Les premiers seize pour cent

« Les déchets ne sont pas des déchets, mais des ressources mal exploitées. » C’est ce qu’affirment Bernard Goyette et son équipe de chercheurs au Centre de recherche et de développement de Sherbrooke. Ils travaillent à adapter la digestion anaérobie au climat du Canada pour notre secteur d’élevage. On parle aussi avec Mauricio Alanís, directeur de la Stratégie et des partenariats en durabilité chez Maple Leaf. Son entreprise s’intéresse à la technologie et à l’expertise d’AAC parce qu’elles pourraient jouer un rôle important dans son parcours vers la durabilité.

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« Les déchets ne sont pas des déchets, mais des ressources mal exploitées. » C’est ce qu’affirment Bernard Goyette et son équipe de chercheurs au Centre de recherche et de développement de Sherbrooke. Ils travaillent à adapter la digestion anaérobie au climat du Canada pour notre secteur d’élevage.  On parle aussi avec Mauricio Alanís, directeur de la Stratégie et des partenariats en durabilité chez Maple Leaf. Son entreprise s’intéresse à la technologie et à l’expertise d’AAC parce qu’elles pourraient jouer un rôle important dans son parcours vers la durabilité.

What is Les premiers seize pour cent?

Bienvenue à la série de balados d’Agriculture et Agroalimentaire Canada qui explore les idées les plus fraîches en alimentation et en agriculture. À chaque épisode, découvrez en profondeur un nouveau sujet : les nouvelles pratiques, les idées innovantes et leurs impacts sur l'industrie. Apprenez-en davantage sur le secteur agricole canadien auprès des gens qui font les percées et abattent les barrières! Producteurs et gourmets, scientifiques et hauts dirigeants, toute personne ayant un œil sur l'avenir du secteur, ce balados est pour vous!

Mauricio : Le prouver au Canada, je pense que ça changerait la donne. Je pense que ça démontrerait à l’industrie que c’est effectivement possible, dans le climat canadien avec, par exemple, du fumier de porc dans notre cas, mais peut-être en co digestion avec d’autres sources de fumier et d’autres sources de matières premières et le faire de manière rentable qui a un impact réel, ou bien un impact mesurable, comme l’AAC le dit, un impact quantifiable et mesurable sur l’environnement, sur nos activités et sur l’industrie.
Sara : Bienvenue aux Premiers 16%, je m’appelle Sara Boivin-Chabot
Kirk : Et je suis Kirk Finken
Sara: Prouver une nouvelle idée ou en améliorer une ancienne, c’est souvent un travail de longue haleine. On sait qu’il y a quelque chose à faire et on s’y mettez, avec beaucoup d'aide, espérons-le. On s’appuie souvent sur le travail d'autres personnes qui nous ont précédé. C’est vraiment un travail de moine, et on espère qu’à un moment, ça va débloquer, accélérer. Quand la bonne dynamique se met en place, cela donne un coup de pouce supplémentaire.....mais cela ne veut pas dire que le travail est terminé.
Kirk: C'est là ou se trouvent nos deux invités aujourd'hui. Au milieu de projets ambitieux. Des projets qui aident ce secteur à devenir plus durable en réduisant son empreinte carbone. Tsé on peut l'entendre dans sa voix. Mauricio Alanis, qu’on a entendu en introduction, est le directeur de la stratégie de durabilité et des partenariats chez Les Aliments Maple Leaf et il... il est enthousiaste. Pour commencer, je pense qu’il faut parler des effluves dans la salle. Alors mettez vos bottes.
Sara: Mm hmm. C’est vrai que on patauge dans le monde de la digestion anaérobie. Une méthode utilisée pour convertir le fumier, le lisier et d'autres résidus agricoles en bioénergie et en bioproduits qui ont une valeur économique et qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre.
On écoute un slogan partagé par notre autre invité, Bernard Goyette, chercheur au centre de recherche et de développement de Sherbrooke d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Bernard : Les déchets ne sont pas des déchets mais des ressources mal exploitées.
Kirk : Bien dit. Bernard va nous aider à comprendre c’est quoi la digestion anaérobique et nous expliquer les derniers développements et perfectionnements de la technologie sur laquelle il travaille avec l'équipe de Sherbrooke.
Sara :Mauricio nous donne un aperçu du parcours de développement durable d’aliments Maple Leafs, de la façon dont la digestion anaérobie pourrait s'intégrer dans leurs plans, et nous donne une bonne idée des défis auxquels ils sont confrontés quand ils essaient de déployer ces technologies-là à grande échelle.
Sara : Alors commençons par le terrain et je suppose un peu dans le noir. Bernard.... c’est quoi un biodigesteur ?
Bernard : Un bio digesteur, c'est un contenant étanche dans lequel il y a des bactéries méthanogènes. Sans oxygène, ils digèrent la matière organique et produisent du biogaz.

Sara : Et le méthane est capturé ?
Bernard : Ou les gaz produits par le digesteur sont recyclés. Mais premièrement, dans les fosses à fumier, il y a toujours des émanations de méthane qui ne sont pas capturées. Si on le pase dans un digesteur, tout le méthane produit est capturé. Puis utilisé. Souvent on le brûle et on le retransforme en CO2, qui est beaucoup moins nocif pour l'environnement, tout en utilisant l'énergie que ça nous donne pour remplacer de l'énergie fossile. Alors on gagne sur les deux fronts en utilisant la digestion anaérobie.
Kirk : Pouvez-vous nous dire ce qui rend unique la technologie de digestion sur laquelle vous et votre équipe travaillez ?
Bernard : Oui nous. À Sherbrooke, on utilise une technologie à basse température qui est mieux adaptée pour le climat canadien où il fait plus froid. Donc, on a une économie nette d'énergie. Puis aussi, on peut traiter des intrants ayant un taux élevé en ammoniac, ce qui est un avantage sur les fermes parce que souvent, comme dans, par exemple, le fumier de poulet ou le lisier de porc ont beaucoup d'ammoniac. Puis ça pourrait altérer les bactéries méthanogènes dans le système.
Sara: C’est diffèrent des bio digesteur normal?
Bernard : Oui, la plupart des bio digesteur opèrent on dit en mode mésophiles. C'est à dire entre... autour de 35 degrés Celsius. Puis ça produit du gaz un peu plus rapidement, mais ils sont plus fragiles aux taux élevés d'ammoniac. L'équipe du docteur Daniel Massé, en collaboration avec la compagnie Bioterre ils ont développé le procédé de digestion à basse température dans les années 2000, puis on a pris le relais depuis quelques années pour continuer les recherches. On a poussé un peu la recherche dans la digestion de matières solides, donc plus de 12 % de matière sèche.
Sara : c’est quoi l'avantage d'une température plus basse ?
Bernard : On doit toujours le chauffer, mais vu qu'on le chauffe un peu moins, c'est là qu'il y a une énergie et une économie d'énergie.
Sara : En plus du gaz, qu’est-ce qu’on peut utiliser après le processus ?
Bernard : Il y a aussi quand on fait la digestion anaérobie, on produit un digestat, donc la matière organique est minéralisée. Puis les nutriments sont plus disponibles pour les plantes. Donc ça ressemble un peu plus à un engrais chimiques. Ça se rapproche un peu plus. Donc pour un producteur, il y aurait peut être des économies à faire en remplaçant les engrais chimiques par un engrais plus organique.
Oui, on oublie souvent, mais pour l'acceptabilité sociale, il y a une réduction des odeurs lors de l'épandage. Puis ça fait en sorte que les producteurs ont moins de plaintes, lié au fait qu'il faut épandre le digestat à la place d'un fumier.
Kirk : Pourquoi serait-il important de développer ce type de technologie au Canada ?
Bernard : Mais le contenant comme tel, le digesteur peut venir de n'importe où, mais la façon de l'opérer doit être adaptée à notre réalité. Ici, on est dans un climat froid. Les intrants sont différents au Canada, des intrants utilisés en Europe et le même fumier, si on prend un fumier de porc en Europe pour produire de façon un peu différente au lisier de porc qu'on a ici au Canada. Alors c'est pour ça qu'il faut. Il faut essayer d'optimiser le procédé avec les intrants qu'on a dans notre climat.
Kirk : Ce sont des technologies qui règles des problèmes présents, ais aussi des problèmes à venir! Bon parlant environnement et système alimentaire, Alimentations Maple Leaf a fait appel aux conseils et à l'expertise de Bernard et de ses collègues pour améliorer la durabilité de l'entreprise
Sara : Et pour en savoir plus, on retourne à notre conversation avec Mauricio. Pour commencer, pouvez-vous nous donner un aperçu des Aliments Maple Leaf ?
Mauricio : Absolument. Je commencerai donc par dire que Maple Leaf est une entreprise alimentaire carboneutre qui est engagée dans un parcours pour rehausser le mérite des aliments. J’aimerais souligner quelque chose vite: notre intention, ou plutôt notre vision, c’est de devenir l’entreprise de protéine la plus durable du monde. Cette vision est encrée dans l’ADN de notre équipe de direction, de notre PDG, Michael McCain. Et cet objectif dynamise notre travail.
On a plus de 12 000 employés, une grande partie qui travaille dans nos usines. Ils sont partout au Canada, et on a quelques établissements aux États-Unis aussi. Pour nous, cette aventure a vraiment commencé en 2019 quand on s’est fixé des objectifs scientifiques. Et quand on est devenu la première grande entreprise alimentaire carboneutre au monde. Maple Leaf est une entreprise alimentaire intégrée verticalement; on est propriétaire d’environ…(pause) 40 % des porcs qu’on transforme. On supervise donc l’élevage de ces porcs aussi. Je dirais que presque la totalité de ces porcheries se trouve au Manitoba. Environ 60 % des porcs qu’on transforme sont élevés par des producteurs indépendants; eux aussi sont pratiquement tous situés au Manitoba. On a aussi quelques couvoirs pour l’élevage de poussins qu’on vend à des aviculteurs, qui nous les revendent ensuite lorsque les poules arrivent à maturité. C’est de cette manière qu’on est intégré verticalement, et ça se termine là. Par exemple, les terres utilisées pour produire la nourriture pour les animaux ne nous appartiennent pas.
D’un côté un peu plus technique, c’est ce qu’on considère comme notre domaine d’émissions no 3.
Kirk : Oui bien sure? Pouvez-vous nous parler un peu des différents domaines d'émissions ?

Mauricio :Bien sûr, donc dans le monde de la durabilité, ou le monde vert disons, on évalue les sources majeures de nos émissions. Attends, je recommence avec un peu de contexte… Maple Leaf est devenu une entreprise carboneutre en 2019, et pour y arriver, il a d’abord fallu comprendre la source des émissions. Ou plutôt les différentes sources d’émissions dans l’ensemble de nos activités et de notre chaîne de valeur. Et le monde de la durabilité, tout comme la comptabilité, il y a des règles et de la terminologie pour nous aider à mieux classer les différentes sortes d’émission.
C’est dans cette optique que trois domaines d’émissions ont été établis : le numéro 1 comprend essentiellement toutes les émissions issues des activités que l’on contrôle, que ce soit sur le plan opérationnel ou financier. Ainsi, toutes les émissions liées à nos usines, nos camions de transport, et nos porcheries font partie du domaine d’émission no 1. Le domaine d’émissions no 2 est les émissions liées à l’empreinte de nos sources d’énergie. Par exemple, si on était aux États-Unis et que notre énergie provenait d’une centrale au charbon, nos émissions no 2 seraient très élevées. Heureusement, on est très fortuné au Canada d’avoir des sources énergétiques très propres, et donc nos émissions du domaine d’émissions no 2 sont très faibles.
Quant aux émissions no 3, c’est essentiellement tout ce qui est lié à notre chaîne de valeur. En amont et en aval, par exemple on n’a pas de contrôle direct sur la manière dont le blé est cultivé pour nourrir nos porcs. Mais on peut contrôler certaines choses avec nos choix : est-ce qu’on veut acheter du blé, et si oui, de quel producteur veut-on l’acheter? C’est la même chose pour le carton. On n’a pas de, de contrôle direct sur la manière dont les boîtes de carton sont fabriquées, mais on peut faire un choix responsable et déterminer si on veut encourager quelqu’un qui, fabrique son carton avec du bois ou de la pâte à papier qui provient de sites déboisés en Amazonie, vous comprenez. C’est pourquoi les émissions du domaine no 3 sont aussi comptabilisées et ont un impact sur notre travail.
Kirk : J’espère que vous avez une grosse équipe, ça à l’air d’être beaucoup de travail
Mauricio Hahaha. Oui, oui, en effet, c’est beaucoup de travail et on est continuellement en train de chercher de l’aide. Les efforts déployés sont multiples, vous savez : dans les usines, au siège social, dans les porcheries, avec nos fournisseurs. Et oui, même avec nos comptables. Bref, c’est partout. Tout le monde veut savoir ce qu’on fait, comment on le fait, comment on effectue nos suivis, nos vérifications, nos rapports, et ils veulent connaître toutes les mesures qu’on prend pour y arriver. On veut absolument garantir que, ce qu’on fait, c’est pas de l’écoblanchiment, et que tout soit vérifiable. On veut faire autant que possible, aussi rapidement que possible, et on veut le faire aussi urgemment que possible. Mais, on veut aussi être certain qu’on a une entreprise demain. Tsé, on veut pas tout gaspiller notre capital d’un seul coup. On veut continuer d’être capables d’employer les 12 500 personnes qui travaillent pour nous. C’est….c’est vraiment de l’équilibrisme, mais c’est quelque chose de très énergisant à l’interne, pour nous comme équipe et comme organisation.

Sara: Oui. Je veux dire, vous nous avez donné un très bon contexte pour la prochaine question, donc pourquoi vous êtes intéressés par digestion anaérobie ? ---
Mauricio : Notre premier bilan de carbone initial nous a permis de bien comprendre d’où venaient nos plus grandes sources d’émissions. Et sans équivoque, nos deux sources principales étaient les animaux et le carburant, soit pour chauffer nos étables ou nos usines. Donc, on a dû relever un défi assez intéressant : comment résoudre le problème des émissions qui s’échappent de nos fosses à fumier?
Il semble que la digestion anaérobie, ou la biométhanisation, est une technologie très bien établie qui pourrait facilement résoudre ce problème pour nous. Le défi ici, pour nous, c’est comment utiliser adéquatement cette technologie au Manitoba, avec la météo comme qu’elle est. Il y a beaucoup de routes rurales là-bas, nos plus de 100 porcheries sont dispersées à travers la province, l’hiver il fait FRETTE, comme on dit, du -40 pendant plusieurs semaines d’affilée. En plus, le fumier de porc est liquide. En fait, c’est parce que les porcs digèrent très bien la nourriture. Ils en extraient déjà une grande partie de l’énergie, alors ils produisent très peu de biogaz.
Par contre, c’est quand même très mauvais pour l’environnement de laisser tout ce fumier dans les fosses tout l’été. Alors, comment est-ce qu'on règle ce problème? C’est le défi qu’on tente de relever. Mais bon. La raison pour laquelle on s’intéresse à la biodigestion est les avantages qu’elle offre. Elle permet d’ajouter de la circularité au système alimentaire, une chose dont on a grandement besoin. Aujourd’hui, 100 % du fumier dans nos fosses au Manitoba est répandu sur les terres comme engrais organique, ce qui est fantastique.
Le problème : le fumier est répandu en automne. Et ces matières restent dans les fosses tout l’été, où elles se décomposent et émettent du méthane, et c’est vraiment pas bon pour l’environnement. La méthanisation nous permet de collecter toutes les matières, les digérer, récupérer tout le méthane, et obtenir au final un digestat. On peut ensuite retourner ce digestat dans la fosse, puis le répandre l’automne comme engrais biologique.
Et on me dit que c’est une meilleure source d’engrais, parce qu’il est plus biodisponible pour les plantes et le sol. En plus, ça n’a presque pas d’odeur, donc les voisins ont une raison de moins à chialer haha.
Sara : Quel genre d'expertise cherchez vous chez nos scientifiques ?
Mauricio : Donc, on a parlé à Raj et à d’autres scientifiques, dont Andy d’AAC. Selon moi, il n’y a aucun doute que vous avez des, des leaders de première classe dans ces domaines technologiques à AAC et c’est un plaisir de travailler avec eux et de leur demander mille et une questions pour savoir ce qu’ils feraient à notre place.
Ensemble, on a discuté d’environ 4 ou 5 activités. La première porte sur l’importance des mesures précises. Donc, aujourd’hui, je retourne à notre sujet de tantôt quand on parlait de notre bilan carbone. On a cherché toutes les sources d’émissions de carbone. Et bien, une façon qu’on l’a fait est par la recherche documentaire. Le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, propose des mesures précises pour comptabiliser chaque litre de fumier dans nos fosses.
Et comment se sont-ils aboutis à ces résultats? Et bien, en regardant les fosses les plus connues du monde, notamment celles en Caroline du Nord et du Sud aux États-Unis, où la météo est très différente du Manitoba. Là-bas, il fait constamment chaud, le fumier en décomposition est continuellement en train d’émettre du méthane dans l’atmosphère. Au Manitoba, les fosses émettent très peu, sinon aucun méthane pendant les mois d’hiver, lorsqu’une couche de glace les recouvre. C’est donc important d’établir d’abord une base de référence qui reflète bien nos conditions pour comprendre les impacts, les véritables impacts que la digestion aura sur l’environnement et sur les émissions des fosses.
Donc, ce qu’on réalise dans ce contexte, et ce qui peut aider, c’est d’obtenir des mesures sur le fumier de porc canadien qui a été pris sur place, directement des porcheries, pardon, plutôt des fosses, d'une dizaine d’endroits pour aider l’industrie à faire des évaluations représentatives. On a besoin de mesures réelles et d’évaluations réelles des émissions issues des fosses au Canada. C’est la première étape pour quantifier et obtenir des mesures précises.
La deuxième, et j’en ai déjà parlé. Après réduire les émissions (deux côtés de la même médaille), c’est augmenter la quantité de biogaz. On doit récupérer le plus d’énergie possible du procédé de digestion et voir comment on peut réduire la quantité d’émissions de carbone qui proviennent du digestat retourné dans les fosses et répandu sur les champs. Voilà la deuxième étape.
Et comment on y arrive? En fait, je pense que c’est le centre à Sherbrooke qui a une idée qui peut nous aider avec ces matières premières.
La troisième porte sur la façon dont on peut réduire les émissions des fosses avec des additifs. J’ai mentionné qu’on a plus d’une centaine de porcheries au Manitoba, l’idéal serait d’avoir des digesteurs centralisés situés à des endroits clés où on peut transporter le fumier aux digesteurs. Mais, malheureusement, il y aurait toujours des fosses qui sont trop loin. Ce n’est pas rentable de transporter le fumier par camion jusqu’à un digesteur situé à 150 kilomètres. Les émissions du transport seraient plus élevées que celles produites par les matières premières dans la fosse. Donc, ça ne vaut vraiment pas la peine.
Pour nous, on essaye de déterminer quels sont les additifs que l’on peut verser dans les fosses pour empêcher la méthanisation pendant les mois d’été. Et si on peut résoudre ce problème, ce serait un énorme atout parce qu’on pourrait réduire les émissions partout dans notre réseau, même dans les fosses les plus éloignées.
Finalement, la quatrième porte sur le digestat. Le digestat, c’est ce qui reste du procédé de digestion. Et contrairement à la croyance populaire, la plupart des matières qui entrent dans le digesteur en ressortent, plus ou moins. Seulement 5 ou 10 % des matières en sont soustraites, dépendamment des matières premières qui y entrent. Il nous reste donc toujours un grand volume de digestat. Et aujourd’hui, on a un modèle où on retourne ce digestat aux fosses. On peut ensuite l’utiliser pour plusieurs différentes choses. Par exemple, l’extraction de biogaz ou la recirculation des éléments nutritifs. Alors, AAC étudie les moyens les plus efficaces pour extraire les éléments nutritifs du digestat et mieux les restituer dans les champs et c'=est une autre chose qui nous amène à collaborer avec le ministère.
Kirk : Lorsque vous faites quelque chose de nouveau ou d'innovant, je suppose que vous passez beaucoup de temps à convaincre les gens que ça va marcher. Pouvez-vous nous parler de ce défi ?
Mauricio : Vous savez, parfois, je m’écoute en train de parler de l’argent plutôt que de l’impact environnemental. Et j’aimerais être clair, il y a une raison pour ça. Le Manitoba a déjà financé quelques projets de méthanisation qui ont échoué et ça a découragé la province de vouloir investir dans cette technologie. À vrai dire, le gouvernement est toujours un peu sceptique lorsqu’on parle de cette solution à cause des défis dont on a parlé.
Donc, une des choses qu’on veut faire, c’est nous assurer qu’on réussit bien pour, en quelque sorte, tracer un chemin pour le secteur et…l’industrie. On veut montrer que c’est possible. C’est possible de le faire dans des conditions plus difficiles, de manière rentable, et de manière qui va faire progresser le secteur. Donc, on essaye toujours de trouver un juste équilibre entre le faire de façon optimale et rentable et aider l’environnement.
Kirk : C'est clair, tout doit être efficace. ....... Une dernière pensée sur l'avenir de cette technologie ?
Mauricio : Nos ambitions pour la réduction des émissions sont très grandes. Pour le pays. Et pour la planète. On a des besoins énergétiques et je pense que ce projet peut répondre à un grand nombre de ces besoins. Les coûts d’engrais et d’énergie augmentent. Notre projet est une façon d’augmenter la circularité et comme ça, on ne gaspille rien. Une grande partie des déchets, des déchets organiques qui sortent de nos usines peuvent être, et, en fait sont utilisés pour la méthanisation. Pour les déchets d’épicerie et d’autres déchets alimentaires, des technologies sont désormais en place pour prétraiter les produits qui sont dans des sacs et des boîtes de conserve. On peut transformer ces matières, les mettre dans les digesteurs et éviter qu’ils aillent dans les sites d’enfouissement et émettent du méthane.
Selon moi, on a beaucoup de choses en jeu ici et beaucoup à prouver. J’espère vraiment qu’on réussira à trouver une bonne solution. Trouver comment atténuer les risques et relever ces défis. Et je pense que tous ces efforts changeront la donne pour l’industrie de façon énorme.
Sara: Bernard et Mauricio s'attaquent au problème avec des solutions concrètes et applicables.
Kirk Oui, quand Maurico a parlé dans l'interview, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il faut que tout le monde dans cette organisation, et c'est une énorme organisation, y adhère et y travaille. Je suis sûr que ce n'est pas une tâche facile. Je pense que ce que nous faisons dans nos centres de recherche en aidant des organisations comme celle-ci à atteindre ces objectifs est la même chose. Et ils sont à l'écoute. L'adoption d'une nouvelle technologie s'accompagne toujours d'un investissement financier qui doit être logique. Le calcul est différent selon qu'il s'agit d'une grande exploitation comme Maple Leaf ou d'une petite ferme laitière. Raj a conclu l'entrevue en nous disant sur quoi ils se concentrent pour l'avenir.
Bernard : Mais le plus grand défi, c'est toujours la rentabilité de ces systèmes là. Alors il faut toujours chercher des solutions pour en réduire les coûts. Puis on veut arriver à proposer des solutions plus économiques pour favoriser l'adoption par le monde agricole de ces systèmes là. Puis à... Sur un système sous forme solide était une des solutions envisageables.
Sara: Ils prennent vraiment à cœur notre si slogan de départ l'habituel explorer.
Kirk: Oui, c'est ça. Et puis, parlant de ça, est ce que toi tu explores quelque chose?
Sara : Ben oui, c'est mon dernier balado. Je m'en vais d'agriculture et je vais explorer d'autres secteurs. Je m'en vais même du secteur agricole. C'est un gros changement, mais je vais apprendre plein d'affaires et c'est toujours ça le fun.
Kirk : Super, mais tu resteras au gouvernement . En tout cas de ma part et de la part de l'équipe. On veut te remercier Sarah, ça fait vraiment grand plaisir. Un grand honneur aussi de travailler avec toi.
Sara: Merci à toi, merci à nos réalisateurs, merci à tous les gens qui ont pris le temps de nous rencontrer et de nous parler du secteur. C'était vraiment passionnant et j'ai vraiment hâte d'écouter les autres. Je vais m'abonner aussi, voilà, explorons.
Kirk: Et exactement explorant. Merci Sarah.