Des changements importants ont été apportés à l’instruction au sein de l’Armée. Ces changements s’appliquent à la fois à la Force régulière et à la Réserve.
Le balado de l’Armée canadienne s’adresse aux soldats de l’Armée canadienne et traite de sujets qui les concernent. Les soldats constituent notre public cible principal, mais les sujets abordés pourraient s’avérer pertinents pour toute personne qui appuie nos soldats ou qui s’intéresse aux enjeux militaires canadiens.
[Musique commence]
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Si on n’utilise pas certaines connaissances pendant plusieurs années, ces connaissances-là viennent à être oubliées.
Capitaine Adam Orton : Hé! Salut! Ici le capitaine Adam Orton du Balado de l’Armée canadienne. Si vous êtes un militaire du rang de l’Armée canadienne, vous vous souviendrez d’avoir suivi certainement deux cours d’instruction-clé au début de votre carrière. Soit la qualification militaire de base terre qui est un cours qui montre aux soldats comment utiliser des mitrailleuses et des grenades et le cours de chef subalterne de l’Armée qui entraîne les soldats à prendre charge d’une équipe de soldat pour exécuter des tâches.
Il y a des changements importants qui prennent place au cours, et pour nous les expliquer, on a le lieutenant-colonel Patrick Chartrand du Centre d’instruction au combat à Gagetown.
Bienvenue au balado monsieur!
[Musique termine]
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Merci Adam!
Capitaine Adam Orton : Donc, peut-être pour commencer, est-ce que vous pouvez nous expliquer votre rôle dans les changements?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Donc, moi au CIC, je suis le G7. Je suis responsable de tout ce qui est les normes pour les qualifications de nos cours. Je ne suis pas responsable nécessairement de la production, du CFTPO et ses tâches. Je gère vraiment la partie normes pour m’assurer que les soldats qui vont sur les cours ont les normes nécessaires et atteignent les normes nécessaires pour leurs qualifications. Quand on a commencé à regarder l’option pour enlever le QMB terre puis le CCSA, j’ai été un des joueurs pour faire les analyses pour savoir ça serait quoi les impacts, puis comment qu’on pourrait retirer ces cours-là de la façon la plus efficace et puis ça serait quoi la prochaine étape une fois que ces cours-là sont retirés.
Capitaine Adam Orton : Donc c’est quoi les changements exactement qui prennent place?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Le 18 mai, le CANFORGEN a été publié, puis en date du 21 mai, ces changements-là sont efficaces, Donc, tous les métiers de l’Armée, à l’exception des blindés, génie de combat, puis les artilleurs, n’ont plus besoin de compléter le QMB terre puis le CCSA dans le cadre de leur progression de carrière.
Capitaine Adam Orton : Et pourquoi on a fait ces changements-là?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Une des raisons, c’est la capacité de notre système d'entraînement. Nos ressources-clé dans l’entraînement, c’est nos instructeurs, puis le temps. Et puis comme on le sait, la majorité de nos instructeurs viennent des unités en support pour les cours. Donc, ça prend toujours un équilibre entre l’entraînement individuel puis l’entraînement collectif puis les besoins opérationnels. À cause de ça, on est limité dans le nombre de cours qu’on peut donner par année.
On a aussi vu au cours des dernières années que plusieurs de nos cours ont augmenté en durée. Une des raisons, c’est l’impact des nouvelles technologies sur le champ de bataille. Donc, par défaut, si nos cours sont plus longs, ça crée plus de pression sur nos instructeurs, mais aussi ça augmente le temps requis pour qualifier notre personnel. Donc en enlevant le QMB terre, puis le CCSA, on s’attend à ce qu’il y ait des réductions dans le temps requis pour qualifier notre personnel, puis que ça va créer de l’espace pour enseigner d’autres de nos cours qui sont critiques.
Un des exemples, c’est que dans la prochaine année, l’Armée va enseigner douze QMB décentralisés. En support à l’école de leadership et de recrue des Forces canadiennes qui ont dû diminuer leur production à cause de la pandémie. Ça on n’a pas le choix, il faut qu’on enseigne ces cours-là pour la simple raison qu'au cours de la dernière année, on a dû annuler plusieurs de nos cours PP1 juste parce qu’on avait pas assez de candidats. Donc, faut qu’on enseigne des cours de base pour s’assurer qu’on a assez de candidats qui puissent suivre les cours suivants et progresser dans le système.
Une autre raison, c’est qu’avant CANFORGEN, il y avait des différences entre certains métiers dans qu’est-ce qu’on appelle les purple trades. Un purple trade, c’est tout métier qui peut être employé dans n’importe quels éléments. Donc Armée, Force aérienne, ou Forces maritimes. Donc, par exemple, un membre du rang qui portait l’uniforme dans un purple trade devait compléter son CCSA pour être capable d’être promu au grade de caporal-chef. Tandis que un aviateur ou un matelot n'a pas besoin de ce prérequis-là. Donc ça créait des frustrations parce qu'on se retrouvait à l’occasion où deux personnes dans la même unité qui faisaient le même travail ne pouvait pas être promu au même moment puisqu'un devait compléter des cours additionnels. L’inverse était aussi vrai. Donc on pouvait se retrouver avec un membre du rang de l’Armée qui était employé sur une base navale et jamais passer aucun temps de sa carrière dans une unité de l’Armée, mais il devait quand même compléter le CCSA pour être promu au grade de chef. Donc, en enlevant ce prérequis-là, on se retrouve maintenant où est-ce que tous ces métiers-là sont à égalité en termes de qualifications requises pour être promu au prochain grade.
Capitaine Adam Orton : Oui, puis vois-tu justement comme vous avez fait mention, c’est vraiment dans l’Armée, pour ceux qui ne le savent peut-être pas, ou dans les Forces en général, faut faire certains cours pour progresser. C’est pas juste vous travaillez fort, vous êtes une bonne personne, ça fait quatre ans que vous êtes là, on y va. C’est vraiment, il y a certains cours puis des différents métiers, différents cours qu’il faut faire. Donc si vous n'avez pas ces cours-là, vous n'avancez pas. C’est aussi simple que ça.
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : C’est exactement ça. Donc en retirant les prérequis pour le QMB terre, puis le CCSA, ça c’est deux prérequis de moins qui doivent être complétés pour permettre la progression des membres du rang.
Capitaine Adam Orton : Si on regarde les soldats, puis le concept d’être un soldat en premier, puis le meilleur exemple qu’on voit souvent en entraînement c’est que vous soyez un soldat ou un caporal-chef, ou un capitaine, si vous arrivez sur la scène d’un accident, un Canadien en général qui voit quelqu’un qui est en uniforme, on se dit cette personne-là a une certaine formation. Si il y a un accident, on s’attend à ce qu’il soit capable de s’impliquer. Mais dans un contexte de combat, on s’attend aussi à ce que tous les soldats soient capables de peut-être être efficaces au combat. Mais peut-être en changeant ce système d’entraînement-là, tu sais admettons un cuistot, il a peut-être moins d’expérience de combat à ce point-ci au début de sa carrière. Qu’est-ce que vous diriez aux personnes qui seraient critiques qu'ils ont besoin de cet entraînement-là au début?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Bien, si on regarde la façon que le CANFORGEN a été écrit, il n’y a rien qui empêche nécessairement à ces corps de métier-là de faire leur propre analyse et de déterminer si les métiers qui n’ont plus besoin de faire cet entraînement-là, ont quand même besoin de certains de ces connaissances-là au courant de leur carrière.
Qu’est-ce qu’on devrait regarder c’est est-ce qu’un soldat a besoin de ces qualifications-là le premier jour qu’il se présente à son unité? Si on prend l’exemple d’un cuisinier, est-ce qu’un cuisinier a besoin de savoir comment lancer des grenades pour faire son métier? J’aurais tendance à dire que non. Par contre, si on pense que plus tard dans sa carrière, il va avoir besoin de cet entraînement-là ou si cette personne-là se déploie en opération et puis on doit lui enseigner ces connaissances-là, c'est toujours possible de le faire dans le cadre de la préparation au déploiement. Puis j’aurais tendance à penser que un cuisinier qui n’a jamais lancé des grenades après son QMB terre, probablement on lui enseignerait à partir de la base au moment d’être déployé pour s’assurer du côté de la sécurité. Parce qu’on sait que si on n’utilise pas certaines connaissances pendant plusieurs années, ces connaissances-là viennent à être oubliées. Et puis c’est juste plus sécuritaire de recommencer à la base.
Capitaine Adam Orton : Oui, certainement puis dans plusieurs contextes pour la préparation au déploiement, on voit que peut-être certains soldats ont un petit peu moins d’expérience. Mais tant qu’on a un système d’entraînement en place, qui s’assure que tout le monde peut acquérir ces connaissances-là puis les pratiquer un peu, ça prend pas tant de temps que ça pour arriver à un point où ce que vous êtes efficace avec cet équipement-là.
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Non, c’est ça. Puis on s’attend à ce que lorsque les membres arrivent à l’unité, ils vont avoir un peu de mentorat qui va être nécessaire. C’est certain. Mais ça peut être fait dans le cadre de l’entraînement normal d’une unité et puis dans leur montée en puissance ou dans leur entraînement collectif qu’ils conduisent à chaque année.
Capitaine Adam Orton : Puis, vois-tu, justement, si on regarde par exemple les fantassins dans un contexte de réserve, il y avait de l’entraînement sur certaines armes qui ont été enlevées puis que ça a été poussé au niveau de l’unité pour faire cet entraînement-là. Bel exemple, c’était le pistolet.
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Non, c’est ça il y a plusieurs partie de l’entraînement, si on prend l’exemple d’un fantassin réserviste, qui ne sont pas nécessairement enseignés à l’unité au même niveau, au même temps qu’un soldat régulier, quand ces soldats-là arrivent dans une unité, s’ils n’ont pas l’entraînement pour les missions, à ce moment-là dans le cadre du pré déploiement, c’est là qu’on va leur enseigner. Donc, une approche similaire pourra être faite avec les autres soldats qui maintenant auront plus le QMB terre.
Capitaine Adam Orton : Est-ce qu’il y a peut-être un risque au niveau de l’unité que il n’ont pas nécessairement la capacité d’effectuer cet entraînement-là?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Dans la majorité des cas, l’entraînement est déjà conduit. On voit ça dans le cycle annuel. On le fait surtout comme ‘refresher’ si je peux dire dans le cas de personnes qui ne sont pas qualifiées. C’est possible de donner un entraînement un peu plus spécifique, puis après ça de les embarquer sur le même cycle d’entraînement que l’unité.
Capitaine Adam Orton : En parlant un peu plus sur le côté leadership, quel impact est-ce que vous voyez ces changements-là au niveau du cours de chef subalterne?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Donc, pour le corps blindé, artillerie, puis génie de combat, eux pour l’instant, il n’y aura pas de changements immédiatement. Leur corps est en train de conduire une analyse pour savoir quels éléments de ces cours-là ils vont être transférés plus tard dans la carrière ou à quel moment dans leur progression. Donc, on s’attend pas à ce que ça soit un transfert un pour un. Par contre, une fois que l’analyse va être complétée, on devrait être en mesure d’avoir une meilleure idée. Présentement, les corps de ces trois métiers-là se sont fait indiquer qu’ils doivent avoir un plan de transition prêt à être mis en place pour l’automne 2021. Par contre, le plan de transition ne commencera pas nécessairement cet automne. Il va être expliqué, il va être briefé, il va être développé. Et puis, une fois que ça va être en place, ça se pourrait qu’on continue de rouler certains cours de QMB terre puis de CCSA au courant de l’automne jusqu'à temps que le plan de transition soit mis en place. Mais s’il y a certains éléments du cours de CCSA qui pourraient être pris puis être transférés plus tard dans la progression de carrière dans des cours qui existent déjà dans ces corps de métier-là.
Capitaine Adam Orton : Là, on a implémenté ces changements-là au niveau du corps des membres du rang. Est-ce qu’il y ait possibilité qu’on ait quelque chose du genre pour le corps des officiers aussi?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Pour l’instant, non. La priorité, c’est de compléter les analyses pour le QMB terre et le CCSA. S’assurer de finaliser tous les changements, et puis de s’assurer de couvrir tous les impacts de 2e et 3e ordre qu’on pourrait détecter au fur et à mesure qu’on ajuste cette partie-là. Une des choses qui est importante, c’est que on a beaucoup de publications qui doivent être mises à jour. On doit s’assurer que nos normes et nos prérequis sont mises à jour pour refléter ces nouveaux changements-là. Donc, ça prend un peu de temps. Puis, c’est certain qu’il va falloir ajuster certains autres cours pour s’assurer que si le CCSA était un prérequis bon et bien là il faut déterminer est-ce que on rajoute certaines périodes à ce cours-là ou on est satisfaits à ne pas demander une équivalence pour participer à ce cours-là. Donc ça c’est encore des analyses qui sont faites. On s’attend à ce que ça prenne plusieurs mois pour tout mettre en place. Mais une fois qu’on va être satisfaits, y’a rien qui nous empêche de regarder ça va être quoi la prochaine étape de l’évolution. Mais pour l’instant, il n’y a pas de plan pour la partie officier.
Capitaine Adam Orton : Et, est-ce qu’il y a des changements qui s’appliquent particulièrement aux réservistes?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Encore là l’analyse va devoir déterminer c'est quoi les impacts. Donc, on ne peut pas vraiment spécifier les changements. Par contre, c’est certain que les trois métiers que j’ai identifiés, blindé, artilleur et génie de combat, vont être affectés de façon similaire à la régulière.
Capitaine Adam Orton : Certainement avec des changements, tout le monde a une opinion, c’est sûr, puis c’est tout le temps, il y a des critiques, du monde qui pose des questions. Est-ce qu’il y a des questions en particulier qui vous sont arrivées donc vous voulez peut-être répondre?
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Un des points qui a été soulevé, c’est qu’il y a des inquiétudes à ce que les trois corps des métiers qui vont devoir continuer pour l’instant à faire QMB terre puis le ESCC, dans leur analyse, ils font juste prendre ces deux cours-là puis les imbriquer dans leur système tel quel. Puis là ça fait en sorte qu'il n’y a pas vraiment d’économie. C’est pas ça l’intention. L’intention c’est vraiment de faire une analyse puis de voir où est-ce qu’on peut sauver du temps et puis d’ajuster l’entraînement pour que ce soit plus spécifique à ces corps-là.
Si on prend l’exemple des ingénieurs, dans le cours de QMB terre, ils voyaient certains entraînements reliés aux mines et aux explosifs. On le sait très bien que dans leur carrière, très tôt dans la carrière même, ils voient déjà ce type d’information-là puis ces types d’entraînement-là, puis c’est même plus élaboré que qu’est-ce qu’ils savent sur le QMB terre. Donc, ça c’est déjà une matière qui n'a pas nécessairement besoin d’être transférée sur le cours.
Un autre exemple aussi c’est pour ajuster l’entraînement plus spécifique à ces corps de métier-là, si on regarde en ce moment sur ces deux cours-là, on demandait aux candidats de faire des positions défensives comme les fantassins le font. Donc, des positions défensives creusées avec le même type d’ennemi qu’un fantassin verrait normalement. Donc ça pourrait être une possibilité qui va être déterminée dans l’analyse que la position défensive serait maintenue pour les artilleurs par exemple. Mais par contre au lieu que ce soit une position défensive typique d’un fantassin, ça serait peut-être une position d’artillerie qui serait défendue selon les méthodes de l’artillerie puisque le type d'ennemi n'est pas nécessairement le même. Donc les connaissances de base pour établir la position défensive serait maintenue, mais dans un contexte qui serait plus près de la réalité pour un artilleur.
Capitaine Adam Orton : Puis, vous soulevez un bon point que souvent c’est peut-être pas considéré, y’a toujours une difficulté entre maintenir, tu sais qu’on travaille tous ensemble en travail d’équipe comme que l’Armée est supposée de faire, mais aussi d’apprendre notre propre métier puis faire ce qu’on a à faire. Donc, c’est important de voir ce que les autres font mais c’est aussi important de savoir ce qu'est-ce qu'on est supposé faire dans le processus de l’équipe.
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Puis, ça c’était un des points soulevés pendant notre analyse. Avec ces changements-là, ça va permettre aux soldats d’avoir une expérience plus rapide reliée à leur propre métier.
[Musique commence]
Capitaine Adam Orton : Bien merci beaucoup monsieur! Je sais que c’est pas facile de parler des changements comme ça puis c’est sûr que y’a des gens qui ont beaucoup à dire à ce sujet, mais j’apprécie vraiment que vous ayez pris le temps de nous en parler.
Lieutenant-colonel Patrick Chartrand : Bien merci beaucoup, c’est moi qui te remercie Adam.
Capitaine Adam Orton : Ça c’était le lieutenant-colonel Patrick Chartrand du Centre d’instruction au combat à Gagetown. Si vous voulez en savoir plus au sujet de CANFORGEN 7221 qui parle de ces changements-là, vous pouvez le trouver sur le système qui existe ou parler à votre chaîne de commandement pour vous assister.
Hé tout le monde, moi j’aime me promener en moto. Il y en a plusieurs de vous qui aiment ça aussi. Faites attention à vous-même parce qu'on veut rester sain et sauf pour pouvoir faire ce qu’on a à faire. Et si vous n'avez pas de moto, faites attention à ceux qui en ont.
Moi je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Prenez soin de vous.
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