Dans cette rencontre intimiste, la réalisatrice et scénariste Ariane Louis-Seize raconte à l’animateur et réalisateur Julien Morissette son entrée accidentelle dans le cinéma ainsi que son processus de création pour ses différents courts métrages. Accompagnée par Pilou à la conception musicale, la comédienne Geneviève Boivin-Roussy fait la lecture de la nouvelle inédite qui est à l'origine du film Les profondeurs. Pilou nous offre également une prestation envoûtante de sa pièce Bloom.
Chaque vendredi sur le coup de 22 h 00, Julien Morissette reçoit des artistes de partout au Québec, issus de la littérature, du théâtre, du cinéma et de la création sonore et musicale. Découvrez des entrevues passionnantes, des textes inédits, des performances intimes et des conceptions sonores envoûtantes. Une production de La Fabrique culturelle de Télé-Québec, en collaboration avec Transistor Média.
Ce balado est une présentation de La Fabrique culturelle de Télé-Québec, en collaboration avec Transistor Média
JULIEN MORISSETTE [NARRATION 1]
Rodney St-Éloi a écrit :
Il n’y a point de différence entre partir et mourir.
Nous sommes tous [tout] deux nus et aveugles,
Main dans la main
Dans cette nuit impénétrable
Vous écoutez Signal nocturne.
THÈME SIGNAL NOCTURNE
JULIEN MORISSETTE [NARRATION 2_003]
Au bout d’un littoral désert et inhabité, on peut apercevoir quelques petites lumières qui forment une constellation.
Des feux de navigation ou des yeux qui brillent dans la nuit, mi-clos et scintillants.
D’ici, je sais pas s’ils sont tous collés ou à des kilomètres de distance, les uns par rapport aux autres.
Ce soir, on s’installe pour une nuit - une autre - dans les souterrains d’une bâtisse qui était jadis une cathédrale faite de bois et de verre.
On s’est donné rendez-vous pour une soirée unique dans un lieu anachronique, avec trois artistes de Saint-Adrien, en Estrie, et de Montréal.
Dans cet épisode, on va donc explorer les profondeurs et la vie intérieure des personnages d’une scénariste et cinéaste qu’on admire : Ariane Louise-Seize.
Ariane a réalisé les courts métrages La peau sauvage en 2016, Les profondeurs en 2019 et Comme une comète en 2020. Son travail est célébré à travers le monde, dans le réseau des festivals de cinéma. Les scénarios d’Ariane nous coupent le souffle par la précision de ses personnages et par sa réalisation ultrasensible.
Ariane a remonté le courant jusqu’ici, sa région d’origine, pour quelques heures au bord de la rivière des Outaouais. Et elle débarque pas seule, elle vient accompagnée de la comédienne Geneviève Boivin-Roussy et du musicien Pierre-Philippe Côté, alias Pilou.
On commence notre descente dans les fonds marins avec Pilou qui nous interprète sa la pièce Bloom.
PILOU - BLOOM
JULIEN MORISSETTE [NARRATION 3_007]
Très jeune, Ariane Louis-Seize avait déjà une passion pour les mots : enfant, elle écrivait déjà des nouvelles et des pièces de théâtre. C’est plus tard, à la fin du secondaire, qu’elle s’intéresse au cinéma comme médium de création.
JULIEN MORISSETTE [NARRATION EXTRA]
Ariane, alors qu’est-ce qui se passe à ce moment là?
ARIANE LOUIS-SEIZE
Bin ça, c'est vraiment moi. Au secondaire, j'étais en option arts dramatiques, je faisais du théâtre, puis c'est ce que je voulais faire après. Mais au Cégep de l'Outaouais, il n'y avait pas de, y'avait comme le parascolaire là, le théâtre en parascolaire.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Mais y'avait pas de programme de théâtre.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Y'a pas de programme de théâtre. Puis là, j'ai vu du cinéma. Je me suis dit : "Ah, bin". Tsé j'aime ça raconter des histoires, pourquoi pas le cinéma? Puis j'ai, j'suis rentrée là-dedans juste par hasard, parce qu'il y avait pas de théâtre. Donc j'ai essayé le cinéma, puis j'ai découvert tout un univers qui m'a vraiment happé et appelé. Pis c'est comme ça un peu par hasard.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
C'est quoi la valeur ajoutée qu'il y avait dans dans le cinéma qui y'a pas au théâtre disons dans dans ce qui t'appelais?
ARIANE LOUIS-SEIZE
Hmm, mon dieu. Bin j'pense que si c'est c'est vraiment, peut être le le le contrôle un peu de de pouvoir vraiment façonner un univers de façon très, très précis. Pour moi, il y avait quelque chose de très immersif aussi dans cette part là. Puis ouais, j'pense que c'est c'est c'est le côté et mon rapport à l'image, au symbolisme, tsé qu'y a aussi en théâtre là, dans le fond, là. Plus j'en parle, plus j'me dis que c'est aussi les qualités qu'on peut attribuer au théâtre.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Que tu vas peut-être faire du théâtre un jour?
ARIANE LOUIS-SEIZE
Bin...Moi, j'aime raconter des histoires. Donc oui, tsé, ça se pourrait que que je fasse du théâtre un jour. C'est pas nécessairement dans les plans, mais j'aime aussi l'écriture littéraire. J'aime raconter des histoires, point. Mais le cinéma, ça a comme été juste un, une révélation pour moi à ce moment là parce que je je j'en consommait beaucoup, mais de façon plus divertissement, disons tsé. Mais au au cégep, j'ai quand même découvert des réalisateurs. Je me suis, c'est ça, j'me suis laissé emporter dans cet art là. Pis j'ai vu comme une tout autre dimension que je voyais pas ayant tsé, un champ de possible là, disons.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Mais c'est intéressant que tu parles de ton amour, de l'écriture plus littéraire, comme tu le dis, parce que c'est intimement lié aussi à ta démarche de scénariste. Tsé si on remonte à La peau sauvage en 2016, ça c'était une adaptation de Camille Adopte, un serpent de Fanny Loisel. Comment tu t'appropries en fait, une une nouvelle pour en faire un scénario? Tsé ce ce passage là se déroule comment?
ARIANE LOUIS-SEIZE
Ouais, ben tsé la La peau sauvage c'est l'adaptation de de d'une nouvelle de Fanny Loisel. Puis j'pense que j'ai pris beaucoup de libertés. Tsé j'le sais même pas si tsé si c'est c'est, ça demeure la nouvelle était très réaliste pis j'ai comme décidé de m'approprier totalement le matériau de base qui est à à décoller là. J'ai j'ai vraiment amené une touche très, très surréaliste là-dedans. Mais sinon les les profondeurs, c'est c'est vraiment une nouvelle que j'ai écrite. Qui qui m'a, qui m'a donné cette envie d'écrire, de de faire un film avec ça. Puis Comme une comète aussi.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Aussi, oui.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Donc sinon c'est moi même que j'adapte.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Bin c'est ça.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Donc moi quand je m'adapte moi même,
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Mais ce que j'aime de de du fait qu'on se parle ce soir et qu'on discute de tout ça, c'est quand on voit un peu le vivre ensemble un retour dans le passé avec la nouvelle qui a fait que tout a commencé il y a 12 ans. Nos solitudes sous marine. Ça c'est à la base de, des Profondeurs.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Oui, ouais, ouais. C'est à la base des profondeurs. J'avais écrit ça dans un, dans un atelier littéraire il y a 12 ans. J'étais un échange étudiant à Avignon. Puis, 4-5 ans après, j'ai découvert la plongée sous marine, pis j'étais j'étais en plongée. Puis à, j'ai j'ai j'ai eu la piqûre là de la plongée. Puis, après une plongée, j'ai repensé à cette nouvelle là pis j'me disais : "Heille, ce serait malade de faire un film sous l'eau, pis d'essayer de l'adapter". Puis c'est ça, ouais, j'ai j'ai j'l'ai fait.
JULIEN MORISSETTE [entrevue]
Fait que là on a donné une mission à tes complices. Ce soir, on va l'entendre pour la première fois. C'est un texte inédit. Pis même toi, tu n'as pas entendu la version qu'on propose aux auditrices/auditeurs, donc, avec la complicité de Geneviève Boivin-Roussy et Pierre-Philippe Côté, Pilou. On vous présente Nos solitudes sous-marines.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY [lecture]
Le lac me renvoie une image terne de mon visage basané qui se brouille au contact de mon gros orteil droit. Celui-ci me confirme que la température est adéquate. Je m’y abandonne, plongeant tête première. Telle la plus lourde des pierres, je me laisse lentement couler jusqu’au fond. La descente dans les profondeurs paralyse l’angoisse dévorante logée au creux de mon ventre. Lorsque mes paumes touchent le sol mou et froid, je me donne un énorme élan pour remonter à la surface. Puis, je nage de toutes mes forces, pour ensuite profiter de cet instant précis où tous mes muscles gonflés d’acide lactique se relâchent. Je reste flottante un moment. Dérivant au centre de ce grand berceau liquide. Mon corps est léger. Pour une fois.
Maintenant étendue sous le soleil ardent de midi, le vent agressif et chaud me sèche en entier. Les nerfs les plus sollicités par mon entrainement matinal sautillent sous ma peau. Je les sens chatouiller la cime de mes tourments qui menacent de se réveiller à nouveau. Je ne veux pas. J’y replonge, tête première.
Une fois rendue dans les bas fonds, tout se calme à nouveau. Rien n’arrive à pénétrer jusqu’ici si ce n’est que les quelques ténus rayons de soleil qui arrivent à se frayer un chemin. Les sons eux n’y parviennent pas. Après un moment, les battements de mon cœur finissent par prendre toute la place. À bout de souffle, je remonte pour prendre une brève bouffée d’air et je retourne aussitôt dans ce vertige souple et thérapeutique.
Au fil de mes immersions, ma capacité à rester sous l’eau s’accroît. J’en viens même à pouvoir y demeurer des heures sans manquer de souffle. Je m’y promène avec aisance, comme si j’y étais née trente ans plus tôt, entre deux rochers.
Ça fait déjà deux semaines que les cheminées du voisinage ont commencé à cracher leur épaisse fumée dans le ciel. Vraisemblablement, tout le monde a froid, sauf moi. Ce matin, je me décide à plonger pour l’ultime baignade avant l’inévitable et souffrant retour en ville. Précise, mon entrée dans l’eau se fait sans éclaboussure. En arrivant au fond, je remarque que la visibilité est moins bonne qu’à l’habitude. Je passe à côté du rocher sur lequel j’aime bien me reposer. Je le reconnais à sa texture lisse et à sa forme irrégulière. Je le contourne et me heurte à une masse solide et inconnue. Cette nouveauté me réjouit. Mes mains explorent cet objet non identifié qui est rigide et malléable à la fois. Certaines parties sont plus souples que d’autres. Intriguée, je continue mon investigation jusqu’à palper quelque chose que je reconnaisse : une oreille. Puis, je touche à ce qui doit être un nez. C’est un corps!
Paniquée, la remontée me paraît longue, interminable. Je nage rapidement jusqu’au quai. Les jambes serrées contre ma poitrine, je tente de me débarrasser de la sensation de cette texture cadavérique. Dégoutée d’avoir tâté ce corps sans vie dont la peau se décollait sous mes doigts curieux, je vomis mon dernier repas en entier. J’essuie ma bouche âcre et retourne vers le chalet. Je reste au moins trente minutes sous le jet brûlant de la douche. Je me savonne, jusqu’à en avoir le corps tout rougit.
Maintenant lavée, je ne peux m’empêcher de fixer le lac par la fenêtre du salon. Le ciel qui se répand sur l’étendu du réservoir, me donne l’impression qu’il est infini. Je me sens petite devant autant de prestance et je m’étonne de constater que rien ne semble avoir changé. L’eau est tout aussi calme qu’avant cette macabre découverte. Le paysage n’est pas différent. Le vent souffle avec autant d’énergie. J’en viens à me demander si j’ai rêvé à cette rencontre. À ta rencontre. Peut-être que j’ai retenu mon souffle trop longtemps. Mais si tu existes, je dois te retrouver. Je ne veux pas te laisser avec une mauvaise impression.
Portée par le faible courant marin, je nage jusqu’à apercevoir ta silhouette. Tu es bien réel. Dans cette eau ténébreuse tu flottes, insouciant de ce qui se trouve en haut. Je m’approche tranquillement pour ne pas te brusquer à nouveau. Je veux me blottir contre toi, te serrer mais pas trop fort pour ne pas t’abîmer. Nos corps sont maintenant collés et mon cœur bat pour deux. Il résonne si fort dans ton thorax que j’ai bon espoir qu’il puisse te réanimer. Nos chairs ondulent l’une sur l’autre dans l’immensité du lac et je crois bien que je resterais ici pour toujours. Puis tant pis, c’est ce que je fais. Nos solitudes seront moins seules à deux.
La journée passe sans que nous n’ayons bougé d’un millimètre. Seul le courant nous fait tanguer comme si l’on dansait dans un étonnant paysage sous-marin. Mais comme toute bonne chose a une fin, le soleil finit par tomber et le lac devient noir et glacé. Pour la première fois depuis longtemps, je suis saisie par une sensation de froideur qui me transperce la peau. Comme si je vivais l’hiver de l’intérieur. Je tente de remonter en vitesse mais mes membres sont trop engourdis pour m’obéirent. J’atteins le quai de peine et de misère et j’arrive à me hisser hors de l’eau. Une fine couche de neige recouvre le sol. Les arbres dévêtus se dressent autour de moi. Ma peau est bleue et je ne sens plus mon corps. Je me masse quelques instants pour retrouver mes sens. Avec les quelques dernières parcelles d’énergie qu’il me reste, je retourne au chalet.
J’ai maintenant sommeil. Terriblement sommeil. Mon corps en entier grelotte de fatigue et de froid. Je rassemble toutes les couvertures existantes, m’y blottie et je tombe dans un repos insatiable. Cette nuit-là, je rêve à toi. J’imagine que je te rejoins, encore. Pour de bon. Que l’hiver bâtit un solide toit de glace au-dessus de nos têtes et qu'on nous retrouve soudés l'un à l'autre au dégel. Nos solitudes sous-marines réunies nous auraient gardé en vie et le courant se serait chargé d’effacer nos mémoires. Je voudrais rester dans ce rêve pour toujours. Comme dans un coma amoureux.
Le lendemain matin, un son strident et régulier me tire de mon sommeil. Bip bip bip. En sursaut, je me lève pour définir l’origine de ce bruit chaotique. Je regarde par la fenêtre embuée et je suis horrifiée. Un périmètre de sécurité est érigé sur ma propriété et ton corps flasque et blanc est remonté à la surface. Indifférents de ton sort, les policiers te manipulent avec mécanicité et t’emballent comme si tu n’existais déjà plus. De leurs mains insensibles, ils te font disparaître sous une pellicule de plastique opaque et tout s’arrête pour toi. Mon cœur se serre de savoir qu’on ne se reverra plus. J’étais déjà prête à te rejoindre.
JULIEN MORISSETTE
C'était Nos solitudes sous marines, un texte d'Ariane Louis-Seize, inédit. Interprété par Geneviève Boivin Roussy, aussi avec la musique de Pierre-Philippe Côté, alias Pilou. Ariane, c'est comment d'entendre ça prendre vie?
ARIANE LOUIS-SEIZE
Oh là là là là.
JULIEN MORISSETTE
Est-ce que ça fait ressurgir les mêmes images que y a douze ans, disons quand tu l'entends?
ARIANE LOUIS-SEIZE
Ouais. Ouais, probablement. Moi j'étais, j'étais de ma grand mère quand j'ai écrit ça. Et puis c'était comme pour moi, c'était comme si j'avais créé, j'me créais un espèce de de de d'espace thérapeutique là en écrivant cette cette nouvelle là. Mais oui, j'ai j'ai j'suis retournée dans ces sentiments là, ouais ouais. Puis, en écoutant et me livrer ça, comme un cadeau, puis j'sens que avec les profondeurs, les films qu'on affiche, je, je me dis que je ne suis pas trop éloignée de cette pulsion première là. Pis ça m'réjouit quand même de d'avoir réussi à garder ça là, merci.
JULIEN MORISSETTE
Parce qu'il faut le dire, Geneviève et Pilou était de de l'équipe, de l'équipe de l'équipe de création. Geneviève, est-ce que, j'suis curieux de savoir qu'est ce que tu avais lu la nouvelle avant de, avant le tournage?
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Non, c'est ça. J'ai déjà à Ariane, j'ai dit : "c'est drôle Ari tu me l'avait même pas fait lire cette nouvelle là". Mais quand j'ai lu le texte de ma belle Ariane, j'me suis vraiment retrouvée sous l'eau.
JULIEN MORISSETTE
Oui.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
C'est tellement sensoriel. Pis c'est grâce à Ariane, en fait, j'ai fait des cours de plongée sous marine. Maintenant, j'ai mes cartes.
JULIEN MORISSETTE
Ah ouais.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Oui, Ariane elle m'a fait vivre cette folle expérience et je lui en suis très, très, très reconnaissante.
ARIANE LOUIS-SEIZE
C'est une belle rencontre.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Vraiment. Puis, c'est le feeling de d'la plongée sous marine. C'est, elle le dit tellement bien par ces images, par cette, c'est là où le son ne peut même pas traverser. C'est un État et c'est un état très particulier la plongée, puis. Mais non, moi, je, ça a été mon plus beau projet, là.
JULIEN MORISSETTE
Bin, j'suis curieux, Pilou, de t'entendre à propos de la conception sonore et musicale quand tu travailles de pair avec Ariane. On le dit depuis tantôt, c'est quelque chose de tellement sensoriel, quand on doit ajouter ce sens si important au cinéma qui est le son et la musique. Tu arrives avec je ne sais pas. Quand tu lis le scénario ou quand tu te retrouves avec avec les images du film Par où tu commence?
PILOU
Écoute, j'ai un processus avec Ariane. Tsé chaque réalisateur réalisatrice, chaque film, chaque projet a un process différent. Tsé, pour moi, on ne peut pas avoir une recette qui fonctionne partout. Dans notre cas, c'était comme une rencontre humaine. J'pense que on a plus comme discuté, puis bu du vin la première journée.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Chez nous, à la campagne.
PILOU
Oui, à la campagne, Ariane est débarquée. Et puis on s'était rencontrés avant parce que j'étais allé sur le plateau. Je pense que c'était rendu quand même en octobre. Vous tournez dans le lac, puis là, Geneviève prenait des douches froides dehors, puis du pis d'la plongée dans le lac avec l'équipe de tournage sous-marine.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
C'était fou là. Un plateau de tournage sous l'eau. C'était ça là, c'était un cadeau
JULIEN MORISSETTE
Mais en octobre, en plus?
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Ouais, ouais.
JULIEN MORISSETTE
I là là.
PILOU
Tsé déjà tourner du cinéma, ce n'est pas une mince affaire. Là tu rajoutes la petite difficulté que c'est dans l'eau.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Petite difficulté.
PILOU
Tsé tout petite. Fait que on on s'était rencontrés là on sur le plateau. Puis pis là moi en plus d'avoir la chance d'être le le conjoint de de de l'actrice qui interprète le rôle principal, bin ça fait en sorte que j'ai le scénario avant. Pis là elle elle m'en parle, on brainstrom. Elle me dit : "Ah telle scène ça va être fou". na na na telle affaire. Puis moi, je m'imprègne du scénario tsé. Pis pendant longtemps longtemps longtemps je procrastine, puis j'pense pis là j'ai des idées, des flash, là. On dit : "ok on va faire ça". Pis à un moment donné c'est vraiment tsé c'est ce clavier là. C'est le juno tsé qui a, qui a beaucoup, beaucoup intervenu dans le dans la composition de la trame des profondeurs. Mais on on s'est vraiment fait une. C'est comme si ça, ça coulait de source, ça allait de soi.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Pis tsé moi, j'avais jamais avant, mais mes deux premiers films, c'était de la bonne musique ou Dans la peau sauvage, y'a y'a presque pas de musique. C'est la musique vient du bar d'en dessous, donc c'est juste des vibrations. Puis, fait que c'était c'était la première fois que je travaillais avec un compositeur pis tsé si découvrait quelque chose là le plus value, puis là, tsé c'est devenu, bah je dirais pas comme mon étape préférée parce que j'aime plein d'étapes. Mais comme pas loin d'être mon étape préférée d'la création d'un film parce que le film est créé pis là on fait juste par du beau sur, y a plus de stress, de rien d'autres, pis là c'est juste un espace créatif où n'y a pas de pression d'autres choses là. Le film il est là là, on fait juste l'embellir. Pis moi, tsé, j'suis quand même quelqu'un de très organisée, qui travaille beaucoup en amont. Pis tsé ça m'déstabilise quand même d'arriver pis de faire : "ok, mais là, t'sais, comment?". Pis toi t'es comme : "pas de stress, on y va".
JULIEN MORISSETTE
C'est bon.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Pis là il jam un, y jam un truc juste comme tés j'avais comme tsé peut être faudrait peut être mettre des mots sur ce que je veux, pis là t'es comme bin regarde j'vais jamer quelque chose, pis on verra, on partira de ça. Pis là tu me jam quelque chose, qui j'suis comme : "heille, y'a tout compris". C'est, c'est ça qui m'a frappé en fait de travailler avec toi, c'est que tu catches mon film pis après, on fait juste travailler à partir de quelque chose qui est déjà pas loin ou tsé qui qui est dans dans là bonne voie. Fait que j'ai pas besoin de...
PILOU
On on travaille sur un feeling, sur un état, pis sur ce qu'on veut donner à l'auditeur. Tsé moi mon, mon travail comme compositeur des fois, c'est dire au réalisateur : "c'est tu quoi, on mettra pas de musique dans cette scène là", tsé, on en a pas besoin. Regarde le jeu des tes comédiens, regarde la situation, regarde ce qui se passe. Puis là, on le fait avec la musique, OK, c'est nice, on enlève la musique. Pis là, on rajoute un roomtone ou un truc pis là, oh, pis là ça prend un autre sens, un autre deepness. Le process est open avec Ariane, pis c'est ça qui est le fun. Pis tés on n'est pas obligé d'avoir la réponse instantanée la première fois. On a droit à, essais et erreurs, recherches, recherche et création comme une idée de mode de vie là tsé. Fait qu'on a développé cette relation là ensemble tsé.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Mais tu nous permet aussi de créer dans un univers qui est tellement fort et complexe et magique. Je dirais magique, c'est vraiment ça. Pour moi, c'est une date et des qualités premières. C'est la magie qui t'habites. C'est les sens. Pis ça, comme réalisateur, c'est précieux là, comme collaborateur et créateur de travailler avec toi, de nous permettre d'aller là.
ARIANE LOUIS-SEIZE
Mais sais-tu ce qui est précieux, c'est aussi de travailler des collaborateurs qui comprennent ça qui vont là. Pis c'est comme ça que je suis capable de rendre visible l'invisible invisible.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Ohh yes.
ARIANE LOUIS-SEIZE
hahah.
PILOU
Vivement l'invisible.
GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY
Oui, tout à fait.
JULIEN MORISSETTE [NARRATION 3]
Avant de vous dire au revoir, j’veux remercier nos invités Ariane Louis-Seize, Geneviève Boivin-Roussy et Pilou, qui sont venus nous rendre visite dans le Vieux-Aylmer, en Outaouais
Je tiens également à remercier toute l’équipe de Signal nocturne :
Pour Télé-Québec
-La coordonnatrice Nadine Deschamps, coordonnatrice
-La technicienne de production Erica Coutu-Lamarche
-La chef de contenu Ariane Gratton-Jacob
-L’édimestre Sophie Richard
-Et la directrice de La Fabrique culturelle et des partenariats, Jeanne Dompierre
À Transistor Média
-François Larivière au montage, mixage, à l’habillage sonore et musical
-Steven Boivin à la musique originale
-Sophie Gemme à la recherche
-Claire Thévenin, chargée de production
-Louis-Philippe Roy aux communications
-Stéphanie Laurin à la production exécutive
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Je m’appelle Julien Morissette, bonne nuit.