelle, qui travaillent tous deux auprès des détenus dans le centre d’intervention pour Autochtones de l’Établissement Archambault afin d’offrir des services de soutien et de réhabilitation adaptés à la culture.

Écoutez leurs témoignages pour découvrir comment les pratiques autochtones traditionnelles ouvrent la voie à la réhabilitation et à la transformation au sein du système correctionnel.

What is Au-delà des prisons?

Bienvenue à « Au-delà des prisons », une série de balados mensuels du Service correctionnel du Canada (SCC). Suivez-nous alors que nous vous emmenons au-delà des murs de notre système correctionnel fédéral, mettant en lumière le travail que nous accomplissons chaque jour pour protéger la population canadienne et transformer des vies.

irginie : Les aménagements sont vraiment faits principalement par les détenus, pour faire des cercles, les cérémonies, puis échanger. Ils ont accès ici le soir aussi.

Kirstan : Bonjour, je suis Kirstan Gagnon. Bienvenue à un autre épisode d’Au-delà des prisons, c'était la voix de Virginie Brunelle, la sous directrice intérimaire du Centre d'intervention pour autochtones à l'Établissement Archambault au Québec. On retrouve des centres d'intervention pour autochtones dans douze prisons fédérales à travers le pays. Ces centres offrent aux délinquants une approche correctionnelle adaptée à la culture autochtone pour mieux répondre à leurs besoins et favoriser la réinsertion sociale.

Kirstan : Les interventions et les programmes dans ces centres se concentrent sur la guérison, la communauté et le respect de la culture autochtone. On a eu la chance de visiter celui à Archambault et voir les ateliers, les salles de cérémonie et la terre sacrée récemment aménagée.

Virginie : Ici, c'est vraiment les ateliers où ils font l'art autochtone pour le perlage ici. Ici, c’est vraiment pour les cercles, les cérémonies, les rencontres avec les intervenants et même nous on tient.

Kirstan : Virginie et l'Aîné Daniel nous ont présenté leurs collègues et même certains résidents ou gens incarcérés à l'établissement. Un d'entre eux qui travaillait à l'extérieur au moment de notre visite, me racontait qu'il y a beaucoup de ressources au Centre d'intervention pour les autochtones et qu'il avait été impressionné du support, de l'éducation et des programmes qui étaient offerts. Il a dit que son séjour au centre l'a fait évoluer et qu'il voyait maintenant la vie sous un autre angle.

Kirstan : Le témoignage de cet homme démontre l'importance d'une approche axée sur la culture et la collaboration des communautés autochtones dans la guérison et la réinsertion. Pendant notre conversation, Virginie et l'Aîné Daniel m'ont expliqué comment ils travaillaient ensemble pour créer un environnement où les délinquants peuvent renouer avec leur culture et trouver leur identité. Voici notre conversation complète.

Kirstan : Bonjour et merci d'être ici. Virginie, C'est quoi ton rôle au Service correctionnel du Canada?

Virginie : Bonjour, Je m'appelle Virginie Brunelle. Je suis sous directrice intérimaire au Centre d'intervention autochtone de l'Établissement Archambault. Je travaille ici depuis environ un an et j'ai vraiment intégré l'équipe, moi, en tant que directrice adjointe pour le Centre d'intervention autochtone. Puis depuis quelques mois, j'occupe un poste de sous directrice. Mais j'ai vraiment joint l'équipe pour venir travailler au Centre d'intervention autochtone.

Kirstan : Bien, merci Virginie. Bonjour Monsieur Daniel.

Aîné Daniel : Bonjour Madame.

Aîné Daniel : Mon nom est Daniel Boulet. Je suis originaire du nord de l'Ontario du territoire. Je suis l'aîné ici, un des aînés ici à Archambault minimum. Je travaille depuis 2014 avec le Service correctionnel du Canada.

Kirstan : Et je voulais vous dire un gros merci parce que j'ai vraiment aimé faire la tournée du terrain sacré puis de connaître tout le travail que vous avez mis dans le terrain, mais aussi l'impact que vous avez sur les gars ici parce qu'ils vous respectent beaucoup. Ils viennent à vous pour des conseils pour de la direction. Quel impact que vous pouvez avoir à travers un programme autochtone comme ça?

Aîné Daniel : Au niveau de la culture, puis l'aide que moi j'ai reçue aussi dans les années fin des années 90, au niveau de nos cérémonies, nos traditions, l'histoire de notre peuple. De ma famille aussi. De l'impact dans notre famille, des écoles résidentielles. La guérison que j'ai reçue moi même, de continuer à aider, à participer, d'être là pour nos aînés à l'extérieur, d'accueillir les gars qui viennent me voir sans jugement.

Kirstan : Pourquoi c'est important? Pas avoir de jugement.

Aîné Daniel : Pour le travail qu'on fait. Oui, absolument. On peut constater certaines choses par rapport au bagage qu'ils portent ou comportent, mais de juger, c'est pas mon travail à moi. Je pense que le Créateur, premièrement, sont ici parce qu'ils ont déjà été jugés dans un système qui t vraiment qui nous appartenait pas. Travailler dans un système comme qu'on a ici un système carcéral où les gars sont enfermés, comme si je pense au médium. Mais le prix est grand pour du monde qui viennent de la forêt ou qui viennent du monde, qui sont habitués dans la forêt et près des rivières.

Kirstan : Merci.

Kirstan : Puis vous, vous travaillez par rapport au programme? Parlez-moi un petit peu de comment ça fonctionne. Si un résident veut faire un parcours autochtone à l'intérieur du service correctionnel, puis comment c'est structuré?

Virginie : Oui, bien sûr. Alors, il y a différentes étapes, c'est sûr. Quand les détenus sont admis dans le giron fédéral, ils transigent par le Centre Régional de Réception, où on prend le temps d'évaluer leurs dossiers, puis rapidement, on les met en contact avec des intervenants autochtones, Les délinquants autochtones, on sait qu'on observe une surreprésentation dans nos pénitenciers. Puis on continue de travailler en collaboration avec les intervenants autochtones. On s'est rendu compte que les interventions doivent être adaptées à la culture. Ça fonctionne beaucoup mieux. Moi, par exemple, je ne suis pas autochtone. J'ai cette curiosité-là, cette sensibilité-là, puis c'est vraiment enrichissant pour moi de travailler avec des intervenants autochtones comme avec Daniel. On a tous à apprendre davantage dans notre société canadienne et à faire preuve de plus de sensibilité. Puis j'ai cette opportunité de le faire dans mon milieu de travail, puis d'apprendre à tous les jours sur la culture autochtone, puis qu'on se questionne toute l'équipe multidisciplinaire, de quelle façon on peut accompagner ces détenus là pour les aider dans leur processus de réinsertion sociale.

Virginie : Donc on offre différentes interventions, mais de plus en plus, on essaie d'être vraiment juste une grande équipe multidisciplinaire. On le sait qu'il y a des agents de libération conditionnelle, des agents de programmes. On ajoute à ça des intervenants autochtones comme des aînés, comme des agents de liaison autochtones. On veut vraiment être une grande équipe pour comprendre et pour ajuster nos interventions. On a leurs besoins spécifiques, on le sait. Daniel en parlait la nature, le besoin d'être entouré de verdure. Puis il nous le rappelle souvent, Daniel, on doit se parler souvent pour vraiment répondre aux besoins de nos délinquants.

Virginie : Même dans les unités, on se questionne dans quelle unité notre équipe, nos intervenants, nos délinquants autochtones, c'est à dire doivent travailler toute la journée, la fin de semaine, le soir. Puis on a décidé par exemple de les installer dans une unité qui serait directement sur le sol plutôt qu'au deuxième étage. Puis pour Daniel, c'était vraiment important qu'ils soient « groundé » dans le sol comme on dit, et qu'on puisse vraiment être en contact avec la nature. Puis c'est des petits détails comme ça auxquels nous on pense pas.

Virginie : Moi je suis dans la direction de l'établissement, puis je dois échanger avec les gestionnaires, avec les intervenants pour qu'on travaille puis qu'on pense assez à ces détails-là qui ne sont pas des détails pour la culture et qui, on voit vraiment la différence pour nos détenus, quand ils sont entourés de la culture, quand on leur donne accès à ça. Il y a des beaux symboles dans la culture autochtone et on en apprend tous les jours. Puis moi je le dis souvent, ça prend beaucoup d'humilité pour, pour des intervenants comme nous, comme moi, de diriger une équipe d'intervenants en ayant très peu de connaissances encore au niveau de la culture autochtone.

Virginie : Mais avec Daniel, avec toute l'équipe, on a cette communication-là, cette ouverture-là, puis je pense qu'on réussit à s'améliorer puis à répondre mieux aux besoins de nos détenus autochtones.

Aîné Daniel : J'aimerais peut-être dire quelque chose par rapport à ce que Virginie vient de dire au sujet de notre équipe, parce que c'est une équipe où est ce qu'on travaille très bien ensemble. Il y a une belle ouverture. J'apprends autant du système qu'on a ici à Archambault minimum aussi médium. On a eu la possibilité d'avoir des cercles avec aussi avec les gardiens, la possibilité d'avoir passé deux jours ensemble dans un cercle à discuter de comment qu'on va travailler ensemble. Il y en a qui ont de l'intérêt, il y en a qui ont aussi la vision de la réconciliation et il y en a d'autres qui ne l'ont pas. C'est correct.

Aîné Daniel : On ne peut pas obliger quelqu'un, on ne peut pas demander à quelqu'un de se réconcilier s'il ne veut pas se réconcilier ou de parler de la réalité ou la vérité. Mais ça déteint sur les gars. Quand on travaille avec les agents de libération conditionnelle quand on les rencontre ensemble, qu'on se rencontre ensemble qu'on discute. Tout le côté humain que c'est que les agents de libération conditionnelle ont aussi leur rétablissement à cœur.

Aîné Daniel : Ça prend une équipe vraiment autour des gars pour une réussite si on veut.

Kirstan : Puis ave- vous des exemples, des histoires où que vous avez remarqué que vous avez fait vraiment un impact?

Aîné Daniel : J'ai apprécié le projet qu'on a eu ensemble, l'équipe d'administration, la direction, d'ouvrir la porte vers une cérémonie qui est comme la Sun Dance. Il y a à peu près 50 ans, il y a des gens qui ont commencé à travailler avec les gars et les femmes à l'intérieur des murs, puis qui ont vu ça.

Aîné Daniel : Qui ont vu qu'un jour il y avait des gars comme qui étaient pris à l'intérieur des murs, qui étaient à l'intérieur des murs qui auraient la possibilité de vivre. De voir une cérémonie comme la danse du soleil, la Sun Dance. Et puis pour certains de nos aînés, quand ils ont vu ces hommes arriver à la Sun Dance, ça les a vraiment touchés. Quand on regarde des aînés comme Grand-Père William qui aurait peut-être aimé voir ça aussi quand il y avait les regroupements spirituels chez lui il y a 25 ans passés. Icians la région des Anishinaabe, le territoire des Anishinaabe, c'est beaucoup de gens qui ont travaillé fort pour apporter à leurs frères et leurs sœurs à l'intérieur des murs qui faisaient, du bénévole, qui amenaient de la nourriture, éventuellement apporté du cuir pour qu'ils puissent se faire des mocassins. Tous ces gens-là qui ont, tous nos aînés, qui ont donné de leur temps et qui ont vu des choses dans le futur, puis de pouvoir aider à ce que, eux autres, ils ont vu. C'est un grand privilège. C'est un grand honneur.

Kirstan : Merci d'avoir partagé cette histoire. Merci.

Virginie : C'est touchant de te voir ému aujourd'hui, Daniel de ça. Si je peux les remettre en contexte aussi, Daniel nous est arrivé avec cette idée-là de cérémonie annuelle qui est vraiment importante pour lui dans sa communauté. Puis il a amené l'idée, On est tu en mesure de faire vivre ça à des détenus de l'Établissement Archambault à sécurité minimale? Puis on s'est assis ensemble en équipe. C'était quand même un projet ambitieux. On n'avait jamais fait ça. C'était quand même.. C’est un grand terrain vague, il y a beaucoup de personnes qui sont là. Mais on s'est assis ensemble, puis on s'est dit comment on fait pour que ça fonctionne? On s'est assis en équipe, on a on a échangé nos idées, on a regardé comment c'était possible de le faire à partir des programmes de permissions de sortir des détenus. Donc, il y a certains détenus de l'établissement à sécurité minimale qui ont ces programmes-là pour avoir des permissions de sortir, donc accompagnés d'intervenants. Puis on a identifié ces détenus-là qui étaient prêts pour faire participer à cette activité-là. On est parti, un petit groupe, puis vraiment, les aînés étaient là. Il y a des agents de liaison autochtones et il y a même des agents de libération conditionnelle qui sont embarqués dans l'autobus pour se rendre sur le territoire de l'Ontario.

Virginie : C'était des grosses journées de cérémonie. Puis ça me touche de voir que ça a vraiment été une expérience positive, autant pour la communauté qui a accueilli ces détenus-là dans leur processus de réinsertion sociale et autant pour ces détenus-là, de voir que dans les prochaines étapes, quand ils se retrouveront vraiment en collectivité, il y a toute cette communauté là pour les accueillir puis les aider pour la suite de leur parcours.

Kirstan : Donc aujourd'hui, vous m'avez amené à travers le site, j'ai vu plusieurs ateliers, j'ai vu des, des endroits pour faire la programmation, etc. Puis je me demandais explique moi une journée typique ici avec le programme autochtone, comment ça se passe?

Virginie : Daniel je te laisserai peut-être plus aller pour celle-là. T'es plus là avec les gars. Mais c'est sûr que moi je voulais quand même clarifier que le médium, le minimum, c'est vraiment deux sites complètement différents. Mais la beauté d'avoir ces deux sites là regroupés, c'est que ça permet une transition. Les intervenants connaissent les détenus, on peut les accompagner dans la transition du médium au minimum. Puis même nous, en tant que membres de la direction, on se promène dans l'établissement. Vous l'avez vu un peu plus tôt, j'ai croisé un délinquant qui souhaitait me partager comment ça se passait pour lui depuis qu'il était au minimum.

Virginie : Donc on les suit comme ça souvent pendant plusieurs années, puis certains même sont au médium, puis vont venir participer à quelques cérémonies au minimum pendant quelques heures, puis retournent au médium, mais ça leur permet de voir ce qui est disponible. Puis on a vraiment ces opportunités-là. Différentes étapes là où on peut vraiment accompagner le détenu avec ses besoins dans la culture.

Virginie : Pour une journée type. Daniel, tu dirais que ça se passe comment?
Aîné Daniel : Il n'y a pas une journée qui se ressemble, mais c'est vraiment, c'est aussi, je leur explique qu'on est un peuple travaillant. Puis on devait, on devait toujours, on devait toujours pis encore aujourd'hui, quand on vient de la forêt, toujours travailler fort le printemps, l'été et l'automne pour se préparer pour nos hivers. Donc c'est ça que j'essaye d'emmener vraiment ici, sur le terrain.

Aîné Daniel : Je suis un gars de terrain, je suis un gars de structure, donc c'est de les faire travailler.

Aîné Daniel : Il y a tout le temps de quoi à faire, il y a de quoi embellir si on veut, ou des plans ou notre jardin ou, il y a tout le temps beaucoup de travail physique à faire. Puis c'est vraiment des les enligner , là, puis après ça, on peut regarder tout le côté avec la roue de médecine. Il y a tout le côté physique, mais aussi le côté qu'est-ce que ça leur donne d'être occupés à créer, à avoir une fierté, à se recréer, mais aussi au niveau mental, à travailler avec la Mère, la Mère Terre, puis au niveau émotionnel, puis nos cérémonies aussi au niveau spirituel.

Aîné Daniel : Donc c’est essayer de balancer ça pour eux autres. Ben oui, une journée typique, moi c'est vraiment de les envoyer sur le terrain, de les faire travailler, qu'on travaille ensemble et puis de préparer pour cet hiver.

Kirstan : Puis vous avez parlé de besoins uniques. Chaque individu a leur besoin, a besoin de certains apprentissages aussi. Puis on a vu des mocassins plus tôt, puis ça faisait partie du cheminement d'un détenu. Comment vous faites pour gérer les différents besoins de chacun quand vous essayez d'administrer un programme en tant que tel? Comment ça fonctionne?

Virginie : À titre d'exemple, c'est sûr qu'on a le programme du Sentier autochtone qui est un projet qui nous tient à cœur, qu'on a dans notre Centre d'intervention autochtone. Donc, c'est ici, pour le minimum, c'est neuf détenus qu'on peut prendre en charge en même temps. C'est des détenus qui sont vraiment dans un processus intensif. Habituellement, les détenus sont dans le Sentier autochtone pour une durée de six mois à douze mois. Certains, ça peut être un peu plus longtemps, mais habituellement, c'est vraiment un programme qui est reconnu, qui intensif, mais qui mène aux prochaines étapes du processus de réinsertion sociale.

Virginie : Puis, en tant qu'équipe multidisciplinaire, on va se réunir à tous les mois, puis on va prendre le temps de parler de chacun de ces détenus-là, de voir où ils en sont, comment le dernier mois s'est passé, sur quoi ils ont travaillé, puis tous les intervenants qui auront eu des interventions avec eux vont échanger. C'est l'occasion de dire Ok, on fait quoi? Des fois, il peut y avoir certains conflits dans leur unité, on va voir comment on peut les accompagner. Puis vraiment, Daniel travaille avec eux pour que chaque projet, par exemple au niveau de l'art autochtone, va être vraiment relié à un enseignement, puis à une étape de leur processus de réinsertion sociale, parfois reliée au cycle de délinquance.

Virginie : Donc, on va vraiment regarder qu'est ce qui s'est passé, qu'est ce qui les a amenés en prison et comment on revisite ça? Quels enseignements on peut faire et comment on continue d'aller de l'avant? Et c'est vraiment là que Daniel a un apport important au niveau de la culture, au niveau des symboles, au niveau de la nature. C'est vraiment là qu'on se rejoint, puis on échange. Daniel dit souvent qu'on essaie de mettre le carré dans le cercle. On parle de notre planification correctionnelle, du travail qu'on fait avec les agents de libérations conditionnelles, puis on met tout ça ensemble pour être une grande équipe puis offrir ce soutien-là aux détenus.

Aîné Daniel : Oui, on a aussi la possibilité, avec l'administration, d'avoir créé un endroit pour le pré-sentier et le sentier. Donc, quand les gars arrivent de l'extérieur comme de la réception ou d'un médium, ils sont tout de suite accueillis dans le pré-sentier. Puis à ce moment-là, ils peuvent décider qu'est-ce qu'ils veulent faire avec leur vie, s'ils veulent se joindre aux cercles, s'ils veulent travailler sur eux-mêmes, s'ils veulent prendre des décisions pour leur vie, se joindre et peut être éventuellement avec le sentier.

Aîné Daniel : Mais c'est qu'on leur donne ce temps-là, ces semaines-là, à réfléchir et aussi à prendre le temps de voir où ils sont rendus, puis c'est quoi les services qui leur sont offerts?

Kirstan : Puis pour vous, ça a l'air de quoi le succès en travaillant avec ces hommes?

Aîné Daniel : Ça, c'est pas vraiment mon focus. Le succès, chacun à son chemin. Ça, c'est pour moi, entre la personne, l'être humain et le Créateur. Jje pense, ça aux yeux du Créateur. Un succès par contre, dans le sens que si quelqu'un décide, parce qu'on sait comment l'alcool et les drogues et ça nuisent à la communauté, si quelqu'un décide de marcher le chemin rouge, souvent,il y a beaucoup de nos gars et de nos soeurs sont à l'intérieur des murs où il y a peut-être une connexion à faire avec l'alcool quelque part dans la famille ou avec eux-mêmes.

Aîné Daniel : Si quelqu'un décide d'arrêter de consommer, de laisser aller tout ce bagage-là et de décider d'aider, de se prendre en main pour éventuellement faire de lui-même un homme et puis d'être là pour sa propre famille. S'il y a des enfants qu’il soit là pour ses enfants. De rester calme, de s'éloigner de toutes ces substances qui peuvent nuire à son esprit.

Aîné Daniel : Parce que l'alcool ne fait pas. On sait que ça a un impact énorme dans nos communautés, que ça détruit beaucoup de familles. Je serais curieux de savoir le pourcentage des gars qui sont ici et des soeurs qui a un lien étroit avec l'alcool. Donc les cérémonies, les rituels, s’ils peuvent changer leurs rituels, pour moi, ça serait un succès.

Aîné Daniel : Mais qui a un rapport plus à nos cérémonies. Ceux qui ont gardé ces cérémonies-là, en vie, qui a à faire avec leurs ancêtres, entre autres, de savoir qu'ils sont pas tout seul. Parce que travailler avec le monde physique et le monde spirituel, s'ils peuvent comprendre ça aussi, qu'ils ne sont pas tout seul, qu'ils soient clairs avec eux. À ce moment-là c'est un succès je pense. S'ils peuvent changer leur façon de penser, façon d'être.

Kirstan : Puis pour vous Virgine?

Virginie : Je dirais que c'est sûr que c'est un processus très graduel. Puis d'un détenu à l'autre, il y a des petits succès, comme de bien réussir à bien fonctionner au travers, ses journées dans un établissement, que ce soit dans un établissement à sécurité modérée, à sécurité minimale ou dans un centre de guérison autochtone. On les voit parfois passer d'une étape à l'autre, puis on est là pour ouvrir la porte de l'Ouest, puis les laisser danser, célébrer, puis s'assurer qu'ils ne regardent pas à l'arrière, puis qu'ils continuent leur cheminement.

Virginie : Mais on en voit, on en voit souvent des petits succès. Nous, quand on voit justement un détenu qui passe du médium au minimum, on est très fiers de les revoir ici.

Virginie : Puis des fois. Chaque étape est composée de défis, puis on est là pour les accompagner toute l'équipe multidisciplinaire pour leur réintégration dans la collectivité. Puis on le sait, pour ces détenus-là, ils ont souvent un gros bagage. Beaucoup de trauma fait que c'est un travail de toute leur vie. Mais toute l'équipe ensemble, on leur démontre qu'on est là pour eux. Pour franchir les différentes étapes, et qu’ils remplissent leur sac à dos d'outils pour qu'ils puissent continuer à avancer de l'avant et à faire face aux défis de la vie.

Kirstan : Puis est ce que parfois tu revois des détenus, puis ils disent merci?

Virginie : Oui, on les voit, c'est ça. D'un établissement à l'autre. Moi, c'est sûr que quand je quand je vais au Centre de guérison de Waseskun aussi, je suis allé au changement de saison à l'été. Puis j'ai vu des détenus qui étaient au minimum ou au médium, qui se sont rendus au centre de guérison et qui nous remercient. C'est sûr que le centre de guérison, nous, on travaille beaucoup avec Waseskun. Il y a d'autres maisons de transition, il y a d'autres communautés qui accueillent des délinquants dans leur libération conditionnelle. Mais ils nous remercient d'être, d'avoir l'opportunité d'être là, vraiment dans leur culture.

Virginie : Puis, tu sais, on sait que c'est la meilleure place pour eux, pour continuer leur cheminement, puis vraiment, ils nous remercient de les avoir soutenus, puis accompagnés là-dedans, puis d'avoir vraiment porté attention à leurs besoins spécifiques, comme je le disais plus tôt.

Aîné Daniel : Merci Virginie.

Kirstan : Ça vous motive à continuer je suppose aussi.

Virginie : Oui, vraiment, vraiment. Moi je le dis, je trouve vraiment que c'est un environnement de travail enrichissant et je suis choyée de pouvoir travailler avec une équipe comme ça. Puis bientôt, c'est la Journée vérité réconciliation qui s'en vient, puis moi, je me fais un devoir même d'en parler avec mes enfants qui vont à l'école primaire puis qu'on puisse... JJe leur envoie des livres, tu sais. Je porte quand même ce message-là, cette culture-là, puis je trouve que je suis dans un environnement professionnel, en tout cas, pour bien l'apprendre.

Kirstan : Vous avez fait vraiment quelque chose sur le terrain, c'est absolument incroyable. Les bâtiments, les supports, les services. C'est vraiment quelque chose. Félicitations!

Aîné Daniel : Bien merci. Merci à toute l'équipe encore là qui ont cru et ont cru qu'on pouvait faire confiance aussi aux gars, qu’ils allaient en prendre soin. Puis ça nous permet, une fois que le terrain comme Virginie mentionnait tantôt et pis que toi Kirstan que l'hiver, ça nous permet de faire ces autres projets-là, de travailler les mocassins et tout ça quand nos structures sur le terrain sont entretenues.

Kirstan : Parfait! Merci beaucoup à vous deux.

Virginie : Merci.

Kirstan : Merci encore à Virginie et l’Aîné Daniel pour leur accueil et pour avoir si généreusement partagé leur expérience. Ceci est une production du Service correctionnel du Canada et je suis votre animatrice, Kirstan Gagnon. Merci d'avoir été à l'écoute et à bientôt.