Pour réussir un poulet

Deux jeunes hommes, Carl et Steven, survivent tant bien que mal en ramassant du fer pour Mario Vaillancourt, le propriétaire des Galeries du Boulevard. Grossier, menaçant, l’individu semble avoir sur le feu des activités plutôt louches… En tentant d’améliorer leur sort, les deux amis s’enfoncent dans une spirale qui leur fait bouffer de plus en plus de misère.

Show Notes

Deux jeunes hommes, Carl et Steven, survivent tant bien que mal en ramassant du fer pour Mario Vaillancourt, le propriétaire des Galeries du Boulevard. Grossier, menaçant, l’individu semble avoir sur le feu des activités plutôt louches… En tentant d’améliorer leur sort, les deux amis s’enfoncent dans une spirale qui leur fait bouffer de plus en plus de misère.

Pour réussir un poulet illustre avec un humour cinglant le mal de vivre d’une frange de la société qui, à force de trimer dur pour une minable pitance, finit, au pied du mur, par sacrifier l’une de ses plus grandes richesses: ses valeurs.

Texte: Fabien Cloutier
Réalisation et conception: Scène nationale du son
Musique originale: Valaire
Distribution: Denis Bernard, Gabrielle Côté, Guillaume Cyr, Marie Michaud et Hubert Proulx
Production exécutive: Stéphanie Laurin
Production: Scène nationale du son et Théâtre de La Manufacture, en collaboration avec La Fabrique culturelle

What is Pour réussir un poulet?

Deux jeunes hommes, Carl et Steven, survivent tant bien que mal en ramassant du fer pour Mario Vaillancourt, le propriétaire des Galeries du Boulevard. Grossier, menaçant, l’individu semble avoir sur le feu des activités plutôt louches… En tentant d’améliorer leur sort, les deux amis s’enfoncent dans une spirale qui leur fait bouffer de plus en plus de misère.

Pour réussir un poulet illustre avec un humour cinglant le mal de vivre d’une frange de la société qui, à force de trimer dur pour une minable pitance, finit, au pied du mur, par sacrifier l’une de ses plus grandes richesses: ses valeurs.

Épisode 1 : On est c'qu'on mange

(Musique)

MARIO VAILLANCOURT
Ça prend un poulet d’grains
Note ça
Poulet de grains
Pis bio si possib’
J’veux pas t’u m’orviennes dans un boute
En me disant que ma recette de poulet est ordinaire
Parce t’as pas été tight su l’choix du poulet
Un poulet
Ça s’achète dans une boucherie
Une bonne boucherie
Moé des grosses épiceries ousqu’y vendent du steak
haché
Du chlore à piscine
Pis des tayeurs d’hiver
Ça me fait peur
Tu vas dans une boucherie pis t’achète un poulet de grain bio
On est c’qu’on mange
Moé j’ai des défauts en tabarnac mais j’mange ben
Quelqu’un m’orgarde
Y fait pas vite de même
« ouh y a l’air tèteux su c’qu’y mange c’gars là »
Non . J’ai l’air ben simple
Mais chu rendu bio au boutte
J’crois à ça moé
T’as remarqué que c’est yinque de la salade que tu m’sers au restaurant pis que j’te demande de pas m’mettre d’la vinaigrette?
Ben c’est ça
Des combos spag et pizza
Les vôtres goûtent le cul en passant
J’mange pas ça
Des pizzas pochettes
Des fraises d’la Californie
Des Egg Roll en paquet de 525
Ça rentre pas dans moé
On est c’qu’on mange
Tsé
Un poulet peut manger du grain
Ou un poulet peut manger
Une espèce de farine
Faite avec des poulets morts
Mettons des pattes de poulets morts
Des intestins de poulets morts
De la marde de poulets morts
Y font sécher ça dans des machines
Ça vire en farine
Pis l’big shot industriel qui run sa shop de poulets
Y se câlisse tellement de toé
Que c’est ça qu’y donne à manger à ses poulets
De la farine de poulet mort
Faque un poulet industriel
C’est un poulet qui mange d’la marde
Faque si tu manges un poulet qui mange de la marde
Toi aussi tu manges de la marde

MÉLISSA
Avant, quand j’voyais des filles de mon âge avoir un kick sur des monsieurs
Je me disais que c’était des niaiseuses

MARIO VAILLANCOURT
Ça a le mérite d’être clair

MÉLISSA
On change

MARIO VAILLANCOURT
On change ?

(musique)

STEVEN
Crisse y a le signe d’la carte de crédit su l’top d’l’ostie d’taxi
Comment ça tu m’dis tu prends pas la carte ?

CARL
Laisse le chier.

STEVEN
C’est de l’argent une carte de crédit
On est pu dans l’temps d’Jésus tabarnac
On paye pas avec des moutons pis des poules
On paye avec de l’argent lousse ou de l’argent en carte de crédit

CARL
Laisse le chier

STEVEN
J’t’ai pas demandé au début d’la run si tu prenais la carte
Y a le signe d’la carte su l’top
Voyons tabarnac !

MARIO VAILLANCOURT
Café ? Thé ?

JUDITH GILBERT
Thé voyons
J’ai toujours juste bu du thé

MÉLISSA
Pardon madame
Avez-vous du poulet de grain?

JUDITH GILBERT
J’aime pas le café
Te souviens-tu m’avoir offert du café pis que j’dise oui ?

MÉLISSA
Parce que c’est écrit nul part sur l’emballage que c’est du poulet de grain

STEVEN
Au dépanneur, y’a le signe de la carte sua porte
Tu sais que tu peux payer avec ta carte
C’est pas que dépendamment du gars qui est en arrière du comptoir
T’as le droit ou non de payer avec ta carte
Le gars peut pas dire : « Moi je la prends pas la carte »
C’est annoncé sua porte que tu peux payer avec ta carte
T’as l’droit c’est toute

CARL
Laisse le chier

MARIO VAILLANCOURT
J’ai du thé noir
Pis du thé vert

JUDITH GILBERT
Thé vert.

STEVEN
Oui mais là câlisse
Change de disque ok tabarnac
Je l’ai pas l’ostie d’douze piasses
J’ai ma carte

MÉLISSA
Je veux pas savoir si c’est un poulet du Québec
Ou si y est en spécial
Je veux savoir si c’est un poulet de grains

MARIO VAILLANCOURT
C’est du thé en poche par exemple
C’est pas du thé lousse que ça prend une théière spéciale

JUDITH GILBERT
Correct
Tu vas pas le faire avec l’eau de la ville ?

MARIO VAILLANCOURT
Oui.

JUDITH GILBERT
J’vas laisser faire
Moi j’bois juste de l’eau de source

MÉLISSA
Je cherche pas le moins cher
C’est tu un poulet qui mange sa marde ou c'est un poulet qui mange du grain ?
C’est ça je veux savoir

STEVEN
Non non non
T’appeleras pas l’ostie de police pour une run de taxi 12 piasses
J’ai ma carte

CARL
Laisse le chier
On câlisse not’ camp

JUDITH GILBERT
L’eau de la ville
C’est l’eau des égouts
Toute va là
La pluie
Les crottés qui se lavent les mains dans les garages
Les malades de l’hôpital qui chisent leur médicaments pis leur maladie
Y disent qu’y traitent ça pis que ça redevient potable
Moi je crois pas à ça

STEVEN
Déjà que ça sent l’tabarnac dans ton ostie d’taxi

CARL
Calme toé ostie

STEVEN
Manges-tu des chats écrasés pour que la yeule te puse de même ?

CARL
Y va appeler sa centrale

STEVEN
T’as pas pensé de t’mettre du stoff à d’sour de bras au lieu d’acccrocher des osties sapin jaune su l’miroir ?

CARL
C’est beau là câlisse c’est beau
J’vas l’payer moé
Y m’reste un vingt

MÉLISSA
Laisse faire j’vas aller ailleurs

MARIO VAILLANCOURT
Si je fais bouillir de l’eau en bouteille
Ça marche-tu ?

JUDITH GILBERT
Si c’est de l’eau de source

MARIO VAILLANCOURT
C’est de l’eau de source

STEVEN
J’ai payé la biére quasiment toute la veillée parce que tu disais que t’avais pas d’argent pis t’as un vingt dans tes poches ostie d’vidange ?

MARIO VAILLANCOURT
Tu dois être venu pour autre chose que parler de la qualité de l’eau ?

JUDITH GILBERT
Steven
Ça va pas ben son affaire

MARIO VAILLANCOURT
Ça a tu déjà ben été son affaire ?

STEVEN
Gros tabarnac

CARL
Heille

JUDITH GILBERT
Peut-être que

MARIO VAILLANCOURT
Heille

STEVEN
J’suis là moé que j’paye avec ma carte toute la veillée
Pis t’avais un 20 dans tes poches ?
C’t’insultant en tabarnac
J’pas plus riche que toé moé

JUDITH GILBERT
Y’est dans un passe ordinaire
J’aimerais ça qu’y travaille

MARIO VAILLANCOURT
Au centre d’achat
J’ai pas besoin
J’ai toute mon monde

STEVEN
Moi quand j’ai un vingt dans mes poches
Je dis pas au monde que j’ai pu une cenne
Chu honnête
J’dis qu’y m’reste 20 piasse

CARL
J’ai compris

MARIO VAILLANCOURT
Mais j’aurais peut-être de quoi su l’ramassage de fer
Tsé, les soirs que les poubelles passent le lendemain
J’ai des équipes qui partent pis qu’y vont ramasser l’fer dins vidanges
Pis moi je m’arrange pour orvendre ça
Là-dessus
Je serais prêt à l’essayer ton Steven

JUDITH GILBERT
Fouiller dins poubelles
C’est la meilleure affaire que tu peux trouver pour lui ?

MARIO VAILLANCOURT
C’est pas du fouillage de poubelles
Tu te promènes en pick-up
Si y a des bouttes de fer
Des lavabos en inox
Des laveuses
Des tuyaux de cuivre
T’es ramassent
J’demande à personne de s’câlisser les mains dans d’la litière à chat

JUDITH GILBERT
Correct

STEVEN
Cédric. Cédric !

MARIO VAILLANCOURT
Mais je l’engage comment ?
Je l’appelle pis j’y dis « Heille tu me connais pas pis t’as l’air d’être devenu un ostie de bon rien, viens ramasser du fer pour moi » ?

STEVEN
T’es pas couché toé ?
Lâche ça tabarnac
Y’est trois heures du matin

JUDITH GILBERT
Sa blonde travaille au restaurant icitte

MARIO VAILLANCOURT
C’est quoi son nom ?

JUDITH GILBERT
C’est une grande cute trop belle pour un restaurant lette
Mais à l’a pas voulu aller à l’école

MARIO VAILLANCOURT
J’vois de qui tu parles

STEVEN
Là mon ptit Cédric
Va falloir que tu fasses d’autre chose de ta vie que du criss de skate
Maudit crisse

MARIO VAILLANCOURT
Si vous connaissez quequ’un qui a besoin d’ouvrage
Ça roule moé dans c’temps-citte su l’fer
J’suis ouvert
Y’ont jusse à m’appeler

STEVEN
Pis fais-toi donc une blonde
Y doit pas yinque avoir des grosses dans c’polyvalente-là !

MARIO VAILLANCOURT
Pis toi. Y’était tu bon ton poulet finalement ?

MÉLISSA
Oui
Ça revient cher mais c’était bon
Quand t’as parlé tantôt que tu cherchais du monde pour d’la job
Je connais 2 gars

MARIO VAILLANCOURT
J’suis ouvert
Y’ont jusse à m’appeler

(Musique)

JUDITH GILBERT
Jac-Jac-Jacqueline
C’est pas j’veux pu qu’on fasse d’Internet ensemble
Mais arrête de m’envoyer des pétitions
Moé c’que j’aime c’est les vidéos drôles
À matin tu m’as encore envoyé un affaire arabe
« libérez Shafar »
C’est toé qui m’a envoyé ça ?

STEVEN
C’est la pauvreté qui fait ça
Vu qu’on est pauv’
Y’a du monde qui décide de profiter du faite qu’on soye pauvres
Y s’disent : « Y’aura toujours un crisse de pauv’ pour faire ça, fak profitons-en »
Y savent que pour manger
Y aura toujours un crisse de pauvre prêt à faire leu niaiseries

JUDITH GILBERT
J’souhaite pas d’mal aux Arabes

CARL
Moé j’me dis
En autant qu’on mange trois fois par jour

JUDITH GILBERT
Pantoute !

STEVEN
La différence entre un riche pis un pauv’
C’est pas le nombre de fois que tu manges par jour
C’est ce que tu manges ces trois fois-là

JUDITH GILBERT
Sois honnête Jacqueline mauzusse
Moé je l’suis
Mettons un p’tit d’icitte se tuerait en motocross
Ça prendrait un méchant paquet d’Arabes pour me faire autant d’peine

STEVEN
Le restaurant ousqu’on a toute ramassé l’fer la semaine passé
As-tu checké l’menu su l’poteau dehors ?
Le hot-dog était à 12 et 95

CARL
C’est cher en crisse pour un hot-dog

JUDITH GILBERT
Je veux jusse tu comprennes que j’vas te barrer d’mon Internet si tu continues à m’faire chier avec tes pétitions arabes

STEVEN
12,95 dans ta crisse de tête
C’est un montant cher ?

JUDITH GILBERT
« Impliquée impliquée »
Impliquée à faire chier l’monde
« libérez Képir »
« ne lapidez pas Shaïrâ »
Ça m’énarve

CARL
Tant qu’à moé

JUDITH GILBERT
Ça m’énarve

CARL
On s’fait fourrer si on achète un hot-dog à 12 et 95

JUDITH GILBERT
Quand même que j’passerais toute ma journée à cliquer pour Shaïrâ, quesse ça change ?
J’trouve ça platte moé itou qu’y l’enterre dans l’sable jusqu’à taille
Pis qu’y y pitch des roches jusqu’à temps qu’à plie
Mais les sauvages qui y font ça à Shaïrâ
Y’ont pas Internet
Y déteste Internet
C’est le diable Internet
Penses-tu que ça leur fait quelque chose de savoir que y’a une bonne femme comme moé stickée su son ordinateur qui braille pour Shaïrâ ?

STEVEN
Pis si câlisse c’est parce que c’était meilleur ?

CARL
Le hot-dog ?

STEVEN
Non ton trou d’cul câlisse
Ben oui le hot-dog
On parle d’hot-dog
Suis calvaire
Focus
Pis lâche ton ostie d’cellulaire

JUDITH GILBERT
C’est des crisses de fous

CARL
Wô wô

JUDITH GILBERT
Ça se raisonne-tu un crisse de fou ?

CARL
Lâche ça

JUDITH GILBERT
Non!

STEVEN
La politesse ostie

JUDITH GILBERT
C’est comme le malade y’a queques années
Qu’y a envoyé ses filles dans l’canal
Parce qu’y avaient des chums
Ça se raisonne pas

CARL
Donne moé ça

JUDITH GILBERT
Sont au Moyen-âge dans leu tête

StEVEN
J’me confie à toé calvaire, pis

JUDITH GILBERT
Au Moyen-âge!

STEVEN
C’t’un jeu de dragon ça tabarnac? Tu joues à des jeux de dragons gros câlisse?

JUDITH GILBERT
Dans des pays arabes
On le voé su Youtube
Y mettent leu femmes dans cage du chien

STEVEN
J’te parle
Farme lé ton ostie d’téléphone

CARL
Sauve ma game avant de l’farmer

JUDITH GILBERT
Y’es échangent cont’ des chameaux

STEVEN
Heille

JUDITH GILBERT
Y’es battent

CARL
Chu rendu loin

JUDITH GILBERT
Penses-tu qu’on a juste à leu envoyer nos pétitions Internet
Pis que dans 2-3 ans
Ses filles là vont faire l’épicerie tu seul en bermuda?

CARL
Ça fait un méchant boutte que j’zigonne pour avoir l’épée translucide là j’veux juste sauver ma game

STEVEN
L’épée quoi ?

CARL
L’épée translucide
À s’appelle de même tabarnac
L’épée translucide
C’pas d’ma faute ostie

JUDITH GILBERT
Ça se peut pas ça sauver quequ’un d’même

STEVEN
Toé mon gros tabarnak
T’es l’modèle parfait des niaiseux qui flushent 110 piasses par mois
Sur un ostie d’téléphone
Pour jouer à des jeux de dragons

CARL
J’téléphone itou avec mon téléphone
J’en ai besoin tu sauras
Check ma lisse de contact
Y a du monde en ostie
J’ai 50-60 numéros certain dans mémoire
C’est du monde j’appelle

STEVEN
Ben oué
Des appels de jobs j’te gage
« Heille salut
Quesse tu câlisses ?
Moé j’câlisse rien
On câlisse tu rien ensemb’
Ou on câlisse rien chacun not’ bord ? »

JUDITH GILBERT
Pis chu sûr que quand ça arrive icitte les informations, Shaîrâ y y’ont déjà tiré des roches depuis 2-3 semaines
Est morte Shaîrâ
C’est platte mais c’est ça
Pis c’est peut-être mieux pour elle
Dans l’sens que au moins à souffre pu

CARL
Donne moé mon téléphone
J’taponnerai pas d’sus dans ta face
Ok ?

JUDITH GILBERT
Jacqueline crisse t’es bizarre
Tu penses en bizarre
C’est des religions qui fourrent des enfants
Je te l’ai envoyé le film
L’as-tu regardé ?
Sont un paquet de vieux crisse en ligne
Avec des filles de 8-10 ans en robes blanches
Pis y les marient
Y les marient!
Un maudit barbu sale de 40-50 ans
Avec une tite fille
Pis lui y fait pas
« M’as te donner l’temps de vieillir un peu avant de te fourrer »
Non non
Y fait ça l’premier soir
Y’en a une qui est morte
Est morte parce que ça l’a toute défaite en dedans
que l’bonhomme y passe dessus
Est morte
Pis j’trouve ça épouvantable
Mais ta pétition est en français
Y savent même pas lire leu langue à eux autres
Leu maison sont en terre
Y chisent dans des trous à 3-4 pieds de la porte
Y’ont pas d’électricité
Y vont pas brancher un ordinateur dans l’sable pour lire ta pétition Internet
Voyons Jacqueline, allume!

MARIO VAILLANCOURT
Dis y ça là
Dis y drette c’que j’vas t’dire
Change pas un mot
Prends des notes si t’en a besoin
Dis y que, écrire « Méga vente de chaussure »
Su une huit et d’mi par onze mauve pis câlisser ça dans vitrine du magasin, c'est pas assez pour faire rentrer l’monde dans l’magasin
Les trouvailles de Guylaine jusse à côté
À l’a mis un arbre
Un vrai arbre mais comme avec du stoff shooté sué feuilles
Pis genre des échantillons de c’qu’à vend
Pis des lumières qui flashent
Pis ça fait pas « Noël »
Ça fait « entrez »
Ça fait « venez voir »
Pis l’monde y va
Faque Chaussure Richard de mon cul
Si y veut appeler ça Méga vente de chaussure
Qu’y m’câlisse un spott de police qui vire
2-3 ados en jeans serrés qui donnent des flyers
Pis qu’y m’mettent du boum boum dans l’magasin au lieu de sa calisse de musique de suicidaire
Après ça on va jaser
Sinon son affaire de loyer trop cher
Dis-y que j’l’avale pas
Les trouvailles de Guylaine
À se plaint pas que c’est trop cher d’avoir un commerce icitte
À vend
À fait du profit
À paye son loyer
Pis est même fière d’être aux Galeries du Boulevard
Pis câlisse dis s'y qu’y s’compte chanceux d’être à côté du Dollarama
J’ai un local de libre à côté de l’animalerie
Si y veut payer moins cher
J’peux l’envoyer là
Pis y a gèrera l’ostie d’odeur de marde de lapin
Dis y ça!

MÉLISSA
Nancy, peux-tu aller refiler le café d’la tache à table 7 ?
Mon cell arrête pas d’sonner
Faut j’réponde

STEVEN
Nous autres, on mange des hot dog de pauvres
Que le gros câlisse qu’y es fait
Coupe quasiment l’appétit avec sa face
On mange ça parce qu’on est pauv’
C’est ça j’veux tu comprennes
Pis moé c’est ça j’veux pu

MÉLISSA
J’te demande juste de refiler un café
Voyons c’est tu si dure que ça ?
Faut j’réponde
Tu peux refiler un café à une de mes tables
Ça m’arrive moi de t’aider à une de tes tables
Pis j’fais pas des faces de cul

STEVEN
C’tu clair ostie ?

MÉLISSA
Ben tu le garderas le TIP !
Crisse de conne

STEVEN
Toé tu comprends vite
Mais crisse qu’y faut t’expliquer longtemps

MÉLISSA
Oui
Oui c’est moi

STEVEN
Tu réfléchis en pauv’
Tu penses en pauv’
Queque chose coûte plus cher que c’que t’es habitué pis capab’ de payer pis ton ostie de réflexe c’est de faire : « y nous fourre »
Non tabarnac. Y nous fourre pas tout l’temps

MÉLISSA
C’est que Cédric
J’suis pas sa mère là
J’suis la conjointe de son père

STEVEN
Un char à quarante milles piasses
Ça va mieux que ton ostie de Mazda Protégé
Qui a 275 000 kilo sur l’compteur

CARL
J’pas cave

MÉLISSA
Y y a dit quoi ?
À une fille de sa classe ?

STEVEN
Des tomates
Hein ?
Des tomates
As-tu déjà acheté les plus chères ?

CARL
M’a t’avouer que j’ai pas acheté ça souvent, des tomates

STEVEN
C’est meilleur les chères
C’est simple une tomate
Mais y’a une câlisse de différence de goût entre une tomate chère pis une tomate cheap qui est aussi dur que l’carton de l’ostie d’boîte
Y nous fourre pas avec les tomates plus chères
C’est tu clair ça câlisse ?
Y nous fourre pas
Plus cher ça peut vouloir dire meilleur
On a fini par le penser qu’y nous fourrait
Parce que ça nous aide à accepter qu’on mange d’la marde
Pis qu’on achète de la marde

MÉLISSA
Mais
Y y a pas touché là ?
Y y a pas faite mal ?

STEVEN
Fais ce que tu veux
Moé par exemple
C’est fini

MÉLISSA
Je vous crois pas

STEVEN
J’t’écoeuré
Tu sais pas quel point
J’t’écoeuré de faire affaire ‘ec des osties d’crosseurs de même
Ça run son ptit crisse de centre d’achat
Pis ça se donne un air comme si ça gérait l’Centre Bell

MÉLISSA
A l’a peur là j’imagine?

CARL
Je l’sais
Mais nous autres
On a pas de trouble avec

MÉLISSA
On va y parler

STEVEN
Pourquoi y’aurait l’droit de gérer toute le fer du boutte ?
On sacre des frigidaires dans des vieille réguine de pick-up
On traine des laveuses que l’monde ont crissé dans l’fossette
Toute ça pour quoi ?

CARL
« Six laveuses pour 25 piasses ! »

JUDITH GILBERT
Faut tu vois le vidéo j’ai trouvé

STEVEN
C’est rire du monde en tabarnac

JUDITH GILBERT
Ça va nous changer les idées

CARL
J’t’ostine pas

JUDITH GILBERT
Va su Youtube

STEVEN
Comme si ça se l’vait yinque su une gosse une ostie d’laveuse

JUDITH GILBERT
Su Youtube

CARL
Sont finies mais crisse
A fallu les ramasser c’tes laveuses-là

JUDITH GILBERT
Youtube!

STEVEN
« Le prix du fer est pas bon
c’pas d’ma faute les gars
y’a trop d’monde qui récupère le fer »

JUDITH GILBERT
C’est écrit «You» en nouere
Pis «tube» dans un carré rouge

STEVEN
Le monde qui crosse d’aut’ monde
C’est jamais d’leu faute

JUDITH GILBERT
C’est ça
Pis là tu voé ousqu’y faut écrire?
Ta ligne qui flash
C’est là qu’a l’est?

CARL
Y’a jusse le prix du cuivre qui est bon
C’pas pour rien qu’on est une gang à courir après

JUDITH GILBERT
Écrit « Singe qui»

CARL
Le resse, y nous fourre

JUDITH GILBERT
« Singe » pis « qui»

STEVEN
On s’fait mal à ramasser du crisse de fer
Moé ma blessure rempire
Pis celui qui fait d'l’argent
C’est un trou d’cul

JUDITH GILBERT
Pis là y apparaît des choix

STEVEN
Dans l’fer
Les seuls qu’y font de l’argent
C’est quasiment yinque des voleurs de cuivre

JUDITH GILBERT
T’as « singe qui pete »
« Singe qui rit »

STEVEN
Chu tu un voleur moé ?

JUDITH GILBERT
Non !
Pas « singe qui sent son doigt »
C’pas lui j’veux qu’tu vois

CARL
T’es pas un voleur

STEVEN
Si y’a de quoi que chu pas

CARL
C’est un voleur

JUDITH GILBERT
« Singe qui sent son doigt »
c’t’un singe qui s’gratte le cul
pis qui sent son doigt
pis que vu que ça pue
y s’pitche su l’dos

STEVEN
Chu honnête
Mais dans quesse qu’on est pogné là nous aut’
L’honnête travailleur
Y mange d’la marde

CARL
En tabarnac

JUDITH GILBERT
Si tu veux regarder des vieux vidéos pis pas être au faite des nouvelles affaires
C’est ton choix
Orgarde-lé l’ostie d’singe qui s’gratte

STEVEN
Mélissa va comprendre
C’pas une conne ta sœur
M’as trouver de quoi d’autre
Pis ça va être ben correct
Quand qu’on s’aime câlisse, on comprend

JUDITH GILBERT
Ce qui est nouveau
C’est « singe qui pisse dans sa bouche »

STEVEN
Pis la CSST qui veut pas payer pour ma blessure
Y nous regarde comme si y nous disait
« payez-en d’l’ostie d’CSST
Mais fuck you, on vous payera pas quand que vous vous ferez mal »

JUDITH GILBERT
Comment ça, ça marche pas ?

STEVEN
Fait 15 ans j’ai mal dans l’dos à cause de ma blessure

CARL
Je l’sais

STEVEN
J’ai l’système cont’ ma blessure
Les crosseurs cont’moé
Ça va ben en tabarnac

JUDITH GILBERT
Organise toé d’abord grosse torche

CARL
Moé j’en ai pas d’blessure
Mais crisse
J’ai déjà failli en avoir

STEVEN
C’est décidé

CARL
De quoi ?

STEVEN
Le crisse de fer à Vaillancourt
J’en ramasse pu

CARL
Ouin

STEVEN
Je sais pas quessé j’vas faire
Mais crisse que j’sais c’que j’ferai pu

MÉLISSA
Toi mon vieux câlisse
On te réchauffe ton café quasiment 3 heures
On te fourni les mots croisés
Là tu vas aller pardre ton crisse de temps dans l’mail
Mon rush de diner s’en vient
Pi j’ai du monde qui attendent pour la table