Le balado de l’Armée canadienne s’adresse aux soldats de l’Armée canadienne et traite de sujets qui les concernent. Les soldats constituent notre public cible principal, mais les sujets abordés pourraient s’avérer pertinents pour toute personne qui appuie nos soldats ou qui s’intéresse aux enjeux militaires canadiens.
[Musique commence]
Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne. Le sergent-major de l’Armée est le conseiller principal du commandant de l’Armée. Qu’est-ce que ça veut dire et comment est-ce que ça touche les militaires? Le sergent-major de l’Armée lui-même, l’adjudant-chef Jim Smith est ici pour nous en parler. Bienvenue au balado!
Adjudant-chef Jim Smith : Hé, merci, merci pour l’opportunité de parler dans ma deuxième langue officielle.
[Musique termine]
Capt Orton : C’est bon pour faire de la pratique.
Adjuc Smith : Oui, c’est ça.
Capt Orton : Pourquoi est-ce que c’est important de parler aux soldats dans, même si c’est notre deuxième langue, puis on n’est peut-être pas parfait à parler dans cette langue-là?
Adjuc Smith : Personne n’est parfait. Alors c’est important pour moi comme sergent-major dans l’Armée de démontrer mon habileté de parler dans ma deuxième langue officielle. Je suis un homme humble, avec beaucoup d’humilité, alors je pense que c’est une bonne idée d’avoir une connexion avec nos soldats de la Belle Province ou au Nouveau-Brunswick, tous les soldats qui parlent en français.
Capt Orton : Donc, en tant que sergent-major de l’Armée, c’est quoi les choses qui sont les plus importantes pour vous en ce moment?
Adjuc Smith : Pour moi, la première affaire dont je m’occupe, c’est la voix de tous nos soldats de l’Armée canadienne. Mais je donne beaucoup de mon avis avec le commandant concernant toutes les affaires dans l’Armée spécifiquement, mais aussi au travers de l’institution de la Forces armées canadiennes.
Capt Orton : Et quelles sortes de choses est-ce que vous dites au commandant?
Adjuc Smith : Moderniser l’Armée canadienne, c’est la première chose. Il faut qu’on commence avec un plan de modifier nos capacités au sein de l’Armée canadienne, mais aussi les nouvelles capacités qu’on a besoin de réussir dans une vraie guerre si on a besoin de ça.
Capt Orton : C’est quoi ces capacités-là? Qu’est-ce qu’on manque en ce moment?
Adjuc Smith : On manque la vision de nuit et on manque les pistolets. Les pistolets s’en viennent présentement, C22, SIG Sauer P320 s’en viennent très bientôt, puis c’est juste deux exemples mais on a besoin des vêtements puis des autres kits puis équipement qu’on a besoin pour le confort puis aussi pour l’habileté de continuer la guerre qu’on a besoin de ça.
Capt Orton : Pourquoi est-ce que l'équipement est important?
Adjuc Smith : L’équipement, c’est la première chose qu’on voit, c’est la première chose qu’un soldat porte, mais aussi c’est important pour nos soldats d’avoir la confiance avec l’équipement, mais aussi faciliter leur emploi dans une vraie guerre avec peut-être avec un vrai ennemi.
Capt Orton : Puis, c’est sûr que si c’est une chose que le soldat va discuter en grand détail, c’est l’équipement.
Adjuc Smith : Oui, c’est ça. Alors il y a un plan de moderniser notre tenue mais aussi notre tact vest, les autres équipements aussi pour ajouter ça puis il y a beaucoup dans le court terme, mais aussi le moyen puis le long terme.
Capt Orton : Sur le sujet de leadership, tu sais en entend beaucoup tu sais le terme leadership, puis les gens ils voient ça comme peut-être prendre charge d’une tâche ou quelque chose comme ça. Qu’est-ce que ça veut dire pour vous?
Adjuc Smith : Le leadership, c’est une affaire que tout le monde apporte quand on s’enrôle dans les forces militaires, mais avec ça, quand on démontre les traits de leader, on demande les qualifications de caporal-chef, puis c’est votre choix comme leader d’être un bon leader ou d’être un leader qui trouve ça difficile de mener les soldats. Quand j’ai dit ça, c’est la différence entre un caporal et un caporal-chef, un caporal, c’est un des troupes mais un caporal-chef ça fait partie de nos troupes, mais aussi comme leader, c’est une transition difficile de temps en temps. Puis les qualifications, c’est juste une continuation de votage comme leader junior.
Capt Orton : Et on voit souvent que les gens apprennent par cœur les principes de leadership, mais c’est difficile dans l’application. C’est quoi le secret du succès de aider un soldat à exprimer ses qualités-là?
Adjuc Smith : Selon moi, le meilleur leader était le meilleur follower bien avant. C’est important d’avoir toutes les compétences comme soldat avec les responsabilités pour devenir un leader. C’est important de suivre les bons leaders avant de continuer comme la prochaine génération de leaders.
Capt Orton : Vous avez fait mention que la différence entre un caporal puis un caporal-chef, c’est que à un certain point, tu es un des troupes, mais aussi tu es un leader. Puis à un certain point, je pense que des fois on perd le fil de qu’est-ce que c’est d’être un soldat. Puis surtout quand on est très haut placé comme un leader. Comment est-ce que vous restez en contact avec Jim Smith le soldat et vous essayez de rester en contact avec les troupes. Comment vous restez dans leur tête?
Adjuc Smith : Avant d’être un soldat, j’étais Jim Smith. Alors pendant ma carrière, j’ai resté Jim Smith dans la tenue aussi. Alors il y a eu un temps comme leader que j’ai trouvé ça difficile comme caporal-chef, c’était une transition difficile surtout avec mes amis. Mais j’ai décidé d’être un travailleur dans ma section. Ça m’a beaucoup aidé à garder la différence entre Jim et caporal-chef Smith. Puis j’ai démontré l’habileté de continuer de travailler fort, avec mon équipe parce que ce n’est pas juste une personne dedans l’Armée canadienne, c’est toujours une équipe. Nos capacités commencent avec un soldat, mais il continue comme une équipe. Puis on a ajouté du monde pour n’importe quel niveau, on a besoin s’il y a une tâche ou une vraie guerre.
Capt Orton : Qu’est-ce que vous pensez en ce moment de l’environnement où ce que on se voit faire un peu plus des opérations domestiques que peut-être dans les années d’Afghanistan?
Adjuc Smith : Les demandes pour les opérations domestiques ont augmenté beaucoup. Je pense que selon moi, cela va continuer. J’ai passé beaucoup de temps dedans l’Armée canadienne à ce moment. Alors, le montant des opérations domestiques a sauté au moins 10 fois quand j’étais un soldat. Alors la différence entre les opérations domestiques et une opération comme en Afghanistan, c'est qu'on se prépare pour la vraie guerre. Afghanistan était presque une vraie guerre. C’est une opération différente. Mais comme on voit sur les nouvelles la vraie guerre en Ukraine, c’est quelque chose. Puis avec nos engagements de soutenir la Lettonie, il faut qu’on se prépare pour la vraie guerre.
Capt Orton : On voit les choses évoluer pas mal dans l’Armée ces temps-ci comme la société évolue. Qu’est-ce que vous pensez de l’évolution des soldats qui rentrent aujourd’hui et comment est-ce qu’on s’adapte à rencontrer leurs besoins dans l’Armée?
Adjuc Smith : Je pense que la différence entre quand j’étais un soldat, c’est que l’entraînement nous donnait les blocs pour devenir un soldat dont les Forces armées canadiennes avaient besoin à ce temps. Maintenant, je pense que les Forces armées canadiennes ont besoin de changer notre façon d’entraînement pour rencontrer nos soldats au moyen parce que nos soldats viennent avec les vraies habiletés, puis avec l’âge moyen de nos soldats présentement, ils sont plus vieux qu'avant. Alors ils ont déjà fait beaucoup de choses selon leur choix de vie à ce moment, puis la façon dont on fait l’entraînement présentement devrait reconnaître cela. Quand on a décidé de le faire, c’est-à-dire que l'entraînement de l’année passée doit changer pour demain. Pas hier. Alors, c’est une évolution de l’entraînement puis on a besoin de donner du crédit à nos membres présentement. C’est une grande différence de quand on était plus jeune.
Capt Orton : Oui, vois-tu justement parce que je me rappelle quand moi j’étais soldat, c’était presqu’une insulte de dire que tu étais différent ou que tu étais un individu. Puis vous dites maintenant que c’est la force que ces personnes-là amènent à notre service.
Adjuc Smith : Oui, reconnaître les habiletés de nos membres au commencement.
Capt Orton : Comment est-ce qu’on fait ça aujourd’hui? C’est quoi peut-être un des secrets pour prendre avantage de ça?
Adjuc Smith : Je pense que un de nos secrets, au commencement, il faut qu’on écoute nos membres. Parce que de la façon dont nous enseignons à nos soldats devrait changer avec la façon dont nos soldats apprennent. Alors c’est-à-dire est-ce qu’il y a un vrai marker un white board? Non, je pense que ça va être une chose, une application, quelque chose plus technique pour donner les mêmes résultats. Alors, il faut qu’on utilise la technologie disponible pour donner la vraie éducation qu’on a besoin demain.
Capt Orton : En parlant de ça, on se voit dans un domaine un peu plus technologique. Je me rappelle, tu sais on faisait notre entraînement. C’était avec une boussole, une carte. Maintenant on a des GPS puis on a la même chose qui vient après les GPS. Tu sais on a des Google Maps. Comment est-ce qu’on prépare nos soldats pour un monde un peu plus technique?
Adjuc Smith : Pendant la vraie guerre, comme par exemple en Ukraine présentement, l’Armée qui fait du sens, fait le processus de la formation, puis agir va gagner. Le commandement de l’Armée a dit ça plusieurs fois. Alors, c’est-à-dire on a besoin d’avoir la technologie, mais aussi il faut qu’on regarde nos capacités de travailler dans un environnement dégradé. C’est important de savoir c’est quoi une carte, c’est quoi une boussole, comment on peut les utiliser, mais ce n’est pas le focus. Mais on a besoin de ça. Si les applications ne fonctionnent plus, c’est les hand signals, les signaux des mains, puis les conducteurs pour échanger les informations sur le terrain de bataille. Il faut qu’on réalise les affaires qui se sont passées dans le passé et ça va marcher encore une fois et on peut le voir sur le terrain de bataille en Ukraine présentement.
Capt Orton : Ça me fait penser, je me rappelle quand on faisait de l’entraînement au niveau de l’unité, puis il fallait creuser des tranchées puis tu sais les soldats disaient : « Il n’y a pas personne qui utilisent des tranchées tu sais, on veut faire des opérations urbaines, on veut défoncer des portes ». Puis là on voit en Ukraine justement que, tu sais des tranchées, c’est encore utile. Le monde s’en servent puis les vieilles manières, ça fonctionne toujours.
Adjuc Smith : Oui, effectivement. Tout le monde regarde les nouvelles tout le temps, YouTube est un bon éducateur, éducatrice pour savoir ce qui se passe en réalité. Puis le monde comme 360 degrés est là. C’est toujours, les capacités sont à différents niveaux concernant les capacités qu’ils utilisent présentement. Alors, pour un soldat d’avoir 360 degrés de visage, ça va prendre nos technologies de donner l’information et aussi les sight pictures de tout sur le terrain de guerre.
Capt Orton : C’est fou ce que vous dites par rapport à YouTube. J’ai regardé comme pendant 45 minutes une attaque de peloton contre deux véhicules blindés puis vraiment tu peux tout voir qu’est-ce qui se passe. J’ai jamais rien vu comme ça dans ma vie. Peut-être des drones en Afghanistan un petit peu, mais je fais juste aller chez nous sur YouTube puis je peux regarder une guerre arriver en avant de moi.
Adjuc Smith : Oui, puis avec la technologie, même moi j’ai regardé plein de vidéos, mais nous tous sont des étudiants de la vraie guerre présentement. On écoute, on apprend puis on améliore nos tactiques de jour en jour parce quand on manque une capacité, puis on a besoin de quelque chose avec cette capacité, on va trouver une solution, c’est sûr. Puis nos soldats sont préparés pour gagner la guerre. N’importe quelle façon qui est disponible à ce moment-là. J’ai confiance en nos soldats. J’ai confiance en notre leadership. Mais je ne suis pas encore là avec l’industrialisation, si je peux dire ça.
Capt Orton : C’est sûr qu’on a de l’entraînement puis qu’on est obligé de faire cet entraînement-là. Quel rôle est-ce que le développement professionnel joue pour un soldat?
Adjuc Smith : Il faut qu’on soit les meilleurs au niveau de la base dans n’importe quel métier, toujours les meilleurs avec la base. Alors le cours de base, c’est la chose la plus importante. Puis c’est toujours le cours de base, on commence avec ça dans notre entraînement au niveau individuel et collectivement. On commence avec nos soldats. L’Armée est un système alors ça commence avec un soldat puis on construit plus. Tout dépend de la capacité de nos soldats. Mais aussi, quand on fait ça, on devrait changer la façon dont on s’entraîne en utilisant la digitalisation, beaucoup de simulation parce que avec les effets de simulation, il y aura bien plus d’opportunités de pratiquer vos habiletés au niveau de la base. Mais avec ça, il faut continuer de s’entraîner aussi pour continuer parce que la simulation, ce n’est pas toujours la meilleure des choses parce que, en réalité, la vraie guerre, ce n’est pas une simulation. Alors, si on continue avec ça, je pense que c’est une bonne opportunité de continuer avec les habiletés de base pour nos soldats, mais aussi d'améliorer la digitalisation de notre Armée canadienne aussi.
Capt Orton : C’est facile de, tu sais quand on est dans le feu de l’action, puis les choses sont en train d’arriver, surtout à un haut niveau, on ne voit pas nécessairement les petits changements qui portent à des grands changements. Comment est-ce que l’Armée a évolué pendant votre carrière? Où en est-on présentement?
Adjuc Smith : Je vais demander à nos soldats d’être patients avec nous comme les leaders de l’Armée canadienne, parce que on sait que l’on manque des capacités dont on a besoin demain. Alors, avec notre tâche, pour soutenir la Lettonie, ça va être une zone d’expérimentation pour l’Armée canadienne. Pas seulement la capacité, mais aussi de continuer les évolutions pour travailler dedans l’OTAN, alors les exercices avec les autres pays de l’OTAN, ça va nous aider, puis ça va continuer d’évoluer pour travailler avec nos partenaires et avec nos alliés. Mais si je peux faire marche arrière, c’est juste pour nous, il faut que ayons un système de communications beaucoup plus facile présentement. On attend la technologie la meilleure, mais avec ça, ça prend du temps à chaque fois puisque la technologie change. Cela veut dire qu’il faut recommencer à apprendre et permettre la capacité à avoir la nouvelle technologie. Alors, c’est quoi? C’est aussi bon quand on a besoin de réussir dans des opérations demain. C’est nous autres qui décidons, mais chaque fois que nous changeons nos idées, il y a toujours un délai. Alors, pour nous autres, il faut qu’on arrête ça tout de suite puis acheter quelque chose, mais aussi avoir un processus qui va nous donner la possibilité d’évoluer la capacité sans recommencer un nouveau projet. Alors, c’est juste une idée, mais pour nous autres présentement on a trois exigences urgentes opérationnelles dont on a besoin pour soutenir nos soldats en Lettonie. C’est les missiles anti-char, les systèmes de défense contre les aéronefs sans pilotes et des systèmes de défense aérienne. Alors il faut qu’on achète ça premièrement, puis avec ça décider qu’est-ce qu’on a besoin immédiatement pour placer un groupe de brigade en Lettonie l’année prochaine.
Capt Orton : À quelque part dans un bataillon en ce moment, il y a certainement un caporal qui pense donner sa démission la semaine prochaine, puis c’est probablement cette personne-là qui va être le sergent-major dans comme 20 ans. Qu’est-ce que vous diriez à cette personne-là?
Adjuc Smith : Ne jamais dire ‘jamais’. Dans mon cas, je me suis enrôlé comme fantassin pour l’emploi et pour la pension. Mais mon but était de devenir mécanicien en réfrigération. Mais 33 ans plus tard, je n’ai pas ces qualifications. Alors, pour rester dans l’Armée canadienne, il faut que tu comprennes que le chaos dans l’organisation, c’est constant. C’est quelque chose qu’on a besoin de comprendre, mais aussi d’accepter. Alors, pour moi, j’ai trouvé ça le fun. J’ai l’air jeune encore, j’ai beaucoup de fun avec mes responsabilités comme sergent-major dans l’Armée, puis l’autre chose la plus importante, c’est nos soldats et le futur. J’ai toujours dit de privilégier le futur. Puis c’est à vous autres qui écoutez cette émission, on engage encore, si vous désirez vous enrôler dans le militaire, on vous attend.
Capt Orton : C’est peut-être vous! C’est peut-être vous le prochain sergent-major.
Adjuc Smith : Oui, c’est ça, on ne sait jamais. Puis, ce n’est pas juste la position, c’est une opportunité de s’assurer que l’Armée est dans la bonne direction, puis avec mon avis, avec l’avis de la plupart du monde, avec l’expérience, on est dans un bon espace en ce moment. On écoute, mais aussi on comprend que demain va être plus difficile que l’année passée.
[Musique commence]
Capt Orton : Alright, parfait, bien merci beaucoup sergent-major.
Adjuc Smith : Hé, merci. J’espère que j’ai répondu à toutes vos questions, puis la conversation va continuer c’est sûr. Merci!
Capt Orton : Ça c’était l’adjudant-chef Jim Smith, sergent-major de l’Armée et moi je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Prenez soin de vous.
[Musique termine]