Bienvenue à la série de balados d’Agriculture et Agroalimentaire Canada qui explore les idées les plus fraîches en alimentation et en agriculture. À chaque épisode, découvrez en profondeur un nouveau sujet : les nouvelles pratiques, les idées innovantes et leurs impacts sur l'industrie. Apprenez-en davantage sur le secteur agricole canadien auprès des gens qui font les percées et abattent les barrières! Producteurs et gourmets, scientifiques et hauts dirigeants, toute personne ayant un œil sur l'avenir du secteur, ce balados est pour vous!
Kevin : Ça contribue au cycle des éléments nutritifs et au cycle du carbone en augmentant la matière organique du sol, ce qui a pour effet d’enfouir le carbone dans la terre. C’est un avantage sur le plan de la fertilité. C’est un avantage en termes de rétention d’eau. Tout le monde y gagne.
Kirk : C’était Kevin Budd, un éleveur de bétail de la région de Woodstock, au Nouveau Brunswick. Il parle du système de pâturage en rotation que sa femme et lui ont mis en place dans leur ferme.
Marie France : Kevin fait partie des plus de 7500 agriculteurs qui, depuis 2022, ont adopté une ou plusieurs pratiques visant à réduire les gaz à effet de serre, à séquestrer le carbone et à mieux résister aux changements climatiques. Un gros bravo à Kevin et à ces 7500 agriculteurs!
Kirk : C’est génial.
Marie France : Oui, ils font partie de la première vague de gens qui ont obtenu des fonds du Fonds d’action pour le climat à la ferme (ou FAFC), dont on va parler à la fin de l’émission. Ces producteurs ont mis en place de nouvelles pratiques de gestion bénéfiques (ou PGB) à la ferme.
Kirk : Quelles sont ces pratiques? Comment fonctionnent elles? Et qu’est ce que ces premiers adoptants pourraient ils découvrir? Aujourd’hui, on va s’entretenir avec trois producteurs qui mettent en pratique ces innovations dans leurs exploitations agricoles.
Marie France : Bienvenue au balado Les premiers 16 % sur les innovations en agriculture et en agroalimentaire. Je suis votre coanimatrice, Marie France Gagnon.
Kirk : Et moi je m’appelle Kirk Finken, l’autre coanimateur.
Marie France : Kirk, on va se concentrer sur trois pratiques aujourd’hui. Et tu as parlé à trois producteurs qui les ont mises en œuvre dans leurs exploitations.
Kirk : Oui, exact.
Marie France : La première pratique, c’est le pâturage en rotation. C’est la pratique qui consiste à rassembler et à déplacer le bétail dans le pâturage. Le pâturage est divisé en cellules ou en enclos; chaque enclos fait l’objet d’un pâturage intensif sur une courte période et est ensuite laissé au repos pour permettre sa régénération avant le prochain pacage. De cette façon, les plantes fourragères peuvent se régénérer et approfondir leur système racinaire, ce qui permet d’améliorer la santé du sol.
Kirk : Oui, j’ai parlé à Kevin Budd de son exploitation de bovins de boucherie, au Nouveau Brunswick. Sa femme et lui ont adopté la pratique du pâturage en rotation.
Marie France : La deuxième est la pratique des cultures de couverture. C’est une pratique qui consiste à planter des cultures entre les principales saisons de croissance afin de protéger et d’améliorer le sol. Ces cultures contribuent à prévenir l’érosion des sols, à apporter des éléments nutritifs et à lutter contre les mauvaises herbes.
Kirk : J’ai parlé à Brett Francis, de l’Île du Prince Édouard, qui a adopté la pratique des cultures de couverture. Il possède une exploitation mixte où il cultive des pommes de terre de semence, du soja, du maïs et des céréales; il a aussi un parc d’engraissement de bovins de boucherie et une exploitation de naissage.
Marie France : Et la troisième pratique est la gestion de l’azote, qui consiste par exemple à optimiser l’utilisation de l’azote en augmentant les légumineuses dans les rotations, et en épandant du fumier et d’autres substituts d’engrais.
Kirk : Enfin, j’ai parlé à Raphaël Beauchemin, au Québec, qui exploite à la fois une ferme laitière, des cultures commerciales et une érablière. Sa famille et lui combinent les pratiques de gestion de l’azote et de cultures de couverture.
Marie France : Ça fait des années que nos scientifiques parlent de ce type de PGB comme de techniques de réduction des gaz à effet de serre (GES). Certaines exploitations ont ouvert la voie en adoptant ces pratiques. Mais c’est comme la première grande vague de premiers adoptants.
Kirk : Ce qu’ils ont à nous dire est très utile pour les autres personnes qui songent à utiliser ces pratiques de gestion bénéfiques.
Marie France : Allons y!
Kirk : Alors, oui, quand j’ai parlé tout d’abord à Kevin Budd, au Nouveau Brunswick, j’ai été étonné. Le pâturage en rotation est un concept ancien, qui remonte à une centaine d’années. Mais il n’est pas largement utilisé. Il faut des clôtures, beaucoup de clôtures, permanentes et mobiles, et ça coûte extrêmement cher. Cette pratique n’a donc jamais été très répandue. Je lui ai d’abord demandé combien de personnes avaient adopté cette pratique dans sa région.
Kevin : C’est pas la majorité. Disons qu'y a des gens éparpillés un peu partout qui pratiquent le pâturage en rotation et qui font des efforts, mais c’est pas la majorité.
Kirk : Pourquoi si peu de gens?
Kevin : Avant tout, je pense que c’est une autre tâche de gestion. Et les tâches de gestion prennent du temps. Beaucoup d’agriculteurs n’ont pas le luxe de pouvoir compter sur un personnel suffisamment nombreux pour confier cette tâche à quelqu’un d’autre.
Kevin : Il faut ensuite un investissement financier important et beaucoup de ressources pour aménager les pâturages de manière efficace, avec des clôtures temporaires et permanentes, un approvisionnement en eau, ce genre de choses.
Kirk : Alors comment avez vous obtenu du financement? Comment avez vous entendu parler du FAFC?
Kevin : Je suis membre de l’Association pour l’amélioration des sols et des cultures du Nouveau Brunswick. La section locale ici, qui compte un bon groupe d’agriculteurs qui s'impliquent, est en fait l’agent d’exécution au Nouveau Brunswick.
Kirk : Et le programme vous a permis de faire quoi?
Kevin : On a un plus grand nombre d’acres en pâturage. Le programme nous a permis de développer cette infrastructure, d’acheter plus de clôtures, plus de clôtures temporaires, des fournitures, des clôtures électriques dans des réseaux autonomes pour pouvoir en installer sur une plus grande superficie des acres de pâturage dont on s’occupe.
Kirk : Pouvez vous nous donner un bref aperçu de votre exploitation?
Kevin : On est une entreprise familiale. Ma femme et moi, on est tous les deux vétérinaires, et je m’occupais des animaux destinés à l’alimentation ici. Au fil des ans, l’exploitation s’est développée. On a maintenant une exploitation de naissage d’environ 300 têtes. Donc 300 vaches reproductrices. Mon fils aîné possède un élevage de poulets de chair. Ça s’intègre bien dans notre système parce qu’il essaie de produire ses propres céréales. Et la rotation est efficace pour notre production de fourrage et pour ces vaches. On est au Nouveau Brunswick, et l’hiver dure toujours six ou sept mois. On a donc besoin d’une grande quantité d’aliments pour animaux pour traverser cette période. On travaille sur la régénération pour allonger la saison de pâturage et on obtient des résultats assez positifs.
On possède environ 2000 hectares. Si vous connaissez la géographie des terres agricoles au Nouveau Brunswick, les propriétés sont probablement au moins à moitié boisées pour la plupart. Et c’est à peu près le cas ici. On a donc environ mille acres de terres productives pour les fourrages, les céréales ou les pâturages. On loue également entre 500 et 600 acres de champs, principalement pour les pâturages.
Kirk : Vous êtes près de Woodstock, n’est ce pas? C’est une belle vallée fluviale où les pommes de terre poussent partout. Je suppose donc que vous intégrez la viande dans l’équation de l’agriculture régénératrice.
Kevin : Oui, c’est ce qu’on essaie de faire. Ces trois dernières années, on a travaillé avec McCain et leur ferme du futur pour transformer la production de pommes de terre en une activité agricole plus régénératrice. Et on l’aide les aide dans le domaine de l’élevage.
Kirk : Allons un peu plus loin sur la question du pâturage en rotation. Quels sont les avantages que vous en retirez?
Kevin : Les avantages du pâturage en rotation sont simplement une plus grande résilience de nos pâturages et de notre sol de production de fourrage, l’effet du bétail, si le pâturage se fait correctement, et le fait de laisser pousser les graminées et les légumineuses permet d’améliorer la santé du sol, l’infiltration de l’eau et la capacité de rétention d’eau. En fin de compte, on obtient une meilleure production par hectare, qui se traduit par un plus grand nombre d’unités animales par hectare.
On peut garder ces 300 vaches sur le nombre d’acres que nous exploitons, alors que si on les exploitait différemment, par exemple selon une densité définie, en faisant sortir le bétail sur de grands pâturages, notre capacité serait probablement réduite de moitié.
Kirk : Wow! C’est important. Votre femme et vous êtes aussi vétérinaires. Y a t il un avantage pour la santé des animaux?
Kevin : Je pense que oui. Si vous augmentez la production, les animaux profitent d’un meilleur régime alimentaire composé de graminées et de légumineuses de meilleure qualité et plus fraîches à l’étape de la croissance végétative. C’est mieux que de laisser les animaux brouter la végétation jusqu’au sol ou de leur donner des aliments plus anciens mis en réserve. C’est possible en allongeant la saison. Mais en général, le pâturage en rotation rend les cultures plus saines, ce qui contribue au contrôle des parasites, ce genre de choses.
Kevin : Il allège aussi ce genre de fardeau. Et donc oui, la formule pour arriver à faire ça varie grandement. Je veux dire que le pâturage vraiment intensif se fait avec une densité animale assez élevée, mais avec des déplacements très rapides, probablement deux fois par jour. On n’a pas la densité animale la plus élevée, mais on a tendance à déplacer notre bétail une fois par jour ou tous les deux jours.
Kirk : Utilisiez vous le pâturage en rotation avant d’obtenir des fonds du FAFC?
Kevin : On en avait fait un peu, mais le développement de l’infrastructure était le facteur limitant. Il faut beaucoup de clôtures, beaucoup de matériaux, le coût des intrants est important. Et il faut une bonne dose de travail et de gestion pour assurer notre succès. Le FAFC nous a aidés à mettre l’infrastructure nécessaire en place, à réensemencer et à rénover une partie du terrain pour améliorer les peuplements, par exemple.
Kirk : Êtes vous satisfait des résultats?
Kevin : Certainement. Cela a eu des effets importants. Juste pour ce qui est de la capacité de charge et de l’aptitude, si on peut améliorer le pâturage d’une part, cela nous aide aussi d’autre part, c’est à dire pour être en mesure d’avoir quelques acres de plus qui sont récoltables pour le fourrage d’hiver. Ça nous a permis d’avoir suffisamment de stocks, simplement parce que la pression est moins grande sur l’exploitation. Il y a donc beaucoup d’avantages.
Kirk : Que dites vous aux personnes qui n’ont pas encore adopté cette pratique?
Kevin : Chaque personne doit examiner les répercussions sur sa propre entreprise. Pour nous, il est difficile d’augmenter la taille de notre exploitation. Il s’agit aussi d’un investissement important. Il va sans dire que la mise en place de cette infrastructure et l’embauche de personnel pour la gérer ont un coût. Mais si vous vous y prenez bien, ce n’est pas une pratique qui demande beaucoup de main d’œuvre. Ça fait partie du quotidien. J’encourage les gens à étudier la question. Si vous êtes un éleveur de bovins de boucherie et que vous pouvez augmenter votre production sur la même superficie, je pense que tout le monde y gagne si vous pouvez le faire tout en protégeant l’environnement.
Marie France : C’est formidable!
Kirk : Absolument.
Marie France : Emmène-moi donc à l’Île du Prince Édouard pour rencontrer Brett Francis.
Kirk : Tes valises sont prêtes?
Marie France : Elles sont prêtes!
Brett Francis : Je m’appelle Brett Francis. Je suis agriculteur à Lady Fane, Île du Prince Édouard. J’habite ici sur la ferme avec mon père et ma mère, Dave et Vicky, et avec ma femme Keisha et nos quatre enfants.
Kirk : Salut, Brett. Merci d’avoir pris le temps. Pouvez vous me parler de votre exploitation agricole?
Brett Francis : Bien sûr! Je suis la septième génération à m’occuper de notre ferme. C’est une ferme mixte. On cultive des pommes de terre de semence, du soja, du maïs, des céréales. On a aussi un parc d’engraissement de bovins de boucherie et une exploitation de naissage.
Kirk : J’ai cru comprendre que vous avez adopté la pratique des cultures de couverture depuis un certain temps. Mais vous avez récemment ajouté une nouveauté à cette pratique.
Brett Francis : C’est ça. Mon père a toujours été un fervent défenseur des cultures de couverture et de l’agriculture durable. Et avant que ça devienne un courant dominant, mon père en plantait à l’automne, après la récolte de nos pommes de terre. Récemment, avec l’aide de la Fédération, on a commencé à intégrer les cultures de couverture dans nos pratiques de travail du sol à l’automne. C’est quelque chose de nouveau qu’on n’avait jamais fait avant.
Kirk : Quels sont les principaux avantages pour votre exploitation? Quelles sont les retombées?
Brett Francis : Ce n’est pas toujours une pratique « qui paie » aujourd’hui. C’est plutôt un investissement pour les années et les générations à venir.
On a moins d’érosion. Ensuite, à l’hiver, ça réduit l’érosion éolienne, même chose au printemps. Ça réduit considérablement l’érosion hydrique aussi.
Kirk : Alors, quelles sont les cultures de couverture que vous plantez?
Brett Francis : Pour l’instant, on n’utilise que de l’orge. Avant de récolter nos pommes de terre, on passe avec un distributeur centrifuge et on épand environ 90 livres d’orge par acre. Et à mesure que l’on récolte les pommes de terre, les semences pénètrent dans le sol. Ça sert donc de travail du sol. Et après quelques semaines, environ une semaine après la récolte des pommes de terre, le terrain est habituellement recouvert d’une belle masse végétale. Elle le recouvre pendant tout l’hiver et au printemps.
Kirk : Et pour cette nouvelle pratique, le travail du sol à l’automne?
Brett Francis : Même chose pour le travail du sol à l’automne. On passe avec le distributeur centrifuge et on épand environ 90 livres d’orge par acre. Ensuite, on utilise la machine appelée Pottinger Synkro. C’est une pratique de travail réduit du sol. Elle permet de travailler le sol, de faire entrer l’orge dans le sol. Et on répète la procédure environ une semaine plus tard. Ça donne une belle couverture végétale au sol.
Kirk : Pourquoi l’orge?
Brett Francis : On en cultive à la ferme. C’est une simple question de facilité d’accès. Et l’orge est assez résistante. Elle germe assez rapidement et certains hivers on n'a pas beaucoup de temps froid elle passe l’hiver. Vousallez obtenir aussi une très belle couverture au printemps.
Kirk : Parlons des résultats. J’ai cru comprendre que vous pouviez les voir assez facilement.
Brett Francis : Pendant les mois d’hiver, lorsqu’il y a de l’érosion éolienne dans l’île, on peut la voir dans la neige. La neige devient rouge de temps en temps si le vent est vraiment fort et qu’il n’y a pas beaucoup de couverture. S’il n’y a pas de neige et que le sol est gelé, le vent fort va souffler va souffler un peu de terre. Mais dans les exploitations où il y a des cultures de couverture, la neige est plus blanche, absolument; même chose pour l’érosion au printemps et à l’automne. C’est définitivement payant. On peut voir la différence.
Kirk : Selon vous, qu’est ce qui pourrait faire hésiter un agriculteur à adopter le système de cultures de couverture?
Brett Francis : Chaque exploitation est différente.
Le choix du moment est aussi important. Si vous récoltez une culture en fin de saison, vous n’avez pas le temps de mettre en place la culture de couverture. Si vous récoltez après le 15 octobre, il fait trop froid ici. On a des gelées à la fin de l’automne y'a rien qui pousse. Alors, si vous cultivez une variété de pommes de terre plus tardive ou peut être une autre culture que vous récoltez plus tard, il est vraiment difficile d’y introduire une culture de couverture qui va pouvoir pousser. Et si vous faites tout le travail de mise en place d’une culture de couverture et que rien ne pousse à cet endroit, vous perdez beaucoup de temps et d’argent, et votre temps coûte cher. Donc, si je devais en faire la promotion, je dirais que ce n’est pas une pratique qui est payante aujourd’hui. On parle plutôt de renforcer le sol et d’en préserver la santé pour votre avenir et celui de la prochaine génération. Et ça, c’est définitivement payant. C’est la bonne chose à faire.
[Musique de transition]
Marie France : Quelle belle perspective! En français, on dit terre à terre.
Kirk : Les pieds sur terre. C’est ça! Littéralement.
Marie France : Mais pourrais tu éclaircir un point? Il a parlé de la Fédération? À quoi faisait il référence?
Kirk : La Fédération de l’agriculture de l’Î. P. É. Il s’agit de l’organisme de l’Île du Prince Édouard qui gère le financement du FAFC, le Fonds d’action à la ferme pour le climat. C’est auprès de cet organisme que Brett a obtenu les fonds nécessaires pour faire passer la pratique des cultures de couverture au niveau supérieur.
Marie France : C’est tout à fait exact! On va en parler à la fin. Alors, où on va maintenant?
Kirk : On a rencontré Raphaël Beauchemin à Saint Ours, au Québec, une heure à l’est de Montréal. C’est une assez grosse exploitation. C’est avant tout une ferme laitière. Il élève des bovins de boucherie et exploite aussi une grande érablière. De plus, il cultive une grande variété de produits : du blé pour la consommation humaine, du soja (qu’il exporte vers l’Asie), des pois pour le rayon des produits surgelés de votre épicerie, du maïs pour l’alimentation du bétail, et il songe à ajouter d’autres cultures maraîchères.
Marie France : C’est une exploitation complexe.
Kirk : J’ai l’impression que c’est une famille d’agriculteurs innovante et intelligente dans sa façon d’aborder la rotation des cultures et l’interaction entre les cultures et le bétail. Elle prend des risques calculés pour que tout fonctionne de façon harmonieuse.
Au Québec, le FAFC s’appelle Agrisolutions climat, un programme géré par l’Union des producteurs agricoles (UPA). Il a permis à la famille Beauchemin de tester ses activités de gestion de l’azote et de cultures de couverture, des activités qu’elle pratiquait déjà, mais elle devait voir comment elle pouvait en tirer un plus grand profit.
Raphael : La ferme J.N. Beauchemin, c'est une ferme de troisième génération dont je suis le plus vieux de la troisième génération. C'est une ferme multidisciplinaire qui opère surtout en production laitière, puis grande culture, puis dont je m'occupe un peu des deux secteurs, entre autres.
Kirk : Alors, Raphaël, pouvons-nous parler de vos pratiques de gestion bénéfiques et de votre participation au projet la sentinelle de l'azote?
Raphael : Comme la production laitière a évolué grandement dans les quinze dernières années, on a eu beaucoup plus de gestion de fumier à gérer dans nos nutriment. Puis c'était tout le temps un peu crève-cœur pour nous de diminuer l'azote en ayant tout le temps peur que la plante se rende pas, mettons, à 100 % de son potentiel. Mais avec la sentinelle de l'azote, en fait, on sait donner un peu d'assurance en fait. Ou est ce qu'on devait couper puis connaitre un peu nos barèmes de ce que le fumier pouvait nous redonner pour la culture, pour ne pas avoir de pertes mais tout en ayant des économies d'azote, en intrant.
Kirk : Pouvez-vous expliquer vos pratiques de gestion optimale pour la gestion de l'azote?
Raphael : Ouais, depuis quelques années, dans le fond, à la ferme, ce qu'on fait, c'est qu'on met du fumier, soit à l'automne, au printemps, puis dans notre rotation, on essaie de considérer les fumiers dans une certaine ordre de grandeur qui équivaut, pas à 100 % des nutriments théoriques, mais qui équivaut à... On essaie de se rapprocher de plus du plus grand chiffre mettons de ça. Mais pour ça, on se valide en faisant des tests de nitrate au sol après avoir mis notre démarreur. Puis on ajuste nos quantités de fertilisant par la suite en fonction de la cartographie du fumier qui a été appliquée au printemps.
Kirk : Cela semble être un système complet. Et si je comprends bien, le financement que vous avez reçu vous aide à tester et à analyser votre système de gestion de l'azote et du sol.
Raphael : On regarde les éléments qui ont été mis partout dans le champ en fonction de la géomatique et où il y en a pas eu du tout ou il y en a eu plus. On essaie d’adapter notre nos quantités en post-levée pour s'arrimer avec le besoin de la plante, mais avec une certaine latitude qui avec le début de la saison pour voir ce que le début de la saison à quoi ressemble s'il y a eu un printemps froid, printemps chaud et beaucoup pluviométrie ou moins, on essaie de s'adapter pour être capable d'être, de fonctionner avec le moins d'intrants ajoutée possible, à combler les besoins à 100 % du maïs
Kirk Et puis, quels étaient vos résultats? Qu’est-ce que les tests indiquent?
Raphael : Bah ça fait bientôt déjà je pense cinq ans qu'on se fait une grille de calcul pour évaluer le chacun et chacune des fractionnement d'azote qu'on fait. Puis depuis ce temps-là, on a diminué d'un bon deux vannes d'azote sur la ferme, puis, dans le fond, on essaie de tendre à réduire l’azote mis en intrants le plus possible sans avoir d'impact négatif sur le rendement.
Considèrent qu’on a beaucoup d’azote que provienne de lisier. On veut maximiser celui la et minimiser celui qui est acheter avec le meulier performance possible. Et pour le faire, il faut vraiment s'arrimer avec les applications de fumier, la météo, ça doit être recalculé plusieurs fois en début de saison.
Par exemple, depuis qu'on fait la gestion d'azote un peu plus serré, on a diminué Dans le fond , on a réduit de 40 % les intrants à acheter de la ferme, ce qui équivaut quand même à deux vannes qui ont des valeurs substantielles en argent.
Quand on sait qu'on produit en lisier d'une certaine manière de l'azote global qui a ingéré tend de plus en plus vers l'organique. Il faut juste qu'on sache s'adapter à cette valeur de fertilisant qui est un peu plus variable dans le temps de la saison, qui est un petit peu plus difficile à contrôler quand est ce que la libération va se faire durant la saison.
C'est pour ça qu'on essaie de travailler aussi avec les cultures de couverture pour être capable de rouler l'azote d'une saison à l'autre, puis de tout le temps naviguer dans un dans une bonne valeur d'azote toute la saison durant.
Kirk : Ok. Donc, nous parlons d’une combinaison de pratiques.
Raphael : On pense que ça passe par les cultures de couverture puis garder un sol en santé. On a commencé aussi à faire du travail en bandes, du travail réduit de champs à l'automne, puis au printemps en bande pour réduire l'impact de la déstructuration du sol et l'érosion des sols dans la partie qui n'a pas de culture à implanter. Pour nous, le semis direct avait toujours été quelque chose de difficile parce qu'on a des printemps avec des terres, des terrains un peu froid qui doivent être réchauffés pour avoir une bonne qualité de germination et une bonne levée égale.
Kirk : Vous avez évoqué le travail en andains ou en bandes.
Raphael : Le travail à la bande pour nous jusqu'à maintenant semble donner des bons résultats pour avoir une levée dans un sol réchauffé, mais tout en gardant une bonne structure de sol dans notre rang. Puis on complète avec les cultures de couverture en intercalaire ou en plein champ selon la culture, pour être capable de conserver l'azote et les nutriments qu'on gère via les fumiers, pis d'être capable de rouler à la culture suivante le plus possible.
Kirk : Avez-vous des zones de contrôle ? Où vous n'appliquez pas les intrants ?
Raphael : On fait des tests avec aucun azote du tout. Pis pour certaines années, on n'a aucune perte de rendement pis on a aucun engrais minéral d'ajouté. On essaie de trouver l'optimal qui est souvent pas zéro mais qui est rarement en fait...... Notre test sentinelle nous a démontré dans les dernières années en fait, que souvent notre chiffre théorique d'azote à rajouter en poste était souvent un peu trop élevé. Le zéro peut fonctionner une année de temps en temps, mais ordinairement ce n'est pas celui qui nous donne la meilleure marge économique. La meilleure référence, c'est souvent un peu en deçà de ce qu'on avait l'habitude de viser, parce qu'on gère de plus en plus de fumiers.
Kirk : Alors, dans l’ensemble, quels ont été les résultats?
Raphael : Ça, nos résultats de culture de couverture hors de tout doute, ça l'aide aux équipements, à la récolte, que ce soit un maïs d'ensilage ou un mais grains, la récolte se passe tout le temps avec une meilleure portance, pis ça salit moins la machinerie, pis c'est vraiment ça nous aide vraiment à entrer dans les champs sans dommages, sinon une augmentation de rendement l'année suivante sans avoir d'impact négatif pour l'année en cours.
C'est vraiment le deuxième constat qu'on avait peur en fait au début de perdre dans l'année en cours pour gagner à l'année suivante, ça semble pas être le cas. Puis sinon, notre gestion de mauvaises herbes qui quand même est un défi, semble quand même bien se porter malgré des outils plus restreints quand on utilise des cultures de couverture variées. Mais ça semble fonctionner.
Sinon peut être en dernier, je trouve que l'azote semble tout le temps faire partie de l'équation, peu importe la saison. On dirait que à force d'avoir des cultures vertes entre l'automne, le printemps même, il faut les gérer mais on en a qui passent l'hiver. Puis l'année suivante, quand on fait des tests de nitrates, on a tout le temps beaucoup d'azote résiduelle dans le sol qui nous porte à croire que de jongler avec ces outils là, ça aide à réduire nos travaux intenses de travaux de terrain, de jouer avec les intercalaires ou les cultures de couverture, puis après ça, de pouvoir en bout de course, faire la gestion de notre azote pour économiser et avoir des meilleures marges.
Kirk : Ca valait la peine de confirmer avec les tests et le sentinelle d’àzote?
Raphael : En fait, le Conseil général a donné c'est que ça vaut la peine de l'essayer.
Chaque ferme laitière comme chez nous. On a déjà théoriquement beaucoup d'azote pis de minéraux via les lisiers ou les engrais organiques. Si on calcule cette valeur là, substantielle qui est dans les fumiers mais qu'on la met pas en valeur, ben c'est une grosse perte économique je pense pour la ferme.
Dans notre cas, c'est petit le petit coup de pouce que ça nous prenait pour avancer tranquillement, pas vite, vers une agriculture de plus en plus organique dans notre cas, de moins en moins minéral. Faire confiance à nos sols, puis faire confiance à l'azote qui qui roule d'une certaine manière dans notre rotation de culture dont il faut être capable de prendre les guides un petit peu.
Mais en fait, comme j'aime bien le répéter aux producteurs de mon environ c'est sûr que c'est avec des données fiables qu'on réussit à avancer dans nos dans nos prises de décision.
Marie France : Brillant! Il s’agit d’obtenir des preuves empiriques pour définir la voie à suivre plus facilement. Très utile.
Kirk : Super brillant.
Marie France : On a parlé du Fonds d’action à la ferme pour le climat (ou FAFC) pendant l’épisode. C’est grâce à cette aide financière que les trois agriculteurs rencontrés ont pu prendre ces mesures sur leur ferme. Le gouvernement fédéral a financé 13 bénéficiaires initiaux qui gèrent les fonds pour s'assurer qu'ils ont un impact régional.
Kirk : Il est important de noter qu’il y a une expansion du fonds jusqu'en 2028. Et avec cette expansion, l'objectif reste le même pour le fonds, n'est-ce pas?
Marie-France : Oui. Les agriculteurs peuvent adopter des pratiques de gestion bénéfiques permettant de stocker le carbone et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ça concerne précisément la gestion de l’azote, les cultures de couverture et les pratiques de pâturage en rotation. Tout est comme avant.
Kirk : Les témoignages que nous venons d’entendre montrent qu’il existe d’autres avantages environnementaux, tels que l’amélioration de la biodiversité et une meilleure santé des sols.
Marie-France : Tout a fait. Et des avantages financiers pour les producteurs. Si ce n’est pas dans l’immédiat, c’est certainement à long terme. Selon ce que j’ai entendu, c’est « gagnant-gagnant », n’est ce pas?
Kirk : Alors, si vous voulez faire partie de la solution, si vous voulez faire une demande de financement, renseignez vous. Juste en dessous de la description de cet épisode, vous trouverez le lien vers la page Web principale du Fonds. De là, vous pourrez trouver l’organisme qui gère le programme dans votre région.
Marie-France : Et voilà! Vous pouvez obtenir des fonds pour faire quoi?
Kirk : Pour essayer quelque chose de nouveau!
Marie France : Quelques nouvelles PGB.
Kirk : Passez à l’action!