Lorsque nos militaires se préparent à partir en affectation dans des pays tels le Mali, le Congo ou le Soudan, ils vont d’abord suivre des cours au Centre de formation pour le soutien de la paix de l’Armée canadienne, dont le quartier général est situé à Kingston, en Ontario. Venez participer à une discussion sur ce que le CFSP a à offrir aux membres des Forces armées canadiennes.
Le balado de l’Armée canadienne s’adresse aux soldats de l’Armée canadienne et traite de sujets qui les concernent. Les soldats constituent notre public cible principal, mais les sujets abordés pourraient s’avérer pertinents pour toute personne qui appuie nos soldats ou qui s’intéresse aux enjeux militaires canadiens.
[Musique commence]
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : D’éviter de juger les situations qu’avec notre perception canadienne. Une simple action peut être interprétée de manière totalement différente par l’autre nation.
Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton du Balado de l’Armée canadienne. Aujourd’hui, le sujet de notre balado, c’est le centre de formation pour le soutien de la paix ou le CFSP. On va parler de l’entraînement que le CFSP fait ici à Kingston.
Avec moi, on a le lieutenant-colonel Véronique Gervais, commandante du CFSP. Bienvenue au balado madame!
[Musique termine]
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Bien merci!
Capitaine Adam Orton : Donc, pour commencer, parlez-nous un peu de vous-même.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Bien comme tu l’as mentionné, mon nom est Véronique Gervais et je suis rentrée dans les Forces en 1996 comme officier d’infanterie. J’ai obtenu mon diplôme en littérature française au Collège militaire royal de Kingston en 2001, puis j’ai tout de suite rejoint les rangs du 2e Bataillon, Royal 22e Régiment. Au cours de ma carrière, j’ai été déployée en Bosnie et en Afghanistan, puis j’ai aussi été affectée à différents établissements de formation comme le ELRFC, l’école de leadership et de recrue des Forces canadiennes à Saint-Jean-sur-Richelieu et aussi au Collège militaire royal de Kingston. Puis, cet été, je suis revenue d’une affectation de trois ans au Collège de défense de l’OTAN à Rome en Italie. Puis j’ai toujours aimé travailler dans des établissements de formation. Alors, c’était vraiment logique pour moi de poursuivre dans cette voie-là. Prendre le commandement de l’école du CFSP, c’était vraiment ce que je souhaitais faire. Ça fait que j’ai vraiment été heureuse lorsque j’ai été nommée à ce poste-là.
Mais je dois dire que quand on m’a demandé de faire ce balado, la raison pour laquelle j’ai accepté, c’était pas pour parler de moi. Je me suis rendue compte que une fois que j’ai pris le commandement de l’unité, qu’il y a beaucoup de monde de mes amis, des membres de l’Armée canadienne et même des Forces canadiennes en général qui ne savent même pas c’est quoi le CFSP, ce qu’on fait ici puis même dans certains cas qu’on existe au sein des Forces. Puis j’ai trouvé ça ironique parce que le CFSP est extrêmement bien connu au niveau international. Mais là on voit que dans notre propre pays, personne sait qu’est-ce qu’on fait. Bien, pas personne, mais beaucoup de personnes ne savent pas qu’est-ce qu’on fait. Donc merci de l’opportunité de venir nous en parler.
Capitaine Adam Orton : Bien vois-tu justement, au début de ma carrière, sur le côté réserves, un des premiers cours que j’ai fait vois-tu justement, c’était au CFSP, puis je ne savais rien de ça avant de venir. C’est probablement la majorité des gens.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Oui, c’est ça, même qu’on est ici à Kingston en plus dans un nouveau building, toutes des belles installations.
Capitaine Adam Orton : Oui, bien on a la chance d’en parler donc, qu’est-ce que c’est le CFSP?
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Ça fait que en français, c’est le centre de formation au soutien de la paix, mais tout le monde connaît ça pour le PSTC. On est une école, une unité qui appartient à CADTC, en anglais. En français, ça s’appelle le CDIAC qui est le Centre de doctrine et d’instruction de l’Armée canadienne. Puis nous ici, on est chargé de dispenser des formations individuelles spécifiques. Ça fait que chaque année, le PSTC forment environ des milliers de membres des Forces canadiennes, mais aussi de d’autres ministères du gouvernement canadien et ainsi que des militaires étrangers soit ici au centre, à Kingston, ou même dans différents endroits au Canada, ou même à l’étranger, on va aussi donner des cours à l’étranger.
Ça fait qu’au cours des 15 dernières années, le CFSP a également évolué si on veut comme le centre d’excellence pour l’Armée canadienne pour ce qui est des opérations d’information, ou ce qui est plus communément appelé ‘info-ops’. Et on offre des cours de base sur la coopération civilo-militaire, la COCIM et les opérations psychologiques, le ‘psy-ops’.
Présentement, on donne six cours différents ici à l’école. Un sur les opérations d’information, deux sur la COCIM, et trois sur les opérations psychologiques.
Capitaine Adam Orton : En parlant de la COCIM ou de la coopération civilo-militaire, pourquoi est-ce qu’on fait de la coopération civilo-militaire?
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Bien, comme on peut le voir, par exemple, parce qu’on fait de la COCIM autant à l’étranger qu'ici nationalement au Canada, la coopération civilo-militaire est importante pour pouvoir comprendre les besoins de la population civile avant de conduire nos opérations, pour synchroniser nos opérations, comprendre l’effet de nos décisions, l’effet que ça va avoir sur les populations civiles pour ensuite comme aviseur COCIM pouvoir aviser le commandant pour que lui puisse prendre les bonnes décisions avant de déplacer des troupes, d’installer des tentes. Des fois, on a l’impression qu’on pense tout savoir, on pense savoir c’est quoi la meilleure chose pour la population locale, mais non on ne peut pas être dans leurs souliers. Ça fait que c’est les gens de la COCIM qui vont justement apprendre à connaître la population civile, puis après être capable de nous dire ce que vraiment ils ont besoin, ce qu’ils veulent, ce qu’ils ont de nous comme militaire on devrait faire pour pouvoir les aider.
Capitaine Adam Orton : Oui, puis vois-tu justement, si on rentre dans un espace surtout comme commandant ou comme militaire que c’est ça que j’ai besoin de faire, je le fais. Des fois, on pense pas aux facteurs externes parce que c’est juste on est en mission, on est mentalement dans un centre où ce qu’on est concentré là-dessus puis on n’a pas nécessairement la mentalité de communiquer avec des organismes externes.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Mais on voit aussi plein d’exemples plus en opérations domestiques au Canada quand qu’il y a eu les inondations, on a fait plein de COCIM, de coopérations civilo-militaires. Comment peut-on aider tel, tel, tel village, villes par nos activités militaires. C’est pas juste nous qui décidons ça là. C’est pour ça qu’on s’assoit avec les maires, avec la police locale, avec le chef de pompier pour pouvoir mettre en place les meilleures conditions, prendre les meilleures décisions, employer nos forces de la meilleure façon pour pas créer de conflits non plus ou de frictions additionnelles.
Capitaine Adam Orton : Oui, c’est vrai, puis les gens peut-être ont la perception aussi que le militaire, on fait des choses puis on est concentré sur certaines tâches mais aussi sans considérer nécessairement que particulièrement dans un contexte domestique qu’il y a un processus. On peut pas juste être militaire, let’s go, on embarque dans les camions puis on y va. C’est comme, faut qu’il y ait une communication même avant qu’on débute ça juste d’un aspect politique, peut-être de la coordination.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Oui, totalement, c’est autant dans la planification et dans le jour à jour là. C’est pas juste, on coordonne au début, or voici comment on va faire les choses avec eux-autres. Oui, ils ont donné l’approbation, non la situation évolue. Puis c’est important que cette communication-là demeure toujours pour répondre aux besoins et moins avoir d’effets négatifs envers la population locale. On veut justement qu’ils soient contents surtout en opération domestique on veut vraiment qu’ils soient contents de ce qu’on fait et que ça leur rapporte du positif et le moins possible de négatif.
Capitaine Adam Orton : En termes d’entraînement de pré-déploiement, je suis certain qu’il y a des soldats à la maison en ce moment qui écoutent ça et qui se disent : “Bien écoute, j’ai fait mon entraînement, puis ah c’est long, c’est tannant”. Pourquoi est-ce que c’est important de faire de l’entraînement de pré-déploiement quand en principe on est déjà entraîné. Moi je suis un capitaine, j’ai fait mon entraînement, je suis rendu ici. Pourquoi est-ce que j’ai besoin de faire de l’entraînement supplémentaire avant d’aller en mission?
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Bien de un, ça dépend de la mission où tu t’en vas. T’as besoin d’un entraînement spécifique à la mission, au terrain pour la culture avec laquelle tu vas interagir. Alors, ici, on dispense différents types de formations préalable au déploiement. Ça fait un des cours qu’on donne, d’entraînement je veux dire qu’on donne, c’est l’entraînement individuel de pré-déploiement, ce qu’on appelle nous IPT. Puis c’est conçu pour le personnel qui s’en vont à une mission à l’étranger. Ok, ça fait que comme tu parles t’es formé dans ton métier, mais peut-être que ça fait longtemps aussi que tu travailles dans un quartier général, que t’as pas touché à une arme, puis il faut rafraîchir tes connaissances. C’est beau faire des cours sur DLN Learn-là, mais des fois c’est bon de remettre les bottes de combat puis de ravoir l’arme dans les mains.
Ça fait que ce qu’on fait, ils viennent ici. On leur donne ce qu’on pourrait dire un recyclage détaillé sur les compétences tactiques, puis on dépoussière un peu les compétences de base, puis on donne des apprentissages qui vont être nécessaires pour eux, pour que le membre se sente confiant et ensuite prêt à se déployer.
Il y a quelques semaines, on a donné justement un cours de pré-déploiement, puis il y avait des gens qui se préparaient à se déployer au Mali, au Congo, au Soudan. Alors, c’est pas ton apprentissage de tous les jours comme capitaine d’infanterie qui te donne spécifiquement les outils pour pouvoir opérer dans ces régions-là puis là selon est-ce que tu fais partie d’une mission de l’ONU, une mission de l’OTAN, ça change la donne aussi. Alors le type de sujet qu’on aborde dans notre entraînement de pré-déploiement, bien on fait des premiers soins de combat. Premiers soins de combat, je tiens à le dire là, parce que c’est pas juste pour les situations de combat. Ça se concentre aussi sur la vie quotidienne dangereuse dans certains pays du monde, surtout justement la plupart du temps où on déploie nos soldats.
D’autres exemples d’entraînements qu’on donne, c’est la sensibilisation aux IED, la médecine préventive, les exercices de convois, les armes étrangères que tout le monde adore habituellement suivre la formation, la sensibilisation aux droits de l’homme, etc.
Ça fait que vraiment les gens reçoivent des informations actualisées sur la santé, la sécurité personnelle, la sensibilisation culturelle, politique pour la région du monde dans laquelle ils vont se retrouver d’ici quelques semaines ou quelques mois.
Un autre type de formation préalable au déploiement qu’on donne ici, s’appelle le SFCB ce qui signifie la Security Force Capacity Building. Ça fait que c’est des activités qui visent à renforcer les capacités d’autres forces de sécurité. À titre d’exemple, bien on a formé les membres des forces qui sont présentement déployés en Ukraine, en Iraq, Jordanie, Liban, puis encore une fois c’est un autre entraînement qui traite d’un large éventail de sujets soit dans l’emploi efficace d’un assistant linguistique-là, un interprète, les techniques de négociations, comment qu’on enseigne au sein d’une autre culture, la gestion de la diversité. Puis ça c’est juste quelques exemples de tous les genres de sujets qu’on traite pendant cet entraînement-là.
Capitaine Adam Orton : C’est pas que la liste.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : La liste est longue, mais c’est bien puis on essaie de l’adapter selon l’endroit où les soldats vont se déployer. On a aussi deux autres types de formations préalables au déploiement. Il y en a une qui est appelée formation à l’environnement dangereux, le HEP qui est donné à des civiles de d’autres ministères. Alors, pour eux souvent ce sont des gens qui vont aller travailler dans des ambassades et ça va être la seule fois qui vont avoir été exposés à des choses comme ça. C’est incroyable! Notre exercice final est vraiment… ils se font brasser disons.
Capitaine Adam Orton : C’est intense!
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Mais, on leur dit justement ce que tu fais ici, c’est aussi bien que tu fasses tes erreurs ici parce que là on parle, c’est des civiles, c’est pas des militaires. C’est aussi bien que tu fasses tes erreurs ici pendant notre cours et non lorsque tu vas être dans le pays dans lequel tu t’en vas.
Notre autre cours, c’est celui qui est accrédité par les Nations Unies, UNMEM, avant les gens appelaient ça UNMO, mais ça a changé de terminologie il y a quelques années. C’est l’expert militaire en missions des Nations-Unies. Juste depuis, pour ce cours-là, depuis 2018, on a eu des gens, des étudiants et des instructeurs d’environ sept pays différents : l’Ukraine, Pérou, Suisse, Malaisie. Ça fait que c’est un cours qui est très très demandé à l’extérieur du Canada pour former les gens. Pour être confiants ensuite de prendre leur fonction au sein des Nations Unies.
Capitaine Adam Orton : Vous avez touché en particulier sur l’entraînement culturel. C’est quoi les défis qui sont associés à faire un entraînement culturel surtout quand on plusieurs environnements pour comparer par exemple l'Iraq avec le Mali, tu sais c’est vraiment différent. Comment surmontez-vous ces défis-là?
Bien c’est drôle parce que la plupart des gens quand ils se préparent, c’est plus l’aspect physique de connaissances puis on pense tout le temps au danger physique, à l’imprévisibilité des zones dans lesquelles on s’en va se déployer. Mais, du côté cognitif, je pense que l’une des choses les plus difficiles à se préparer, c’est d’éviter de juger les situations qu’avec notre perception canadienne si je peux dire ça comme ça. Ça fait qu’il faut essayer de voir les choses du point de vue de la nation à laquelle on a affaire, de comprendre ses besoins à elle, pas vu de notre point de vue, mais vraiment de son point de vue. La façon dont ces gens-là perçoivent la situation. Puis c’est extrêmement difficile, et c’est tout à fait normal que ça soit difficile parce qu'on a tous des préjugés, parce qu'on a nos propres expériences personnelles qui façonnent notre vision individuelle des choses. Tu sais, tu peux lire autant de livres que tu veux pour te préparer, puis j’encourage vivement que les gens le fassent, mais une chose importante, c’est qu’il faut aller dans ces pays-là avec un esprit ouvert. Il ne faut rien prendre pour acquis ou présumer des choses parce qu’on serait surpris de voir qu’une simple action peut-être interprétée de façon totalement différente par l’autre nation.
Capitaine Adam Orton : Oui absolument puis vous avez mentionné aussi l’utilisation d’un interprète, puis on penserait tu sais surtout quelqu’un qui regarderait un film où tu as ton interprète puis tu es en Afghanistan ou peu importe, c’est facile, tu fais juste parler puis cette personne-là va parler puis tu sais, c’est simple, mais quand on considère le filtre de l’environnement culturel, la complexité des gestes que peut-être nous on croirait être important, pour quelqu’un d’autre peut-être ils sont pas. Là il y a la communication en termes de langues différentes, puis on passe à travers une autre personne entièrement, puis on essaie de gérer ça. C’est pas aussi simple de juste pogner ton interprète puis let’s go. Ça te prend de l’expérience.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Non mais c’est ça, c’est pour ça qu’on te donne un peu de formation à propos de comment on utilise un interprète et c’est là qu’on découvre que c’est pas seulement interpréter des mots-là. Ça c’est une chose, c’est la partie qui traduit nos mots. Mais il y a tout le reste du contexte qui est important. Et on peut apprendre beaucoup à partir d’un interprète surtout s’il vient du pays. Il a la connaissance culturelle, puis qu’il peut nous dire aussi, fais-ci ou ne fais pas ça. Aussi des choses de base comme, est-ce que je parle directement à mon hôte en le regardant et je fais comme si mon interprète existe pas et fait juste traduire ou je parle à l’interprète et l’interprète traduit à l’autre, à mon visiteur. Ça c’est des choses que si tu l’as jamais vécu, ou tu t’es jamais fait dire comment ça devrait être fait, bien tu ne peux pas le savoir. Alors on a appris avec les années avec l’expérience et on passe cette information-là aux membres qui viennent justement dans notre centre pour se préparer à se déployer et surtout s’ils ont affaire avec un interprète.
Capitaine Adam Orton : C’est intéressant aussi, tu sais en ramenant tout ça ensemble vous avez parlé d’entraînement d’environnement dangereux pour les civiles, puis vois-tu justement c’est la même chose avec les interprètes dans le contexte que encore nous-autres des fois on a tendance à rentrer dans notre zone. On est confortable dans des environnements qui sont peut-être complexes et dangereux parce que ça fait partie de l’expérience. Mais là tu as un civile qui est extrêmement important pour ton habileté de communiquer avec la culture auquelle qu’il faut que tu travailles avec. Puis là, eux-autres, ils ne sont pas militaires. Ils n’ont pas nécessairement la capacité à gérer une situation dangereuse aussi simplement que nous autres . Bien peut-être simplement, c’est pas le bon mot-là. Ils ont pas l’habitude.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Non c’est ça, puis c’est pour ça que la coopération civilo-militaire existe. La COCIM. Puis ici au centre, on donne justement des cours de COCIM, deux différents types de cours. Un cours d’opérateur COCIM, puis aussi un cours d’officier d’état-major COCIM.
Le cours d’opérateur, lui, il forme les gens, les sergents environ lieutenant pour qu’ils fassent partie d’une équipe COCIM tactique qui vient en soutien aux opérations, puis aux opérations, je parle autant aux opérations au pays ici ou à l’étranger. Notre autre cours, lui, le cours d’officier d’état-major de la COCIM, il va préparer les candidats à travailler dans une cellule de G9 ou l'équivalent dans une brigade à un niveau supérieur en soutien au processus de planification opérationnel, ce qu’on OPP en termes militaires. Les deux cours sont donnés ici environ deux à trois fois par année, puis on travaille en étroite collaboration avec nos partenaires internationaux pour dispenser ces cours-là. Naturellement, ça c’était avant la COVID-là. Pour l’instant, on a arrêté cette coopération-là. Mais, dès qu’on peut, on va recommencer parce que c’est vraiment essentiel pour le développement de la cellule COCIM.
Ça fait que notre cellule est très engagée auprès des affaires civiles américaines et du centre d’excellence de la COCIM de l’Otan. Comme ça ça nous permet de nous assurer que nos connaissances, puis nos techniques d’enseignement sont à la pointe du progrès. Puis aussi on a des échanges internationaux avec nos instructeurs. Ça fait qu’on apprend aussi de ces instructeurs-là internationaux. C’est une profondeur d’expérience opérationnelle qui permet au centre ici, à l’école de tirer profit des expériences des autres et ainsi préparer adéquatement nos membres à faire partie d’une équipe COCIM au pays et à l’étranger.
Ça fait que dans le cours d’opérateur COCIM comme on en parlait, on apprend justement à travailler avec un assistant linguistique, à être capable d’effectuer une analyse des liens avec la population locale pour comprendre la dynamique du pouvoir local, et comprendre les ONG qui opèrent dans le secteur, la façon de travailler avec elles, comment effectuer des évaluations de la zone locale, et conseiller les commandants sur l’emplacement et l’impact des centres de COCIM. Ainsi aussi de l’impact global de notre mission sur la population civile.
Puis on a un exercice final, l’exercice civile Footprint comme on appelle, puis cet exercice-là est mené en partenariat avec les communautés locales de la région de Kingston. Nos membres quittent le confort de la communauté militaire si tu veux pour mettre en pratique leurs compétences de base dans un scénario de catastrophe simulée. Puis c’est drôle parce que un des aspects intéressants du cours c’est qu’en engageant comme ça, pendant nos exercices sur le cours avec les communautés locales, bien on fait nous-même en permanence des activités de COCIM afin d’enseigner la COCIM à nos membres. Puis on utilise justement pendant cet exercice final-là des membres de la communauté Serbo-croate. Alors pendant tout l'exercice, les gens doivent utiliser un assistant linguistique ou un interprète comme on dit pour pouvoir communiquer avec la population locale ça fait que ça crée aussi une certaine dynamique qu’on va retrouver en opération à l’extérieur du pays.
Notre autre cours de COCIM, qui est le cours d’officier d'état-major, s'appuie plus sur les compétences développées au niveau des opérateurs, mais ils apprennent à traduire ça dans le processus de planification opérationnelle. Ça fait que les gens vont acquérir des habiletés nécessaires afin de conduire l’analyse de l’environnement civil, et comme ça il se développe une compréhensions approfondie de la culture puis de la manière de communiquer entre les cultures. Ça fait que les compétences acquises vont permettre non seulement de comprendre l’impact des opérations militaires sur l’environnement civil et vice-versa, mais aussi comment en atténuer les effets négatifs, ce qui va aider les commandants à remplir leurs obligations légales et morales envers les civils dans la zone d’opération.
Capitaine Adam Orton : J’aimerais noter aussi que, puis je pense pas qu’on en a discuté jusqu’à ce point-ci dans le balado, mais dans ma tête, je vois l’image d’un opérateur tactique de COCIM, c’est un gars bien armé qui défonce des portes, mais en vérité la discussion en termes de tactiques, surtout quand qu’on discute de peut-être des gens non kinétiques, c’est pas un acte agressif, mais dans un contexte tactique c’est plus, t’es là puis t’es en train de travailler puis exécuter une tâche versus au niveau stratégique où peut-être on serait dans un QG entraîné comme un G9 ou dans un poste stratégique où qu’on fait la planification à un haut niveau puis on développe peut-être des procédures à la place d’être dans le corps d’exécution dans le moment.
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Oui, bien, l’objectif global de la COCIM, c’est d’aider, à la base-là, c’est d’aider les commandants à atteindre leur état final. Ok, ça semble assez simple, et étant donné que tous les aviseurs du commandant bien ils partagent cette même responsabilité-là. Mais dans l’environnement opérationnel moderne, c’est-à-dire présentement un environnement qui est caractérisé par une grande complexité, le rôle de la COCIM vient essentiel pour atteindre les objectifs à long terme.
Ça fait que, en tant que expert si on peut dire, dans la compréhension des populations locales, expert, mais c’est les plus expérimentés, parce qu’ils savent comment aller chercher l’information, bien la COCIM va aider à minimiser les perturbations, les dommages collatéraux. Pour réussir dans l’environnement opérationnel moderne, il faut pouvoir compter sur le soutien de la population locale. Ça fait que les activités et la planification de la COCIM sont conçus pour pouvoir renforcer le soutien de ceux qui ont déjà une attitude positive envers la mission tout en attirant si on veut les indécis et en isolant ceux qui s’opposent à la mission.
Ça fait que, dans ce sens-là, les activités de niveau tactique qui sont menées par la COCIM sont conçues pour produire des effets au niveau opérationnel et même stratégique comme la légitimité de la mission et le soutien de la Force au sein de la population locale.
Alors, les opérateurs COCIM, les officiers d’état-major COCIM, ils travaillent en premières lignes et au QG, puis ils ont la capacité d’agir comme un pont si on veut entre les Forces armées et la population civile. Ça fait que ça te permet de comprendre les causes profondes des conflits, puis ensuite d'identifier les intérêts communs entre les parties belligérantes. Les intérêts qui sont mis à profit pour réduire les hostilités.
À long terme, ça peut même permettre de réduire si on veut les coûts de la mission en termes financiers et humains, de préparer le terrain pour une résolution plus durable et en bout de compte, de ramener les Canadiens chez eux plus rapidement.
Capitaine Adam Orton: Bien, je peux pas trouver un meilleur ton pour finir le balado là-dessus. Est-ce que vous avez des points que vous voulez ajouter?
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Oui, bien merci de me donner l’opportunité de rajouter quelques points. J’ai une invitation ouverte qu’on mentionne aux membres qui viennent ici, qui ont suivi une formation de pré-déploiement. On demande au monde de revenir au centre une fois qu’ils sont revenus de l’étranger et de venir transmettre leur expérience aux autres membres qui eux se préparent pour un déploiement. Il n’y a pas meilleur entraînement que justement de passer tes connaissances. Tu viens de venir sur le terrain, t’as vécu là-bas, des fois des petites choses, des leçons apprises passées directement aux prochaines personnes qui vont aller dans ce pays-là. C’est vraiment une chose qui nous porte à coeur et même si c’est pas fait de façon physique, on le voit de nos jours avec les moyens virtuels, au moins on est capable de faire en sorte qu’il y aura une rencontre virtuelle et que les gens vont passer leur expertise, leurs expériences aux autres.
Aussi, comme on est une institution de formation, on a la chance ici d’avoir, même si on est pas beaucoup, avoir un personnel extrêmement compétent avec un bagage d’expérience incroyable, mais on a aussi plusieurs possibilités d’emplois pour la réserve à disposition des membres de la Force de la réserve. Ça fait que l’appel est lancé. On est toujours à la recherche de sous-officiers et d’officiers instructeurs motivés pour rejoindre notre équipe. Puis si tu me permets, en ces temps de COVID, où il y a de plus en plus de gens qui travaillent à domicile, bien j’aimerais souligner une opportunité pour n’importe quel membre des Forces canadiennes qui voudrait peut-être faire du développement professionnel ou apprendre quelque chose de différent juste parce que ça leur tente, le Centre le PSCC, le CFSP est un partenaire de POTI qui est l’institut de formation aux opérations de paix, puis eux proposent un apprentissage en ligne qui est gratuit sur plein de sujets, dont introduction au systèmes des Nations Unies, différents cours sur les femmes, la paix et la sécurité, la protection des enfants, le leadership des opérations au soutien de la paix, pour n’en citer que quelques-uns. Il n’y a aucun coût et les membres peuvent même obtenir des certificats individuels. Ça fait que le lien se trouve sur notre plateforme d’apprentissage en ligne du centre, du CFSP. Les membres qui sont intéressés peuvent juste aller sur notre site Internet et trouver le lien pour pouvoir s’inscrire gratuitement à ces cours qui sont offerts.
[Musique commence]
Capitaine Adam Orton : Parfait! On va pouvoir checker ça. Merci beaucoup madame!
Lieutenant-colonel Véronique Gervais : Merci à toi!
Capitaine Adam Orton : Ça, c’était lieutenant-colonel Véronique Gervais, commandante de la CFSP. Moi, je suis le capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne.
N'oubliez pas de vous abonner et aussi si vous avez intérêt, regardez notre liste d’anciens épisodes. Y’a beaucoup de bon matériel là-dedans. Je suis sûr que vous allez l’aimer.
Comme d’habitude, prenez soin de vous.
[Musique termine]