Art's cool

Musée d’art et d’histoire de Genève: Amusée et médusée par les doubles sens de "Métamorphose I" de Markus Raetz, Maia adresse une série de questions au commissaire de l'exposition, Jean-Hubert Martin.

Show Notes

ART'S COOL c’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse, regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens, auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l'œuvre.

Aujourd'hui, il a été question de “Métamorphose I”, de Markus Raetz, examinée par le regard curieux de Maia. Une fois n'est pas coutume, dans ART'S COOL, nous avons adressé les questions à Jean-Hubert Martin, commissaire de l'exposition “Pas besoin d'un dessin”. 
 
Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question au Musée d’art et d’histoire de Genève, jusqu'au 19 juin.
 
Collectionnez l’art contemporain avec vos oreilles! Retrouvez-nous presque chaque semaine pour compléter votre collection avec un nouveau focus sur une œuvre récente d’un-e artiste suisse!
 
Vous trouverez les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bios des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres sur le site www.artscool.ch.
 
Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de Pro Helvetia, de la Fondation Gandur pour la Jeunesse, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz et du Pour-cent culturel Migros.
 
Avec les voix de Florence Grivel pour la version en français et de Stephan Kyburz pour la version en allemand.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.
C’est une production Young Pods (Patrick Comte, Florence Grivel, Nadja Imhof).

What is Art's cool?

°° C’est une collection de brefs épisodes pour découvrir l’art contemporain avec curiosité et légèreté.
°° C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse, regardée, expertisée et questionnée par des jeunes, auxquels répondent à leur façon les artistes qui ont réalisé les œuvres.
°° C’est des invitations à des rencontres, parfois inattendues, entre des œuvres exposées en Suisse… et vous!

Salut! Je m'appelle Maia,. J'ai seize ans, j'habite à Genève.

Pour moi, l’art c'est une manière de voir les choses et j'ai rendez-vous avec une œuvre d'art au Musée d’art et d'histoire de Genève. Tu viens?

MAIA:
Bonjour, j'ai rendez-vous avec une œuvre de Markus Raetz qui s'appelle “Métamorphose I” ou est ce que je peux la trouver?

ACCUEIL DU MUSÉE:
Vous la trouverez sur votre gauche; suivez simplement le chemin jusqu'à la salle “De l'ambiguïté à l'énigme”, où se trouve cette œuvre. Bonne visite!

MAIA:
Je suis en train de chercher mon œuvre; j'essaie de la reconnaître. Il y a pas mal de meubles, il y a une gravure derrière moi: des choses d'époques différentes. Il y a des peintures à l'huile aussi. Et justement, ça crée cette ambiguïté parce qu'on ne comprend pas ce qui se passe. Et je pense que j'ai trouvé mon œuvre.

C'est la seule sculpture qu'il y a dans la pièce. Elle est posée sur un cylindre. On peut tourner autour et je pense que c'est là où se joue le titre de l'œuvre la “Métamorphose”, parce que plus on tourne, plus on voit quelque chose de différent. Au-dessus de ce socle – le socle doit faire un mètre soixante – il y a une sculpture qui est en fer. On dirait un lapin de base, mais si on se tourne, on voit un homme avec un chapeau. On ne voit pas la même chose selon où l’on est: et je pense que c'est une vision intéressante d'une œuvre. Je vois dans le miroir: on a une vision différente, on peut voir d'autres parties de la pièce, ce qui donne encore une fois cette ambiguïté. Je pense que si l’on se positionne assez bien, on voit à la fois le lapin et à la fois l'homme au chapeau. Oui! Et je trouve ça super intéressant. On peut voir deux choses à la fois et en plus de le faire tout seul, on peut aussi le faire à l'aide d'un miroir. C'est chouette de se dire qu'un reflet, ce n'est jamais totalement exact.

L'œuvre s'appelle “Métamorphose”; elle a été réalisée par Markus Raetz en 1991. C’est effectivement une sculpture en fonte de fer. Ses dimensions sont de 32.3 x 27 x 12.5 cm. C’est une œuvre qui peut paraître assez petite. Mais comme c’est de la fonte de fer, elle doit être très lourde.

J'ai des questions à poser à Jean-Hubert Martin (commissaire de l’exposition):

Pourquoi du fer, surtout si c'est pour représenter un lapin?

Si on devait garder une des facettes de l'œuvre, on garderait le lapin ou le monsieur? Et pourquoi?

Qu'est-ce qu’on est censé ressentir? Qu'on n'a jamais vraiment raison? Qu'on peut toujours voir les choses de deux manières?

Pourquoi un homme et un lapin? Est- ce que l'homme a un rapport avec le lapin?

Je serais super intéressée de comprendre pourquoi cette ambiguïté est maîtresse dans cette pièce.
Et du coup, dans cette salle nommée “de l'ambiguïté à l'énigme”, quel est le lien entre les différentes œuvres?

Quand on voit cette sculpture, on a envie de sourire. Du coup, est-ce qu'on peut sourire de l'art?

JEAN-HUBERT MARTIN
Commissaire de l'exposition "Pas besoin d'un dessin"

Bonjour Maia,

Vous vous demandez pourquoi cette sculpture de Markus Raetz est en fer et surtout si cela a à voir avec un lapin. Je pense que c'est une question que l'artiste ne s'est pas vraiment posée. Dans la sculpture, il y a des Vénus qui sont en marbre ou en bronze et ces matériaux n'ont rien à voir avec la représentation de la Vénus en question. Le fer, en plus, c'est effectivement un choix assez inhabituel parce que, en général, quand des artistes veulent faire des sculptures, ils choisissent le bronze. Dans ce cas, pourquoi Markus Raetz a choisi le fer, je n'en sais rien. Mais en tous les cas, rassurez-vous, ça n'a rien à voir directement avec un lapin.

Vous vous demandez comment on est censé ressentir cette œuvre. Or cela justement, c'est à vous que je devrais poser la question. C'est à vous de le dire, parce que l'artiste crée une œuvre; c’est sa manière de communiquer avec vous et c'est à vous de ressentir quelque chose. Bien entendu, il souhaite que vous voyez les deux images et que ce soit cette ambivalence qui vous intéresse et qui vous fasse réagir ou sourire ou qui vous émeuve. Mais c'est à vous de dire ce que vous ressentez. L'artiste essaie de provoquer des sensations et des émotions chez vous. Et c'est à vous de savoir si ça fonctionne; si effectivement ça suscite quelque chose chez vous, ou pas.

Effectivement, quand on se décale un petit peu devant la sculpture, on voit quelque chose de différent. Et c'est la même chose dans le miroir. Ce n'est pas différent. Donc effectivement, le miroir ne peut que refléter une réalité. Au fond, ce miroir est même un petit peu superflu; l'artiste ne l'a placé là que pour vous inciter à bien regarder. Parce que sinon vous pourriez passer devant la sculpture et ne voir que l'une des deux images, sans capter cette ambiguïté.

Quelle face de l'œuvre faudrait-il garder, entre le monsieur (qui est en fait un autre artiste qui s'appelle Joseph Beuys, représenté ici avec le chapeau qu'il avait toujours sur la tête) et le lapin? Eh bien justement, je crois qu’il ne faut pas choisir parce que si l’on choisissait, cela deviendrait une sculpture complètement banale d'un lapin ou d’un monsieur avec un chapeau. Et ça, ce n'est pas du tout l'intention de l'artiste. Tout l'intérêt, c'est qu'on puisse voir les deux, selon l'angle d’où on regarde.

Cette œuvre vous a fait sourire. C'est une très bonne chose, parce que justement, il n'y a aucune raison que dans les musées, on ne puisse pas sourire. Les musées sont censés, à travers les multiples œuvres réalisées par les artistes, donner une espèce d'image de la vie, de compte-rendu de ce qu'est la vie. Dans le théâtre par exemple, vous avez deux pôles qui coexistent qui sont d'un côté la tragédie et de l'autre côté la comédie. Et tout ça fait partie de la vie. On peut apprendre autant dans une comédie que dans une tragédie. Donc il n'y a absolument aucune raison que le musée soit limité à une dimension sérieuse, austère, rigide, située du côté du drame. Quand on regarde bien les œuvres d'art, on peut souvent en sourire.

Cette salle s'appelle “de l'ambiguïté à l'énigme” et le lien entre les œuvres c'est qu’il y a dans presque chacune d’elles des images cachées. On peut par exemple déceler sous des aspects purement décoratifs un visage. C'est un phénomène qu'on retrouve dans la peinture et dans la gravure depuis le seizième siècle, comme lorsque des rochers ou des falaises présentent des profils ou des visages vus de face. Et j'invite le visiteur à découvrir cela sans lui donner toutes les clefs. C'est justement à lui de regarder attentivement et d'avoir le plaisir de découvrir l'image que l'artiste a voulu lui suggérer, de façon pas complètement évidente. Dans cette mesure-là, l'artiste joue avec le visiteur et les deux y trouvent un certain plaisir.

°°

“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C'est un rendez-vous avec une œuvre d'art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l'artiste qui a réalisé l'œuvre. C’est simple, non?

Aujourd'hui, il a été question de “Métamorphose I”, de Markus Raetz, examinée par le regard curieux de Maia. Une fois n'est pas coutume, dans Art’s cool, nous avons adressé les questions à Jean-Hubert Martin, commissaire de l'exposition “Pas besoin d'un dessin”.

Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question au Musée d’art et d’histoire de Genève, jusqu’au 19 juin 2022.

Et collectionnez l'art contemporain avec vos oreilles! Retrouvez-nous presque chaque semaine pour compléter votre collection avec un nouveau focus sur une œuvre récente d'un ou d'une artiste suisse.

Vous trouverez les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d'art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres sur le site artscool.ch.

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Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de Pro Helvetia, de la Fondation Gandur pour la Jeunesse, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz et du Pour-cent culturel Migros.

Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods (www.youngpods.ch).