Flavie Payette-Renouf s’intéresse aux différentes problématiques qui touchent l’audition: les bruits industriels et environnementaux, mais également l’évolution de l’audition au fil de la vie et les acouphènes.
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- Qu'est-ce que c'est exactement
un acouphène? C'est un phénomène
qu'on a généralement tous
expérimenté pendant quelques
heures à la sortie d'un
spectacle ou d'un bar, ce petit
sifflement que vous aviez dans
votre lit en vous couchant, mais
qui était disparu le lendemain
matin.
(sifflement aigu)
Qu'est-ce qui fait que certaines
personnes entendent des sons
comme ça en permanence? Et
surtout, comment faire pour
diminuer le dérangement
d'un acouphène?
J'ai grandi dans une famille
dans laquelle y a plusieurs
personnes qui ont une perte
auditive, alors c'est vraiment
un sujet qui me touche
particulièrement. Je m'appelle
Flavie Payette-Renouf, et dans
ce balado,Dans le creux de
l'oreille,je m'intéresse à tout
ce qui touche l'audition.
Pour vous donner une idée de ce
que peuvent entendre les gens
avec un acouphène, voici
certains exemples. Il peut
s'agir d'une sorte de bruit
blanc...
(grésillements)
D'autres vont entendre un son
qui ressemble à celui d'une
bouilloire.
(sifflements aigus)
C'est d'ailleurs ce qu'entend le
célèbre auteur Michel Tremblay
et qu'il décrit dans son livre
L'homme qui entendait siffler
une bouilloire.Pour d'autres
personnes, ça va être un bruit
qui ressemble à celui d'une
ligne de haute tension
électrique.
(grésillements graves)
L'intensité du son et sa nature
vont être différents d'une
personne à l'autre. Pour
certains, c'est très léger, et
pour d'autres, c'est beaucoup
plus présent. Au Québec, il y
aurait au moins un million de
personnes avec un acouphène.
Selon Statistiques Canada, plus
du tiers des gens au pays
auraient eu un acouphène dans la
dernière année. Chez les jeunes
de 18 à 25 ans, ce serait pas
loin d'une personne sur deux.
Alors, si vous croyez que les
acouphènes, ça ne touche que les
personnes âgées, détrompez-vous.
Mais alors, qu'est-ce que c'est
exactement, un acouphène? Pour
l'expliquer, j'ai rencontré
Philippe Fournier, audiologiste
et professeur adjoint à l'École
des sciences de la réadaptation
de l'Université Laval.
- Un acouphène, c'est la
perception d'un son, donc c'est
un son que quelqu'un va entendre
sans source sonore externe. Si
on parle dans le langage commun,
généralement, les gens vont
rapporter que c'est un
cillement, un bourdonnement dans
les oreilles. Généralement,
quand on demande aux gens s'ils
ont déjà expérimenté un
cillement, un bourdonnement dans
les oreilles suite à un concert,
par exemple, bien, c'est ça, un
acouphène, donc...
- Mais quand on parle
d'acouphène, qu'est-ce qui se
passe dans le cerveau?
- Ce qu'on sait, à peu près un
des seuls consensus, c'est que
si on entend un son sans source
sonore, bien, c'est qu'il doit y
avoir une activité neuronale qui
est associée à cette perception-
là, à quelque part dans notre
système auditif.
Donc, ce qu'on pense, c'est
qu'il y a une activité, y a des
neurones qui vont se mettre à
répondre, à décharger tous
seuls, à envoyer de
l'information, alors qu'ils sont
pas supposés d'envoyer cette
information-là. Par contre, on
sait pas où est-ce que c'est
généré dans le cerveau. Donc, y
a certains chercheurs à une
certaine époque qui pensaient
que ça venait de l'oreille.
Le problème, c'est que si on
coupe la connexion entre
l'oreille et le cerveau, bien,
les gens se réveillent
complètement sourds et ils ont
toujours de l'acouphène. Donc,
ça fait partie d'un mystère, et
d'un mystère que la recherche
cherche à élucider.
- Et comment ça se développe, un
acouphène?
- Donc, en gros, ce qu'on pense,
c'est que l'activité neuronale,
qui est aberrante, qui génère la
perception de l'acouphène, bien,
elle vient pas toute seule comme
ça de manière spontanée.
Généralement, elle doit être
déclenchée par quelque chose, et
ce quelque chose, bien, ce
serait la perte auditive. Donc,
on perd certaines cellules
sensorielles, parce que soit on
vieillit, parce qu'on est exposé
au bruit,
et pour compenser à cette perte
auditive-là, bien, le système
auditif va générer, va augmenter
sa sensibilité, de ses neurones,
puis il va générer la perception
de l'acouphène. Donc, c'est ça
qui causerait l'activité
neuronale aberrante dans le
système auditif: c'est la perte
auditive au départ.
- Dans les 20 dernières années,
les recherches ont démontré que
l'acouphène est créé par le
cerveau. C'est un tournant
majeur somme toute assez récent.
C'est en partie ce qui explique
qu'il reste encore beaucoup de
choses à découvrir pour
comprendre le phénomène.
Sylvie Hébert, professeure
titulaire au département
d'orthophonie et d'audiologie de
l'Université de Montréal, étudie
les acouphènes depuis des
années.
- C'est encore difficile, parce
que c'est difficile de trouver
les bonnes conditions, puis on
n'a pas encore de marqueur de
l'acouphène objectif sur lequel
tout le monde s'entend, dire:
"Ah oui. Là, je le vois,
l'acouphène dans le cerveau."
Mais on sait quand même qu'il y
a des zones activées dans le
cerveau. Puis c'est probablement
des circuits assez complexes.
Parce qu'on a conscience de ce
son-là, et y a un dérangement
aussi, y a une implication des
émotions qui arrivent. Donc, y a
plusieurs systèmes dans le
cerveau qui sont impliqués dans
la production et dans le
maintien de l'acouphène.
- Qu'est-ce qui détermine le
niveau de dérangement de chacun?
Qu'est-ce qui fait qu'une
personne va être plus dérangée
qu'une autre avec son acouphène?
- Ça, c'est un grand mystère. Si
par exemple on fait appareiller
le son de l'acouphène avec un
son externe, deux personnes
différentes peuvent avoir à peu
près le même niveau de décibels
de leur acouphène, mais avoir
des niveaux de dérangement
complètement différents.
La présence, par exemple, de
problèmes, de conditions avant
l'arrivée de l'acouphène, ça
peut être un facteur qui va
rendre la sévérité plus grande.
L'acouphène va être perçu comme
plus dérangeant.
- Est-ce qu'il y a certains
facteurs qui peuvent augmenter
les probabilités d'avoir un
acouphène?
- Oui. La perte auditive, c'est
le facteur majeur. Et on pense
aussi que le stress aussi aurait
cet effet-là. Donc, y aurait des
contributions presque égales, à
parts égales, pour la
probabilité de développer un
acouphène.
- Le stress intense semble en
effet être la cause d'un
acouphène avec lequel Jeanne
Choquette vit depuis des années.
Aujourd'hui présidente
d'Audition Québec, elle a un
acouphène depuis plus de 40 ans.
- De mon souvenir, j'avais 18
ans quand j'ai dit: Voyons.
C'est quoi ce son-là dans mon
oreilles? C'était vraiment un
cillement. Je suis allée à
l'hôpital pour me faire
examiner, je suis allée,
j'imagine, en audiologie, et y
ont rien trouvé. Et de mon
souvenir, la semaine précédente,
y avait eu un événement majeur
dans ma famille. Je le
raconterai pas, mais ça m'a
m'avait vraiment bouleversée. Un
choc émotif important. Et
vraiment je fais le lien avec
ça. Mais j'avais quand même déjà
une perte auditive. Elle était
non-appareillée, ma perte
auditive, elle était même pas
encore diagnostiquée. Ce qui est
arrivé après ça, c'est que là,
j'avais des appareils auditifs.
Là, j'ai eu vraiment un choc
acoustique, un vrai choc
acoustique. Moi, je travaillais
en télévision, j'étais dans une
salle de montage, on venait
d'avoir un nouvel équipement, et
puis les techniciens étaient pas
tout à fait habitués, et là, y a
eu ce qu'on appelle untonedans
notre langage, là, un son très
fort. J'étais assise à côté d'un
haut-parleur qui était très
haut, et mon appareil était pas
calibré comme il faut.
Y a toujours une protection,
normalement, dans les appareils
auditifs, pour pas dépasser un
certain volume, et ça, c'était
pas là. Et j'ai perdu l'ouïe
carrément pendant 3 jours. Et
là, mes acouphènes ont été
multipliés par cent. Là, ça a
été vraiment dramatique à partir
de ce moment-là.
- Lorsqu'un acouphène apparaît,
les gens sont souvent
déstabilisés et inquiets, et on
peut le comprendre. Entendre un
bruit sans arrêt dont on ne peut
pas comprendre l'origine, c'est
troublant et probablement
inquiétant. Le rôle des
audiologistes est vraiment
important à ce moment-là.
- (Philippe Fournier): Le rôle
du professionnel de la santé
dont l'audiologiste, bien, ça va
être de défaire les mythes liés
à l'acouphène: "Est-ce que je
suis en train de devenir fou?
Est-ce que je suis atteint d'une
maladie chronique?" Donc,
défaire ces mythes-là. "Est-ce
que l'acouphène va empirer avec
le temps?" Donc, ça, ça cause
beaucoup d'inquiétude et de
détresse chez les personnes qui
sont atteintes.
Et après, bien, selon l'impact,
si ça a un gros impact sur la
vie de la personne, un impact
important sur son sommeil, son
stress, sa qualité de vie, bien
là, elle peut être prise en
charge, par exemple, en centre
de réadaptation, par des
audiologistes, par des
psychologues qui vont aider la
personne.
- Est-ce qu'on est capables de
trouver la fréquence de
l'acouphène?
- (Sylvie Hébert): Oui, on peut
le faire en audiologie, en
cabine, là, en essayant de
présenter différentes
fréquences, puis la personne
dit: "Oh oui. Ça ressemble à
ça." Puis on la fait choisir.
Puis on peut faire une
approximation de la fréquence de
l'acouphène.
Le niveau sonore est très, très
précis, en fait, quand on a la
bonne zone de fréquence. Quand
on essaie de leur présenter, là,
on commence à un niveau très bas
puis on présente un son qui va
être de la même intensité que
leur acouphène. C'est
étonnamment extrêmement précis.
Souvent, c'est juste un petit
peu au-dessus du seuil auditif.
C'est très, très bas en termes
de décibels par rapport au
niveau d'une conversation. Et
les gens ont de la difficulté à
comprendre si c'est si bas,
comment ça se fait que ça les
dérange tant que ça. Mais
évidemment, c'est pas la même
chose de le percevoir à
l'interne puis de le percevoir à
l'externe.
- Ça doit beaucoup soulager la
personne d'être capable de dire:
"Ah. Bien. Voilà. C'est ça que
j'entends. Maintenant, vous
comprenez ce que j'entends."
- Oui. Ça peut être des moments
très, très émotifs, tu sais.
Puis la personne a comme un
soulagement parce que ça
apparaît comme une réalité, là.
Donc, c'est souvent libérateur.
Ensuite, on utilise un bruit
pour masquer l'acouphène. On
prend ce niveau-là, par exemple
20 décibels. Là, on ajoute 10
décibels. Et là, on présente un
bruit de 30 décibels pendant une
minute. Puis ensuite, on arrête
le bruit. Donc, ça arrive que ça
disparaisse, que l'acouphène
disparaisse complètement. Donc,
il n'est plus là. Donc, c'est la
1re fois que la personne entend
le silence, là, depuis
longtemps, longtemps, longtemps.
Malheureusement, ça revient. Ça
ne marche que quelques secondes,
moins d'une minute, normalement.
- Est-ce que c'est possible de
traiter les acouphènes à l'heure
actuelle?
- En ce moment, c'est pas
possible d'enlever le son
complètement, mais c'est
possible de développer des
outils pour diminuer le
dérangement causé par
l'acouphène. Donc, essayer de
s'habituer, finalement, à
l'acouphène, de trouver des
moyens d'être moins réactif à
l'acouphène, qu'il prenne moins
de place dans la vie.
Donc, ça, c'est une thérapie
cognitive comportementale qui a
fait ses preuves pour plusieurs
conditions psychologiques, comme
la dépression, l'anxiété. Donc,
on va essayer de calmer la
personne et la réactivité par
rapport à son acouphène. C'est
deux cibles qu'on a.
- Qu'est-ce qui va aider les
gens au quotidien avec leur
acouphène?
- Souvent, le 1er conseil que
les audiologistes vont donner,
c'est de s'entourer de bruits.
Donc, de bruits, pas du bruit
fort, là. Faut jamais aller dans
le bruit fort. Mais d'enrichir
son environnement sonore, de pas
rester dans le silence,
finalement.
- C'est vraiment sa rencontre
avec l'audiologiste, et après
ça, son arrivée au centre de
réadaptation, qui a permis à
Jeanne Choquette de mieux
apprivoiser son acouphène.
- Alors, moi, mon truc, c'est
d'être super occupée. Mes amis
rient de moi, parce que j'ai un
horaire de Premier ministre.
C'est vrai. Et quand je me
couche le soir, mes acouphènes
ne m'empêchent pas de dormir.
Mais c'est sûr que, à partir du
moment où je ferme la lumière,
faut que je sois certaine que je
vais tomber endormie dans les 5
prochaines minutes. Ce que je
fais, c'est que je lis jusqu'à
temps que mon iPad me tombe des
mains. Et puis je m'endors.
- Souvent, c'est vraiment au
moment de s'endormir, alors
qu'il n'y a plus vraiment de
bruits, que les personnes avec
un acouphène vont ressentir le
plus d'impact. Dans un
environnement silencieux, leur
acouphène va devenir beaucoup
plus présent. C'est pour ça que
certaines personnes vont se
tourner vers les générateurs de
bruits blancs, afin de camoufler
leur acouphène.
Un bruit blanc, ça ressemble un
peu à ceci.
(grésillements)
Sylvie Hébert fait actuellement
des recherches sur le sujet.
- Les bruits peuvent aider à
rendre l'acouphène moins
saillant, moins évident. Donc,
déranger moins. Un des 1ers
conseils que l'audiologiste va
donner à quelqu'un qui a des
acouphènes, c'est de s'entourer
de bruits, que ce soit par des
bruits blancs, un bruit de
ventilateur, etc.
Parmi les outils les plus
spécialisés, y a les appareils
auditifs avec des générateurs de
bruits. Ceux-là peuvent avoir du
bruit blanc, mais on peut aussi
ajuster plus précisément le
bruit, de façon à ce que ça gène
moins pour la perception de la
parole, puis que ça puisse être
plus ciblé sur les fréquences
de l'acouphène.
- Si la grande majorité des gens
avec un acouphène vivent bien
avec celui-ci, il en reste pas
moins qu'il n'y a pas, la
plupart du temps, de traitements
qui permettent de les éliminer
complètement. Alors, idéalement,
on aimerait mieux tous s'en
passer. C'est quoi, les
meilleures façons de prévenir
les acouphènes?
- Le meilleur moyen de prévenir
l'acouphène, bien, c'est de
faire attention à son
exposition, donc de pas avoir de
perte auditive. Si on s'expose
pas à des sons dangereux, bien,
y a beaucoup moins de risques de
développer l'acouphène. Je dis
souvent à des jeunes, s'ils vont
en concert, qu'ils ont des
acouphènes qui disparaissent au
bout de quelques minutes,
quelques heures, habituellement,
bien, c'est déjà un signe que
peut-être il faut se protéger.
Parce qu'on voit beaucoup de
personnes pour qui ça a été
temporaire au début, et c'est
par la suite que ça devient
chronique. Ça veut dire qu'il y
a une vulnérabilité de leur
système auditif aux dommages dus
aux bruits. Et le meilleur moyen
de bien gérer un futur
acouphène, c'est de pas en
avoir.
- (Sylvie Hébert): En ne
s'exposant pas à du bruit
excessif. Et puis de limiter son
exposition à du bruit. C'est
vraiment... Les oreilles ne sont
pas faites ni pour du silence,
ni pour du bruit trop fort, par
exemple de la musique amplifiée
ou des choses comme ça. Donc,
ça, c'est la 1re prévention
qu'on peut faire.
Y a des cas où, évidemment,
c'est pas possible d'éviter la
surexposition. Je pense en
particulier aux musiciens, aux
travailleurs dans le bruit, où
là, c'est la protection qui est
de mise, là, donc porter les
protections auditives pour
éviter de trop s'exposer à du
bruit.
- Pour les gens qui ont des
acouphènes, Jeanne Choquette
souligne vraiment la grande
importance des groupes de
soutien, et de la part des
professionnels comme les
audiologistes et les
psychologues, au besoin. Pour
elle, ça a été un point
tournant. Ça serait quoi, votre
message pour quelqu'un qui vient
de commencer à avoir un
acouphène?
- Je dirais à cette personne-là
de ne pas s'isoler, de tendre la
main, vraiment d'aller chercher
de l'aide.
- Auriez-vous des suggestions
pour les personnes qui n'ont pas
d'acouphène?
- Oui. Vous voulez pas avoir ça.
Vraiment, là. C'est vraiment de
se renseigner sur les dangers
d'être exposé à des bruits forts
pendant une longue période.
S'éloigner des sources de
bruits. De ne pas écouter sa
musique trop forte, trop
longtemps, dans ses écouteurs.
Mettre des bouchons. Y a des
bouchons spécialisés même pour
des musiciens. Y a des bouchons
pour les spectateurs aussi. Et
oui, vous allez bien entendre
votre musique pareil. Mais vous
allez vous protéger, vous
perdrez pas votre ouïe, puis
vous ne développerez pas
d'acouphène.
- La prévention, ce sera
certainement la clé dans les
prochaines années. Il va falloir
s'assurer de conscientiser les
gens à l'importance de leur
santé auditive. Les statistiques
qui établissent que près d'un
jeune sur deux a eu un acouphène
dans la dernière année, ça
démontre que plusieurs personnes
vont être à risque dans les
prochaines années. Ça ne devrait
pas être pris à la légère.
Parce qu'en vieillissant, il va
y avoir plusieurs autres
conséquences possibles à une
perte auditive, et ça, c'est le
sujet de mon prochain épisode.
C'étaitDans le creux de
l'oreille.À l'animation, à la
recherche et à la réalisation,
Flavie Payette-Renouf. Au
montage, Robin Ferron. À
l'enregistrement et au mixage
sonore, Michèle Marineau. À la
direction générale, Marie-Josée
Lestage.Dans le creux de
l'oreilleest une production
Savoir Média, en partenariat
avec l'Ordre des orthophonistes
et audiologistes du Québec.